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    Stéphane Fournier, Comment la gauche est devenue incapable de battre Emmanuel Macron

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Stéphane Fournier, Comment la gauche est devenue incapable de battre Emmanuel Macron Empty Stéphane Fournier, Comment la gauche est devenue incapable de battre Emmanuel Macron

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 13 Fév - 16:43

    "Pour Stéphane Fournier, enseignant, aucun parti de gauche n'est en mesure de battre Macron en 2022, alors que la situation sociale est désastreuse.
    Il y a des faits que nous refusons parfois de voir, en science comme en politique, cependant, transformer le réel oblige à regarder la société en face.

    Depuis 4 ans, Macron suscite une détestation bien réelle chez une partie d’un peuple qu’il semble lui-même détester, au gré de ses petites phrases. Pourtant, rien ne semble l’atteindre. Sa majorité faiblit mais n’a jamais montré de sérieux signes de rupture. Las, son électorat n’a jamais semblé si serein et sûr de son champion. Les derniers sondages démontrent l’adhésion inaltérable de ses électeurs de 2017. Ce qu’il a légèrement perdu à gauche, il l’a regagné aisément à droite.

    Pourtant, il convient de reconnaître qu’il est l’homme à battre en 2022. Et par conséquent qu’il faut une véritable stratégie adossée à une ligne politique claire pour s’y atteler. Malheureusement, au sein des partis et mouvements de gauche, pour l’heure, nous ne voyons poindre l’ombre d’une analyse raisonnée de la société, ni de stratégie de conquête raisonnable et encore moins l’amorce d’un programme novateur établissant une alternative sérieuse au macronisme. Seulement des appels infantilisants à « stopper le duel Macron – Le Pen ».


    MACRON EST SOLIDE SUR SA BASE
    Toujours solide dans les anciens électorats UMP et PS, Macron annihile toute émergence d’un bloc de « gauche ». Puisqu’il en capte une bonne partie. Alors, faut-il aller chercher Macron sur sa gauche ? Cela reviendrait à restaurer un discours convenable, libéral, européen, un tantinet plus social pour satisfaire les éventuels déçus du macronisme, sensibles à un discours pro-réfugiés, pro-dialogue social, etc. Laissons cela à François Hollande ou à Anne Hidalgo qui ont sûrement plein de bonnes idées pour 2022. Sans doute, cette base électorale de centre gauche n’échappera pas à Macron car tout simplement il est meilleur que les autres. Ce qu’il a incarné en 2017 - l’alliance du libéralisme de gauche et de droite - tient toujours.

    "Quand bien même, un candidat parviendrait à détacher l’électorat de « gauche » macronien, il sera dans l’impossibilité d’élargir ce socle et donc sera inoffensif"
    Il n’y a plus personne à droite, ni à gauche, d’assez solide, ni structures ni profils intéressants. Tous les prétendants semblent aimantés par le macronisme. Dès qu’ils parlent, dès qu’ils sortent une tribune pour dire qu’il faudrait « un peu plus de ci, un peu plus de ça », cela fait « Pschitt » car à la fin des fins, Macron parle comme eux et ils parlent comme Macron, en moins bien. Il en va ainsi des initiatives de la gauche macroniste : de Mathieu Orphelin à Cédric Villani, en passant par Nicolas Hulot et par le Parti Socialiste, dont une bonne partie des cadres n’ont absolument pas rompu avec le vallsisme et le hollandisme. Quand bien même, un candidat parviendrait à détacher l’électorat de « gauche » macronien, il sera dans l’impossibilité d’élargir ce socle et donc sera inoffensif.

    LA GAUCHE N’A PAS ACTÉ LA PUISSANCE DU DÉGAGISME
    Les « parts » électorales restantes à gauche et à l’extrême gauche ne sont pas suffisantes. Pour tout un tas de raisons, la gauche traditionnelle s’est émiettée et affaissée. Peut-être - et sûrement - au lendemain de 2022, il faudra la remettre debout, quand comme en Italie ses partis auront fini de mourir, mais d’ici là, « la poutre doit encore travailler » et finir d’anéantir les derniers débris de l’ancien monde. Ce n'est qu'une fois débarrassés des derniers lambeaux d’EELV et du PS, de leurs structures abîmées et périmées que nous pourrons reconstruire. Mais d’ici là, l’urgence commande de faire sans eux. Et donc de sortir du carcan de la « gauche » que les médias continueront toujours d’accoler sur ces partis, bien qu’ils aient fait la preuve qu’ils ne l’étaient pas, de gauche.

