"Sans doute, avec le XIIe siècle, l’Occident chrétien découvre-t-il un « temps nouveau », celui de la ville et du marchand (J. Le Goff). Un temps mesurable et mesuré, non plus rythmé par les seuls cycles naturels des saisons et des journées, ni par les seules cloches des églises sonnant les heures canoniques, mais par celles – nouvelles – des beffrois urbains ou par les horloges publiques qui font progressivement leur apparition au cours du XIIIe siècle.
Les XIIe et XIII siècles européens se caractérisent par un nouveau dynamisme tant politique, qu’économique et culturel : c’est le « temps des cathédrales », de l’émulation intellectuelle au sein des écoles et des universités naissantes, le temps de la croissance urbaine et des paysans conquérants, d’un nouveau désenclavement commercial, celui de l’affirmation du pouvoir royal et de la consolidation de la société chrétienne. Autant d’indices qui ont parfois conduit les historiens à qualifier cette période de « Moyen Âge classique » ou de « beau Moyen Âge »." (p.49)
"À l’orée du XIIe siècle, toutefois, le roi ne semblait guère plus qu’un seigneur châtelain, acculé par ses puissants voisins dans un étroit domaine royal, qu’il ne dominait d’ailleurs que partiellement : les princes rivaux ne se déplaçaient plus pour lui rendre hommage ou assister à son sacre, les seigneurs châtelains de l’Île-de-France défiaient son autorité.
Ce sont d’abord ces derniers que Louis VI s’appliqua à soumettre, multipliant les campagnes militaires et hérissant son domaine de tours matérialisant son autorité. En 1124, alors
qu’il lève l’ost royal contre l’empereur romain-germanique, il reçoit le soutien de la plupart des grands princes du royaume : ducs d’Aquitaine et de Bourgogne, comtes de Flandre, de
Champagne, d’Anjou, de Bretagne, tous reconnaissent par ce geste l’hommage qu’ils ont rendu au roi et font ainsi de lui la clef de voûte des relations vassaliques dans le royaume." (p.50)
-Antoine Destemberg, Atlas de la France médiévale : Hommes, pouvoirs et espaces, du Vᵉ au XVᵉ siècle, Éditions Autrement, 2000, 96 pages.