http://tarot.symbolisme.free.fr/pdf/Ren%C3%A9%20Gu%C3%A9non%20-%20La%20crise%20du%20monde%20moderne.pdf
http://www.freepdf.info/index.php?post/2012/04/06/Guenon-Rene-Autorite-spirituelle-et-pouvoir-temporel
Pour en finir avec René Guénon:
"La croyance à un « progrès » indéfini, qui était tenue naguère encore pour une sorte de dogme intangible et indiscutable, n'est plus aussi généralement admis ; certains entrevoient plus ou moins vaguement, plus ou moins confusément, que la civilisation occidentale, au lieu d'aller toujours en continuant à se développer dans le même sens, pourrait bien arriver un jour à un point d'arrêt, ou même sombrer entièrement dans quelque cataclysme. Peut-être ceux-là ne voient ils pas nettement où est le danger, et les craintes chimériques ou puériles qu'ils manifestent parfois prouvent suffisamment la persistance de bien des erreurs dans leur esprit; mais enfin c'est déjà quelque chose qu'ils se rendent compte qu'il y a un danger, même s'ils le sentent plus qu'ils ne le comprennent vraiment, et qu'ils parviennent à concevoir que cette civilisation dont les modernes sont si infatués n'occupe pas une place privilégiée dans l'histoire du monde, qu'elle peut avoir le même sort que tant d'autres qui ont déjà disparu à des époques plus ou moins lointaines, et dont certaines n'ont laissé derrière elles que des traces infimes, des vestiges à peine perceptibles ou difficilement reconnaissables."
"Il semble bien que nous approchions réellement de la fin d'un monde, c'est-à-dire de la fin d'une époque ou d'un cycle historique, qui peut d'ailleurs être en correspondance avec un cycle cosmique, suivant ce qu'enseignent à cet égard toutes les doctrines traditionnelles."
"Les deux termes d'une opposition n'ont de sens que l'un par l'autre."
"La doctrine hindoue enseigne que la durée d'un cycle humain, auquel elle donne le nom de Manvantara, se divise en quatre âges, qui marquent autant de phases d'un obscurcissement graduel de la spiritualité primordiale ; ces sont ces mêmes périodes que les traditions de l'antiquité occidentale, de leur côté, désignaient comme les âges d'or, d'argent, d'airain et de fer. Nous sommes présentement dans le quatrième âge, le Kali-Yuga ou « âge sombre », et nous y sommes, dit-on, depuis déjà plus de six mille ans, c'est-à-dire depuis une époque bien antérieure à toutes celles qui sont connues de l'histoire « classique ». Depuis lors, les vérités qui étaient autrefois accessibles à tous les hommes sont devenues de plus en plus cachées et difficiles à atteindre ; ceux qui les possèdent sont de moins en moins nombreux, et, si le trésor de la sagesse « non humaine », antérieure à tous les âges, ne peut jamais se perdre, il s'enveloppe de voiles de plus en plus impénétrables, qui le dissimulent aux regards et sous lesquels il est extrêmement difficile de le découvrir. C'est pourquoi il est partout question, sous des symboles divers, de quelque chose qui a été perdu, en apparence tout au moins et par rapport au monde extérieur, et que doivent retrouver ceux qui aspirent à la véritable connaissance ; mais il est dit aussi que ce qui est ainsi caché redeviendra visible à la fin de ce cycle, qui sera en même temps, en vertu de la continuité qui relie toutes choses entre elles, le commencement d'un cycle nouveau."
"Ce que nous venons de dire du développement de la manifestation présente une vue qui, pour être exacte dans l'ensemble, est cependant trop simplifiée et schématique, en ce qu'elle peut faire penser que ce développement s'effectue en ligne droite, selon un sens unique et sans oscillations d'aucune sorte ; la réalité est bien autrement complexe. En effet, il y a lieu d'envisager en toutes choses, comme nous l'indiquions déjà précédemment, deux tendances opposées, l'une descendante et l'autre ascendante, ou, si l'on veut se servir d'un autre mode de représentation, l'une centrifuge et l'autre centripète et de la prédominance de l'une ou de l'autre procèdent deux phases complémentaires de la manifestation, l'une d'éloignement du principe, l'autre de retour vers le principe, qui sont souvent comparées symboliquement aux mouvements du cœur ou aux deux phases de la respiration.
Bien que ces deux phases soient d'ordinaire décrites comme successives, il faut concevoir que, en réalité, les deux tendances auxquelles elles correspondent agissent toujours simultanément, quoique dans des proportions diverses ; et il arrive parfois, à certains moments critiques où la tendance descendante semble sur le point de l'emporter définitivement dans la marche générale du monde, qu'une action spéciale intervient pour renforcer la tendance contraire, de façon à rétablir un certain équilibre au moins relatif, tel que peuvent le comporter les conditions du moment, et à opérer ainsi un redressement partiel, par lequel le mouvement de chute peut sembler arrêté ou neutralisé temporairement.
Il est facile de comprendre que ces données traditionnelles, dont nous devons nous borner ici à esquisser un aperçu très sommaire, rendent possibles des
conceptions bien différentes de tous les essais de « philosophie de l'histoire » auxquels se livrent les modernes, et bien autrement vastes et profondes."
"L'esprit spécifiquement moderne [...] rien d'autre que l'esprit antitraditionnel."
"On vit bientôt apparaître quelque chose dont on n'avait encore eu aucun exemple, et qui devait, par la suite, exercer une influence néfaste sur tout le monde occidental : nous voulons parler de ce mode spécial de pensée qui prit et garda le nom de « philosophie »."
"Le mot « philosophie », en lui-même, peut assurément être pris en un sens fort légitime, qui fut sans doute son sens primitif, surtout s'il est vrai que, comme on le prétend, c'est Pythagore qui l'employa le premier : étymologiquement, il ne signifie rien d'autre qu'« amour de la sagesse » ; il désigne donc tout d'abord une disposition préalable requise pour parvenir à la sagesse, et il peut désigner aussi, par une extension toute naturelle, la recherche qui, naissant de cette disposition même, doit conduire à la connaissance. Ce n'est donc qu'un stade préliminaire et préparatoire, un acheminement vers la sagesse, un degré correspondant à un état inférieur à celle-ci ; la déviation qui s'est produite ensuite a consisté à prendre ce degré transitoire pour le but même, à prétendre substituer la « philosophie » à la sagesse, ce qui implique l'oubli ou la méconnaissance de la véritable nature de cette dernière. C'est ainsi que prit naissance ce que nous pouvons appeler la philosophie « profane », c'est-à-dire une prétendue sagesse purement humaine, donc d'ordre simplement rationnel, prenant la place de la vraie sagesse traditionnelle, supra rationnelle et « non humaine »."
"La philosophie purement « profane » avait gagné du terrain : l’apparition du scepticisme d'un côté, le succès du « moralisme » stoïcien et épicurien de l'autre, montrent assez à quel point l'intellectualité s'était abaissée."
"Le vrai moyen âge, pour nous, s'étend du règne de Charlemagne au début du XIVe siècle ; à cette dernière date commence une nouvelle décadence qui, à travers des étapes diverses, ira en s'accentuant jusqu'à nous. C'est là qu'est le véritable point de départ de la crise moderne : c'est le commencement de la désagrégation de la « Chrétienté », à laquelle s'identifiait essentiellement la civilisation occidentale du moyen âge ; c'est, en même temps que la fin du régime féodal, assez étroitement solidaire de cette même « Chrétienté », l'origine de la constitution des « nationalités ». Il faut donc faire remonter l'époque moderne près de deux siècles plutôt qu'on ne le fait d'ordinaire ; la Renaissance et la Réforme sont surtout des résultantes, et elles n'ont été rendues possibles que par la décadence préalable ; mais, bien loin d'être un redressement, elles marquèrent une chute beaucoup plus profonde, parce qu'elles consommèrent la rupture définitive avec l'esprit traditionnel, l'une dans le domaine des sciences et des arts, l'autre dans le domaine religieux lui-même, qui était pourtant celui où une telle rupture eût pu sembler le plus difficilement concevable."
