https://fr.wikipedia.org/wiki/Karens
https://fr.wikipedia.org/wiki/Moken_(peuple)
"Les Moken sont un groupe de nomades marins qui vivent dans les îles et sur les côtes de l’archipel des Mergui, que se partagent le Myanmar et la Thaïlande. Ils mènent un mode de vie maritime nomade depuis plusieurs siècles, durant lesquels ils ont accumulé un corpus considérable de savoirs traditionnels. Ceux-ci sont cependant mésestimés et n’ont jamais été reconnus par les autorités comme une forme tacite de gestion des ressources naturelles.
Dans l’ensemble, la société thaïe considère les Moken comme un peuple pauvre et ignorant, dont le mode de vie précaire repose sur une exploitation de subsistance des ressources forestières et côtières. Ils sont souvent considérés comme des gens arriérés, qui ont besoin de « développement ». On estime que pour mieux vivre, ils doivent renoncer à leur mode de vie de chasseurs-cueilleurs, se sédentariser et devenir des travailleurs salariés."
"Les Moken sont un groupe de nomades de la mer généralement connus en Thaïlande sous le nom de Chao Lay (les gens de la mer), nom collectif analogue à celui de Chao Khao (montagnards) qui désigne l’ensemble des peuples tribaux du nord de la Thaïlande (Akha, Hmong, Mien, Lahu, Lisu, etc.). L’expression Chao Lay désigne à la fois 1) ceux qui vivent près de la mer et tirent leur subsistance des ressources marines, et 2) les groupes ethniques parlant une langue austronésienne, qui se divisent en trois sous-groupes : les Moken, les Moklen et les Urak Lawoi. En Thaïlande, ces deux derniers sous-groupes sont essentiellement des populations sédentaires, installées de façon permanente dans des villages situés sur les îles et dans les zones côtières du sud-ouest de la Thaïlande, dans les provinces de Phang-nga, Phuket, Krabi, et Satun. Les adultes ont la nationalité et la citoyenneté thaïlandaises, et leurs enfants fréquentent les écoles locales où ils assimilent progressivement la culture et les coutumes thaïes.
Les principales communautés moken de Thaïlande sont présentes 1) sur les îles de Lhao, Payam et Sinhai, dans la province de Ranong, 2) sur les îles Surin (déclarées parc national en 1984), dans la province de Phang-nga, et 3) sur la plage de Rawai, dans la province de Phuket. Certains Moken vivent aux environs de la ville de Khuraburi, sur l’île de Phrathong, dans la province de Phang-nga, et d’autres parmi les Urak Lawoi. Les Moken des îles Surin conservent un mode de vie relativement traditionnel en comparaison des autres groupes. Bien que plus ou moins sédentarisés, ils utilisent encore des matériaux de la forêt pour construire leurs huttes et déplacent occasionnellement leur village.
Autrefois, les Moken se déplaçaient et trouvaient leur subsistance sur différentes îles de l’archipel des Mergui. Durant la mousson sèche de nord-est, lorsque la mer est calme, ils vivaient sur des bateaux traditionnels appelés kabang, se rendant dans les îles de l’archipel des Mergui, dans la mer d’Andaman, pour y trouver leur subsistance. Leur structure sociale est constituée de groupes de personnes apparentées d’environ deux à dix familles voyageant ensemble. Durant la mousson de sud-ouest, la mer est forte et imprévisible et les Moken s’adaptent à cette situation en habitant des huttes temporaires dans des baies abritées et en trouvant leur subsistance à proximité de leurs villages. On compte de nos jours environ 2 000 Moken dans l’archipel des Mergui, en Birmanie, et quelque 800 en Thaïlande."
"Au cours des siècles écoulés, les déplacements fréquents et la migration des Moken représentaient une forme d’adaptation qui leur permettait d’accéder aux ressources marines de différentes niches écologiques. Ces déplacements avaient également pour but le commerce et l’échange de produits de la mer comme les perles, les holothuries et les nids d’oiseau comestibles. C’était aussi un moyen d’échapper aux raids des pirates.
Les épidémies et les conflits expliquent également la mobilité des Moken, qui s’éloignent généralement en cas d’épidémie de choléra ou de variole, par exemple. En laissant les malades derrière eux au village avec des provisions, les Moken empêchent l’épidémie de se propager. S’éloigner du groupe lorsqu’un conflit éclate constitue un mécanisme social approprié pour maintenir la cohésion sociale. Un groupe de Moken est constitué d’un grand nombre de personnes apparentées."
