https://www.contretemps.eu/construction-capitalisme-france-entretien/
"En France, les paysans ont gagné leur liberté et sécurisé la possession de terres et ont fixé leurs loyers pendant la période médiévale tardive. Ces gains ont été rendus possibles grâce à des solidarités relativement fortes au sein des communautés villageoises, mais également par une concurrence intense pour le contrôle sur la terre et sur les paysans au sein de la seigneurie, que des liens de vassalité trop lâches n’ont pas réussie à modérer suffisamment au profit de cette dernière. La résistance populaire, le manque de cohésion entre classes et la concurrence d’un État monarchique cherchant à la fois à sauvegarder et à taxer la petite propriété paysanne, ont sérieusement menacé les intérêts des nobles. Alors que les conflits politiques, et souvent militaires, avec la couronne demeuraient endémiques, de nombreux nobles ont été forcés de se tourner vers les appareils monarchiques d’État concentrés, ajoutant aux loyers les revenus des taxes. L’incorporation de secteurs de la vieille noblesse et, de plus en plus, de la haute bourgeoisie à l’État s’est faite par l’octroi ou la vente de charges vénales. Accumulant des richesses via des structures administratives financées par le truchement des taxes,, mais aussi via les intérêts des prêts à la couronne, les monopoles commerciaux et, à un niveau plus vaste encore, par les loyers, une classe parasitaire d’aristocrates financiers taxant les paysans a constitué la base sociale du nouvel État.
La formation de ce nouveau mode de production et d’exploitation a eu d’importantes conséquences pour le développement politique et économique du pays. La vente de fonctions vénales a mené à une privatisation du pouvoir d’État, qui a été pulvérisé par le processus même qui était censé le consolider. Avec la reproduction d’une myriade de juridictions féodales locales et régionales en concurrence les unes avec les autres au sein de l’État, le développement d’un appareil administratif moderne a été rendu impossible, les officiels d’État utilisant leurs fonctions comme des moyens d’enrichissement patrimoniaux.
Ce mode renouvelé d’exploitation extra-économique de classe n’était pas propice au soutien de la croissance économique. La France a connu une croissance substantielle dans l’agriculture et la manufacture de la fin du 17e siècle jusqu’à la Révolution, la demande urbaine grandissante et le commerce colonial alimentant la production commerciale. L’agriculture commerciale, toutefois, ne représentait rien de nouveau et ni les seigneurs ni les paysans n’étaient incités ou forcés à se spécialiser, à adopter de nouvelles techniques agricoles ou à consolider des parcelles de terre ou des domaines. Les seigneurs n’avaient aucune intention d’exproprier les paysans et poursuivaient au contraire la pratique consistant à ancrer de plus en plus la force de travail paysanne dans le sol. Même dans le bassin parisien, où la commercialisation était plus étendue, on ne retrouvait pas de calcul systématique des coûts de travail, le nombre de petites fermes paysannes restait important et continuait de croître, tandis que les baux quasi féodaux étaient encore la règle. Les rendements augmentaient, car davantage de parcelles étaient mises en culture et de larges réserves de travail rural étaient exploitées par les seigneurs dans les campagnes et par les marchands dans la production proto-industrielle. À des années-lumière d’un processus de transition vers le capitalisme, comme l’explique Steve Miller, cette augmentation des rendements s’est fait « par l’intensification du travail et la stagnation ou le déclin des recettes de chaque heure supplémentaire de travail[7]. »
Les choses ont pris un tour radicalement différent en Angleterre. Pour le dire simplement, le capitalisme agraire est apparu comme une alternative à l’absolutisme. Le pouvoir d’État centralisé et une plus grande coopération de classe ont permis aux seigneurs de renforcer les baux « économiques. » La propriété foncière et le loyer économique sont devenus la pierre angulaire de la reproduction de la classe dirigeante anglaise et les tentations absolutistes ont définitivement été mises au placard par la soi-disant « Glorieuse Révolution » de 1688, qui a permis aux seigneurs d’affirmer leur pouvoir parlementaire face à la couronne. Les baux économiques ont établi des loyers via la compétition marchande, contraignant ainsi les paysans à se spécialiser, à accroître la productivité du travail, à innover, ainsi qu’à réinvestir le surplus afin de préserver l’accès à leurs terres. Il en a résulté une croissance économique soutenue dans les campagnes qui a engendré une dépossession continue des tenanciers traditionnels et une croissance démographique rapide de même qu’une urbanisation menant à la montée de marchés compétitifs de masse, de travail et de consommateurs – lesquels ont levé le plafond malthusien du développement industriel en Angleterre.
De plus, la dépendance vis-à-vis des loyers économiques par opposition à la propriété constituée politiquement a rendu possible le développement des appareils modernes d’État[8]. Parce que son économie était bien plus productive et ses appareils administratifs bien plus efficaces, l’État anglais a également pu emprunter à des taux avantageux afin de financer ses efforts militaires. Tout cela a donné un avantage géopolitique décisif à l’Angleterre.
