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    Georges Lefebvre

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Georges Lefebvre Empty Georges Lefebvre

    Message par Johnathan R. Razorback Mer 25 Nov - 17:37

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Lefebvre_(historien)

    https://www.cairn.info/revue-le-mouvement-social-2002-3-page-177.htm

    "Pour Ernest Labrousse, Georges Lefebvre fut, avec Bloch et Febvre, l'une des « trois cimes de la chaîne ». Mais sous la plume de François Furet, il n'était plus qu'un « historien étroit, imbattable pour une cote d'archives », auquel on ne pouvait concéder « qu'un positivisme plus moderne et plus rigoureux »."

    "A la fin de 1927, Georges Lefebvre fut élu à la chaire d'histoire contemporaine de l'université de Strasbourg, à l'instigation des fondateurs des Annales. Il fut ensuite un collaborateur assez important de la nouvelle revue, avec 43 textes publiés avant 1938. [...]

    L'hypothèse d'une génération des Annales et de ses idées s'illustre assez bien pour les fondateurs de la revue : héritiers de l'élite universitaire (réussite scolaire, parisienne et ulmienne), d'âges proches et insérés dans des réseaux de sociabilité similaires, sinon identiques. Georges Lefebvre, lui, est issu d'un milieu très modeste, d'une université de province, et n'a été reçu à l'agrégation qu'à sa troisième tentative. Il a toujours revendiqué son absence de liens avec les « milieux parisiens ». Si la différence d'âge avec Lucien Febvre est faible (4 ans), Marc Bloch est en revanche de 12 ans son cadet. Il faut laisser de côté l'hypothèse « générationnelle » pour expliquer la participation de Georges Lefebvre aux Annales. Du point de vue de la carrière, il apparaît dans une situation plus difficile que celle des fondateurs de la revue : si l'on entend par jeunesse l'âge socialement défini par des apprentissages menant à une position de réussite, par la poursuite d'une trajectoire vers une place reconnue légitime (la Sorbonne), alors Georges Lefebvre est un vieux jeune, avec, quand il arrive à Strasbourg à 55 ans, seulement cinq ans de carrière universitaire derrière lui... à rapprocher d'un âge moyen pour le début d'une carrière universitaire, pour les historiens, qui était de 37 ans et 5 mois en 1929."

    "Contraste singulier aussi, par rapport à l'histoire révolutionnaire déchirée entre Alphonse Aulard et Albert Mathiez. Tout renouvellement critique est nié par Lefebvre qui s'inscrit dans la tradition universitaire, présentée dans une unité un peu artificielle. Il s'agit d'affirmer la continuité de la filiation légitime, l'Université. Ainsi le marxisme est-il présenté comme « consensuel » chez les historiens de la Révolution tel Philippe Sagnac, professeur en Sorbonne... pourtant politiquement libéral pour qui « l'hypothèse de travail » marxiste signifie avant tout un intérêt pour les bases matérielles de l'action politique et la pression sociale. [...] Le légitimisme de Lefebvre peut s'interpréter à l'aune de la faiblesse relative des réseaux et des relais à sa disposition dans la profession."

    "Il faut aussi observer ses contributions régulières à des revues incarnant mieux l'orthodoxie, la tradition de la profession dans la Revue Historique et la Revue d'histoire moderne, 5 et 9 contributions (soit le tiers des publications de Georges Lefebvre), entre 1929 et 1931. En étendant le champ d'observation, il paraît que le rôle des Annales comme espace de publication décroît après 1932 (9,6 % des publications en revue, de 1932 à 1941) et devient comparable à celui de revues plus officielles, la Revue historique ou la Revue d'histoire moderne (6,8 %). Et le fait que Georges Lefebvre soit chargé du bulletin bibliographique de la Revue historique pour la période de la Révolution et de l'Empire dès 1930 montre la notoriété déjà acquise.

    La déflation des contributions aux Annales après 1932 s'explique d'abord par la conquête des Annales historiques de la Révolution française. Albert Mathiez ayant été foudroyé par une attaque en plein milieu d'un cours (février 1932), Lefebvre, bien que n'ayant que de faibles attaches dans la Société d'études robespierristes, est choisi comme le seul remplaçant possible : universitaire sans querelle envers Mathiez, auteur d'une thèse de grande notoriété, et d'histoire sociale ? alors qu'il était impossible d'élire le titulaire de la chaire en Sorbonne, Sagnac, choisi par Aulard. Dès lors, Lefebvre publie essentiellement dans « sa » revue : 79,3 % de ses contributions, soit 22,2 textes par an (!)."

    "Cette évolution doit être comparée avec celle des fondateurs, puisque Marc Bloch tenait lui-même le bulletin pour la période médiévale dans la Revue historique et dans Le Moyen Age, et que Lucien Febvre était membre fondateur du comité de rédaction de la Revue d'histoire moderne."

    "Il s'agit d'abord de pouvoir écrire du point de vue du peuple, de ses conditions de vie, de regarder l'histoire par en bas."

    "La thèse de Lefebvre est jugée par d'éminents universitaires : Seignobos, Eisenmann (historien en Sorbonne), le géographe Albert Demangeon, Alphonse Aulard, premier détenteur de la chaire d'Histoire de la Révolution, enfin l'archiviste Camille Bloch. Le rapporteur est Philippe Sagnac, successeur d'Aulard en Sorbonne depuis 1922. Il faut dire que l'impétrant professe déjà à Henri-IV. Cette thèse est un succès (très honorable, félicitations), même si elle n'est pas tout entière comprise."

    "Couronné du titre de docteur, Georges Lefebvre est rapidement élu à l'université de Clermont (1924). L'échec en Sorbonne (1926), face à Raymond Guyot, et la présence d'Albert Mathiez (qui y occupe une suppléance à partir de 1929) semblaient lui barrer toute ambition parisienne. On comprend pourquoi la mort de Mathiez est un événement important : non seulement c'est l'acquisition des Annales historiques de la Révolution française mais aussi l'élimination du principal rival objectif, auquel il se substitue dans une revue non sans importance, où il reprend la défense du consensus universitaire, reléguant les querelles internes au second plan. A partir de 1932, Georges Lefebvre peut ainsi orienter plus directement l'histoire de la Révolution dans un sens plus « économique et social » : si Mathiez a introduit la classe dans la Révolution sans l'étudier, Lefebvre, lui, l'étudie directement."

    "La guerre brise les perspectives de l'historien et en 1946, il est mis à la retraite de l'enseignement supérieur. Il demeure néanmoins le dirigeant de l'Institut d'histoire de la Révolution française et de la commission Jaurès. Il professe à la VIe section des Hautes Études et participe à la création du Centre de Recherches Historiques de Lucien Febvre, où il supervise en particulier l'édition de sources (œuvres de Robespierre) ainsi que des dépouillements systématiques sous forme de fiches types. Cependant le choix d'Ernest Labrousse de succéder à Marc Bloch plutôt qu'à Georges Lefebvre fut une déception."
    -Stéphane Buzzi, « Georges Lefebvre (1874-1959), ou une histoire sociale possible », Le Mouvement Social, 2002/3 (no 200), p. 177-195. DOI : 10.3917/lms.200.0177. URL : https://www.cairn-int.info/revue-le-mouvement-social-2002-3-page-177.htm




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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

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