"Le bateau moken, appelé kabang, répond à une nécessité vitale. Il sert de véhicule, d’engin de chasse, de pêche et de ramassage ainsi que d’habitation : bien souvent, on y naît et on y meurt."
"De par leur mode de vie de nomades de la mer, les Moken connaissent bien les différentes zones et particularités géographiques des environs des îles de l’archipel des Mergui : baies, plages, caps, chenaux, etc. Ils donnent à ces lieux des noms qui sont l’expression de la mémoire sociale et culturelle du paysage et qui renvoient généralement à des espèces de la flore ou de la faune que l’on y trouve communément ou bien à des événements historiques.
Les Moken fréquentent les îles Surin depuis des siècles. À l’heure actuelle, de nombreuses familles moken s’y sentent chez elles et ne veulent pas les quitter."
"Les Moken n’ont pas pour habitude d’utiliser de grands engins de pêche complexes comme des pièges et des filets, préférant le harpon et leurs mains nues. Ce sont donc véritablement des chasseurs-cueilleurs plutôt que des pêcheurs. Bien qu’ayant eu des contacts avec les populations côtières qui utilisent ces engins, ils ne les ont pas adoptés.
Cela tient à ce qu’ils collectent toutes sortes de fruits de mer : coquillages, oursins, crabes, holothuries, etc. Les prises qu’ils effectuent à la main et à l’aide d’instruments rudimentaires sont suffisantes pour leur consommation journalière. Généralement, ils ne conservent pas leur poisson par salage ou séchage sauf pour le vendre à l’occasion, ou bien en prévision de temps difficiles en saison des pluies. Ils peuvent trouver du poisson et des fruits de mer frais tous les jours.
De plus, les engins de pêche perfectionnés nécessitent un investissement plus important en termes d’entretien et de réparations. Les prises doivent en outre être stockées. Ces contraintes ne sont pas compatibles avec le mode de vie de nomades, pour qui un petit bateau sert à la fois d’habitation et de véhicule. Il n’y a guère de place à bord pour des engins de pêche encombrants (Hinshiranan, 1996, p. 29-33). Leur mode de vie nomade dissuade les Moken d’accumuler des objets inutiles."
"Le mode de vie nomade des Moken et leurs migrations occasionnelles favorisent une forme d’utilisation des ressources durable."
"Leurs pratiques nomades de chasse et de cueillette marines tendent en soi à préserver l’environnement, mais lorsqu’ils se laissent attirer dans l’économie de marché, ils ne chassent et ne cueillent plus seulement pour assurer leur subsistance mais aussi pour vendre. C’est le cas depuis au moins un siècle, des intermédiaires allant les voir pour organiser l’échange des produits de la mer, car autrefois les Moken ne venaient pas en ville."
"Plus les Moken sont attirés dans l’économie de marché, plus ils extraient des ressources naturelles de l’environnement pour satisfaire leurs besoins croissants en nouveaux biens de consommation, ce qui va à l’encontre de la conservation. En même temps, les îles et les zones côtières où les Moken sont libres de circuler, de s’installer et de chercher leur subsistance sont de plus en plus réduites en raison de la privatisation de l’occupation des sols ou de la création de zones protégées. De nos jours, les Moken sont devenus plus sédentaires, et leurs terrains de collecte se rétrécissent, ce qui aboutira à une exploitation plus intensive des ressources marines et côtières.
Quand les Moken s’installent dans un village, ils se déplacent moins et le kabang perd de son utilité. Le parc national des îles Surin a sa propre réglementation concernant l’extraction des ressources naturelles, y compris la coupe des arbres, ce qui fait que les Moken hésitent à construire des kabangs. Ils préfèrent utiliser le type de bateau local (« rua hua thong ») que le parc ou la station de pêche leur donne, ou qu’ils achètent dans le village de pêcheurs voisin.
Le bois nécessaire à la construction des kabangs n’étant plus disponible, les connaissances en matière de construction navale et de navigation diminuent peu à peu."