En France, en l’absence de capitalisme agraire, l’expansion des revenus d’État dépendait de l’« accumulation géopolitique » en cours, de manière à acquérir une large base d’imposition. Des secteurs de l’élite de l’État français ont cherché à réformer et à libéraliser les secteurs agraires et manufacturiers du pays, mais ces tentatives tendaient à menacer la stratégie extra-économique de reproduction de la classe dirigeante et ont donc souvent été repoussées et ont globalement échoué.
Incapable d’imiter le développement économique intensif anglais, l’État français a dû continuer à se fonder sur une stratégie d’expansion territorial. Toutefois, la conquête territoriale sur le continent a été difficile et coûteuse, tandis que l’expansion coloniale était de plus en plus contrée par le pouvoir anglais grandissant. Embourbé dans des conflits militaires successifs avec ses voisins, l’État français a dû imposer des taxes punitives à sa paysannerie, recourir à la vente d’offices qui a intensifié le caractère byzantin de son appareil administratif, ainsi que contracter des dettes de plus en plus importantes. Cela a engendré une situation fiscale catastrophique et un mécontentement généralisé parmi les élites et les classes populaires – la toile de fond de l’explosion révolutionnaire de 1789."
"En demandant à ce que les positions au sein de l’État soient « ouvertes aux talents » et en réclamant des réformes libérales au sein de l’administration d’État, la bourgeoisie n’a pas tenté de dépasser le mode d’exploitation existant, mais a en fait renforcé sa position en son sein. La Révolution a été un conflit entre classes dirigeantes, opposant les bourgeois et les aristocrates, concernant l’accès à la propriété politiquement constituée. Ce conflit entre dominants a été flanqué d’un mouvement populaire d’artisans et de paysans exploités, dans un contexte d’intensification des pressions géopolitiques exercées sur l’État français, ayant contribué à une intense politisation des questions fiscales.
La rationalisation partielle de l’État – la poursuite d’un projet de longue haleine poursuivi par les réformistes de l’ancien régime désormais pris en main par la bourgeoisie éclairée – qui s’est faite pendant la Révolution et sous le Premier Empire était limitée par la reproduction de formes d’appropriation politiquement constituées traversant la division révolutionnaire. Le népotisme et les pratiques quasi patrimoniales demeuraient omniprésents au sein de l’administration. Comme cela est universellement reconnu, la Révolution a consolidé et a contribué à diffuser la propriété petite-paysanne pour les décennies à venir. Cela excluait du même coup l’apparition du capitalisme agraire en France."
"La production industrielle avait cours sous l’ancien régime, mais les investissements et la mécanisation restaient très limités, malgré les efforts effectués par l’État pour stimuler l’industrialisation. À la veille de la Révolution, dans le commerce de coton, l’Angleterre avait 260 fuseaux pour 1000 habitants, contre 2 en France, tandis qu’il y avait 900 machines à filer en France contre 20 000 en Angleterre, et pas plus d’une douzaine de machines à filer à énergie hydraulique dans l’hexagone contre 9000 outre-Manche. La supériorité anglaise était criante et le gros du secteur industriel français s’est effondré suite à la signature d’un traité commercial entre les deux États en 1786. Plutôt que d’investir de manière à rendre les sites de production plus productifs, les marchands de textiles français ont simplement acheté du fil à l’Angleterre afin de le vendre en France.
Les investissements industriels ont connu une accélération sans précédent au cours des décennies qui ont suivi la Révolution, dans le contexte d’un marché national protégé, mais la productivité du travail industriel restait bien plus faible en France en comparaison de la Grande-Bretagne. Ceci en raison d’un rythme de mécanisation de la production plus faible à l’époque en France. En guise d’illustration, il faut voir qu’en 1830, on pouvait trouver 3000 machines à vapeur en France pour une puissance de 15 000 chevaux-vapeur, alors que la Grande-Bretagne en comptait 15 000 pour une puissance totale de 250 000 chevaux-vapeur. En 1840, la France, dont la population s’élevait à 35 millions d’habitants, possédait des machines à vapeur produisant 34 000 chevaux-vapeur, alors que la Grande-Bretagne, avec une population de 19 millions d’habitants, avait des machines à vapeur produisant 350 000 chevaux-vapeur. En 1850, ces statistiques avaient respectivement augmenté pour atteindre 67 000 chevaux-vapeur contre 544 000 en Grande-Bretagne, tandis que la France était alors passée derrière la Prusse."