"Quant aux sciences traditionnelles du moyen âge, après avoir eu encore quelques dernières manifestations vers cette époque, elles disparurent aussi totalement que celles des civilisations lointaines qui furent jadis anéanties par quelque cataclysme ; et, cette fois, rien ne devait venir les remplacer. Il n'y eut plus désormais que la philosophie et la science « profanes », c'est-à-dire la négation de la véritable intellectualité, la limitation de la connaissance à l'ordre le plus inférieur, l'étude empirique et analytique de faits qui ne sont rattachés à aucun principe, la dispersion dans une multitude indéfinie de détails insignifiants, l'accumulation d'hypothèses sans fondement, qui se détruisent incessamment les unes les autres, et de vues fragmentaires qui ne peuvent conduire à rien, sauf à ces applications pratiques qui constituent la seule supériorité effective de la civilisation moderne ; supériorité peu enviable d'ailleurs, et qui, en se développant jusqu'à étouffer toute autre préoccupation, a donné à cette civilisation le caractère purement matériel qui en fait une véritable monstruosité."
"Il y a un mot qui fut mis en honneur à la Renaissance, et qui résumait par avance tout le programme de la civilisation moderne : ce mot est celui d'« humanisme ». Il s'agissait en effet de tout réduire à des proportions purement humaines, de faire abstraction de tout principe d'ordre supérieur, et, pourrait-on dire symboliquement, de se détourner du ciel sous prétexte de conquérir la terre [...] L'« humanisme », c'était déjà une première forme de ce qui est devenu le « laïcisme » contemporain ; et, en voulant tout ramener à la mesure de l'homme, pris pour une fin en lui-même, on a fini par descendre, d'étape en étape, au niveau de ce qu'il y a en celui-ci de plus inférieur, et par ne plus guère chercher que la satisfaction des besoins inhérents au côté matériel de sa nature, recherche bien illusoire, du reste, car elle crée toujours plus de besoins artificiels qu'elle n'en peut satisfaire."
"D'après toutes les indications fournies par les doctrines traditionnelles, nous soyons entré vraiment dans la phase finale du Kali-Yuga, dans la période la plus sombre de cet « âge sombre », dans cet état de dissolution dont il n'est plus possible de sortir que par un cataclysme, car ce n'est plus un simple redressement qui est alors nécessaire, mais une rénovation totale. Le désordre et la confusion règnent dans tous les domaines ; ils ont été portés à un point qui dépasse de loin tout ce qu'on avait vu précédemment, et, partis de l'Occident, ils menacent maintenait d'envahir le monde tout entier; nous savons bien que leur triomphe ne peut jamais être qu'apparent et passager, mais à un tel degré, il paraît être le signe de la plus grave de toutes les crises que l'humanité ait traversées au cours de son cycle actuel."
"Un des caractères particuliers du monde moderne, c'est la scission qu'on y remarque entre l'Orient et l'Occident."
"Une civilisation qui ne reconnaît aucun principe supérieur, qui n'est même fondée en réalité que sur une négation des principes, est par là même dépourvue de tout moyen d'entente avec les autres, car cette entente, pour être vraiment profonde et efficace, ne peut s'établir que par en haut, c'est-à-dire précisément par ce qui manque à cette civilisation anormale et déviée. Dans l'état présent du monde, nous avons donc, d'un côté, toutes les civilisations qui sont demeurées fidèles à l'esprit traditionnel, et qui sont les civilisations orientales, et, de l'autre, une civilisation proprement antitraditionnelle, qui est la civilisation occidentale moderne."
"La tradition primordiale du cycle actuel est venue des régions hyperboréennes."
"Les récits des anciens, relatifs à l'Atlantide, en indiquent l'origine ; après la disparition de ce continent, qui est le dernier des grands cataclysmes arrivés dans le passé, il ne semble pas douteux que des restes de sa tradition aient été transportés en des régions diverses, où ils se sont mêlés à d'autres traditions préexistantes, principalement à des rameaux de la grande tradition hyperboréenne ; et il est fort possible que les doctrines des Celtes, en particulier, aient été un des produits de cette fusion."
"Nous pensons d'ailleurs qu'une tradition occidentale, si elle parvenait à se reconstituer, prendrait forcément une forme extérieure religieuse, au sens le plus strict de ce mot, et que cette forme ne pourrait être que chrétienne, car, d'une part, les autres formes possibles sont depuis trop longtemps étrangères à la mentalité occidentale, et, d'autre part, c'est dans le Christianisme seul, disons plus précisément encore dans le Catholicisme, que se trouvent, en Occident, les restes d'esprit traditionnel qui survivent encore."
"Si une élite occidentale arrive à se former, la connaissance vraie des doctrines orientales, pour la raison que nous venons d'indiquer, lui sera indispensable pour remplir sa fonction ; mais ceux qui n'auront qu'à recueillir le bénéfice de son travail, et qui seront le plus grand nombre pourront fort bien n'avoir aucune conscience de ces choses, et l'influence qu'ils en recevront, pour ainsi dire sans s'en douter et en tout cas par des moyens qui leur échapperont entièrement, n'en sera pas pour cela moins réelle ni moins efficace."
Nous avons là, sous forme ramassée, et l'élitisme fasciste des groupes bundish et völkisch allemands, et une théorie de la propagande qui n'aurait pas renié Goebbels (quoi qu'elle sous plus proche de son inspiration française, la théorie du mythe de la grève générale élaboré par le socialiste révolutionnaire catholique et antisémite Georges Sorel).
"C'est d'une élite intellectuelle que nous voulons parler exclusivement, et, à nos yeux, il ne saurait y en avoir d'autres, toutes les distinctions sociales extérieures étant sans aucune importance au point de vue où nous nous plaçons."
Ce passage, en dépit des apparences, confirme le précédent plutôt qu'il ne le contredit. Nombre d'observateurs n'ont pas manqué de s'étrangler de la brutalité vulgaire des nazis, et il est clair qu'il est impossible de trouver chez eux l'embryon d'une élite intellectuelle (même chez un Goebbels, pourtant docteur en philosophie). Mais ce serait oublier les hordes d'intellectuels européens qui furent les soutiens ou des compagnons de route des mouvements fascistes (dans le désordre: Carl Schmitt, Benedetto Croce, Thierry Maulnier, Giovanni Gentile, Emmanuel Mounier, Martin Heidegger, Charles Maurras, Bertrand de Jouvenel...) unis dans l'exécration de la société "bourgeoise", matérialiste et démocratique.
"La puissance spirituelle n'est nullement basée sur le nombre, dont la loi est celle de la matière."
Alliance objective des antidémocrates antibourgeois dont la pseudo-profondeur ne les empêchent pas de tomber d'abord avec la platitude bourgeoise la plus accomplie depuis Voltaire, nous voulons dire Flaubert: "Le premier remède serait d'en finir avec le suffrage universel, la honte de l'esprit humain. Tel qu'il est constitué, un seul élément prévaut au détriment de tous les autres : le nombre domine l'esprit, l'instruction, la race et même l'argent, qui vaut mieux que le nombre." (Gustave Flaubert, Lettre à George Sand, 8 septembre 1871).
"Au point où les choses en sont arrivées, il est grand temps de réagir, et c'est ici, redisons-le une fois de plus, que l'Orient peut venir au secours de l'Occident, si toutefois celui-ci le veut bien, non pour lui imposer des conceptions qui lui sont étrangères, comme certains semblent le craindre, mais bien pour l'aider à retrouver sa propre tradition dont il a perdu le sens."