"La transformation socioéconomique entraînée par l’entrée dans l’économie de marché et par la sédentarisation contribue à l’érosion des savoirs autochtones. La désignation des îles Surin comme parc national puis la promotion du tourisme dans le périmètre du parc ont aidé à transformer en salariés les chasseurs-cueilleurs qu’étaient les Moken. Ceux-ci, d’autre part, observent et adoptent les modes de consommation des personnes venues de l’extérieur (le personnel du parc et les touristes), ce qui ne fait qu’accentuer l’érosion de leur mode de vie traditionnel et de savoirs autochtones accumulés et pratiqués depuis des centaines d’années."
"Il est en outre indispensable d’analyser les transformations socioculturelles et l’érosion des savoirs autochtones, pour empêcher que cette érosion ne s’aggrave encore et que ces savoirs ne disparaissent, par suite notamment de leur exploitation liée à la commercialisation et à un développement excessif du tourisme."
-Narumon Arunotai, « Les savoirs traditionnels des Moken : une forme non reconnue de gestion et de préservation des ressources naturelles », Revue internationale des sciences sociales, 2006/1 (n° 187), p. 145-158. DOI : 10.3917/riss.187.0145. URL : https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-sociales-2006-1-page-145.htm
"En 2002, Anna Gislen, biologiste suédoise de l’université de Lund, s’est rendue aux îles Surin pour y effectuer des recherches expérimentales sur la vision sous-marine des enfants moken. Normalement l’œil humain ne peut pas voir clairement sous l’eau sans l’aide de lunettes ou de masques, mais les recherches ont montré que les enfants moken avaient une excellente vision sous-marine et qu’ils étaient capables d’identifier et de différencier les objets sous-marins mieux que les enfants européens.
L’équipe de chercheurs a conclu que les enfants moken pouvaient contracter leurs pupilles pour améliorer l’acuité de leur vision sous l’eau. En général, la pupille se dilate automatiquement sous l’eau du fait de la diminution de l’intensité lumineuse. La capacité qu’ont les enfants moken de contracter leurs pupilles n’est donc pas automatique, mais correspond à un comportement acquis progressivement. C’est là une découverte importante, qui discrédite le paradigme antérieur concernant les limites de la réponse physique du corps humain et établit un nouveau paradigme selon lequel la dilatation et la contraction de la pupille, chez les humains, peuvent s’apprendre et s’acquérir par entraînement."
https://fr.wikipedia.org/wiki/Moken_(peuple)
"Les Moken sont un groupe de nomades marins qui vivent dans les îles et sur les côtes de l’archipel des Mergui, que se partagent le Myanmar et la Thaïlande. Ils mènent un mode de vie maritime nomade depuis plusieurs siècles, durant lesquels ils ont accumulé un corpus considérable de savoirs traditionnels. Ceux-ci sont cependant mésestimés et n’ont jamais été reconnus par les autorités comme une forme tacite de gestion des ressources naturelles.
Dans l’ensemble, la société thaïe considère les Moken comme un peuple pauvre et ignorant, dont le mode de vie précaire repose sur une exploitation de subsistance des ressources forestières et côtières. Ils sont souvent considérés comme des gens arriérés, qui ont besoin de « développement ». On estime que pour mieux vivre, ils doivent renoncer à leur mode de vie de chasseurs-cueilleurs, se sédentariser et devenir des travailleurs salariés."
"Les Moken sont un groupe de nomades de la mer généralement connus en Thaïlande sous le nom de Chao Lay (les gens de la mer), nom collectif analogue à celui de Chao Khao (montagnards) qui désigne l’ensemble des peuples tribaux du nord de la Thaïlande (Akha, Hmong, Mien, Lahu, Lisu, etc.). L’expression Chao Lay désigne à la fois 1) ceux qui vivent près de la mer et tirent leur subsistance des ressources marines, et 2) les groupes ethniques parlant une langue austronésienne, qui se divisent en trois sous-groupes : les Moken, les Moklen et les Urak Lawoi. En Thaïlande, ces deux derniers sous-groupes sont essentiellement des populations sédentaires, installées de façon permanente dans des villages situés sur les îles et dans les zones côtières du sud-ouest de la Thaïlande, dans les provinces de Phang-nga, Phuket, Krabi, et Satun. Les adultes ont la nationalité et la citoyenneté thaïlandaises, et leurs enfants fréquentent les écoles locales où ils assimilent progressivement la culture et les coutumes thaïes.