"Un premier facteur à prendre en compte est que le capitalisme agraire étant absent en France, le marché de consommation intérieur du pays restait limité et cela a nécessairement ralenti la croissance industrielle. Mais au-delà de l’étendue et de la profondeur du marché, il faut également prendre sa nature en considération. Jusqu’au dernier tiers du 19e siècle, il n’y avait pas de marché intégré et compétitif en France. Malgré l’abolition de tarifs internes pendant la Révolution, l’absence d’infrastructures de transport adéquates impliquait que l’espace économique national français restait fortement fragmenté et constituait une série de marchés locaux et régionaux. Ces espaces locaux et régionaux n’étaient pas organisés par le mécanisme de la concurrence des prix et restaient régulés par les usages habituels du commerce appliqués par des institutions telles que les prud’hommes, les tribunaux commerciaux et les gouvernements locaux."
"Les rapports sociaux de propriété capitaliste n’existaient pas en France, où les firmes industrielles n’étaient pas astreintes par la concurrence des prix à mécaniser systématiquement la production, à innover, améliorer et discipliner les processus de travail afin de maximiser les profits et de surpasser les concurrents. Par conséquent, jusqu’au Second Empire, la mécanisation de la production industrielle française était alimentée par les opportunités marchandes plutôt que par la pression du marché. Faisant le bilan de l’industrialisation française pendant cette période, William Reddy souligne « à quel point la force concurrentielle restait faible » et explique que les firmes n’évoluaient pas en suivant « la formation des prix du marché » et n’étaient donc pas contraintes de se lancer dans une « gestion consciente des coûts (cost-conscious). »"
"William Sewell, a consisté à affirmer que, bien que les grandes usines de production restaient éparses en France, le secteur artisanal du pays a connu une transition capitaliste dans le sillage de la suppression des guildes de 1791. Pour des raisons exposées précédemment, je réfute cette thèse."
"J’affirme que les ouvriers français se sont transformés en une classe consciente d’elle-même dans un contexte non capitaliste dans le sillage de la Révolution de 1830 tout comme durant l’intense période de résistance qui a culminé avec la Révolution de 1848. La classe ouvrière s’est formée en opposition à la classe dominante de notables qui monopolisait le pouvoir d’État en tant que moyen d’exploitation, et à travers des luttes dont l’objectif était de consolider les gains acquis à la suite de 1789. Les ouvriers français ont développé un agenda républicain-socialiste en luttant pour une république démocratique et sociale.
Comme je l’ai déjà dit plus haut, sous la Restauration et la monarchie orléaniste, des canaux non capitalistes d’appropriation du surplus sont restés en place. La notabilité, regroupant des nobles et des grands bourgeois, a largement favorisé les formes de richesses « propriétaristes » ou rentières – ils priorisaient l’acquisition de terres et de bâtiments, sécurisaient les intérêts lucratifs par des prêts de l’État ou des prêts privés, tout en investissant seulement environ 3,7 % de leur richesse totale dans des entreprises privées durant cette période. En règle générale, les marchands et industriels ayant du succès cherchaient à rejoindre cette notabilité, grâce à l’acquisition d’une demeure à la campagne ou d’un hôtel privé en ville, et tentaient de sécuriser de prestigieuses carrières politiques ou administratives pour leurs fils. Les notables restaient attachés aux offices d’État en tant que moyens d’enrichissement et marqueurs d’un certain statut social.
C’est contre cette classe dominante qui monopolisait le pouvoir et les revenus d’État que les ouvriers français ont développé leur conscience de classe, dénonçant constamment et se mobilisant collectivement contre le parasitisme d’État, l’utilisation d’offices lucratifs pour servir des intérêts privés et les taxes indirectes qui pesaient sur eux."
Ce qui était nouveau, toutefois, et qui explique dans une large mesure la montée de la résistance de la classe ouvrière de l’époque – était l’absence des guildes depuis 1791, c’est-à-dire d’institutions régulatrices soutenues par l’État et d’injonctions formelles contraignant les artisans à s’associer et à réguler le commerce. En l’absence d’institutions régulatrices officiellement et activement soutenues par l’État central, les ouvriers français se sont mobilisés afin de supprimer les failles concernant leurs métiers en consolidant leurs droits et les régulations coutumières, et cela représentant une lutte politique inextricable.
À l’époque, les socialistes français décriaient les dangers de la « concurrence » et de « l’individualisme », mais le faisaient constamment en se référant aux avancées capitalistes anglaises."
"La consolidation du capitalisme industriel pendant le second tiers du 19e siècle a permis à l’État britannique de générer des revenus inespérés pour financer son armée sans miner sa base économique, tandis que les innovations techniques ont également permis la mécanisation de la guerre. Cela a transformé le contexte international, précipitant l’unification et la restructuration de certains États, tandis que les classes dirigeantes étaient contraintes de moderniser leurs économies en s’inspirant du modèle anglais. La puissance de l’Allemagne, des États-Unis et du Japon a rapidement augmenté, et la France a également dû s’adapter à ce nouveau contexte afin de maintenir sa position géopolitique.