Ce qui, on s'en sera aperçu, n'est rien d'autre que ce que propose actuellement le petit nazillon au canapé rouge, lorsqu'il prône à grands gris la réunion des musulmans nationalistes et des catholiques traditionnalistes dans le grand chaudron d'un fascisme à la française, qu'on avait plus vu depuis Poujade.
"Le caractère le plus visible de l'époque moderne : besoin d'agitation incessante, de changement continuel, de vitesse sans cesse croissante comme celle avec laquelle se déroulent les événements eux-mêmes. C'est la dispersion dans la multiplicité, et dans une multiplicité qui n'est plus unifiée par la conscience d'aucun principe supérieur ; c'est, dans la vie courante comme dans les conceptions scientifiques, l'analyse poussée à l'extrême, le morcellement indéfini, une véritable désagrégation de l'activité humaine dans tous les ordres où elle peut encore s'exercer ; et de là l'inaptitude à la synthèse."
Il est vrai que le Moyen-âge occidental, avec la doctrine scholastique, avait réussi pendant milles ans la merveilleuse synthèse des Saintes Évangiles, de Platon et d'Aristote, qui consistait à croire à l'immobilité de la Terre, à la théorie des Quatre éléments, et au retour imminent du Christ Rédempteur. Toutes choses que les Modernes peuvent regretter à chaudes larmes, on en doute pas.
"On éprouve très généralement l'impression qu'il n'y a plus, dans l'état actuel, aucune stabilité."
Que voulez-vous, ma bonne dame, les paysans et les commerçants du Moyen-âge ont dû en avoir assez d'une croissance économique de 0.1% par an pendant des siècles. Ils se pourraient bien qu'ils soient devenus prolétaires et bourgeois avec l'abominable intention d'améliorer leur niveau de vie, et celle, criminelle entre toute, de se procurer des biens matériels à faire saliver d'envie tous les Lieutenants de Dieu sur Terre.
"Les modernes, qui ne connaissent rien de supérieur à la raison dans l'ordre de l'intelligence."
Sans vouloir te corriger, mon brave René, c'était aussi l'avis de Socrate ("Il n'est pire mal [...] que d'avoir pris en haine les raisonnements", Platon, Phédon ou de l'âme).
"La science, en se constituant à la façon moderne, n'a pas perdu seulement en profondeur, mais aussi, pourrait-on dire, en solidité."
Il est vrai que les pourfendeurs de la sainte doctrine créationniste ont eu une fâcheuse tendance à se multiplier absolument partout, sauf peut-être dans la théocratie américaine.
"C'est d'ailleurs une singulière illusion, propre à l'« expérimentalisme » moderne, que de croire qu'une théorie peut être prouvée par les faits."
Il est vrai que parvenu à ce stade, on ne voit pas trop ce qui pousserait l'auteur à accorder une quelconque valeur à la réalité. Nul ne s'étonnerait après ça d'entendre un Soral déplorer la disparition de la télépathie.
"Il est faux de dire, comme on le fait habituellement, que l'astrologie et l'alchimie sont devenues respectivement l'astronomie et la chimie modernes, bien qu'il y ait dans cette opinion une certaine part de vérité au point de vue simplement historique, part de vérité qui est exactement celle que nous venons d'indiquer : si les dernières de ces sciences procèdent en effet des premières en un certain sens, ce n'est point par « évolution » ou « progrès » comme on le prétend, mais au contraire par dégénérescence."
Dans le même ordre d'idées, on regrettera la dégénérescence de la médecine, qui, en se perfectionnant, pousse au chômage un nombre croissant de conducteurs de corbillards.
"On pourrait montrer aussi que les mathématiques modernes ne représentent pour ainsi dire que l'écorce de la mathématique pythagoricienne."
On retrouve aussi la technique récurrente de tous les charlatans, qui consiste à assener des affirmations incroyables auxquelles il n'est jamais donné suite. Mr. Soral a été a bonne école.
"Ce que nous entendons par « individualisme », c'est la négation de tout principe supérieur à l'individualité, et, par suite, la réduction de la civilisation, dans tous les domaines, aux seuls éléments purement humains ; c'est donc, au fond, la même chose que ce qui a été désigné à l'époque de la Renaissance sous le nom d'humanisme."
Guénon a ici parfaitement raison sur la continuité entre l'humanisme de la renaissance et l'individualisme moderne dont l'expression la plus haute réside dans la doctrine de l'école libérale. Il se trompe s'il croit l'individualisme incompatible avec la foi, alors même que les libertés individuelles, celle de la conscience en particulier, sont de pures produits de la tentative de résolution pacifique des guerres de religion. Il oublie, enfin et surtout, que le contraire de l'individualisme est le collectivisme, c'est-à-dire la négation des droits de l'individu et son sacrifice à autrui, qu'il s'agisse de l'Etat dans le fascisme, de la pureté de la Race dans le nazisme, ou du triomphe de la Révolution mondiale dans le bolchevisme.
"C'est donc bien l'individualisme, tel que nous venons de le définir, qui est la cause déterminante de la déchéance actuelle de l'Occident, par là même qu'il est en quelque sorte le moteur du développement exclusif des possibilités les plus inférieures de l'humanité, de celles dont l'expansion n'exige l'intervention d'aucun élément supra-humain, et qui même ne peuvent se déployer complètement qu'en l'absence d'un tel élément, parce qu’elles sont à l'extrême opposé de toute spiritualité et de toute intellectualité vraie."
Bla bla bla...
"La morale protestante, éliminant de plus en plus toute base doctrinale, finit par dégénérer en ce qu'on appelle la « morale laïque », qui compte parmi ses partisans les représentants de toutes les variétés du « Protestantisme libéral », aussi bien que les adversaires déclarés de toute idée religieuse ; au fond, chez les uns et les autres, ce sont les mêmes tendances qui prédominent, et la seule différence est que tous ne vont pas aussi loin dans le développement logique de tout ce qui s'y trouve impliqué. En effet, la religion étant proprement une forme de la tradition, l'esprit antitraditionnel ne peut être qu'antireligieux ; il commence par dénaturer la religion, et, quand il le peut, il finit par la supprimer entièrement. Le Protestantisme est illogique en ce que, tout en s'efforçant d'« humaniser » la religion, il laisse encore subsister malgré tout, au moins en théorie, un élément supra-humain, qui est la révélation ; il n'ose pas pousser la négation jusqu'au bout, mais, en livrant cette révélation à toutes les discussions qui sont la conséquence d'interprétations purement humaines, il la réduit en fait à n'être bientôt plus rien ; et, quand on voit des gens qui, tout en persistant à se dire « chrétiens », n'admettent même plus la divinité du Christ, il est permis de penser que ceux-là, sans s'en douter peut-être, sont beaucoup plus près de la négation complète que du véritable Christianisme."
Sans surprise, Guénon s'inscrit dans la détestation habituelle des contre-révolutionnaires et des théoriciens d'extrême-droite à l'égard du protestantisme, coupable d'avoir sapé l'emprise de l'Église sur le peuple et la belle unité "synthétique" médiévale. Mais ce qui est à mettre au crédit des protestants du point de vue du croyant progressiste ou de l'athée est évidemment un acte impie aux yeux du catholique dogmatique.
"La conservation de la doctrine suppose d'ailleurs un enseignement traditionnel organisé, par lequel se maintient l'interprétation orthodoxe."
Les marxistes-léninistes ne diront jamais rien d'autres et sauront installer avec autant de succès que leurs concurrents d'extrême-droite le Parti Unique, l'Etat totalitaire et, en guise d'Inquisition, la police secrète et les goulags.
