"Investissement de longue date de la CIA dans la guerre culturelle mondiale, y compris dans le soutien de ses formes les plus avant-gardistes, tel que documenté par des chercheurs comme Frances Stonor Saunders, Giles Scott-Smith ou Hugh Wilford (j'y ai également apporté ma contribution dans Radical History & the Politics of Art).
Thomas W. Braden, ancien superviseur des activités culturelles de la CIA, a élucidé le pouvoir de l’offensive culturelle de l'Agence dans un compte rendu d'initié sans fard, publié en 1967 : « Je me souviens de mon immense joie lorsque l'orchestre symphonique de Boston [alors soutenu par la CIA – ndlr] a remporté plus d'applaudissements pour les États-Unis à Paris que John Foster Dulles ou Dwight D. Eisenhower n’auraient pu y prétendre avec une centaine de discours. » Cette opération n’était ni petite, ni marginale. En réalité, comme Wilford l’a judicieusement expliqué, le Congrès pour la liberté de la culture (Congress for Cultural Freedom ou CCF), dont le siège social était à Paris et qui s’est ensuite avéré être une organisation de la CIA pendant la guerre froide culturelle, fut l'un des plus importants mécènes de l'histoire du monde, soutenant un très vaste éventail d'activités artistiques et intellectuelles."
"Le document de recherche de 1985 récemment publié, intitulé France : la défection des intellectuels de gauche [...]
La gauche a connu une désaffection intellectuelle graduelle pour le stalinisme et le marxisme, un retrait progressif des intellectuels radicaux du débat public, ainsi qu’un éloignement théorique du socialisme et du parti socialiste. Plus à droite, les opportunistes idéologiques, qu’on appelle les nouveaux philosophes et les nouveaux intellectuels de droite, ont lancé une campagne de diffamation médiatique à forte visibilité contre le marxisme."
"Ils citent en particulier la contribution profonde apportée par l'École des Annales et le structuralisme, avec notamment Claude Lévi-Strauss et Michel Foucault, à la « démolition critique de l'influence marxiste dans les sciences sociales ». Foucault, considéré comme « le penseur le plus profond et influent de la France », fut particulièrement applaudi pour son éloge des intellectuels de la Nouvelle Droite pour avoir rappelé aux philosophes « les conséquences “sanglantes” […] de la théorie sociale rationaliste des Lumières et de l'époque révolutionnaire »."
"Selon l'agence d'espionnage elle-même, la théorie française postmarxiste a directement contribué au programme culturel de la CIA, visant à amener la gauche vers la droite, tout en discréditant l'antiimpérialisme et l'anticapitalisme, créant ainsi un environnement intellectuel dans lequel ses projets impériaux pourraient être poursuivis à l’abri de tout examen critique sérieux de la part de l'intelligentsia."
-Gabriel Rockhill, "Quand la CIA s'attelait à démanteler la gauche intellectuelle française", Mediapart, 20 avril 2017.
Thomas W. Braden, ancien superviseur des activités culturelles de la CIA, a élucidé le pouvoir de l’offensive culturelle de l'Agence dans un compte rendu d'initié sans fard, publié en 1967 : « Je me souviens de mon immense joie lorsque l'orchestre symphonique de Boston [alors soutenu par la CIA – ndlr] a remporté plus d'applaudissements pour les États-Unis à Paris que John Foster Dulles ou Dwight D. Eisenhower n’auraient pu y prétendre avec une centaine de discours. » Cette opération n’était ni petite, ni marginale. En réalité, comme Wilford l’a judicieusement expliqué, le Congrès pour la liberté de la culture (Congress for Cultural Freedom ou CCF), dont le siège social était à Paris et qui s’est ensuite avéré être une organisation de la CIA pendant la guerre froide culturelle, fut l'un des plus importants mécènes de l'histoire du monde, soutenant un très vaste éventail d'activités artistiques et intellectuelles."
"Le document de recherche de 1985 récemment publié, intitulé France : la défection des intellectuels de gauche [...]
La gauche a connu une désaffection intellectuelle graduelle pour le stalinisme et le marxisme, un retrait progressif des intellectuels radicaux du débat public, ainsi qu’un éloignement théorique du socialisme et du parti socialiste. Plus à droite, les opportunistes idéologiques, qu’on appelle les nouveaux philosophes et les nouveaux intellectuels de droite, ont lancé une campagne de diffamation médiatique à forte visibilité contre le marxisme."
"Ils citent en particulier la contribution profonde apportée par l'École des Annales et le structuralisme, avec notamment Claude Lévi-Strauss et Michel Foucault, à la « démolition critique de l'influence marxiste dans les sciences sociales ». Foucault, considéré comme « le penseur le plus profond et influent de la France », fut particulièrement applaudi pour son éloge des intellectuels de la Nouvelle Droite pour avoir rappelé aux philosophes « les conséquences “sanglantes” […] de la théorie sociale rationaliste des Lumières et de l'époque révolutionnaire »."
"Selon l'agence d'espionnage elle-même, la théorie française postmarxiste a directement contribué au programme culturel de la CIA, visant à amener la gauche vers la droite, tout en discréditant l'antiimpérialisme et l'anticapitalisme, créant ainsi un environnement intellectuel dans lequel ses projets impériaux pourraient être poursuivis à l’abri de tout examen critique sérieux de la part de l'intelligentsia."
-Gabriel Rockhill, "Quand la CIA s'attelait à démanteler la gauche intellectuelle française", Mediapart, 20 avril 2017.