L’ascension du Second Empire après le coup d’État de 1851 a imposé une quasi-dictature personnalisée largement libérée du contrôle parlementaire, comparée aux régimes précédents. Sous l’influence de hauts fonctionnaires saint-simoniens, Napoléon III a rapidement affirmé qu’une révolution industrielle était nécessaire pour consolider le nouveau régime. Une croissance industrielle rapide permettrait d’avoir les moyens de préserver la grandeur de la nation – en réussissant à tenir à distance le pouvoir militaire grandissant des classes dirigeantes étrangères et de leurs États – et de coopter la classe ouvrière – en réduisant le chômage et en augmentant la consommation populaire.
Le gouvernement de l’empereur a rapidement libéralisé le secteur financier et a activement soutenu le développement des banques d’investissement. Pourtant, même si l’offre de capital s’est améliorée, la demande de capital restait limitée en l’absence d’impératifs de marché qui feraient de la maximisation du profit une question de survie économique et contraindrait les firmes françaises à investir systématiquement dans la productivité du travail en améliorant les technologies. En conséquence, l’État s’est engagé dans la construction d’un marché compétitif en dirigeant activement les investissements de capitaux vers la construction de chemins de fer. Le développement rapide des chemins de fer, la construction d’un réseau national de télégraphe et l’émergence concomitante de nouvelles pratiques commerciales et marketing ont engendré la formation d’un espace économique intégré et compétitif dans les années 1860 et 1870, qui a anéanti des industries régionales entières puisque les profits garantis découlaient de l’évaporation des monopoles.
En parallèle, le gouvernement impérial a usé de son pouvoir illimité concernant les politiques de commerce international en vue de stimuler la modernisation de l’économie par la signature d’un traité commercial avec la Grande-Bretagne en 1860 – contre la forte opposition de la majorité des industriels français qui dénonçait un « coup d’État douanier ». Cela, ainsi que des traités commerciaux signés ultérieurement avec de nombreux États européens, ont exposé les firmes industrielles françaises à la concurrence étrangère. Un marché national unifié était désormais intégré et exposé aux impératifs de la concurrence d’un marché capitaliste mondial émergeant.
Avec ce nouveau contexte concurrentiel, les firmes françaises ont été forcées de prendre le contrôle du procès de travail afin d’améliorer la productivité. À partir de la fin des années 1860, la Cour de cassation – plus haute cour de justice en France – a commencé, avec le soutien du Sénat et contre l’opposition occasionnelle de la Chambre des députés, à invalider des décisions du conseil des prud’hommes, avec pour conséquence la rapide érosion de la régulation des métiers artisanaux et industriels. Le résultat a été l’imposition progressive d’une nouvelle discipline industrielle et temporelle à travers le pays."
"Jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’absence de capitalisme agraire en France impliquait que le marché des consommateurs restait limité, et cela a considérablement ralenti son processus d’industrialisation capitaliste. L’exposition à la concurrence internationale des prix (ainsi que la concurrence nationale dans un marché français nouvellement intégré) a eu comme effet d’éliminer rapidement la production artisanale de textile ainsi que d’autres formes auxiliaires de sources de revenus dans cette période. Cela a contraint un nombre croissant de paysans pauvres incapables d’acheter des terres et qui avaient dû compter sur les activités proto-industrielles d’aller dans les centres urbains et de s’investir exclusivement dans le travail industriel. Ce processus d’urbanisation est toutefois resté lent et limité. Cela était dû au fait que la concurrence internationale a également eu comme effet de dévaluer la terre et cela a mené de nombreux grands propriétaires terriens à se départir d’une partie de leurs domaines (tandis qu’ils commençaient à investir de plus en plus dans les firmes industrielles). Ceci a du même coup permis aux paysans qui en avaient les moyens d’acheter de nouvelles terres et d’obtenir des parcelles leur permettant d’être autosuffisants. La conséquence a été l’isolement de la paysannerie française face aux changements économiques en cours pour le reste du siècle, et ce, jusqu’à l’intérieur du 20e siècle.
L’État français et sa classe dirigeante ne se sont pas opposés à cet enracinement d’une grande partie de la paysannerie. Cette dernière classe a constitué la base des régimes successifs et a souvent (mais pas toujours !) fait tampon contre la radicalisation de la classe ouvrière urbaine. Les leaders politiques, dont beaucoup étaient toujours attachés à la France rurale traditionnelle, ont différé la transition vers le capitalisme agraire. En conséquence, ils se sont assuré le rétablissement de tarifs relativement élevés sur les produits agricoles étrangers, à partir des années 1880 et 1890."
"En règle générale, la richesse extraite violemment des colonies était dépensée dans des quêtes féodalo-absolutistes, principalement dans la guerre, la fondation d’un Empire et la consommation ostensible des classes dirigeantes, non pas comme investissements capitalistes."