"C'est encore l'individualisme qui introduit partout l'esprit de discussion."
Le contrecoup de siècles a grelotté dans le silence des cathédrales, a bredouillé des phrases incompréhensibles dans un mauvais latin ?
"Il est très difficile de faire comprendre à nos contemporains qu'il y a des choses qui, par leur nature même, ne peuvent se discuter."
Ce n'est pas si difficile que ça, pour peu qu'on endoctrine les enfants en bas âge. Les maoïstes et les nazis ont été plus efficaces que toi, Guénon.
"Ne voit-on pas à chaque instant des gens qui veulent juger l’œuvre d'un homme d'après ce qu'ils savent de sa vie privée, comme s'il pouvait y avoir entre ces deux choses un rapport quelconque ?"
Et en plus tu es du côté de la méthode de Proust ? On ne va vraiment pas être copains.
"Dans le monde moderne, où peut-on trouver encore la notion d'une véritable hiérarchie ?"
En matière de littérature, je propose d'utiliser ton essai comme maître-étalon de la médiocrité la plus flagrante, conjointement avec Comprendre l'Empire et le Traité du Rebelle d'Onfray.
"Les « profanes » se permettent de discuter des choses sacrées, d'en contester le caractère et jusqu'à l'existence même ; c'est l'inférieur qui juge le supérieur, l'ignorance qui impose des bornes à la sagesse, l'erreur qui prend le pas sur la vérité, l'humain qui se substitue au divin, la terre qui l'emporte sur le ciel."
La Race des esclaves sur la Race des seigneurs ?
"« Malheur à vous, guides aveugles », est-il dit dans l'Évangile ; aujourd'hui, on ne voit en effet partout que des aveugles qui conduisent d'autres aveugles, et qui, s'ils ne sont arrêtés à temps, les mèneront fatalement à l'abîme où ils périront avec eux."
Comme dirait l'autre, j'en connais qui voit la paille dans l'œil de ses voisins, mais pas la poutre qu'il a dans le sien...Et puis c'est pas bientôt fini ce catastrophisme ? On se croirait à un congrès d'EELV...
"Il y aurait, à ce propos, bien des choses, à dire sur les méfaits de l'« instruction obligatoire »."
Autant te prévenir, si tu nous fait le coup de la théorie du genre, je vais me coucher son finir ton torchon.
"Il est trop évident que le peuple ne peut conférer un pouvoir qu'il ne possède pas lui-même ; le pouvoir véritable ne peut venir que d'en haut, et c'est pourquoi, disons-le en passant, il ne peut être légitimé que par la sanction de quelque chose de supérieur à l'ordre social."
Dieu, la Race, les lois de l'histoire, la sauvegarde la Révolution ? Gaia ?
"C'est l'opinion de la majorité qui est supposée faire la loi ; mais ce dont on ne s'aperçoit pas, c'est que l'opinion est quelque chose que l'on peut très facilement diriger et modifier ; on peut toujours, à l'aide de suggestions appropriées, y provoquer des courants allant dans tel ou tel sens déterminé ; nous ne savons plus qui a parlé de « fabriquer l'opinion », et cette expression est tout à fait juste, bien qu'il faille dire, d'ailleurs, que ce ne sont pas toujours les dirigeants apparents qui ont en réalité à leur disposition les moyens nécessaires pour obtenir ce résultat."
Ha non ? Qui alors ? Les Juifs ? La classe bourgeoise ? Le complot mondial illuminati ? Les cyclistes ?
On notera au passage que le caractère influençable du peuple, mis en avant par tous les fascistes et jusqu'aux soraliens, sert à justifier le recours à l'homme fort et au gouvernement dictatorial, seul capable de faire le bien du trop faible peuple à sa place. Le Parti unique joue le même rôle dans les régimes totalitaires ou d'inspiration bolchevique.
"La seule distinction sociale qui ait subsisté est celle qui se fonde sur la richesse matérielle."
Même ceux qui n'ont pas lu Bourdieu comprennent facilement pourquoi ça n'est pas le cas.
"Nos contemporains sont persuadés que les circonstances économiques sont à peu près les uniques facteurs des événements historiques, et ils s'imaginent même qu'il en a toujours été ainsi ; on est allé en ce sens jusqu'à inventer une théorie qui veut tout expliquer par là exclusivement, et qui a reçu l'appellation significative de « matérialisme historique »."
C'est vrai qu'elle n'est pas terrible, mais n'est pas si simpliste que tu le prétends. En tout cas, ça reste d'un autre niveau que tes élucubrations.
"méconnaissance d'une autorité spirituelle pouvant seule exercer normalement un arbitrage efficace, parce qu'elle est, par sa nature même, au-dessus de tous les conflits d'ordre politique."
Comment dire...non. Même la plus superficielle des études de la papauté montre que ça n'est pas le cas.
"Nous prenons simplement la civilisation moderne en elle-même, et nous disons que, si l'on mettait en parallèle les avantages et les inconvénients de ce qu'elle a produit, le résultat risquerait fort d'être négatif."
On se demande bien pourquoi les hommes ont bâti cette civilisation, si précisément c'était la pire imaginable. Tu veux quand même pas nous faire croire que tu es plus malin que tous le monde, Guénon ? Pas après AUTANT DE CONNERIES ?
"ne faut-il pas s'étonner que la manie anglo-saxonne du « sport » gagne chaque jour du terrain : l'idéal de ce monde, c'est l' « animal humain » qui a développé au maximum sa force musculaire ; ses héros, ce sont les athlètes, fussent-ils des brutes ; ce sont ceux-là qui suscitent l'enthousiasme populaire, c'est pour leurs exploits que les foules se passionnent ; un monde où l'on voit de telles choses est vraiment tombé bien bas et semble bien près de sa fin."
Et les jeux du cirque ? Et les tournois médiévaux ? Et les bûchers publics ? Elles sont quelque peu sélectives, tes indignations morales, Réné.
"La civilisation moderne vise à multiplier les besoins artificiels."
Et c'est parti pour la critique de la société de consommation. ATTAC n'a qu'à bien se tenir. Soit dit en passant, personne n'a jamais été en mesure d'avancer une définition valable des "besoins artificiels". Les besoins artificiels, c'est ceux qui déplaisent à celui qui fait la catégorie. Sans jamais envisager qu'autrui puisse évaluer différemment de lui, c'est-à-dire, sans jamais comprendre ce qu'est une valeur.
"Les hommes ne pouvaient éprouver aucune souffrance d'être privés de choses qui n'existaient pas et auxquelles ils n'avaient jamais songé."
Ils ne pouvaient pas souffrir de l'absence de médicaments qu'ils n'avaient pas encore inventés ? REALLY ?
"L'Occident entraînera-t-il dans sa chute l'humanité tout entière ?"
C'est pas beau de copier. Spengler était là avant toi.
"Nous n'avons d'ailleurs pas eu la prétention d'épuiser le sujet, de le traiter dans tous ses détails."
C'est heureux pour le lecteur, qui en est bien soulagé.
"Il suffit d'une élite peu nombreuse, mais assez fortement constituée pour donner une direction à la masse."
Tu radotes. C'est le début de la fin.
"Il y a dès maintenant, dans le monde occidental, des indices certains d'un mouvement qui demeure encore imprécis, mais qui peut et doit même normalement aboutir à la reconstitution d'une élite intellectuelle, à moins qu'un cataclysme ne survienne trop rapidement pour lui permettre de se développer jusqu'au bout."
A moins que la catastrophe soit la condition et la fin de l'élite en question. Ce qu'on nomme la tragique histoire du XXème siècle.
"Nous pouvons affirmer qu'il n'est pas, dans ce qui précède, un seul mot que nous ayons écrit sans y avoir mûrement réfléchi."
