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D’une famille aisée, Jacques Valdour aurait pu vivre en voyageant pour se distraire. Au cours de sa jeunesse, il visita l’Europe, puis le Maroc, l’Egypte, la Syrie, les Indes, le Siam, la Chine, etc. Dans son ouvrage « Aux pays des Deux Nils », avec 77 reproductions photographiques hors texte, publié beaucoup plus tard chez Berger-Levrault, en 1929, il raconte comment il vécut à la mode indigène durant plusieurs mois, d’abord en barque sur le Nil, puis, avec ses porteurs, à travers les forêts du Haut Nil Bleu et dans la brousse.
Mais Jacques Valdour avait un idéal plus élevé. Dès l’âge de quinze ans, son attention avait été retenue par le problème ouvrier. A cette époque, 1886, des grèves éclataient à tout moment accompagnées d’incidents gravent. Si les ouvriers se révoltent souvent, se dit Jacques Valdour, c’est qu’ils ont de fortes raisons de se plaindre. Quelles sont ces raisons? Il voulut les connaître.
Quelques années plus tard, après de longues études à l’Université de Paris, au cours desquelles il était devenu successivement docteur en droit (1897), docteur ès science politiques et économiques, licencié ès lettres-philosophie (1898), docteur en médecine (1905) et docteur ès science naturelles (1909), Jacques Valdour se mit à la véritable école de l’expérience personnelle.
« Je me fis ouvrier, dit-il, pour tâcher d’entrer dans leur âme, de devenir l’un d’eux, de sentir sur moi-même ce dont ils pouvaient souffrir, de trouver par le chemin de leurs peines la direction de leurs espérances. »
Il fut l’initiateur de ce qu’il appela « La Méthode concrète en Science sociale » qui n’exclut pas les autres méthodes, mais qui les complète, en suppléant à certaines de leurs insuffisances.
Jacques Valdour a, dans plusieurs ouvrage remarquables, étudié « Les Méthodes en Science sociale » (1927) et « Les Méthodes de liaison entre la science sociale expérimentale et les autres sciences naturelles » (1931).
Un de ses meilleurs livres : « Libéraux, Socialistes, Catholiques sociaux » (1929) est une étude historique et critique sur les méthodes appliquées dans l’école libérale (de Ricardo à Paul Leroy-Beaulieu ), dans l’école socialiste (de Babeuf à Jules Guesde) et de l’école libertaire ; enfin dans l’école catholique (démocrates, réalistes, corporatistes).
Ouvrages fort intéressants, l’un d’eux est le recueil des cours professés par Jacques Valdour aux facultés catholiques de Lille, à l’Ecole des Sciences sociales et politiques, dirigée par Eugène Duthoit, alors président des Semaines sociales de France.
Mais Jacques Valdour restera surtout par ses nombreux livres sur « La Vie ouvrière. Observation vécues ». Dans « La Nouvelle Lanterne » (juin 1934), René de Planhol remarquait :
« Ce serait une fortune pour les historiens d’être renseignés sur les conditions de la vie laborieuse dans le passé comme l’oeuvre de M. Jacques Valdour fera connaître aux érudits de l’avenir l’existence ouvrière de notre temps ».
Dès 1903, Jacques Valdour passait une grande partie de ses vacances universitaires à vivre et à travailler avec les ouvriers. Plus tard, il resta parfois plusieurs années parmi eux, vivant comme eux, uniquement de son gain, sans faire appel à ses ressources familiales, afin de mieux connaître la crainte du chômage, les angoisses des petits salariés, l’insuffisance de leurs menus, la misère de leurs logements.
Il fut teinturier à Roanne, marinier sur les canaux du Nord, moissonneur en Beauce, vendangeur en Languedoc, mineur de fond à Saint-Etienne, manoeuvre sur le carreau de la mine à Lens, chauffeur-conducteur à Roubaix, tourneur à Saint-Ouen, manoeuvre dans la métallurgie ou la mécanique à Saint-Denis, Billancourt, Levallois-Perret, Puteaux, Decazeville ; ébéniste à Paris, rue du Faubourg-Saint-Antoine ; cordonnier à Romans, cheminot à Saint-Pierre-des-Corps, etc.
Il a étudié les ouvriers de métiers et de pays très divers. Partout, ses observations l’ont conduit aux mêmes conclusions : l’ouvrier français a beaucoup plus de qualités qu’il n’a de défauts. Ils est très intelligent, à l’amour de son métier et du travail bien fait, le souci de s’instruire et de s’élever ; il aime le chef qui sait commander ; il secourt ses camarades en difficultés, mais il manque de culture générale ; son ignorance des problèmes politiques, économiques et financiers (notamment des frais généraux de l’entreprise) le met trop souvent à la merci de charlatans qui profitent de ces lacunes pour le dresser contre son patron, présenté par eux comme l’oppresseur, le profiteur.