-Sur la construction du capitalisme en France. Entretien avec Xavier Lafrance, 3 février 2020, Contretemps: https://www.contretemps.eu/construction-capitalisme-france-entretien/
"En France, les paysans ont gagné leur liberté et sécurisé la possession de terres et ont fixé leurs loyers pendant la période médiévale tardive. Ces gains ont été rendus possibles grâce à des solidarités relativement fortes au sein des communautés villageoises, mais également par une concurrence intense pour le contrôle sur la terre et sur les paysans au sein de la seigneurie, que des liens de vassalité trop lâches n’ont pas réussie à modérer suffisamment au profit de cette dernière. La résistance populaire, le manque de cohésion entre classes et la concurrence d’un État monarchique cherchant à la fois à sauvegarder et à taxer la petite propriété paysanne, ont sérieusement menacé les intérêts des nobles. Alors que les conflits politiques, et souvent militaires, avec la couronne demeuraient endémiques, de nombreux nobles ont été forcés de se tourner vers les appareils monarchiques d’État concentrés, ajoutant aux loyers les revenus des taxes. L’incorporation de secteurs de la vieille noblesse et, de plus en plus, de la haute bourgeoisie à l’État s’est faite par l’octroi ou la vente de charges vénales. Accumulant des richesses via des structures administratives financées par le truchement des taxes,, mais aussi via les intérêts des prêts à la couronne, les monopoles commerciaux et, à un niveau plus vaste encore, par les loyers, une classe parasitaire d’aristocrates financiers taxant les paysans a constitué la base sociale du nouvel État.
La formation de ce nouveau mode de production et d’exploitation a eu d’importantes conséquences pour le développement politique et économique du pays. La vente de fonctions vénales a mené à une privatisation du pouvoir d’État, qui a été pulvérisé par le processus même qui était censé le consolider. Avec la reproduction d’une myriade de juridictions féodales locales et régionales en concurrence les unes avec les autres au sein de l’État, le développement d’un appareil administratif moderne a été rendu impossible, les officiels d’État utilisant leurs fonctions comme des moyens d’enrichissement patrimoniaux.
Ce mode renouvelé d’exploitation extra-économique de classe n’était pas propice au soutien de la croissance économique. La France a connu une croissance substantielle dans l’agriculture et la manufacture de la fin du 17e siècle jusqu’à la Révolution, la demande urbaine grandissante et le commerce colonial alimentant la production commerciale. L’agriculture commerciale, toutefois, ne représentait rien de nouveau et ni les seigneurs ni les paysans n’étaient incités ou forcés à se spécialiser, à adopter de nouvelles techniques agricoles ou à consolider des parcelles de terre ou des domaines. Les seigneurs n’avaient aucune intention d’exproprier les paysans et poursuivaient au contraire la pratique consistant à ancrer de plus en plus la force de travail paysanne dans le sol. Même dans le bassin parisien, où la commercialisation était plus étendue, on ne retrouvait pas de calcul systématique des coûts de travail, le nombre de petites fermes paysannes restait important et continuait de croître, tandis que les baux quasi féodaux étaient encore la règle. Les rendements augmentaient, car davantage de parcelles étaient mises en culture et de larges réserves de travail rural étaient exploitées par les seigneurs dans les campagnes et par les marchands dans la production proto-industrielle. À des années-lumière d’un processus de transition vers le capitalisme, comme l’explique Steve Miller, cette augmentation des rendements s’est fait « par l’intensification du travail et la stagnation ou le déclin des recettes de chaque heure supplémentaire de travail[7]. »
Les choses ont pris un tour radicalement différent en Angleterre. Pour le dire simplement, le capitalisme agraire est apparu comme une alternative à l’absolutisme. Le pouvoir d’État centralisé et une plus grande coopération de classe ont permis aux seigneurs de renforcer les baux « économiques. » La propriété foncière et le loyer économique sont devenus la pierre angulaire de la reproduction de la classe dirigeante anglaise et les tentations absolutistes ont définitivement été mises au placard par la soi-disant « Glorieuse Révolution » de 1688, qui a permis aux seigneurs d’affirmer leur pouvoir parlementaire face à la couronne. Les baux économiques ont établi des loyers via la compétition marchande, contraignant ainsi les paysans à se spécialiser, à accroître la productivité du travail, à innover, ainsi qu’à réinvestir le surplus afin de préserver l’accès à leurs terres. Il en a résulté une croissance économique soutenue dans les campagnes qui a engendré une dépossession continue des tenanciers traditionnels et une croissance démographique rapide de même qu’une urbanisation menant à la montée de marchés compétitifs de masse, de travail et de consommateurs – lesquels ont levé le plafond malthusien du développement industriel en Angleterre.
De plus, la dépendance vis-à-vis des loyers économiques par opposition à la propriété constituée politiquement a rendu possible le développement des appareils modernes d’État[8]. Parce que son économie était bien plus productive et ses appareils administratifs bien plus efficaces, l’État anglais a également pu emprunter à des taux avantageux afin de financer ses efforts militaires. Tout cela a donné un avantage géopolitique décisif à l’Angleterre.
