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    Sur l'assimilation et le seuil de tolérance

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Date d'inscription : 12/08/2013
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    Sur l'assimilation et le seuil de tolérance Empty Sur l'assimilation et le seuil de tolérance

    Message par Johnathan R. Razorback Ven 13 Nov - 16:33

    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/04/BREVILLE/57387

    https://www.actionfrancaise.net/2019/12/09/integration-ou-assimilation/

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2015/02/12/l-assimilassionisme-est-une-constante-de-l-histoire-de-france_4575228_823448.html

    "On considère en général qu’elle suppose l’abandon de tout élément de la culture originelle de l’étranger qui doit se fondre dans la communauté d’adoption. Ce que ne sous-entend pas le terme d’intégration. La tendance assimilationniste est une constante de l’histoire de France, qu’il s’agisse du jacobinisme éradicateur des différences culturelles ou de la politique menée dans les colonies.

    Le terme apparaît dans les circulaires administratives puis dans les formulaires de naturalisation à partir des années 1930. Mais il faut attendre l’ordonnance du 19 octobre 1945 sur la nationalité française pour que le mot entre dans la loi : elle devient une condition de la naturalisation.

    Pendant des années, le critère essentiel de l’assimilation est de parler le français. Mais ces dernières années, les conditions se sont multipliées : l’assimilation suppose de connaître l’histoire, la culture et la société françaises, les droits et devoirs du citoyen, et surtout d’adhérer aux principes de laïcité, de liberté et d’égalité. Ces nouveaux critères visent en priorité les musulmans, soupçonnés de ne pas adhérer à ces valeurs.

    Le mot « assimilation » devient tabou dans le discours politique dans les années 1960-1970, parce qu’il sent trop la colonisation et qu’il existe au sein de la gauche un courant sensible à la défense du droit à la différence. La question de l’intégration surgit dans les années 1970, quand l’immigration redevient une question politique."
    -Danièle Lochak, « L’assimilationnisme est une constante de l’histoire de France », Publié le 11 février 2015 à 19h24 - Mis à jour le 19 août 2019 à 13h28: https://www.lemonde.fr/politique/article/2015/02/12/l-assimilassionisme-est-une-constante-de-l-histoire-de-france_4575228_823448.html

    https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1985_num_7_1_1187

    "La gauche n'est pas épargnée par cette vague xénophobe. Tandis que des hommes comme Edouard Herriot ou Pierre Mendès France réclament un contingentement de la main-d'oeuvre étrangère, la CGT considère que "le principe de la fraternité ouvrière doit fléchir au profit des travailleurs nationaux". L'extrême droite ne détient pas le monopole de la vieille équation chômage = immigration ; en novembre 1934, le socialiste Fernand Laurent déclare à la Chambre: "Paradoxe irritant en France, à l'heure actuelle: 500 000 chômeurs et deux millions d'ouvriers étrangers". [...]
    Les organisations (PC et CGTU) n'en restent pas moins attachées à la libre circulation et au non-contrôle des flux migratoires, du moins jusqu'au Front populaire où les communistes se rallieront aux thèses de la SFIO." (p.128)

    "tendance du patronat à vouloir se tailler une armée de réserve sous-payée." (p.130)

    "De 1934 à 1937, les effectifs du parti remontent de moins de 30 000 à plus de 350 000 membres." (p.131)

    "De 1974 à 1981, la gauche s'est surtout attachée à critiquer les mesures prises par les pouvoirs publics, surtout les décrets Stoléru et Barre-Bonnet visant à un arrêt de l'immigration." (p.132)

    "D'août à novembre 1981 [...] annulation de la loi Barre-Bonnet et de la circulaire Stoléru ; régularisation des "sans papiers" (130 000 travailleurs en bénéficieront) [...] loi rétablissant les regroupements familiaux et les garanties judiciaires contre les expulsions arbitraires ; suppression de l'aide Stoléru au retour.
    Cependant, un an plus tard, un décret instaure de nouvelles restrictions à l'immigration clandestine, tandis qu'en mai 1984 sera rétablie l'aide au retour (entre 70 000 et 180 000 F d'indemnité)." (p.134)

    "Dans la droite ligne des prises de position de Vitry, différentes municipalités communistes reprennent en tout cas l'idée d'un "seuil de tolérance", pourtant largement contestée à gauche. [...]
    Tandis que le PC demande l'arrêt de l'immigration, les socialistes, passant au-dessus des difficultés locales, développent une problématique volontariste, très idéologique (situation inverse des années 1930)." (p.138)
    -Olivier Milza, "La gauche, la crise et l'immigration. Années 1930 - Années 1980", Vingtième Siècle. Revue d'histoire, Année 1985, 7, pp. 127-140

    https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1992_num_1154_1_1826

    "[L'assimilation] est devenu tabou dans les années 1970. L'assimilation cessait alors d'être un fait positif, un objet de consensus. Elle était désormais regardée comme une mutilation. Au nom de l'assimilation, l'Etat jacobin avait écrasé les différences -c'est-à-dire les cultures- régionales et ethniques." (p.14)