Peu d’ouvriers connaissent et approuvent les doctrines de Marx et de Lénine. Pour eux, le socialisme, le communisme, ne sont que les moyens d’obtenir des conditions humaines de travail.
On ne peut résumer dans un article ce qui est contenu dans trente volume, bourré de faits, publiés par Jacques Valdour. Jacques Valdour à dénoncé pendant trente-cinq ans, de 1903 à 1938, la misère des taudis ouvriers et la déchristianisation de la classe ouvrière.
Toute la presse catholique a fait l’éloge du livre de l’abbé Godin : « France, pays de mission ? » Mais pas un journal n’a signalé que Jacques Valdour avait, depuis longtemps, posé la question, notamment dans « Les Puissances de désordre » ou il écrivait (page 89) : « La France ne redevient-elle pas pays de mission ? »
Dès son premier livre d’observations vécues : « La Vie ouvrière » (page 3) chez Giard et Brière (Paris, 1909), après avoir noté qu’on ne voyait à Vierzon, en 1905, aucun ouvrier à la messe, Jacques Valdour proclamait : « Grave symptôme pour une croyance qu’elle semble ne plus convenir qu’à une certaine classe de la société… Une religion qui n’est pas une religion de caste ne peut accepter, sans se mentir à elle-même, une telle situation. »
Et plus loin (page 23), à propos du même état de chose à Montluçon, Jacques Valdour s’écriait : « Comment ne sent-on pas qu’il faut à tout prix sortir d’une aussi anormale situation ? »
Les livres de Valdour, d’abord assez bien accueillis dans tous les milieux catholiques (plusieurs furent édités chez Spes et l’auteur fut, nous l’avons dit, professeur pendant quelques années aux Facultés libres de Lille), se heurtèrent de plus en plus à une conspiration du silence.
C’est que Jacques Valdour montrait, chaque fois davantage, dans ses enquêtes, les méfaits du laïcisme, de l’étatisme et de le démocratie. Il proclamait la nocivité des mauvaises institutions politiques ; il préconisait l’organisation corporative de la profession et la monarchie.
Les démocrates chrétiens accusent la droite de négliger le social ; ils prétendent que « l’Action française » était l’ennemie de la classe ouvrière ! Ils ne veulent pas que leurs lecteurs connaissent l’oeuvre de Jacques Valdour et, surtout, sachent que ce savant, cet apôtre, tertiaire de saint François, était un ami de Charles Maurras, car c’est là une des meilleures réponses à leurs calomnies.
Albert Marty
D’une famille aisée, Jacques Valdour aurait pu vivre en voyageant pour se distraire. Au cours de sa jeunesse, il visita l’Europe, puis le Maroc, l’Egypte, la Syrie, les Indes, le Siam, la Chine, etc. Dans son ouvrage « Aux pays des Deux Nils », avec 77 reproductions photographiques hors texte, publié beaucoup plus tard chez Berger-Levrault, en 1929, il raconte comment il vécut à la mode indigène durant plusieurs mois, d’abord en barque sur le Nil, puis, avec ses porteurs, à travers les forêts du Haut Nil Bleu et dans la brousse.
Mais Jacques Valdour avait un idéal plus élevé. Dès l’âge de quinze ans, son attention avait été retenue par le problème ouvrier. A cette époque, 1886, des grèves éclataient à tout moment accompagnées d’incidents gravent. Si les ouvriers se révoltent souvent, se dit Jacques Valdour, c’est qu’ils ont de fortes raisons de se plaindre. Quelles sont ces raisons? Il voulut les connaître.
Quelques années plus tard, après de longues études à l’Université de Paris, au cours desquelles il était devenu successivement docteur en droit (1897), docteur ès science politiques et économiques, licencié ès lettres-philosophie (1898), docteur en médecine (1905) et docteur ès science naturelles (1909), Jacques Valdour se mit à la véritable école de l’expérience personnelle.
« Je me fis ouvrier, dit-il, pour tâcher d’entrer dans leur âme, de devenir l’un d’eux, de sentir sur moi-même ce dont ils pouvaient souffrir, de trouver par le chemin de leurs peines la direction de leurs espérances. »
Il fut l’initiateur de ce qu’il appela « La Méthode concrète en Science sociale » qui n’exclut pas les autres méthodes, mais qui les complète, en suppléant à certaines de leurs insuffisances.
Jacques Valdour a, dans plusieurs ouvrage remarquables, étudié « Les Méthodes en Science sociale » (1927) et « Les Méthodes de liaison entre la science sociale expérimentale et les autres sciences naturelles » (1931).
Un de ses meilleurs livres : « Libéraux, Socialistes, Catholiques sociaux » (1929) est une étude historique et critique sur les méthodes appliquées dans l’école libérale (de Ricardo à Paul Leroy-Beaulieu ), dans l’école socialiste (de Babeuf à Jules Guesde) et de l’école libertaire ; enfin dans l’école catholique (démocrates, réalistes, corporatistes).