En France, en l’absence de capitalisme agraire, l’expansion des revenus d’État dépendait de l’« accumulation géopolitique » en cours, de manière à acquérir une large base d’imposition. Des secteurs de l’élite de l’État français ont cherché à réformer et à libéraliser les secteurs agraires et manufacturiers du pays, mais ces tentatives tendaient à menacer la stratégie extra-économique de reproduction de la classe dirigeante et ont donc souvent été repoussées et ont globalement échoué.
Incapable d’imiter le développement économique intensif anglais, l’État français a dû continuer à se fonder sur une stratégie d’expansion territorial. Toutefois, la conquête territoriale sur le continent a été difficile et coûteuse, tandis que l’expansion coloniale était de plus en plus contrée par le pouvoir anglais grandissant. Embourbé dans des conflits militaires successifs avec ses voisins, l’État français a dû imposer des taxes punitives à sa paysannerie, recourir à la vente d’offices qui a intensifié le caractère byzantin de son appareil administratif, ainsi que contracter des dettes de plus en plus importantes. Cela a engendré une situation fiscale catastrophique et un mécontentement généralisé parmi les élites et les classes populaires – la toile de fond de l’explosion révolutionnaire de 1789."
"En demandant à ce que les positions au sein de l’État soient « ouvertes aux talents » et en réclamant des réformes libérales au sein de l’administration d’État, la bourgeoisie n’a pas tenté de dépasser le mode d’exploitation existant, mais a en fait renforcé sa position en son sein. La Révolution a été un conflit entre classes dirigeantes, opposant les bourgeois et les aristocrates, concernant l’accès à la propriété politiquement constituée. Ce conflit entre dominants a été flanqué d’un mouvement populaire d’artisans et de paysans exploités, dans un contexte d’intensification des pressions géopolitiques exercées sur l’État français, ayant contribué à une intense politisation des questions fiscales.
La rationalisation partielle de l’État – la poursuite d’un projet de longue haleine poursuivi par les réformistes de l’ancien régime désormais pris en main par la bourgeoisie éclairée – qui s’est faite pendant la Révolution et sous le Premier Empire était limitée par la reproduction de formes d’appropriation politiquement constituées traversant la division révolutionnaire. Le népotisme et les pratiques quasi patrimoniales demeuraient omniprésents au sein de l’administration. Comme cela est universellement reconnu, la Révolution a consolidé et a contribué à diffuser la propriété petite-paysanne pour les décennies à venir. Cela excluait du même coup l’apparition du capitalisme agraire en France."
"La production industrielle avait cours sous l’ancien régime, mais les investissements et la mécanisation restaient très limités, malgré les efforts effectués par l’État pour stimuler l’industrialisation. À la veille de la Révolution, dans le commerce de coton, l’Angleterre avait 260 fuseaux pour 1000 habitants, contre 2 en France, tandis qu’il y avait 900 machines à filer en France contre 20 000 en Angleterre, et pas plus d’une douzaine de machines à filer à énergie hydraulique dans l’hexagone contre 9000 outre-Manche. La supériorité anglaise était criante et le gros du secteur industriel français s’est effondré suite à la signature d’un traité commercial entre les deux États en 1786. Plutôt que d’investir de manière à rendre les sites de production plus productifs, les marchands de textiles français ont simplement acheté du fil à l’Angleterre afin de le vendre en France.
Les investissements industriels ont connu une accélération sans précédent au cours des décennies qui ont suivi la Révolution, dans le contexte d’un marché national protégé, mais la productivité du travail industriel restait bien plus faible en France en comparaison de la Grande-Bretagne. Ceci en raison d’un rythme de mécanisation de la production plus faible à l’époque en France. En guise d’illustration, il faut voir qu’en 1830, on pouvait trouver 3000 machines à vapeur en France pour une puissance de 15 000 chevaux-vapeur, alors que la Grande-Bretagne en comptait 15 000 pour une puissance totale de 250 000 chevaux-vapeur. En 1840, la France, dont la population s’élevait à 35 millions d’habitants, possédait des machines à vapeur produisant 34 000 chevaux-vapeur, alors que la Grande-Bretagne, avec une population de 19 millions d’habitants, avait des machines à vapeur produisant 350 000 chevaux-vapeur. En 1850, ces statistiques avaient respectivement augmenté pour atteindre 67 000 chevaux-vapeur contre 544 000 en Grande-Bretagne, tandis que la France était alors passée derrière la Prusse."