Les principales communautés moken de Thaïlande sont présentes 1) sur les îles de Lhao, Payam et Sinhai, dans la province de Ranong, 2) sur les îles Surin (déclarées parc national en 1984), dans la province de Phang-nga, et 3) sur la plage de Rawai, dans la province de Phuket. Certains Moken vivent aux environs de la ville de Khuraburi, sur l’île de Phrathong, dans la province de Phang-nga, et d’autres parmi les Urak Lawoi. Les Moken des îles Surin conservent un mode de vie relativement traditionnel en comparaison des autres groupes. Bien que plus ou moins sédentarisés, ils utilisent encore des matériaux de la forêt pour construire leurs huttes et déplacent occasionnellement leur village.
Autrefois, les Moken se déplaçaient et trouvaient leur subsistance sur différentes îles de l’archipel des Mergui. Durant la mousson sèche de nord-est, lorsque la mer est calme, ils vivaient sur des bateaux traditionnels appelés kabang, se rendant dans les îles de l’archipel des Mergui, dans la mer d’Andaman, pour y trouver leur subsistance. Leur structure sociale est constituée de groupes de personnes apparentées d’environ deux à dix familles voyageant ensemble. Durant la mousson de sud-ouest, la mer est forte et imprévisible et les Moken s’adaptent à cette situation en habitant des huttes temporaires dans des baies abritées et en trouvant leur subsistance à proximité de leurs villages. On compte de nos jours environ 2 000 Moken dans l’archipel des Mergui, en Birmanie, et quelque 800 en Thaïlande."
"Au cours des siècles écoulés, les déplacements fréquents et la migration des Moken représentaient une forme d’adaptation qui leur permettait d’accéder aux ressources marines de différentes niches écologiques. Ces déplacements avaient également pour but le commerce et l’échange de produits de la mer comme les perles, les holothuries et les nids d’oiseau comestibles. C’était aussi un moyen d’échapper aux raids des pirates.
Les épidémies et les conflits expliquent également la mobilité des Moken, qui s’éloignent généralement en cas d’épidémie de choléra ou de variole, par exemple. En laissant les malades derrière eux au village avec des provisions, les Moken empêchent l’épidémie de se propager. S’éloigner du groupe lorsqu’un conflit éclate constitue un mécanisme social approprié pour maintenir la cohésion sociale. Un groupe de Moken est constitué d’un grand nombre de personnes apparentées."
"Le bateau moken, appelé kabang, répond à une nécessité vitale. Il sert de véhicule, d’engin de chasse, de pêche et de ramassage ainsi que d’habitation : bien souvent, on y naît et on y meurt."
"De par leur mode de vie de nomades de la mer, les Moken connaissent bien les différentes zones et particularités géographiques des environs des îles de l’archipel des Mergui : baies, plages, caps, chenaux, etc. Ils donnent à ces lieux des noms qui sont l’expression de la mémoire sociale et culturelle du paysage et qui renvoient généralement à des espèces de la flore ou de la faune que l’on y trouve communément ou bien à des événements historiques.
Les Moken fréquentent les îles Surin depuis des siècles. À l’heure actuelle, de nombreuses familles moken s’y sentent chez elles et ne veulent pas les quitter."
"Les Moken n’ont pas pour habitude d’utiliser de grands engins de pêche complexes comme des pièges et des filets, préférant le harpon et leurs mains nues. Ce sont donc véritablement des chasseurs-cueilleurs plutôt que des pêcheurs. Bien qu’ayant eu des contacts avec les populations côtières qui utilisent ces engins, ils ne les ont pas adoptés.
Cela tient à ce qu’ils collectent toutes sortes de fruits de mer : coquillages, oursins, crabes, holothuries, etc. Les prises qu’ils effectuent à la main et à l’aide d’instruments rudimentaires sont suffisantes pour leur consommation journalière. Généralement, ils ne conservent pas leur poisson par salage ou séchage sauf pour le vendre à l’occasion, ou bien en prévision de temps difficiles en saison des pluies. Ils peuvent trouver du poisson et des fruits de mer frais tous les jours.
De plus, les engins de pêche perfectionnés nécessitent un investissement plus important en termes d’entretien et de réparations. Les prises doivent en outre être stockées. Ces contraintes ne sont pas compatibles avec le mode de vie de nomades, pour qui un petit bateau sert à la fois d’habitation et de véhicule. Il n’y a guère de place à bord pour des engins de pêche encombrants (Hinshiranan, 1996, p. 29-33). Leur mode de vie nomade dissuade les Moken d’accumuler des objets inutiles."