    "En 1979, à l'occasion du débat parlementaire sur les conditions d'entrée et de séjour des étrangers en France -il s'agissait de verrouiller l'entrée de nouveaux résidents étrangers et de restreindre le droit au séjour- la droite avait déjà commencé d'abandonner, au moins dans les cercles gouvernementaux, le mot assimilation. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Christian Bonnet, ne l'emploie pas, lui préférant celui d'intégration: notre nation, "a accueilli de très nombreux déracinés et leur a donné la possibilité de s'intégrer dans la nation française"." (p.15)

    "Le communiqué du Conseil des ministres du 31 août 1983 renverse-t-il par rapport à celui d'avril 1982, l'ordre des priorités: "Renforcer la lutte contre l'immigration illégale et faciliter l'insertion des populations immigrées dans la vie sociale, économique et culturelle du pays"." (p.17)

    "Dans une circulaire du ministre Jean-Pierre Chevènement du 8 octobre 1984 [...] "donner à ces enfants s'ils le désirent la possibilité de maintenir un contact avec leur langue et leur culture maternelle..." (p.18)

    "L'assimilation retrouve des droits à la tribune à l'occasion du débat sur le budget de 1987: "...Plutôt que d'imaginer une France pluriculturelle qui risquerait en fait d'être une France plurinationale où les affrontements de religion risqueraient de resurgir, ne vaudrait-il pas mieux fixer un objectif, dans un premier temps, l'intégration des populations immigrées, puis, dans un deuxième temps, leur assimilation", déclare Daniel Goulet, élu du RPR." (pp.18-19)

    "Le 5 mai 1987, dans son discours devant la Commission nationale consultative des droits de l'homme, [Philippe Séguin] déclare, "Les dispositions visant à réprimer le racisme et les politiques spécifiques favorisant l'insertion des étrangers dans notre société sont loin d'avoir atteint leur but... La France s'est construite par l'intégration successive de communautés humaines d'une très grande diversité, à la fois ethnique et culturelle."(p.19)

    "Claude Evin, ministre de la Solidarité nationale et des Affaires sociales du gouvernement Rocard [...] "Pour des raisons qui tiennent à son histoire et à sa culture la France a intégré, puis, n'ayons pas peur des mots, assimilés des précédentes vagues migratoires qui sont venues sur notre sol... Il n'appartient pas aux gouvernements d'imposer l'assimilation et processus de cette nature relèvent autant du jeu social que de l'action des pouvoirs publics mais je tiens clairement à affirmer la position du gouvernement français en faveur de l'intégration... Préserver les identités culturelles, permettre l'exercice du culte de son choix, assurer l'expression des différences constituent des droits de la personne humaine qui doivent être garantis dans nos pays mais ils doivent s'exercer dans le cadre des valeurs fondatrices qui sont l'héritage de notre histoire et le ciment de notre société." (p.19)
    -Françoise Gaspard, "Assimilation, insertion, intégration : les mots pour "devenir français" ", Hommes & Migrations, Année 1992, 1154, pp. 14-23.

    https://www.causeur.fr/assimilation-islam-plenel-beji-multiculturalisme-144040

    "« L’assimilation, écrit-il, est une injonction terrifiante qui fut aussi celle de la colonisation, notamment française : n’accepter l’Autre qu’à la condition qu’il ne soit plus lui-même, ne le distinguer que s’il décide de nous ressembler, ne l’admettre que s’il renonce à tout ce qu’il fut. […] L’impératif d’assimilation est une euphémisation de la disparition, une façon de souhaiter que les musulmans de France, à quelques degrés qu’ils soient, ne le soient plus. Ne le disent ni ne le revendiquent, ne l’expriment ni ne l’assument. Et c’est ainsi que les apprentis sorciers qui, trop souvent, nous gouvernent enfantent des monstres. […] Car qui ne voit pas, dans cette accoutumance à l’intolérance, le cheminement d’un appel plus sourd à ce que, pis encore, les musulmans ne soient plus ? »[Edwy Plenel, Pour les musulmans, Paris, La Découverte, 2015.] L’assimilation serait donc la première étape vers un ethnocide. On remarquera que Plenel s’aligne ici sur Recep Tayyip Erdoğan pour qui l’assimilation est « un crime contre l’humanité »."
    -André Versaille, "L’assimilation, un effroyable danger ?", 1 mai 2017: https://www.causeur.fr/assimilation-islam-plenel-beji-multiculturalisme-144040




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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

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    Sur l'assimilation et le seuil de tolérance Empty Re: Sur l'assimilation et le seuil de tolérance

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 21 Nov - 16:33



    "Nous sommes en 1971. L’Ined publie, sous la plume d’Alain Girard dans la revue Population, les résultats d’une « enquête d’opinion publique » sur « les attitudes des Français à l’égard de l’immigration étrangère ». Le motif est que cette dernière « soulève divers problèmes, juridiques, économiques, sociaux, démographiques ». « Problèmes » : retenons ce mot, qui nous accompagnera au long de cet article.