"Un premier facteur à prendre en compte est que le capitalisme agraire étant absent en France, le marché de consommation intérieur du pays restait limité et cela a nécessairement ralenti la croissance industrielle. Mais au-delà de l’étendue et de la profondeur du marché, il faut également prendre sa nature en considération. Jusqu’au dernier tiers du 19e siècle, il n’y avait pas de marché intégré et compétitif en France. Malgré l’abolition de tarifs internes pendant la Révolution, l’absence d’infrastructures de transport adéquates impliquait que l’espace économique national français restait fortement fragmenté et constituait une série de marchés locaux et régionaux. Ces espaces locaux et régionaux n’étaient pas organisés par le mécanisme de la concurrence des prix et restaient régulés par les usages habituels du commerce appliqués par des institutions telles que les prud’hommes, les tribunaux commerciaux et les gouvernements locaux."
"Les rapports sociaux de propriété capitaliste n’existaient pas en France, où les firmes industrielles n’étaient pas astreintes par la concurrence des prix à mécaniser systématiquement la production, à innover, améliorer et discipliner les processus de travail afin de maximiser les profits et de surpasser les concurrents. Par conséquent, jusqu’au Second Empire, la mécanisation de la production industrielle française était alimentée par les opportunités marchandes plutôt que par la pression du marché. Faisant le bilan de l’industrialisation française pendant cette période, William Reddy souligne « à quel point la force concurrentielle restait faible » et explique que les firmes n’évoluaient pas en suivant « la formation des prix du marché » et n’étaient donc pas contraintes de se lancer dans une « gestion consciente des coûts (cost-conscious). »"
"William Sewell, a consisté à affirmer que, bien que les grandes usines de production restaient éparses en France, le secteur artisanal du pays a connu une transition capitaliste dans le sillage de la suppression des guildes de 1791. Pour des raisons exposées précédemment, je réfute cette thèse."
"J’affirme que les ouvriers français se sont transformés en une classe consciente d’elle-même dans un contexte non capitaliste dans le sillage de la Révolution de 1830 tout comme durant l’intense période de résistance qui a culminé avec la Révolution de 1848. La classe ouvrière s’est formée en opposition à la classe dominante de notables qui monopolisait le pouvoir d’État en tant que moyen d’exploitation, et à travers des luttes dont l’objectif était de consolider les gains acquis à la suite de 1789. Les ouvriers français ont développé un agenda républicain-socialiste en luttant pour une république démocratique et sociale.
Comme je l’ai déjà dit plus haut, sous la Restauration et la monarchie orléaniste, des canaux non capitalistes d’appropriation du surplus sont restés en place. La notabilité, regroupant des nobles et des grands bourgeois, a largement favorisé les formes de richesses « propriétaristes » ou rentières – ils priorisaient l’acquisition de terres et de bâtiments, sécurisaient les intérêts lucratifs par des prêts de l’État ou des prêts privés, tout en investissant seulement environ 3,7 % de leur richesse totale dans des entreprises privées durant cette période. En règle générale, les marchands et industriels ayant du succès cherchaient à rejoindre cette notabilité, grâce à l’acquisition d’une demeure à la campagne ou d’un hôtel privé en ville, et tentaient de sécuriser de prestigieuses carrières politiques ou administratives pour leurs fils. Les notables restaient attachés aux offices d’État en tant que moyens d’enrichissement et marqueurs d’un certain statut social.
C’est contre cette classe dominante qui monopolisait le pouvoir et les revenus d’État que les ouvriers français ont développé leur conscience de classe, dénonçant constamment et se mobilisant collectivement contre le parasitisme d’État, l’utilisation d’offices lucratifs pour servir des intérêts privés et les taxes indirectes qui pesaient sur eux."
Ce qui était nouveau, toutefois, et qui explique dans une large mesure la montée de la résistance de la classe ouvrière de l’époque – était l’absence des guildes depuis 1791, c’est-à-dire d’institutions régulatrices soutenues par l’État et d’injonctions formelles contraignant les artisans à s’associer et à réguler le commerce. En l’absence d’institutions régulatrices officiellement et activement soutenues par l’État central, les ouvriers français se sont mobilisés afin de supprimer les failles concernant leurs métiers en consolidant leurs droits et les régulations coutumières, et cela représentant une lutte politique inextricable.
À l’époque, les socialistes français décriaient les dangers de la « concurrence » et de « l’individualisme », mais le faisaient constamment en se référant aux avancées capitalistes anglaises."
"La consolidation du capitalisme industriel pendant le second tiers du 19e siècle a permis à l’État britannique de générer des revenus inespérés pour financer son armée sans miner sa base économique, tandis que les innovations techniques ont également permis la mécanisation de la guerre. Cela a transformé le contexte international, précipitant l’unification et la restructuration de certains États, tandis que les classes dirigeantes étaient contraintes de moderniser leurs économies en s’inspirant du modèle anglais. La puissance de l’Allemagne, des États-Unis et du Japon a rapidement augmenté, et la France a également dû s’adapter à ce nouveau contexte afin de maintenir sa position géopolitique.
