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    Peter Haggett, L’Analyse Spatiale en Géographie Humaine

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Peter Haggett, L’Analyse Spatiale en Géographie Humaine Empty Peter Haggett, L’Analyse Spatiale en Géographie Humaine

    Message par Johnathan R. Razorback Mer 2 Déc - 19:02

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Haggett

    https://www.persee.fr/doc/rga_0035-1121_1974_num_62_1_1363_t1_0125_0000_1

    "Le chiffre et la mesure n’ont  jamais été absents de la géographie, mais les applications en étaient fragmentaires, isolées.

    La mesure, la comparaison de mesures, les corrélations, la pondération des composantes d’une structure spatiale, la connaissance des facteurs et du poids respectif de ces facteurs dans la différenciation et l’organisation d’un territoire représentent un progrès scientifique considérable.

    A la géographie collectrice de faits, typologique, exceptionnaliste, empirique, inductive, les recherches dont Peter Haggett fait état substituent une géographie théorique, déductive, recherchant la logique, les régularités, les principes de différenciation et d’organisation, identifiant des structures spatiales, dégageant des modèles et des séquences d’organisation territoriale."
    -Philippe Pinchemel, avant-propos à Peter Haggett, L’Analyse Spatiale en Géographie Humaine, Armand Colin, 1973, 390 pages.

    "Depuis la mort [d'Auguste] Lösch, les méthodes d’analyse de l’espace géographique ont considérablement progressé. Aux Etats-Unis, une équipe d’économistes conduite par Isard et des équipes de géographes animées par des maîtres tels que Garrison et Berry ont exploré ce domaine nouveau ; en Suède, l’école de Hägerstrand a relancé les études diachroniques."

    "La plupart des questions fondamentales de la géographie humaine n’appellent pas de réponse simple. Quand on se demande, à propos d’une région donnée, si l’habitat y est réparti selon une disposition prévisible, si les zones d’utilisation du sol y sont concentriques, si sa croissance est cyclique, la réponse dépend en grande partie du type d’ordre que l’on est disposé à chercher et à admettre. L’ordre et le chaos ne ressortent pas de la nature mais de l’esprit humain : selon le mot de Sigwart, « il y a plus d’ordre dans le monde qu’il n’y paraît à première vue ; on ne découvre cette vérité que lorsqu’on cherche cet ordre »."

    "Après avoir examiné, de façon très approfondie, l’évolution historique de cette discipline, Hartshorne constate, dans son ouvrage classique, The Nature of Geography, qu’ « il n’est nécessaire d’élaborer aucune proposition universelle, sinon cette loi générale de la géographie que chaque région est unique » (Hartshorne, 1939). Ce concept d’unicité, que la géographie partage avec l’histoire, exerce une forte emprise sur l’enseignement de la géographie, à tous les niveaux ; il installe inévitablement dans l’esprit des étudiants la conviction que la région A doit absolument être différente de la région B. [...]

    Ce concept de différenciation a conduit à l’élaboration des grandes synthèses régionales qui ont assuré la position actuelle de la géographie dans le monde universitaire. Les ouvrages classiques – ceux de Vidal de la Blache sur La France de l’Est (1917), de Carl Sauer sur les Ozarks (1920), d’Isaiah Bowman sur les Andes et le Pérou méridional (1917), ou de Robert Gradmann sur le Sud de l’Allemagne (1931) – font partie d’un patrimoine de monographies régionales où se combinent la finesse des observations et le talent littéraire. Notre thèse n’est pas que de telles études ont été mal orientées, mais que leur réussite même a conduit les géographes à négliger les études comparatives, tout aussi nécessaires. La différenciation régionale a dominé la géographie trop exclusivement, aux dépens de l’intégration spatiale."

    "Pour des raisons métaphysiques, Schaefer (1952) et Bunge (1962) ont trouvé peu satisfaisante l’approche fondée sur l’ « unicité ». Tous deux, en accord avec Postan, avancent l’idée que l’unicité est un point de vue, et non une propriété inhérente aux régions. Bunge va plus loin, en soutenant qu’il n’existe aucun compromis possible sur la question de l’unicité. Soit l’exemple banal de deux bâtons de craie blanche, que l’on imagine placés sur un pupitre. Examinés de près, ils n’apparaissent pas exactement identiques. Donc les qualifier tous deux de « bâtons de craie blanche » est sûrement une erreur. Pour être exact, il faudrait identifier chaque bâton par une appellation unique ; mais, en pratique, on affecte ces deux objets à une même classe appelée « craie blanche ». Agir autrement, c’est abandonner tous les termes descriptifs, et être réduit à dire, selon le mot de Bunge : « les choses sont ainsi ». Une telle démission intellectuelle est inacceptable ; aussi bien dans la vie quotidienne que dans la réflexion scientifique, nous classons constamment des phénomènes uniques. Ce qu’on gagne par ces classements peut l’emporter ou non sur ce qu’on perd en précision ; la science invente constamment des catégories nouvelles, plus efficaces : tentative sans fin de diviser la réalité et de l’étiqueter de manière de plus en plus précise.