Ouvrages fort intéressants, l’un d’eux est le recueil des cours professés par Jacques Valdour aux facultés catholiques de Lille, à l’Ecole des Sciences sociales et politiques, dirigée par Eugène Duthoit, alors président des Semaines sociales de France.
Mais Jacques Valdour restera surtout par ses nombreux livres sur « La Vie ouvrière. Observation vécues ». Dans « La Nouvelle Lanterne » (juin 1934), René de Planhol remarquait :
« Ce serait une fortune pour les historiens d’être renseignés sur les conditions de la vie laborieuse dans le passé comme l’oeuvre de M. Jacques Valdour fera connaître aux érudits de l’avenir l’existence ouvrière de notre temps ».
Dès 1903, Jacques Valdour passait une grande partie de ses vacances universitaires à vivre et à travailler avec les ouvriers. Plus tard, il resta parfois plusieurs années parmi eux, vivant comme eux, uniquement de son gain, sans faire appel à ses ressources familiales, afin de mieux connaître la crainte du chômage, les angoisses des petits salariés, l’insuffisance de leurs menus, la misère de leurs logements.
Il fut teinturier à Roanne, marinier sur les canaux du Nord, moissonneur en Beauce, vendangeur en Languedoc, mineur de fond à Saint-Etienne, manoeuvre sur le carreau de la mine à Lens, chauffeur-conducteur à Roubaix, tourneur à Saint-Ouen, manoeuvre dans la métallurgie ou la mécanique à Saint-Denis, Billancourt, Levallois-Perret, Puteaux, Decazeville ; ébéniste à Paris, rue du Faubourg-Saint-Antoine ; cordonnier à Romans, cheminot à Saint-Pierre-des-Corps, etc.
Il a étudié les ouvriers de métiers et de pays très divers. Partout, ses observations l’ont conduit aux mêmes conclusions : l’ouvrier français a beaucoup plus de qualités qu’il n’a de défauts. Ils est très intelligent, à l’amour de son métier et du travail bien fait, le souci de s’instruire et de s’élever ; il aime le chef qui sait commander ; il secourt ses camarades en difficultés, mais il manque de culture générale ; son ignorance des problèmes politiques, économiques et financiers (notamment des frais généraux de l’entreprise) le met trop souvent à la merci de charlatans qui profitent de ces lacunes pour le dresser contre son patron, présenté par eux comme l’oppresseur, le profiteur.
Peu d’ouvriers connaissent et approuvent les doctrines de Marx et de Lénine. Pour eux, le socialisme, le communisme, ne sont que les moyens d’obtenir des conditions humaines de travail.
On ne peut résumer dans un article ce qui est contenu dans trente volume, bourré de faits, publiés par Jacques Valdour. Jacques Valdour à dénoncé pendant trente-cinq ans, de 1903 à 1938, la misère des taudis ouvriers et la déchristianisation de la classe ouvrière.
Toute la presse catholique a fait l’éloge du livre de l’abbé Godin : « France, pays de mission ? » Mais pas un journal n’a signalé que Jacques Valdour avait, depuis longtemps, posé la question, notamment dans « Les Puissances de désordre » ou il écrivait (page 89) : « La France ne redevient-elle pas pays de mission ? »
Dès son premier livre d’observations vécues : « La Vie ouvrière » (page 3) chez Giard et Brière (Paris, 1909), après avoir noté qu’on ne voyait à Vierzon, en 1905, aucun ouvrier à la messe, Jacques Valdour proclamait : « Grave symptôme pour une croyance qu’elle semble ne plus convenir qu’à une certaine classe de la société… Une religion qui n’est pas une religion de caste ne peut accepter, sans se mentir à elle-même, une telle situation. »
Et plus loin (page 23), à propos du même état de chose à Montluçon, Jacques Valdour s’écriait : « Comment ne sent-on pas qu’il faut à tout prix sortir d’une aussi anormale situation ? »
Les livres de Valdour, d’abord assez bien accueillis dans tous les milieux catholiques (plusieurs furent édités chez Spes et l’auteur fut, nous l’avons dit, professeur pendant quelques années aux Facultés libres de Lille), se heurtèrent de plus en plus à une conspiration du silence.
C’est que Jacques Valdour montrait, chaque fois davantage, dans ses enquêtes, les méfaits du laïcisme, de l’étatisme et de le démocratie. Il proclamait la nocivité des mauvaises institutions politiques ; il préconisait l’organisation corporative de la profession et la monarchie.
Les démocrates chrétiens accusent la droite de négliger le social ; ils prétendent que « l’Action française » était l’ennemie de la classe ouvrière ! Ils ne veulent pas que leurs lecteurs connaissent l’oeuvre de Jacques Valdour et, surtout, sachent que ce savant, cet apôtre, tertiaire de saint François, était un ami de Charles Maurras, car c’est là une des meilleures réponses à leurs calomnies.
Albert Marty