Hélas.
-René Guénon, La Crise du monde moderne, 1927.
http://www.freepdf.info/index.php?post/2012/04/06/Guenon-Rene-Autorite-spirituelle-et-pouvoir-temporel
Pour en finir avec René Guénon:
"La croyance à un « progrès » indéfini, qui était tenue naguère encore pour une sorte de dogme intangible et indiscutable, n'est plus aussi généralement admis ; certains entrevoient plus ou moins vaguement, plus ou moins confusément, que la civilisation occidentale, au lieu d'aller toujours en continuant à se développer dans le même sens, pourrait bien arriver un jour à un point d'arrêt, ou même sombrer entièrement dans quelque cataclysme. Peut-être ceux-là ne voient ils pas nettement où est le danger, et les craintes chimériques ou puériles qu'ils manifestent parfois prouvent suffisamment la persistance de bien des erreurs dans leur esprit; mais enfin c'est déjà quelque chose qu'ils se rendent compte qu'il y a un danger, même s'ils le sentent plus qu'ils ne le comprennent vraiment, et qu'ils parviennent à concevoir que cette civilisation dont les modernes sont si infatués n'occupe pas une place privilégiée dans l'histoire du monde, qu'elle peut avoir le même sort que tant d'autres qui ont déjà disparu à des époques plus ou moins lointaines, et dont certaines n'ont laissé derrière elles que des traces infimes, des vestiges à peine perceptibles ou difficilement reconnaissables."
"Il semble bien que nous approchions réellement de la fin d'un monde, c'est-à-dire de la fin d'une époque ou d'un cycle historique, qui peut d'ailleurs être en correspondance avec un cycle cosmique, suivant ce qu'enseignent à cet égard toutes les doctrines traditionnelles."
"Les deux termes d'une opposition n'ont de sens que l'un par l'autre."
"La doctrine hindoue enseigne que la durée d'un cycle humain, auquel elle donne le nom de Manvantara, se divise en quatre âges, qui marquent autant de phases d'un obscurcissement graduel de la spiritualité primordiale ; ces sont ces mêmes périodes que les traditions de l'antiquité occidentale, de leur côté, désignaient comme les âges d'or, d'argent, d'airain et de fer. Nous sommes présentement dans le quatrième âge, le Kali-Yuga ou « âge sombre », et nous y sommes, dit-on, depuis déjà plus de six mille ans, c'est-à-dire depuis une époque bien antérieure à toutes celles qui sont connues de l'histoire « classique ». Depuis lors, les vérités qui étaient autrefois accessibles à tous les hommes sont devenues de plus en plus cachées et difficiles à atteindre ; ceux qui les possèdent sont de moins en moins nombreux, et, si le trésor de la sagesse « non humaine », antérieure à tous les âges, ne peut jamais se perdre, il s'enveloppe de voiles de plus en plus impénétrables, qui le dissimulent aux regards et sous lesquels il est extrêmement difficile de le découvrir. C'est pourquoi il est partout question, sous des symboles divers, de quelque chose qui a été perdu, en apparence tout au moins et par rapport au monde extérieur, et que doivent retrouver ceux qui aspirent à la véritable connaissance ; mais il est dit aussi que ce qui est ainsi caché redeviendra visible à la fin de ce cycle, qui sera en même temps, en vertu de la continuité qui relie toutes choses entre elles, le commencement d'un cycle nouveau."
"Ce que nous venons de dire du développement de la manifestation présente une vue qui, pour être exacte dans l'ensemble, est cependant trop simplifiée et schématique, en ce qu'elle peut faire penser que ce développement s'effectue en ligne droite, selon un sens unique et sans oscillations d'aucune sorte ; la réalité est bien autrement complexe. En effet, il y a lieu d'envisager en toutes choses, comme nous l'indiquions déjà précédemment, deux tendances opposées, l'une descendante et l'autre ascendante, ou, si l'on veut se servir d'un autre mode de représentation, l'une centrifuge et l'autre centripète et de la prédominance de l'une ou de l'autre procèdent deux phases complémentaires de la manifestation, l'une d'éloignement du principe, l'autre de retour vers le principe, qui sont souvent comparées symboliquement aux mouvements du cœur ou aux deux phases de la respiration.
Bien que ces deux phases soient d'ordinaire décrites comme successives, il faut concevoir que, en réalité, les deux tendances auxquelles elles correspondent agissent toujours simultanément, quoique dans des proportions diverses ; et il arrive parfois, à certains moments critiques où la tendance descendante semble sur le point de l'emporter définitivement dans la marche générale du monde, qu'une action spéciale intervient pour renforcer la tendance contraire, de façon à rétablir un certain équilibre au moins relatif, tel que peuvent le comporter les conditions du moment, et à opérer ainsi un redressement partiel, par lequel le mouvement de chute peut sembler arrêté ou neutralisé temporairement.
Il est facile de comprendre que ces données traditionnelles, dont nous devons nous borner ici à esquisser un aperçu très sommaire, rendent possibles des
conceptions bien différentes de tous les essais de « philosophie de l'histoire » auxquels se livrent les modernes, et bien autrement vastes et profondes."
"L'esprit spécifiquement moderne [...] rien d'autre que l'esprit antitraditionnel."
"On vit bientôt apparaître quelque chose dont on n'avait encore eu aucun exemple, et qui devait, par la suite, exercer une influence néfaste sur tout le monde occidental : nous voulons parler de ce mode spécial de pensée qui prit et garda le nom de « philosophie »."
"Le mot « philosophie », en lui-même, peut assurément être pris en un sens fort légitime, qui fut sans doute son sens primitif, surtout s'il est vrai que, comme on le prétend, c'est Pythagore qui l'employa le premier : étymologiquement, il ne signifie rien d'autre qu'« amour de la sagesse » ; il désigne donc tout d'abord une disposition préalable requise pour parvenir à la sagesse, et il peut désigner aussi, par une extension toute naturelle, la recherche qui, naissant de cette disposition même, doit conduire à la connaissance. Ce n'est donc qu'un stade préliminaire et préparatoire, un acheminement vers la sagesse, un degré correspondant à un état inférieur à celle-ci ; la déviation qui s'est produite ensuite a consisté à prendre ce degré transitoire pour le but même, à prétendre substituer la « philosophie » à la sagesse, ce qui implique l'oubli ou la méconnaissance de la véritable nature de cette dernière. C'est ainsi que prit naissance ce que nous pouvons appeler la philosophie « profane », c'est-à-dire une prétendue sagesse purement humaine, donc d'ordre simplement rationnel, prenant la place de la vraie sagesse traditionnelle, supra rationnelle et « non humaine »."
"La philosophie purement « profane » avait gagné du terrain : l’apparition du scepticisme d'un côté, le succès du « moralisme » stoïcien et épicurien de l'autre, montrent assez à quel point l'intellectualité s'était abaissée."
"Le vrai moyen âge, pour nous, s'étend du règne de Charlemagne au début du XIVe siècle ; à cette dernière date commence une nouvelle décadence qui, à travers des étapes diverses, ira en s'accentuant jusqu'à nous. C'est là qu'est le véritable point de départ de la crise moderne : c'est le commencement de la désagrégation de la « Chrétienté », à laquelle s'identifiait essentiellement la civilisation occidentale du moyen âge ; c'est, en même temps que la fin du régime féodal, assez étroitement solidaire de cette même « Chrétienté », l'origine de la constitution des « nationalités ». Il faut donc faire remonter l'époque moderne près de deux siècles plutôt qu'on ne le fait d'ordinaire ; la Renaissance et la Réforme sont surtout des résultantes, et elles n'ont été rendues possibles que par la décadence préalable ; mais, bien loin d'être un redressement, elles marquèrent une chute beaucoup plus profonde, parce qu'elles consommèrent la rupture définitive avec l'esprit traditionnel, l'une dans le domaine des sciences et des arts, l'autre dans le domaine religieux lui-même, qui était pourtant celui où une telle rupture eût pu sembler le plus difficilement concevable."
