https://www.cairn.info/revue-la-revue-des-revues-2013-2-page-56.html
"Sous la direction d’Henri Jamet et de Robert Brasillach, l’équipe rédactionnelle de la revue se compose de chroniqueurs qui resteront les mêmes au fil des neuf numéros et à qui sont confiées des rubriques permanentes.
Le rédacteur en chef, l’âme de la revue, c’est Robert Brasillach."
"Grand ami de Cocteau et de Brasillach, bon connaisseur des langues anciennes, André Fraigneau n’a pas tout à fait la quarantaine. Chroniqueur dans de nombreuses revues, il avait travaillé aux éditions Grasset et déjà publié avant guerre de beaux romans, parmi lesquels L’Irrésistible, Camp-volant, La Fleur de l’âge. Ses convictions, plus réactionnaires que dogmatiques et fascistes au demeurant, l’avaient mené à Je suis partout. On lui reprochera, sa vie durant, le voyage qu’il avait fait à l’invitation des nazis, avec l’élite de l’intelligentsia fasciste française, au congrès de Weimar en 1941. Le CNÉ le coucha sur sa liste maudite, mais tandis qu’après-guerre le couple Camus-Sartre occupera les places fortes du champ littéraire, il saura progressivement dissiper autour de lui les mauvais souvenirs de la collaboration. Écrivain resté « à droite », il se signalera alors par ses amitiés avec le groupe des hussards, Michel Déon notamment, et écrira de nombreux articles très éclairants sur la vie mondaine et artistique des années 1920-1930.
À quarante ans (il est né en 1903), Lucien Rebatet est une figure de proue du fascisme intellectuel français."
"La rubrique des lettres est tenue par Georges Blond (Jean-Marie Hoèdick), trente-sept ans, historien grand défenseur de la marine, marin lui-même, radicalement antibritannique. Il signera une multitude d’ouvrages à caractère historique, portant sur des époques passées ou plus immédiatement contemporaines. Il rédigera après guerre un volumineux Pétain, mais aussi des ouvrages à la gloire des Alliés. Il avait été du voyage en Allemagne en 1936 avec Brasillach et Cousteau et une deuxième fois en 1942 avec Drieu, Chardonne et les autres. Son fascisme l’avait mené à Candide ou à Je suis partout qu’il venait de quitter avec Brasillach et Poulain. La proclamation d’une victoire inconditionnelle de l’Allemagne lui paraissait moins réaliste qu’en 1938, quand il publiait un recueil de morceaux choisis d’Hitler et s’était trouvé un des animateurs les plus actifs du Comité des conférences Rive gauche très proche des thèses nazies."
"C’est Alphonse de Châteaubriant, rédacteur en chef de La Gerbe, une revue totalement inféodée à l’Allemagne, qui propose sur douze pages un Dialogue à Sils-Maria, dans lequel il apostrophe Nietzsche – dont on ne rappellera pas comment il fut interprété par le national-socialisme. Ce texte est essentiel pour redécouvrir la pensée dissidente de l’auteur de Ainsi parlait Zarathoustra, qui n’avait pas compris que la seule parole surhumaine était celle du Christ."
"[Pour Brasillach] le plus authentique roman tragique de ces dix dernières années, c’est L’Histoire de l’Armée allemande de Benoist-Méchin."
"Le commentaire critique de Nietzsche et le problème européen de Jean-Édouard Spenlé, recteur de l’Université de Dijon, est caractéristique de l’interprétation, dominante à l’époque, du nietzschéisme comme l’inspirateur direct de l’éthique européenne et national-socialiste."
"Dans son Machiavel et Montesquieu, Marc Duconseil montre comment le christianisme de la Renaissance avait été pernicieux, et très clairement Cœuroy ajoute que le « principe égalitaire a été diffusé par un véhicule d’une agilité et d’une vitalité sans exemple, qui a nom christianisme »."