    Girard propage alors la notion de « seuil de tolérance » aux étrangers, qui se répandra dans l’ensemble des partis parlementaires, par un consensus qui ne se démentira plus. Entendu comme « la proportion d’étrangers, dans une région ou un secteur, au-delà de laquelle l’accommodation se fait difficilement, provoquant des risques de tension », le seuil de tolérance ainsi conçu est testé dans cette enquête à partir de trois sujets. (Force est de s’interroger : dans cette problématique d’emblée xénophobe, qui doit « s’accommoder » à qui ? Mais laissons ce détail.) Il est demandé quel est « ce seuil, dans la conscience des nationaux », à partir d’une évaluation de ce que serait : primo, « trop » d’étrangers dans une localité de 5 000 habitants, secundo « trop » de logements occupés par des étrangers dans un ensemble de 100 logements, et tertio le nombre d’élèves étrangers dans une classe de 30 au-delà duquel elle est « retardée ou gênée » – cette dernière question assortie d’une question quarto plus directe : à partir de combien de ces petits étrangers changes-tu ton enfant d’école, oh ! toi, national ? – de « 1-2 » à « plus de vingt », dix choix sont proposés.

    Le questionnaire de Girard va assez loin dans la suggestion d’un apartheid à la française, puisqu’il est également demandé, entre autres, s’il est « préférable » que les travailleurs étrangers soient logés dans des « habitations spécialement construites pour eux » ou au contraire « dispersés » ; ou encore si les mariages mixtes sont « une bonne chose ou une mauvaise chose pour la France ».

    L’enquête de 1971 passa sans faire de remous, et l’expression « seuil de tolérance », sans doute plus ancienne2, était désormais homologuée d’un label scientifique par un institut de recherche d’État. L’Ined préparait ainsi une autre « tolérance » : celle du public aux premières mesures de remise en ordre qui s’annonçaient, notamment la circulaire « Fontanet » de 1972 mettant fin aux autorisations de séjour sans contrat de travail et logement décent. Désormais aussi, l’un ne va pas sans l’autre, les travailleurs étrangers avaient de leur côté fait irruption sur la place publique dans la foulée de mai 68, rompant le pacte d’invisibilité qui rendait « tolérable » leur présence sur le sol français : maintenant, et pour longtemps, l’immigration serait un problème.

    (Incidemment, remarquons deux particularités sémantiques qui ont été assez peu commentées en général. Premièrement, la notion de « seuil de tolérance » est empruntée au vocabulaire médical : implicitement, elle évoque l’existence d’un symptôme douloureux ou délétère associé à une maladie ou à une dangerosité. Deuxièmement, le mot « tolérance » est en soi une péjoration de son objet : si l’on dit « tolérer », même si l’on apprécie, c’est qu’il y a une restriction. Aussi l’expression plonge-t-elle le répondant, en deçà même de la fausse neutralité de l’enquête, dans un champ sémantique qui connote négativement le jugement qu’on lui demande de porter.)"
    -Alain Morice, « Du seuil de tolérance au racisme banal, ou les avatars de l’opinion fabriquée », Journal des anthropologues [En ligne], 110-111 | 2007, mis en ligne le 01 décembre 2008, consulté le 21 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/jda/2509 ; DOI : https://doi.org/10.4000/jda.2509

    "En 1973, l’assassinat à Marseille d’un traminot par un déséquilibré algérien provoquait une vague de crimes racistes restés impunis48. Dans un contexte postcolonial tendu, l’opinion française s’interrogeait alors sans complexes sur la présence immigrée. Le Nouvel Observateur titrait : « Peut-on vivre avec les Arabes ? », d’après le sondage effectué par le magazine, 65 % des Français en doutaient49. La presse ne s’embarrassait pas de convenances, tel Paris Match avec un article intitulé : « Les bicots sont-ils dangereux50 ? » Au début de l’année 1975, FR3, dans une série d’émissions, proposait une réflexion sur « le problème du racisme dans le Midi de la France51 ». L’idée d’un seuil de tolérance à la présence immigrée se trouvait confortée par l’exemple des meurtres marseillais."
    -Céline Régnard, « Le meurtre du Bordeaux-Vintimille », Hommes & migrations [En ligne], 1313 | 2016, mis en ligne le 01 janvier 2019, consulté le 21 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/hommesmigrations/3563 ; DOI : https://doi.org/10.4000/hommesmigrations.3563

    "Domination progressive, et maintenant assez répandue, de mythes racistes tel que “le seuil de tolérance”, la “résistance culturelle de certains groupes”, ou le discours anti-immigration classique prônant l’“immigration zéro”."
    -Aurelia Wa Kabwe-Segatti, « Dimension extérieure de la politique d’immigration de l’Union européenne », Hommes & migrations [En ligne], 1279 | 2009, mis en ligne le 29 mai 2013, consulté le 21 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/hommesmigrations/342 ; DOI : https://doi.org/10.4000/hommesmigrations.342





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