"Quant aux sciences traditionnelles du moyen âge, après avoir eu encore quelques dernières manifestations vers cette époque, elles disparurent aussi totalement que celles des civilisations lointaines qui furent jadis anéanties par quelque cataclysme ; et, cette fois, rien ne devait venir les remplacer. Il n'y eut plus désormais que la philosophie et la science « profanes », c'est-à-dire la négation de la véritable intellectualité, la limitation de la connaissance à l'ordre le plus inférieur, l'étude empirique et analytique de faits qui ne sont rattachés à aucun principe, la dispersion dans une multitude indéfinie de détails insignifiants, l'accumulation d'hypothèses sans fondement, qui se détruisent incessamment les unes les autres, et de vues fragmentaires qui ne peuvent conduire à rien, sauf à ces applications pratiques qui constituent la seule supériorité effective de la civilisation moderne ; supériorité peu enviable d'ailleurs, et qui, en se développant jusqu'à étouffer toute autre préoccupation, a donné à cette civilisation le caractère purement matériel qui en fait une véritable monstruosité."
"Il y a un mot qui fut mis en honneur à la Renaissance, et qui résumait par avance tout le programme de la civilisation moderne : ce mot est celui d'« humanisme ». Il s'agissait en effet de tout réduire à des proportions purement humaines, de faire abstraction de tout principe d'ordre supérieur, et, pourrait-on dire symboliquement, de se détourner du ciel sous prétexte de conquérir la terre [...] L'« humanisme », c'était déjà une première forme de ce qui est devenu le « laïcisme » contemporain ; et, en voulant tout ramener à la mesure de l'homme, pris pour une fin en lui-même, on a fini par descendre, d'étape en étape, au niveau de ce qu'il y a en celui-ci de plus inférieur, et par ne plus guère chercher que la satisfaction des besoins inhérents au côté matériel de sa nature, recherche bien illusoire, du reste, car elle crée toujours plus de besoins artificiels qu'elle n'en peut satisfaire."
"D'après toutes les indications fournies par les doctrines traditionnelles, nous soyons entré vraiment dans la phase finale du Kali-Yuga, dans la période la plus sombre de cet « âge sombre », dans cet état de dissolution dont il n'est plus possible de sortir que par un cataclysme, car ce n'est plus un simple redressement qui est alors nécessaire, mais une rénovation totale. Le désordre et la confusion règnent dans tous les domaines ; ils ont été portés à un point qui dépasse de loin tout ce qu'on avait vu précédemment, et, partis de l'Occident, ils menacent maintenait d'envahir le monde tout entier; nous savons bien que leur triomphe ne peut jamais être qu'apparent et passager, mais à un tel degré, il paraît être le signe de la plus grave de toutes les crises que l'humanité ait traversées au cours de son cycle actuel."
"Un des caractères particuliers du monde moderne, c'est la scission qu'on y remarque entre l'Orient et l'Occident."
"Une civilisation qui ne reconnaît aucun principe supérieur, qui n'est même fondée en réalité que sur une négation des principes, est par là même dépourvue de tout moyen d'entente avec les autres, car cette entente, pour être vraiment profonde et efficace, ne peut s'établir que par en haut, c'est-à-dire précisément par ce qui manque à cette civilisation anormale et déviée. Dans l'état présent du monde, nous avons donc, d'un côté, toutes les civilisations qui sont demeurées fidèles à l'esprit traditionnel, et qui sont les civilisations orientales, et, de l'autre, une civilisation proprement antitraditionnelle, qui est la civilisation occidentale moderne."
"La tradition primordiale du cycle actuel est venue des régions hyperboréennes."
"Les récits des anciens, relatifs à l'Atlantide, en indiquent l'origine ; après la disparition de ce continent, qui est le dernier des grands cataclysmes arrivés dans le passé, il ne semble pas douteux que des restes de sa tradition aient été transportés en des régions diverses, où ils se sont mêlés à d'autres traditions préexistantes, principalement à des rameaux de la grande tradition hyperboréenne ; et il est fort possible que les doctrines des Celtes, en particulier, aient été un des produits de cette fusion."
"Nous pensons d'ailleurs qu'une tradition occidentale, si elle parvenait à se reconstituer, prendrait forcément une forme extérieure religieuse, au sens le plus strict de ce mot, et que cette forme ne pourrait être que chrétienne, car, d'une part, les autres formes possibles sont depuis trop longtemps étrangères à la mentalité occidentale, et, d'autre part, c'est dans le Christianisme seul, disons plus précisément encore dans le Catholicisme, que se trouvent, en Occident, les restes d'esprit traditionnel qui survivent encore."
"Si une élite occidentale arrive à se former, la connaissance vraie des doctrines orientales, pour la raison que nous venons d'indiquer, lui sera indispensable pour remplir sa fonction ; mais ceux qui n'auront qu'à recueillir le bénéfice de son travail, et qui seront le plus grand nombre pourront fort bien n'avoir aucune conscience de ces choses, et l'influence qu'ils en recevront, pour ainsi dire sans s'en douter et en tout cas par des moyens qui leur échapperont entièrement, n'en sera pas pour cela moins réelle ni moins efficace."
Nous avons là, sous forme ramassée, et l'élitisme fasciste des groupes bundish et völkisch allemands, et une théorie de la propagande qui n'aurait pas renié Goebbels (quoi qu'elle sous plus proche de son inspiration française, la théorie du mythe de la grève générale élaboré par le socialiste révolutionnaire catholique et antisémite Georges Sorel).
"C'est d'une élite intellectuelle que nous voulons parler exclusivement, et, à nos yeux, il ne saurait y en avoir d'autres, toutes les distinctions sociales extérieures étant sans aucune importance au point de vue où nous nous plaçons."
Ce passage, en dépit des apparences, confirme le précédent plutôt qu'il ne le contredit. Nombre d'observateurs n'ont pas manqué de s'étrangler de la brutalité vulgaire des nazis, et il est clair qu'il est impossible de trouver chez eux l'embryon d'une élite intellectuelle (même chez un Goebbels, pourtant docteur en philosophie). Mais ce serait oublier les hordes d'intellectuels européens qui furent les soutiens ou des compagnons de route des mouvements fascistes (dans le désordre: Carl Schmitt, Benedetto Croce, Thierry Maulnier, Giovanni Gentile, Emmanuel Mounier, Martin Heidegger, Charles Maurras, Bertrand de Jouvenel...) unis dans l'exécration de la société "bourgeoise", matérialiste et démocratique.
"La puissance spirituelle n'est nullement basée sur le nombre, dont la loi est celle de la matière."
Alliance objective des antidémocrates antibourgeois dont la pseudo-profondeur ne les empêchent pas de tomber d'abord avec la platitude bourgeoise la plus accomplie depuis Voltaire, nous voulons dire Flaubert: "Le premier remède serait d'en finir avec le suffrage universel, la honte de l'esprit humain. Tel qu'il est constitué, un seul élément prévaut au détriment de tous les autres : le nombre domine l'esprit, l'instruction, la race et même l'argent, qui vaut mieux que le nombre." (Gustave Flaubert, Lettre à George Sand, 8 septembre 1871).
"Au point où les choses en sont arrivées, il est grand temps de réagir, et c'est ici, redisons-le une fois de plus, que l'Orient peut venir au secours de l'Occident, si toutefois celui-ci le veut bien, non pour lui imposer des conceptions qui lui sont étrangères, comme certains semblent le craindre, mais bien pour l'aider à retrouver sa propre tradition dont il a perdu le sens."