-Michel P. Schmitt, « La Chronique de Paris. Un rêve de francité nationale-socialiste », La Revue des revues, 2013/2 (N° 50), p. 56-89. DOI : 10.3917/rdr.050.0056. URL : https://www.cairn.info/revue-la-revue-des-revues-2013-2-page-56.htm
"Sous la direction d’Henri Jamet et de Robert Brasillach, l’équipe rédactionnelle de la revue se compose de chroniqueurs qui resteront les mêmes au fil des neuf numéros et à qui sont confiées des rubriques permanentes.
Le rédacteur en chef, l’âme de la revue, c’est Robert Brasillach."
"Grand ami de Cocteau et de Brasillach, bon connaisseur des langues anciennes, André Fraigneau n’a pas tout à fait la quarantaine. Chroniqueur dans de nombreuses revues, il avait travaillé aux éditions Grasset et déjà publié avant guerre de beaux romans, parmi lesquels L’Irrésistible, Camp-volant, La Fleur de l’âge. Ses convictions, plus réactionnaires que dogmatiques et fascistes au demeurant, l’avaient mené à Je suis partout. On lui reprochera, sa vie durant, le voyage qu’il avait fait à l’invitation des nazis, avec l’élite de l’intelligentsia fasciste française, au congrès de Weimar en 1941. Le CNÉ le coucha sur sa liste maudite, mais tandis qu’après-guerre le couple Camus-Sartre occupera les places fortes du champ littéraire, il saura progressivement dissiper autour de lui les mauvais souvenirs de la collaboration. Écrivain resté « à droite », il se signalera alors par ses amitiés avec le groupe des hussards, Michel Déon notamment, et écrira de nombreux articles très éclairants sur la vie mondaine et artistique des années 1920-1930.
À quarante ans (il est né en 1903), Lucien Rebatet est une figure de proue du fascisme intellectuel français."
"La rubrique des lettres est tenue par Georges Blond (Jean-Marie Hoèdick), trente-sept ans, historien grand défenseur de la marine, marin lui-même, radicalement antibritannique. Il signera une multitude d’ouvrages à caractère historique, portant sur des époques passées ou plus immédiatement contemporaines. Il rédigera après guerre un volumineux Pétain, mais aussi des ouvrages à la gloire des Alliés. Il avait été du voyage en Allemagne en 1936 avec Brasillach et Cousteau et une deuxième fois en 1942 avec Drieu, Chardonne et les autres. Son fascisme l’avait mené à Candide ou à Je suis partout qu’il venait de quitter avec Brasillach et Poulain. La proclamation d’une victoire inconditionnelle de l’Allemagne lui paraissait moins réaliste qu’en 1938, quand il publiait un recueil de morceaux choisis d’Hitler et s’était trouvé un des animateurs les plus actifs du Comité des conférences Rive gauche très proche des thèses nazies."
"C’est Alphonse de Châteaubriant, rédacteur en chef de La Gerbe, une revue totalement inféodée à l’Allemagne, qui propose sur douze pages un Dialogue à Sils-Maria, dans lequel il apostrophe Nietzsche – dont on ne rappellera pas comment il fut interprété par le national-socialisme. Ce texte est essentiel pour redécouvrir la pensée dissidente de l’auteur de Ainsi parlait Zarathoustra, qui n’avait pas compris que la seule parole surhumaine était celle du Christ."
"[Pour Brasillach] le plus authentique roman tragique de ces dix dernières années, c’est L’Histoire de l’Armée allemande de Benoist-Méchin."
"Le commentaire critique de Nietzsche et le problème européen de Jean-Édouard Spenlé, recteur de l’Université de Dijon, est caractéristique de l’interprétation, dominante à l’époque, du nietzschéisme comme l’inspirateur direct de l’éthique européenne et national-socialiste."
"Dans son Machiavel et Montesquieu, Marc Duconseil montre comment le christianisme de la Renaissance avait été pernicieux, et très clairement Cœuroy ajoute que le « principe égalitaire a été diffusé par un véhicule d’une agilité et d’une vitalité sans exemple, qui a nom christianisme »."
-Michel P. Schmitt, « La Chronique de Paris. Un rêve de francité nationale-socialiste », La Revue des revues, 2013/2 (N° 50), p. 56-89. DOI : 10.3917/rdr.050.0056. URL : https://www.cairn.info/revue-la-revue-des-revues-2013-2-page-56.htm