« Y-a-t-il en 1930 de grandes voix anciennes sinon éteintes ou périmées. Sorel et Péguy sont morts depuis longtemps, Bergson ou Maurras rebâchent. » (p.11)
« La condamnation de l’Action française en 1926 […] avait ouvert à droite des possibilités […] d’un rajeunissement et d’un dépassement des thèses maurassiennes. » (p.17)
« Il fallait pensaient-ils tous, aller plus loin, briser certains liens, écarter certains tabous, retrouver l’audace et la jeunesse de l’Action Française de 1910. » (p.27)
« Réaction, au milieu d’immenses difficultés d’argent, parut un peu plus de dix ans. Il y eut en tout douze numéros. A Réaction succédèrent la Revue du Siècle puis la Revue du XXe siècle, également dirigée par Jean de Fabrègues, mais profondément transformée dans la forme et dans le fond. L’intransigeance révolutionnaire de Réaction, ce côté sympathique de petite revue de jeunes gens idéalistes et pauvres avait à peu près disparu, au profit d’un académisme moins inquiétant. » (p.30)
« L’on peut dire toutefois que L’Ordre Nouveau est passé dès le printemps 37 du refus de choisir entre les républicains et les nationalistes […] à une sympathie déclarée pour les anarcho-syndicalistes espagnols. » (p.50)
« Deux heures avant sa mort Aron me disait que les deux seuls penseurs marxistes entre les deux guerres qui avaient apporté dans leur analyse un souci conséquent avaient été Henri de Man et Antonio Gramsci. » (p.83)
« Depuis 1932 et La crise est dans l’homme, le talent de Thierry Maulnier s’était affirmé. Il a écrit un Nietzsche pas très bon, rapidement bâclé, et un Racine excellent, pour lequel il a obtenu en 1935 le prix de la critique. C’est lui qui va rédiger le manifeste initial de Combat. » (p.121)
« Il fut très peu question de la guerre d’Espagne à Combat. L’équipe, qui comprenait ses ultras prêts à se ranger sous les drapeaux de la croisade franquiste -Robert Brasillach, Claude Roy, Maurice Blanchot, Ch. Mauban-, tout en reconnaissant la validité de l’action de nationalistes sauvant l’Espagne de la russification et du communisme, était assez divisée à l’égard de Franco. En octobre 36, Brasillach saluait la mort de José Antonio Primo de Rivera, puis plus rien, jusqu’à avril 1938 où Maulnier, sous le pseudonyme de Dominique Bertin, dans un admirable article : « La guerre d’Espagne s’achève, il faut que la Révolution espagnole commence », soulignait les deux dangers de l’avenir espagnol, le retour à l’ornière conservatrice et libérale et le péril d’une aveugle réaction nobiliaire et cléricale. […]
Les plus ardent de l’équipe de Combat, les enragés, se retrouvèrent à l’Insurgé.
L’Insurgé, qui se présentait sous la forme d’un pamphlet hebdomadaire d’une extraordinaire violence, parut du 13 janvier 1937 au 27 octobre de la même année. Il était financé par Lemaigre-Dubreuil. Quand Thierry Maulnier nous dit qu’il n’a jamais été fasciste […] il oublie ces neuf mois de 1937 où, avec Maxence, il dirigea l’Insurgé. » (pp.123-124)
« Collaboraient […] Claude Orland (Claude Roy) […]
Dominique Aury, à demi maurrassienne et amie des maurrassiens, qui n’hésitait pas à se mêler à la politique militante. François Gravier qui, avant de devenir le théoricien de l’aménagement du territoire et l’auteur de Paris et le désert français, fut un jeune étudiant en histoire, passionné de politique, Louis Sallero renforçaient, à l’occasion, cette vaillante troupe.
Après les incidents de Clichy, en mars 1937, Blanchot, Maulnier, Kléber Haedens, Maxence et le dessinateur Ralph Soupault, qu’on retrouvera ensuite à Je suis partout, furent inculpés de provocation au meurtre et à la violence pour avoir rendu le ministre de l’Intérieur Max Dormoy responsable de la mort des cinq ouvriers tués.
L’Insurgé était fort anticapitaliste, dans une nuance très socialisme national. » (pp.124-125)
« En 1938, Thierry Maulnier publiait un livre important, au titre inspiré d’Henri de Man, Au-delà du nationalisme, où, parallèlement à l’action de Combat, il tentait de pousser plus loin les positions traditionnelles du nationalisme français. « Il est désormais impossible, écrivait-il, de justifier le nationalisme dans le cadre capitaliste de la société ». » (p.126)
« L’accord de Munich fut accueilli sans joie par l’équipe de Combat. » (p.127)
« Pas d’antisémitisme non plus à Réaction ou à Combat. C’est précisément sur l’antisémitisme que se fit en 1938 la rupture complète entre les éléments venus de la jeune droite et les éléments hitlérisés de Je suis partout. Léon Daudet, de son côté, disait alors qu’il ne voyait plus de raisons à l’antisémitisme. Mais Maurras ne le disait pas. Pas d’antisémitisme au PPF à ses débuts [Andreu y fut 5 mois en 1936]. » (p.139)
-Pierre Andreu, Révoltes de l’esprit. Les revues des années 30, Éditions Kimé, 1991, 277 pages.