    Quand on s’intéresse à l’ « unique », on ne peut guère que contempler son unicité. D’où la situation actuelle, peu satisfaisante : les recherches systématiques (générales) et la géographie régionale, fondée sur l’idée d’unicité, collaborent difficilement. Bunge fait fi de tout compromis de ce genre ; pour lui, la géographie générale doit se mouvoir dans les sphères de la théorie, et la géographie régionale s’orienter vers les études génériques, et ne plus reposer sur l’idée d’unicité. Selon le mot de Schaefer, la géographie régionale doit devenir la partie expérimentale d’un domaine essentiellement théorique."

    "La géographie a longtemps été une épine dans le pied des responsables scolaires et universitaires. Sa place naturelle est-elle dans la section scientifique ou dans la section littéraire de l’enseignement secondaire ? De même, au niveau des universités, elle a été classée de façons diverses : soit comme une « science de la terre » (à Cambridge, elle fait partie de la faculté de Géographie et de Géologie, qui comprend la géophysique, la minéralogie et la pétrographie), soit comme une « science sociale » (il en est ainsi dans la plupart des universités des Etats-Unis), soit, moins couramment, comme une « science géométrique », situation qu’elle occupait au temps des Grecs."

    "Le point de vue le plus largement adopté est probablement celui qui, selon Hartshorne, caractérise l’attitude traditionnelle des géographes : la différenciation de l’espace. Il existe cependant un certain nombre de « déviations » par rapport à ce point de vue : la géographie conçue comme science de la surface de la terre, la géographie conçue comme étude des relations entre l’homme et le milieu naturel, et la géographie conçue comme étude de la localisation des phénomènes à la surface de la terre. Ces trois grandes tendances sont appelées ici l’école du paysage, l’école écologique et l’école de la localisation."

    "Sauer soutenait qu’il est possible d’analyser un paysage en deux composantes distinctes : le « paysage naturel » (natural landscape, Urlandschaft), et le « paysage culturel » (cultural landscape, Kulturlandschaft). Par paysage naturel, il entendait le paysage originel, antérieur à l’entrée en scène de l’homme ; par paysage culturel, le paysage transformé par l’homme. L’essai de Sauer a eu pour résultat principal d’appliquer à l’étude du paysage culturel les méthodes morphologiques, si fécondes dans l’analyse du paysage naturel ; cet enseignement a été repris par Miller (1949). Avant l’essai de Sauer (1925), le rôle de l’homme comme agent morphologique avait déjà été reconnu, notamment par George Perkins Marsh (1864), mais c’est au sein de l’ « école de Berkeley » (dont Clark a parlé dans : James et al., 1954) que Sauer a rassemblé un groupe de spécialistes qui, comme Broek (The Santa Clara Valley, 1932), ont organisé leurs travaux autour du thème de l’évolution du paysage."

    "Le courant le plus puissant de la « théorie » de la localisation est issu davantage de l’économie que de la géographie humaine. Les deux premier classiques de la théorie de la localisation, les ouvrages de Von Thünen (1875) sur la localisation de l’agriculture et de Weber (1909) sur la localisation dans l’industrie, étaient essentiellement consacrés à la localisation des phénomènes économiques ; ceux qui ont fait des recherches à la même époque ou plus tard, comme Launhardt, Predöhl, Ohlin, Palander, Hoover, Lösch et Isard, ont visé surtout à « améliorer les cadres spatiaux et régionaux des sciences sociales, spécialement de l’économie » (Isard, 1956). Néanmoins, les excellentes mises au point, sur ce thème, des spécialistes anglo-saxons (Hoover, 1948 ; Isard, 1956), allemands (Boustedt et Ranz, 1957) et français (Ponsard, 1955), ont encouragé les géographes à appliquer, élaborer et affiner les concepts spatiaux. L’ouvrage de Bunge, Theoretical Geography (1962) montre jusqu’où est allée cette influence."

    "Non seulement la géométrie offre une chance de souder les différents aspects de la géographie humaine et de la géographie physique en une association nouvelle et efficace, mais elle redonne à la cartographie un rôle central par rapport à l’une et à l’autre."
    -Peter Haggett, L’Analyse Spatiale en Géographie Humaine, Armand Colin, 1973, 390 pages.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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