L’ascension du Second Empire après le coup d’État de 1851 a imposé une quasi-dictature personnalisée largement libérée du contrôle parlementaire, comparée aux régimes précédents. Sous l’influence de hauts fonctionnaires saint-simoniens, Napoléon III a rapidement affirmé qu’une révolution industrielle était nécessaire pour consolider le nouveau régime. Une croissance industrielle rapide permettrait d’avoir les moyens de préserver la grandeur de la nation – en réussissant à tenir à distance le pouvoir militaire grandissant des classes dirigeantes étrangères et de leurs États – et de coopter la classe ouvrière – en réduisant le chômage et en augmentant la consommation populaire.
Le gouvernement de l’empereur a rapidement libéralisé le secteur financier et a activement soutenu le développement des banques d’investissement. Pourtant, même si l’offre de capital s’est améliorée, la demande de capital restait limitée en l’absence d’impératifs de marché qui feraient de la maximisation du profit une question de survie économique et contraindrait les firmes françaises à investir systématiquement dans la productivité du travail en améliorant les technologies. En conséquence, l’État s’est engagé dans la construction d’un marché compétitif en dirigeant activement les investissements de capitaux vers la construction de chemins de fer. Le développement rapide des chemins de fer, la construction d’un réseau national de télégraphe et l’émergence concomitante de nouvelles pratiques commerciales et marketing ont engendré la formation d’un espace économique intégré et compétitif dans les années 1860 et 1870, qui a anéanti des industries régionales entières puisque les profits garantis découlaient de l’évaporation des monopoles.
En parallèle, le gouvernement impérial a usé de son pouvoir illimité concernant les politiques de commerce international en vue de stimuler la modernisation de l’économie par la signature d’un traité commercial avec la Grande-Bretagne en 1860 – contre la forte opposition de la majorité des industriels français qui dénonçait un « coup d’État douanier ». Cela, ainsi que des traités commerciaux signés ultérieurement avec de nombreux États européens, ont exposé les firmes industrielles françaises à la concurrence étrangère. Un marché national unifié était désormais intégré et exposé aux impératifs de la concurrence d’un marché capitaliste mondial émergeant.
Avec ce nouveau contexte concurrentiel, les firmes françaises ont été forcées de prendre le contrôle du procès de travail afin d’améliorer la productivité. À partir de la fin des années 1860, la Cour de cassation – plus haute cour de justice en France – a commencé, avec le soutien du Sénat et contre l’opposition occasionnelle de la Chambre des députés, à invalider des décisions du conseil des prud’hommes, avec pour conséquence la rapide érosion de la régulation des métiers artisanaux et industriels. Le résultat a été l’imposition progressive d’une nouvelle discipline industrielle et temporelle à travers le pays."
"Jusqu’à la Première Guerre mondiale, l’absence de capitalisme agraire en France impliquait que le marché des consommateurs restait limité, et cela a considérablement ralenti son processus d’industrialisation capitaliste. L’exposition à la concurrence internationale des prix (ainsi que la concurrence nationale dans un marché français nouvellement intégré) a eu comme effet d’éliminer rapidement la production artisanale de textile ainsi que d’autres formes auxiliaires de sources de revenus dans cette période. Cela a contraint un nombre croissant de paysans pauvres incapables d’acheter des terres et qui avaient dû compter sur les activités proto-industrielles d’aller dans les centres urbains et de s’investir exclusivement dans le travail industriel. Ce processus d’urbanisation est toutefois resté lent et limité. Cela était dû au fait que la concurrence internationale a également eu comme effet de dévaluer la terre et cela a mené de nombreux grands propriétaires terriens à se départir d’une partie de leurs domaines (tandis qu’ils commençaient à investir de plus en plus dans les firmes industrielles). Ceci a du même coup permis aux paysans qui en avaient les moyens d’acheter de nouvelles terres et d’obtenir des parcelles leur permettant d’être autosuffisants. La conséquence a été l’isolement de la paysannerie française face aux changements économiques en cours pour le reste du siècle, et ce, jusqu’à l’intérieur du 20e siècle.
L’État français et sa classe dirigeante ne se sont pas opposés à cet enracinement d’une grande partie de la paysannerie. Cette dernière classe a constitué la base des régimes successifs et a souvent (mais pas toujours !) fait tampon contre la radicalisation de la classe ouvrière urbaine. Les leaders politiques, dont beaucoup étaient toujours attachés à la France rurale traditionnelle, ont différé la transition vers le capitalisme agraire. En conséquence, ils se sont assuré le rétablissement de tarifs relativement élevés sur les produits agricoles étrangers, à partir des années 1880 et 1890."
"En règle générale, la richesse extraite violemment des colonies était dépensée dans des quêtes féodalo-absolutistes, principalement dans la guerre, la fondation d’un Empire et la consommation ostensible des classes dirigeantes, non pas comme investissements capitalistes."
-Sur la construction du capitalisme en France. Entretien avec Xavier Lafrance, 3 février 2020, Contretemps: https://www.contretemps.eu/construction-capitalisme-france-entretien/