« La condamnation de l’Action française en 1926 […] avait ouvert à droite des possibilités […] d’un rajeunissement et d’un dépassement des thèses maurassiennes. » (p.17)
« Il fallait pensaient-ils tous, aller plus loin, briser certains liens, écarter certains tabous, retrouver l’audace et la jeunesse de l’Action Française de 1910. » (p.27)
« Réaction, au milieu d’immenses difficultés d’argent, parut un peu plus de dix ans. Il y eut en tout douze numéros. A Réaction succédèrent la Revue du Siècle puis la Revue du XXe siècle, également dirigée par Jean de Fabrègues, mais profondément transformée dans la forme et dans le fond. L’intransigeance révolutionnaire de Réaction, ce côté sympathique de petite revue de jeunes gens idéalistes et pauvres avait à peu près disparu, au profit d’un académisme moins inquiétant. » (p.30)
« L’on peut dire toutefois que L’Ordre Nouveau est passé dès le printemps 37 du refus de choisir entre les républicains et les nationalistes […] à une sympathie déclarée pour les anarcho-syndicalistes espagnols. » (p.50)
« Deux heures avant sa mort Aron me disait que les deux seuls penseurs marxistes entre les deux guerres qui avaient apporté dans leur analyse un souci conséquent avaient été Henri de Man et Antonio Gramsci. » (p.83)
« Depuis 1932 et La crise est dans l’homme, le talent de Thierry Maulnier s’était affirmé. Il a écrit un Nietzsche pas très bon, rapidement bâclé, et un Racine excellent, pour lequel il a obtenu en 1935 le prix de la critique. C’est lui qui va rédiger le manifeste initial de Combat. » (p.121)
« Il fut très peu question de la guerre d’Espagne à Combat. L’équipe, qui comprenait ses ultras prêts à se ranger sous les drapeaux de la croisade franquiste -Robert Brasillach, Claude Roy, Maurice Blanchot, Ch. Mauban-, tout en reconnaissant la validité de l’action de nationalistes sauvant l’Espagne de la russification et du communisme, était assez divisée à l’égard de Franco. En octobre 36, Brasillach saluait la mort de José Antonio Primo de Rivera, puis plus rien, jusqu’à avril 1938 où Maulnier, sous le pseudonyme de Dominique Bertin, dans un admirable article : « La guerre d’Espagne s’achève, il faut que la Révolution espagnole commence », soulignait les deux dangers de l’avenir espagnol, le retour à l’ornière conservatrice et libérale et le péril d’une aveugle réaction nobiliaire et cléricale. […]
Les plus ardent de l’équipe de Combat, les enragés, se retrouvèrent à l’Insurgé.
L’Insurgé, qui se présentait sous la forme d’un pamphlet hebdomadaire d’une extraordinaire violence, parut du 13 janvier 1937 au 27 octobre de la même année. Il était financé par Lemaigre-Dubreuil. Quand Thierry Maulnier nous dit qu’il n’a jamais été fasciste […] il oublie ces neuf mois de 1937 où, avec Maxence, il dirigea l’Insurgé. » (pp.123-124)
« Collaboraient […] Claude Orland (Claude Roy) […]
Dominique Aury, à demi maurrassienne et amie des maurrassiens, qui n’hésitait pas à se mêler à la politique militante. François Gravier qui, avant de devenir le théoricien de l’aménagement du territoire et l’auteur de Paris et le désert français, fut un jeune étudiant en histoire, passionné de politique, Louis Sallero renforçaient, à l’occasion, cette vaillante troupe.
Après les incidents de Clichy, en mars 1937, Blanchot, Maulnier, Kléber Haedens, Maxence et le dessinateur Ralph Soupault, qu’on retrouvera ensuite à Je suis partout, furent inculpés de provocation au meurtre et à la violence pour avoir rendu le ministre de l’Intérieur Max Dormoy responsable de la mort des cinq ouvriers tués.
L’Insurgé était fort anticapitaliste, dans une nuance très socialisme national. » (pp.124-125)
« En 1938, Thierry Maulnier publiait un livre important, au titre inspiré d’Henri de Man, Au-delà du nationalisme, où, parallèlement à l’action de Combat, il tentait de pousser plus loin les positions traditionnelles du nationalisme français. « Il est désormais impossible, écrivait-il, de justifier le nationalisme dans le cadre capitaliste de la société ». » (p.126)
« L’accord de Munich fut accueilli sans joie par l’équipe de Combat. » (p.127)
« Pas d’antisémitisme non plus à Réaction ou à Combat. C’est précisément sur l’antisémitisme que se fit en 1938 la rupture complète entre les éléments venus de la jeune droite et les éléments hitlérisés de Je suis partout. Léon Daudet, de son côté, disait alors qu’il ne voyait plus de raisons à l’antisémitisme. Mais Maurras ne le disait pas. Pas d’antisémitisme au PPF à ses débuts [Andreu y fut 5 mois en 1936]. » (p.139)
-Pierre Andreu, Révoltes de l’esprit. Les revues des années 30, Éditions Kimé, 1991, 277 pages.