Ce qui, on s'en sera aperçu, n'est rien d'autre que ce que propose actuellement le petit nazillon au canapé rouge, lorsqu'il prône à grands gris la réunion des musulmans nationalistes et des catholiques traditionnalistes dans le grand chaudron d'un fascisme à la française, qu'on avait plus vu depuis Poujade.
"Le caractère le plus visible de l'époque moderne : besoin d'agitation incessante, de changement continuel, de vitesse sans cesse croissante comme celle avec laquelle se déroulent les événements eux-mêmes. C'est la dispersion dans la multiplicité, et dans une multiplicité qui n'est plus unifiée par la conscience d'aucun principe supérieur ; c'est, dans la vie courante comme dans les conceptions scientifiques, l'analyse poussée à l'extrême, le morcellement indéfini, une véritable désagrégation de l'activité humaine dans tous les ordres où elle peut encore s'exercer ; et de là l'inaptitude à la synthèse."
Il est vrai que le Moyen-âge occidental, avec la doctrine scholastique, avait réussi pendant milles ans la merveilleuse synthèse des Saintes Évangiles, de Platon et d'Aristote, qui consistait à croire à l'immobilité de la Terre, à la théorie des Quatre éléments, et au retour imminent du Christ Rédempteur. Toutes choses que les Modernes peuvent regretter à chaudes larmes, on en doute pas.
"On éprouve très généralement l'impression qu'il n'y a plus, dans l'état actuel, aucune stabilité."
Que voulez-vous, ma bonne dame, les paysans et les commerçants du Moyen-âge ont dû en avoir assez d'une croissance économique de 0.1% par an pendant des siècles. Ils se pourraient bien qu'ils soient devenus prolétaires et bourgeois avec l'abominable intention d'améliorer leur niveau de vie, et celle, criminelle entre toute, de se procurer des biens matériels à faire saliver d'envie tous les Lieutenants de Dieu sur Terre.
"Les modernes, qui ne connaissent rien de supérieur à la raison dans l'ordre de l'intelligence."
Sans vouloir te corriger, mon brave René, c'était aussi l'avis de Socrate ("Il n'est pire mal [...] que d'avoir pris en haine les raisonnements", Platon, Phédon ou de l'âme).
"La science, en se constituant à la façon moderne, n'a pas perdu seulement en profondeur, mais aussi, pourrait-on dire, en solidité."
Il est vrai que les pourfendeurs de la sainte doctrine créationniste ont eu une fâcheuse tendance à se multiplier absolument partout, sauf peut-être dans la théocratie américaine.
"C'est d'ailleurs une singulière illusion, propre à l'« expérimentalisme » moderne, que de croire qu'une théorie peut être prouvée par les faits."
Il est vrai que parvenu à ce stade, on ne voit pas trop ce qui pousserait l'auteur à accorder une quelconque valeur à la réalité. Nul ne s'étonnerait après ça d'entendre un Soral déplorer la disparition de la télépathie.
"Il est faux de dire, comme on le fait habituellement, que l'astrologie et l'alchimie sont devenues respectivement l'astronomie et la chimie modernes, bien qu'il y ait dans cette opinion une certaine part de vérité au point de vue simplement historique, part de vérité qui est exactement celle que nous venons d'indiquer : si les dernières de ces sciences procèdent en effet des premières en un certain sens, ce n'est point par « évolution » ou « progrès » comme on le prétend, mais au contraire par dégénérescence."
Dans le même ordre d'idées, on regrettera la dégénérescence de la médecine, qui, en se perfectionnant, pousse au chômage un nombre croissant de conducteurs de corbillards.
"On pourrait montrer aussi que les mathématiques modernes ne représentent pour ainsi dire que l'écorce de la mathématique pythagoricienne."
On retrouve aussi la technique récurrente de tous les charlatans, qui consiste à assener des affirmations incroyables auxquelles il n'est jamais donné suite. Mr. Soral a été a bonne école.
"Ce que nous entendons par « individualisme », c'est la négation de tout principe supérieur à l'individualité, et, par suite, la réduction de la civilisation, dans tous les domaines, aux seuls éléments purement humains ; c'est donc, au fond, la même chose que ce qui a été désigné à l'époque de la Renaissance sous le nom d'humanisme."
Guénon a ici parfaitement raison sur la continuité entre l'humanisme de la renaissance et l'individualisme moderne dont l'expression la plus haute réside dans la doctrine de l'école libérale. Il se trompe s'il croit l'individualisme incompatible avec la foi, alors même que les libertés individuelles, celle de la conscience en particulier, sont de pures produits de la tentative de résolution pacifique des guerres de religion. Il oublie, enfin et surtout, que le contraire de l'individualisme est le collectivisme, c'est-à-dire la négation des droits de l'individu et son sacrifice à autrui, qu'il s'agisse de l'Etat dans le fascisme, de la pureté de la Race dans le nazisme, ou du triomphe de la Révolution mondiale dans le bolchevisme.
"C'est donc bien l'individualisme, tel que nous venons de le définir, qui est la cause déterminante de la déchéance actuelle de l'Occident, par là même qu'il est en quelque sorte le moteur du développement exclusif des possibilités les plus inférieures de l'humanité, de celles dont l'expansion n'exige l'intervention d'aucun élément supra-humain, et qui même ne peuvent se déployer complètement qu'en l'absence d'un tel élément, parce qu’elles sont à l'extrême opposé de toute spiritualité et de toute intellectualité vraie."
Bla bla bla...
"La morale protestante, éliminant de plus en plus toute base doctrinale, finit par dégénérer en ce qu'on appelle la « morale laïque », qui compte parmi ses partisans les représentants de toutes les variétés du « Protestantisme libéral », aussi bien que les adversaires déclarés de toute idée religieuse ; au fond, chez les uns et les autres, ce sont les mêmes tendances qui prédominent, et la seule différence est que tous ne vont pas aussi loin dans le développement logique de tout ce qui s'y trouve impliqué. En effet, la religion étant proprement une forme de la tradition, l'esprit antitraditionnel ne peut être qu'antireligieux ; il commence par dénaturer la religion, et, quand il le peut, il finit par la supprimer entièrement. Le Protestantisme est illogique en ce que, tout en s'efforçant d'« humaniser » la religion, il laisse encore subsister malgré tout, au moins en théorie, un élément supra-humain, qui est la révélation ; il n'ose pas pousser la négation jusqu'au bout, mais, en livrant cette révélation à toutes les discussions qui sont la conséquence d'interprétations purement humaines, il la réduit en fait à n'être bientôt plus rien ; et, quand on voit des gens qui, tout en persistant à se dire « chrétiens », n'admettent même plus la divinité du Christ, il est permis de penser que ceux-là, sans s'en douter peut-être, sont beaucoup plus près de la négation complète que du véritable Christianisme."
Sans surprise, Guénon s'inscrit dans la détestation habituelle des contre-révolutionnaires et des théoriciens d'extrême-droite à l'égard du protestantisme, coupable d'avoir sapé l'emprise de l'Église sur le peuple et la belle unité "synthétique" médiévale. Mais ce qui est à mettre au crédit des protestants du point de vue du croyant progressiste ou de l'athée est évidemment un acte impie aux yeux du catholique dogmatique.
"La conservation de la doctrine suppose d'ailleurs un enseignement traditionnel organisé, par lequel se maintient l'interprétation orthodoxe."
Les marxistes-léninistes ne diront jamais rien d'autres et sauront installer avec autant de succès que leurs concurrents d'extrême-droite le Parti Unique, l'Etat totalitaire et, en guise d'Inquisition, la police secrète et les goulags.
"C'est encore l'individualisme qui introduit partout l'esprit de discussion."