    "Aucun de ces trois mouvements politiques (socialiste, écologiste, insoumis) n’a les capacités de l’emporter"
    Être de gauche aujourd’hui malheureusement c’est prendre le risque d’être assimilé à ces partis repoussoirs, c’est donc être inoffensif. Tout aussi inoffensif, Mélenchon n’a plus la possibilité d’échapper à la force centrifuge qui le pousse inexorablement vers une radicalité inopérante. Depuis les perquisitions, il s’est mis en situation d’ingouvernabilité. Nul ne peut prétendre gouverner en adoptant des positions si hostiles contre les institutions républicaines : police, justice et dans une moindre mesure l’armée. En quittant sa posture régalienne, en même temps que son universalisme républicain au profit d’un « consensus » multiculturel, il a renoncé à prendre le pouvoir.

    Aucun de ces trois mouvements politiques (socialiste, écologiste, insoumis) n’a les capacités de l’emporter. Car aucun n’a travaillé à reconquérir une base sociale élargie. Et malheureusement, aucun n’a su se saisir du moment historique représenté par les gilets jaunes. Chacun a cru voir ses thèses validées par ce mouvement social d’un niveau rarement égalé sans voir que ce mouvement n’était né et n’avait pu exister que grâce à leurs faiblesses. En effet, si dans ce pays demeuraient des corps intermédiaires (partis, mouvements, syndicats) puissants, rien de tel n’aurait pu exister. En leur absence, c’est par le bas et sans structuration que « les gens » se sont emparés de leur destin politique. Il faut aujourd’hui construire une offre qui sorte du carcan de la « gauche » actuelle tout en restant fidèle à son héritage historique et philosophique : souveraineté nationale, justice sociale, libertés publiques, égalité en droits, ascension sociale par l’école.

    AVOIR LE COURAGE DE SA PENSÉE : AFFRONTER MACRON TÊTE CONTRE TÊTE
    Il est plus que jamais l’heure de proposer une offre politique pour cette France des villes moyennes et des villages. La gauche peut gagner une municipale avec 60% d’abstention grâce à un électorat de centre-ville en proposant plus de « résilience » et de « voies vertes » mais pas une présidentielle. La France déclassée correspond parfaitement à celle qui ne vote pas Macron et qui ne votera pas Macron, c’est donc d’autant plus important de la reconquérir. Pour cela il faut avoir le courage de sa pensée et s’atteler à construire un bloc populaire protectionniste contre celui qui a fédéré derrière lui le bloc élitaire libéral.

    "Il ne s’agit ni plus ni moins que de continuer l’œuvre initiée par Jaurès puis le Conseil national de la résistance pour la République Sociale"
    Cela passe par la réappropriation par le Peuple de sa souveraineté politique et économique. C’est à cette condition que la France pourra devenir une nation écologiste d’avant-garde. Pour cela, face aux approximations et aux délires philosophiques de Jupiter, il est temps d’imposer le bon sens des humbles, ce qu'au siècle dernier déjà on qualifiait de « décence commune ». Face à une Europe antidémocratique, il est temps de retrouver la liberté de décider ce qui est bon pour notre pays. Face à la déconnexion de certains hauts fonctionnaires qui refusent le réel, il faut imposer la réalité du terrain. Face à la gestion béni-oui-oui des frontières, adoptons une vraie stratégie internationale sur l’immigration débattue et décidée au Parlement.

    Face à l’État « start-up », rebâtissons un Etat stratège qui planifie ce qu’il contrôle et anticipe les marges de manœuvre qu’il laisse au privé. Face à la république des rentiers, retrouvons le sens de notre République, celle de l’ascension sociale et du mérite juste, qui passe par un renforcement de notre École publique financé par la hausse des frais de succession des plus aisés. Face à la folie administrative et répressive, retrouvons le goût de la liberté de nous déplacer, d’entreprendre, de manifester, de nous exprimer sans avoir à subir le joug d’un état d’urgence permanent.

    Il ne s’agit ni plus ni moins que de continuer l’œuvre initiée par Jaurès puis le Conseil national de la résistance pour la République Sociale."
    -Stéphane Fournier, "Comment la gauche est devenue incapable de battre Emmanuel Macron", 08/02/2021: https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/comment-la-gauche-est-devenue-incapable-de-battre-emmanuel-macron



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

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