« Abolition de la célébration officielle du 8 mai. » (p.III)
« La France, maintenue une dizaine d’années durant -celles de la présidence gaullienne- dans une atmosphère d’imagerie héroïsante. » (p.IV)
« Il n’y a[…] pas de honte à avouer qu’on a décidé d’écrire un livre d’histoire sous le coup d’une violente nécessité morale. On devine qu’il en est, en fait, souvent ainsi. On aimerait que ce le fût toujours. » (p.VI)
« Les partisans affichés de la collaboration avec l’occupant, les « collabos », n’avaient jamais été que « quelques douzaines de Français démunis de sens national, de fierté ou d’argent » [A. Frossard, Histoire paradoxale de la IVème République, Paris, Grasset, 1952, p.52]. Les médias de masse ne se souvenaient plus que de l’héroïsme des résistants de tout style et paraissaient oublier que les maquisards de 1944 avaient d’abord eu à se battre contre d’autres Français. » (p.7)
« Sens profond de la reparution de Je suis partout : celui d’un triomphe. » (p.116)
« Le public paraît plus jeune que jamais, assez estudiantin -le même Brasillach affirme au début de 1942 que la vente a doublé depuis un an au quartier Latin. » (p.117)
« Par sa famille naturelle -tôt orphelin d’un officier mort au champ d’honneur-, par sa famille universitaire -nourri au plus haut degré de culture classique-, Brasillach a cette certaine idée de la patrie française et de la civilisation occidentale qui ne porte pas à transiger sur le nationalisme et la défense de l’ordre social. » (p.119)
« Cette régénération collective par l’ordre, le verbe et le travail, Brasillach n’en approchera plus sous l’occupation l’équivalent, si ce n’est en 1942, aux deux solstices, quand il se rendra dans un « beau parce d’Ile-de-France, au milieu de jeunes camarades de vingt ans », passant la nuit avec eux autour de grands feux de bois à parler et à chanter […] entendant y lire à haute voix « un poème sur la mort d’un héros national-socialiste, une page du Nietzsche le plus noir, une autre de Bernanos, une autre du Céline des Beaux » [Lettre à un soldat de la classe 60, op. cité, p.601], mais un Brasillach lui-même a bien du mal à dépasser cette sorte de scoutisme de grand finissant. La plupart de ses compagnons, tirant de plus strictes conclusions de leur engagement, iront chercher plus loin cette « fête totalitaire » à laquelle il aspirait. » (p.124)
« Après la paix, la France redeviendra-t-elle « une grande nation maritime et coloniale », comme le rêve Rebatet [Les décombres, p.615]. » (p.163)
« Faute d’exercer pleinement le pouvoir d’Etat, la collaboration use, on l’a vu, et surabondamment, de celui du verbe. » (p.201)
« Tous les fascistes français de 1940 ne jouèrent pas la carte de la collaboration, mais les collaborationnistes de 1944 étaient tous devenus fascistes. » (p.270)
« Chez les plus lucides, la contradiction entre nationalisme et discours européen sera toujours vivement ressentie. « Je crains fort que, comme le disait rudement et justement Drieu, de prétendus nationalistes ne se dénationalisent chaque jour », avouera Brasillach. » (p.273)
« [Drieu], nourrie de Barrès et de Nietzsche [admire], la force conquérante, [les] êtres délites. […] Il n’a que mépris pour la droite classique. » (p.209)
-Pascal Ory, Les collaborateurs (1940-1945), Édition du Seuil, 1976, 327 pages.
« La France, maintenue une dizaine d’années durant -celles de la présidence gaullienne- dans une atmosphère d’imagerie héroïsante. » (p.IV)
« Il n’y a[…] pas de honte à avouer qu’on a décidé d’écrire un livre d’histoire sous le coup d’une violente nécessité morale. On devine qu’il en est, en fait, souvent ainsi. On aimerait que ce le fût toujours. » (p.VI)
« Les partisans affichés de la collaboration avec l’occupant, les « collabos », n’avaient jamais été que « quelques douzaines de Français démunis de sens national, de fierté ou d’argent » [A. Frossard, Histoire paradoxale de la IVème République, Paris, Grasset, 1952, p.52]. Les médias de masse ne se souvenaient plus que de l’héroïsme des résistants de tout style et paraissaient oublier que les maquisards de 1944 avaient d’abord eu à se battre contre d’autres Français. » (p.7)
« Sens profond de la reparution de Je suis partout : celui d’un triomphe. » (p.116)
« Le public paraît plus jeune que jamais, assez estudiantin -le même Brasillach affirme au début de 1942 que la vente a doublé depuis un an au quartier Latin. » (p.117)
« Par sa famille naturelle -tôt orphelin d’un officier mort au champ d’honneur-, par sa famille universitaire -nourri au plus haut degré de culture classique-, Brasillach a cette certaine idée de la patrie française et de la civilisation occidentale qui ne porte pas à transiger sur le nationalisme et la défense de l’ordre social. » (p.119)
« Cette régénération collective par l’ordre, le verbe et le travail, Brasillach n’en approchera plus sous l’occupation l’équivalent, si ce n’est en 1942, aux deux solstices, quand il se rendra dans un « beau parce d’Ile-de-France, au milieu de jeunes camarades de vingt ans », passant la nuit avec eux autour de grands feux de bois à parler et à chanter […] entendant y lire à haute voix « un poème sur la mort d’un héros national-socialiste, une page du Nietzsche le plus noir, une autre de Bernanos, une autre du Céline des Beaux » [Lettre à un soldat de la classe 60, op. cité, p.601], mais un Brasillach lui-même a bien du mal à dépasser cette sorte de scoutisme de grand finissant. La plupart de ses compagnons, tirant de plus strictes conclusions de leur engagement, iront chercher plus loin cette « fête totalitaire » à laquelle il aspirait. » (p.124)
« Après la paix, la France redeviendra-t-elle « une grande nation maritime et coloniale », comme le rêve Rebatet [Les décombres, p.615]. » (p.163)
« Faute d’exercer pleinement le pouvoir d’Etat, la collaboration use, on l’a vu, et surabondamment, de celui du verbe. » (p.201)
« Tous les fascistes français de 1940 ne jouèrent pas la carte de la collaboration, mais les collaborationnistes de 1944 étaient tous devenus fascistes. » (p.270)
« Chez les plus lucides, la contradiction entre nationalisme et discours européen sera toujours vivement ressentie. « Je crains fort que, comme le disait rudement et justement Drieu, de prétendus nationalistes ne se dénationalisent chaque jour », avouera Brasillach. » (p.273)
« [Drieu], nourrie de Barrès et de Nietzsche [admire], la force conquérante, [les] êtres délites. […] Il n’a que mépris pour la droite classique. » (p.209)
-Pascal Ory, Les collaborateurs (1940-1945), Édition du Seuil, 1976, 327 pages.