https://fr.wikipedia.org/wiki/Eric_Hobsbawm
https://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1978_num_23_1_2604
"La façon dont les contemporains ont interprété ce tableau ne fait pas de doute: pour eux, cette Liberté n'était nullement une figure allégorique, mais une femme bien réelle (probablement inspirée de l'héroïne Marie Deschamps, dont les exploits ont donné à Delacroix l'idée du tableau), une femme du peuple, appartenant au peuple, à l'aise au sein du peuple [...]
Balzac la voyait d'origine paysanne: "la peau sombre, ardente, l'image même du peuple". Fière et même insolente (toujours selon Balzac), elle représentait l'exacte antithèse de l'image de la femme dans la société bourgeoise. En outre, comme ne manquaient jamais de le souligner les contemporains, elle était sexuellement libérée. Barbier, dont le poème La Curée a certainement été l'une des sources d'inspiration de Delacroix, va jusqu'à inventer toute l'histoire de son émancipation sexuelle." (p.5)
"La Liberté de Delacroix n'est pas seule et n'a rien de faible. Bien au contraire, elle incarne toute la force concentrée du peuple invincible. Mais cela, en tant qu'être sexuel, ce qui la sépare de la virginale Jeanne d'Arc, par exemple." (p.6)
"Dans l'ensemble, le rôle de la figure féminine, nue ou habillée, a nettement diminué lorsqu'on est passé d'une conception démocratico-plébéienne de la révolution au mouvement socialiste prolétarien [...] Vers la fin du siècle [...] existence d'emblèmes syndicaux britanniques dépourvus de toute figure féminine, surtout dans des industries aussi purement masculines que les mines, les fonderies, etc." (p.6)
"La Grande-Bretagne, où, en 1911, seules 11% des femmes salariés étaient mariées, et où 10% seulement des épouses étaient salariées, représente sans doute un cas extrême [...] en Allemagne, en 1907, la proportion d'épouses salariées était de 30% [...] Tendance -qui ne se manifeste vraiment qu'après 1900- à une entrée en masse des femmes mariées dans l'industrie." (p.11)
"Les révolutions urbaines de l'époque préindustrielle avaient pour caractéristique de n'être pas prolétariennes, mais plébéiennes. Les femmes pouvaient donc y jouer un rôle politique, au sein du menu peuple, coalition socialement hétérogène unie par la pauvreté et une commune "petitesse" plutôt que selon des critères professionnels ou de classe [...] Elles aidaient à construire les barricades. Elles secouraient ceux qui s'y battaient. Elles allaient même jusqu'à porter les armes et combattre. [...] Au contraire, la forme de lutte spécifique du prolétariat, la grève syndicale, a eu pour résultat d'exclure en grande partie les femmes, ou du moins de rendre leur participation beaucoup moins visible." (p.14)
"En 1896, le nombre total des femmes dans les syndicats britanniques (abstraction faite des enseignants) était de 142 000, soit environ 8%, dont 60% dans l'industrie très fortement organisée du textile. En 1910, la proportion avait dépassé les 10%." (p.14)
"Le féminisme de Bebel n'est peut-être pas sans rapport avec son admiration pour Fourier, à qui il consacra aussi un livre." (note 50 p.17)
"Cérès était alors la déesse du communisme [...] Jusqu'en 1917 au moins, le couple nature/fertilité a prévalu sur la technologie dans l'iconographie." (p.16)
-Eric Hobsbawm, "Sexe, symboles, vêtements et socialisme", Actes de la Recherche en Sciences Sociales, Année 1978, 23, pp. 2-18.
https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1962_num_17_6_420915
https://www.persee.fr/authority/234651
https://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1978_num_23_1_2604
"La façon dont les contemporains ont interprété ce tableau ne fait pas de doute: pour eux, cette Liberté n'était nullement une figure allégorique, mais une femme bien réelle (probablement inspirée de l'héroïne Marie Deschamps, dont les exploits ont donné à Delacroix l'idée du tableau), une femme du peuple, appartenant au peuple, à l'aise au sein du peuple [...]
Balzac la voyait d'origine paysanne: "la peau sombre, ardente, l'image même du peuple". Fière et même insolente (toujours selon Balzac), elle représentait l'exacte antithèse de l'image de la femme dans la société bourgeoise. En outre, comme ne manquaient jamais de le souligner les contemporains, elle était sexuellement libérée. Barbier, dont le poème La Curée a certainement été l'une des sources d'inspiration de Delacroix, va jusqu'à inventer toute l'histoire de son émancipation sexuelle." (p.5)
"La Liberté de Delacroix n'est pas seule et n'a rien de faible. Bien au contraire, elle incarne toute la force concentrée du peuple invincible. Mais cela, en tant qu'être sexuel, ce qui la sépare de la virginale Jeanne d'Arc, par exemple." (p.6)
"Dans l'ensemble, le rôle de la figure féminine, nue ou habillée, a nettement diminué lorsqu'on est passé d'une conception démocratico-plébéienne de la révolution au mouvement socialiste prolétarien [...] Vers la fin du siècle [...] existence d'emblèmes syndicaux britanniques dépourvus de toute figure féminine, surtout dans des industries aussi purement masculines que les mines, les fonderies, etc." (p.6)
"La Grande-Bretagne, où, en 1911, seules 11% des femmes salariés étaient mariées, et où 10% seulement des épouses étaient salariées, représente sans doute un cas extrême [...] en Allemagne, en 1907, la proportion d'épouses salariées était de 30% [...] Tendance -qui ne se manifeste vraiment qu'après 1900- à une entrée en masse des femmes mariées dans l'industrie." (p.11)
"Les révolutions urbaines de l'époque préindustrielle avaient pour caractéristique de n'être pas prolétariennes, mais plébéiennes. Les femmes pouvaient donc y jouer un rôle politique, au sein du menu peuple, coalition socialement hétérogène unie par la pauvreté et une commune "petitesse" plutôt que selon des critères professionnels ou de classe [...] Elles aidaient à construire les barricades. Elles secouraient ceux qui s'y battaient. Elles allaient même jusqu'à porter les armes et combattre. [...] Au contraire, la forme de lutte spécifique du prolétariat, la grève syndicale, a eu pour résultat d'exclure en grande partie les femmes, ou du moins de rendre leur participation beaucoup moins visible." (p.14)
"En 1896, le nombre total des femmes dans les syndicats britanniques (abstraction faite des enseignants) était de 142 000, soit environ 8%, dont 60% dans l'industrie très fortement organisée du textile. En 1910, la proportion avait dépassé les 10%." (p.14)
"Le féminisme de Bebel n'est peut-être pas sans rapport avec son admiration pour Fourier, à qui il consacra aussi un livre." (note 50 p.17)
"Cérès était alors la déesse du communisme [...] Jusqu'en 1917 au moins, le couple nature/fertilité a prévalu sur la technologie dans l'iconographie." (p.16)
-Eric Hobsbawm, "Sexe, symboles, vêtements et socialisme", Actes de la Recherche en Sciences Sociales, Année 1978, 23, pp. 2-18.
https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1962_num_17_6_420915
https://www.persee.fr/authority/234651