Le contrecoup de siècles a grelotté dans le silence des cathédrales, a bredouillé des phrases incompréhensibles dans un mauvais latin ?
"Il est très difficile de faire comprendre à nos contemporains qu'il y a des choses qui, par leur nature même, ne peuvent se discuter."
Ce n'est pas si difficile que ça, pour peu qu'on endoctrine les enfants en bas âge. Les maoïstes et les nazis ont été plus efficaces que toi, Guénon.
"Ne voit-on pas à chaque instant des gens qui veulent juger l’œuvre d'un homme d'après ce qu'ils savent de sa vie privée, comme s'il pouvait y avoir entre ces deux choses un rapport quelconque ?"
Et en plus tu es du côté de la méthode de Proust ? On ne va vraiment pas être copains.
"Dans le monde moderne, où peut-on trouver encore la notion d'une véritable hiérarchie ?"
En matière de littérature, je propose d'utiliser ton essai comme maître-étalon de la médiocrité la plus flagrante, conjointement avec Comprendre l'Empire et le Traité du Rebelle d'Onfray.
"Les « profanes » se permettent de discuter des choses sacrées, d'en contester le caractère et jusqu'à l'existence même ; c'est l'inférieur qui juge le supérieur, l'ignorance qui impose des bornes à la sagesse, l'erreur qui prend le pas sur la vérité, l'humain qui se substitue au divin, la terre qui l'emporte sur le ciel."
La Race des esclaves sur la Race des seigneurs ?
"« Malheur à vous, guides aveugles », est-il dit dans l'Évangile ; aujourd'hui, on ne voit en effet partout que des aveugles qui conduisent d'autres aveugles, et qui, s'ils ne sont arrêtés à temps, les mèneront fatalement à l'abîme où ils périront avec eux."
Comme dirait l'autre, j'en connais qui voit la paille dans l'œil de ses voisins, mais pas la poutre qu'il a dans le sien...Et puis c'est pas bientôt fini ce catastrophisme ? On se croirait à un congrès d'EELV...
"Il y aurait, à ce propos, bien des choses, à dire sur les méfaits de l'« instruction obligatoire »."
Autant te prévenir, si tu nous fait le coup de la théorie du genre, je vais me coucher son finir ton torchon.
"Il est trop évident que le peuple ne peut conférer un pouvoir qu'il ne possède pas lui-même ; le pouvoir véritable ne peut venir que d'en haut, et c'est pourquoi, disons-le en passant, il ne peut être légitimé que par la sanction de quelque chose de supérieur à l'ordre social."
Dieu, la Race, les lois de l'histoire, la sauvegarde la Révolution ? Gaia ?
"C'est l'opinion de la majorité qui est supposée faire la loi ; mais ce dont on ne s'aperçoit pas, c'est que l'opinion est quelque chose que l'on peut très facilement diriger et modifier ; on peut toujours, à l'aide de suggestions appropriées, y provoquer des courants allant dans tel ou tel sens déterminé ; nous ne savons plus qui a parlé de « fabriquer l'opinion », et cette expression est tout à fait juste, bien qu'il faille dire, d'ailleurs, que ce ne sont pas toujours les dirigeants apparents qui ont en réalité à leur disposition les moyens nécessaires pour obtenir ce résultat."
Ha non ? Qui alors ? Les Juifs ? La classe bourgeoise ? Le complot mondial illuminati ? Les cyclistes ?
On notera au passage que le caractère influençable du peuple, mis en avant par tous les fascistes et jusqu'aux soraliens, sert à justifier le recours à l'homme fort et au gouvernement dictatorial, seul capable de faire le bien du trop faible peuple à sa place. Le Parti unique joue le même rôle dans les régimes totalitaires ou d'inspiration bolchevique.
"La seule distinction sociale qui ait subsisté est celle qui se fonde sur la richesse matérielle."
Même ceux qui n'ont pas lu Bourdieu comprennent facilement pourquoi ça n'est pas le cas.
"Nos contemporains sont persuadés que les circonstances économiques sont à peu près les uniques facteurs des événements historiques, et ils s'imaginent même qu'il en a toujours été ainsi ; on est allé en ce sens jusqu'à inventer une théorie qui veut tout expliquer par là exclusivement, et qui a reçu l'appellation significative de « matérialisme historique »."
C'est vrai qu'elle n'est pas terrible, mais n'est pas si simpliste que tu le prétends. En tout cas, ça reste d'un autre niveau que tes élucubrations.
"méconnaissance d'une autorité spirituelle pouvant seule exercer normalement un arbitrage efficace, parce qu'elle est, par sa nature même, au-dessus de tous les conflits d'ordre politique."
Comment dire...non. Même la plus superficielle des études de la papauté montre que ça n'est pas le cas.
"Nous prenons simplement la civilisation moderne en elle-même, et nous disons que, si l'on mettait en parallèle les avantages et les inconvénients de ce qu'elle a produit, le résultat risquerait fort d'être négatif."
On se demande bien pourquoi les hommes ont bâti cette civilisation, si précisément c'était la pire imaginable. Tu veux quand même pas nous faire croire que tu es plus malin que tous le monde, Guénon ? Pas après AUTANT DE CONNERIES ?
"ne faut-il pas s'étonner que la manie anglo-saxonne du « sport » gagne chaque jour du terrain : l'idéal de ce monde, c'est l' « animal humain » qui a développé au maximum sa force musculaire ; ses héros, ce sont les athlètes, fussent-ils des brutes ; ce sont ceux-là qui suscitent l'enthousiasme populaire, c'est pour leurs exploits que les foules se passionnent ; un monde où l'on voit de telles choses est vraiment tombé bien bas et semble bien près de sa fin."
Et les jeux du cirque ? Et les tournois médiévaux ? Et les bûchers publics ? Elles sont quelque peu sélectives, tes indignations morales, Réné.
"La civilisation moderne vise à multiplier les besoins artificiels."
Et c'est parti pour la critique de la société de consommation. ATTAC n'a qu'à bien se tenir. Soit dit en passant, personne n'a jamais été en mesure d'avancer une définition valable des "besoins artificiels". Les besoins artificiels, c'est ceux qui déplaisent à celui qui fait la catégorie. Sans jamais envisager qu'autrui puisse évaluer différemment de lui, c'est-à-dire, sans jamais comprendre ce qu'est une valeur.
"Les hommes ne pouvaient éprouver aucune souffrance d'être privés de choses qui n'existaient pas et auxquelles ils n'avaient jamais songé."
Ils ne pouvaient pas souffrir de l'absence de médicaments qu'ils n'avaient pas encore inventés ? REALLY ?
"L'Occident entraînera-t-il dans sa chute l'humanité tout entière ?"
C'est pas beau de copier. Spengler était là avant toi.
"Nous n'avons d'ailleurs pas eu la prétention d'épuiser le sujet, de le traiter dans tous ses détails."
C'est heureux pour le lecteur, qui en est bien soulagé.
"Il suffit d'une élite peu nombreuse, mais assez fortement constituée pour donner une direction à la masse."
Tu radotes. C'est le début de la fin.
"Il y a dès maintenant, dans le monde occidental, des indices certains d'un mouvement qui demeure encore imprécis, mais qui peut et doit même normalement aboutir à la reconstitution d'une élite intellectuelle, à moins qu'un cataclysme ne survienne trop rapidement pour lui permettre de se développer jusqu'au bout."
A moins que la catastrophe soit la condition et la fin de l'élite en question. Ce qu'on nomme la tragique histoire du XXème siècle.
"Nous pouvons affirmer qu'il n'est pas, dans ce qui précède, un seul mot que nous ayons écrit sans y avoir mûrement réfléchi."
Hélas.
-René Guénon, La Crise du monde moderne, 1927.