"Le mode de vie nomade des Moken et leurs migrations occasionnelles favorisent une forme d’utilisation des ressources durable."
"Leurs pratiques nomades de chasse et de cueillette marines tendent en soi à préserver l’environnement, mais lorsqu’ils se laissent attirer dans l’économie de marché, ils ne chassent et ne cueillent plus seulement pour assurer leur subsistance mais aussi pour vendre. C’est le cas depuis au moins un siècle, des intermédiaires allant les voir pour organiser l’échange des produits de la mer, car autrefois les Moken ne venaient pas en ville."
"Plus les Moken sont attirés dans l’économie de marché, plus ils extraient des ressources naturelles de l’environnement pour satisfaire leurs besoins croissants en nouveaux biens de consommation, ce qui va à l’encontre de la conservation. En même temps, les îles et les zones côtières où les Moken sont libres de circuler, de s’installer et de chercher leur subsistance sont de plus en plus réduites en raison de la privatisation de l’occupation des sols ou de la création de zones protégées. De nos jours, les Moken sont devenus plus sédentaires, et leurs terrains de collecte se rétrécissent, ce qui aboutira à une exploitation plus intensive des ressources marines et côtières.
Quand les Moken s’installent dans un village, ils se déplacent moins et le kabang perd de son utilité. Le parc national des îles Surin a sa propre réglementation concernant l’extraction des ressources naturelles, y compris la coupe des arbres, ce qui fait que les Moken hésitent à construire des kabangs. Ils préfèrent utiliser le type de bateau local (« rua hua thong ») que le parc ou la station de pêche leur donne, ou qu’ils achètent dans le village de pêcheurs voisin.
Le bois nécessaire à la construction des kabangs n’étant plus disponible, les connaissances en matière de construction navale et de navigation diminuent peu à peu."
"La transformation socioéconomique entraînée par l’entrée dans l’économie de marché et par la sédentarisation contribue à l’érosion des savoirs autochtones. La désignation des îles Surin comme parc national puis la promotion du tourisme dans le périmètre du parc ont aidé à transformer en salariés les chasseurs-cueilleurs qu’étaient les Moken. Ceux-ci, d’autre part, observent et adoptent les modes de consommation des personnes venues de l’extérieur (le personnel du parc et les touristes), ce qui ne fait qu’accentuer l’érosion de leur mode de vie traditionnel et de savoirs autochtones accumulés et pratiqués depuis des centaines d’années."
"Il est en outre indispensable d’analyser les transformations socioculturelles et l’érosion des savoirs autochtones, pour empêcher que cette érosion ne s’aggrave encore et que ces savoirs ne disparaissent, par suite notamment de leur exploitation liée à la commercialisation et à un développement excessif du tourisme."
-Narumon Arunotai, « Les savoirs traditionnels des Moken : une forme non reconnue de gestion et de préservation des ressources naturelles », Revue internationale des sciences sociales, 2006/1 (n° 187), p. 145-158. DOI : 10.3917/riss.187.0145. URL : https://www.cairn.info/revue-internationale-des-sciences-sociales-2006-1-page-145.htm
"En 2002, Anna Gislen, biologiste suédoise de l’université de Lund, s’est rendue aux îles Surin pour y effectuer des recherches expérimentales sur la vision sous-marine des enfants moken. Normalement l’œil humain ne peut pas voir clairement sous l’eau sans l’aide de lunettes ou de masques, mais les recherches ont montré que les enfants moken avaient une excellente vision sous-marine et qu’ils étaient capables d’identifier et de différencier les objets sous-marins mieux que les enfants européens.
L’équipe de chercheurs a conclu que les enfants moken pouvaient contracter leurs pupilles pour améliorer l’acuité de leur vision sous l’eau. En général, la pupille se dilate automatiquement sous l’eau du fait de la diminution de l’intensité lumineuse. La capacité qu’ont les enfants moken de contracter leurs pupilles n’est donc pas automatique, mais correspond à un comportement acquis progressivement. C’est là une découverte importante, qui discrédite le paradigme antérieur concernant les limites de la réponse physique du corps humain et établit un nouveau paradigme selon lequel la dilatation et la contraction de la pupille, chez les humains, peuvent s’apprendre et s’acquérir par entraînement."