"Que craignait à l’époque le Parti communiste ?
Que les cités ouvrières, qu’en général il gérait, se transforment sous la pression du chômage, de la pauvreté mais aussi d’une immigration déséquilibrée, en « territoires perdus de la République », qu’au sein de ces territoires, le marché de la drogue devienne une économie de substitution, c’était leur crainte. Les dirigeants du PCF, forts de leur expérience de terrain, avaient parfaitement vu le danger, témoin de premier rang, je peux en attester. La déchirure du lien social, le communautarisme, la division des classes populaires, tout cela les préoccupait au premier chef. À juste titre.
Ce qu’ils avaient combattu, essayé de conjurer, sous les accusations, les injures et les quolibets, s’est produit. Les ouvriers sont partis, les plus pauvres d’entre eux devenant des « périurbains ». Ils l’ont fait avec leurs bagages, mais en oubliant leurs armes, et la plus importante d’entre elles, « la conscience de classe ». Celle que le Parti communiste avait réussi à forger entre les deux guerres et surtout dans la Résistance. Aujourd’hui, le Parti communiste effondré, marqués par un fort sentiment d’abandon, les ouvriers votent en nombre pour le Front National, pendant que les intellectuels dominants du Parti socialiste théorisent la nécessité de les passer par pertes et profits.
On fait mine aujourd’hui de découvrir les « territoires perdus de la république », on s’effarouche de l’économie de la drogue, on s’affole devant les kalachnikovs, on pleure sur le vote ouvrier capté par le Front National. On cite abondamment Brustier-Huelin et Christophe Guilluy. Trop tard ?
Le Parti communiste français était un parti bourré de défauts. Ouvriériste et stalinien, porteur du syndrome si français de « fille aînée de l’église », Rome étant cette fois-ci à Moscou… Il était attaché aux dogmes, adorait la liturgie, et célébrait ses grand-messes avec un faste sans pareil chaque rentrée à La Courneuve. Ah, on ne faisait pas dans le sociétal, place du colonel Fabien. On peut même se poser la question de savoir, la question du mariage gay étant posée à cette époque, si l’on n’aurait pas constaté des convergences entre Georges Marchais et Monseigneur Barbarin.
Mais le PCF fut aussi et surtout, l’outil de l’intégration à la Nation de la classe ouvrière. Il lui donna sa conscience de classe et sa fierté. Il fut aussi l’instrument de l’assimilation (oui, l’assimilation) de plusieurs vagues de travailleurs immigrés du fait de son hégémonie au sein du monde du travail. De sa formidable capacité d’éducation.
Sa disparition comme parti politique majeur, due à des facteurs historiques de diverses natures, était inévitable.
On peut quand même constater, sans que ce soit de la nostalgie, qu’il nous manque. Et qu’il savait faire preuve, parfois, de pertinence politique. Tiens, deux autres slogans de l’époque lancés, (très précisément à l’occasion des premières élections européennes, en 1979), là encore sous les quolibets du Monde, de Libé et du Figaro, et les accusations de chauvinisme et de xénophobie, voire pire.
– « Produisons français ! » François Bayrou en a fait un thème de campagne, et François Hollande un ministère.
– « Non à l’Europe allemande ! ». Sous une autre forme (plus élégante ?) les opposants au TSCG ne disent pas autre chose…"
-Régis de Castelnau, "Bulldozer de Vitry : et si le PCF avait raison ?", 15 octobre 2012: https://www.causeur.fr/bulldozer-de-vitry-et-si-le-pcf-avait-raison-19545
http://www.reveilcommuniste.fr/2019/09/comment-detacher-les-proletaires-de-l-extreme-droite.html
Que les cités ouvrières, qu’en général il gérait, se transforment sous la pression du chômage, de la pauvreté mais aussi d’une immigration déséquilibrée, en « territoires perdus de la République », qu’au sein de ces territoires, le marché de la drogue devienne une économie de substitution, c’était leur crainte. Les dirigeants du PCF, forts de leur expérience de terrain, avaient parfaitement vu le danger, témoin de premier rang, je peux en attester. La déchirure du lien social, le communautarisme, la division des classes populaires, tout cela les préoccupait au premier chef. À juste titre.
Ce qu’ils avaient combattu, essayé de conjurer, sous les accusations, les injures et les quolibets, s’est produit. Les ouvriers sont partis, les plus pauvres d’entre eux devenant des « périurbains ». Ils l’ont fait avec leurs bagages, mais en oubliant leurs armes, et la plus importante d’entre elles, « la conscience de classe ». Celle que le Parti communiste avait réussi à forger entre les deux guerres et surtout dans la Résistance. Aujourd’hui, le Parti communiste effondré, marqués par un fort sentiment d’abandon, les ouvriers votent en nombre pour le Front National, pendant que les intellectuels dominants du Parti socialiste théorisent la nécessité de les passer par pertes et profits.
On fait mine aujourd’hui de découvrir les « territoires perdus de la république », on s’effarouche de l’économie de la drogue, on s’affole devant les kalachnikovs, on pleure sur le vote ouvrier capté par le Front National. On cite abondamment Brustier-Huelin et Christophe Guilluy. Trop tard ?
Le Parti communiste français était un parti bourré de défauts. Ouvriériste et stalinien, porteur du syndrome si français de « fille aînée de l’église », Rome étant cette fois-ci à Moscou… Il était attaché aux dogmes, adorait la liturgie, et célébrait ses grand-messes avec un faste sans pareil chaque rentrée à La Courneuve. Ah, on ne faisait pas dans le sociétal, place du colonel Fabien. On peut même se poser la question de savoir, la question du mariage gay étant posée à cette époque, si l’on n’aurait pas constaté des convergences entre Georges Marchais et Monseigneur Barbarin.
Mais le PCF fut aussi et surtout, l’outil de l’intégration à la Nation de la classe ouvrière. Il lui donna sa conscience de classe et sa fierté. Il fut aussi l’instrument de l’assimilation (oui, l’assimilation) de plusieurs vagues de travailleurs immigrés du fait de son hégémonie au sein du monde du travail. De sa formidable capacité d’éducation.
Sa disparition comme parti politique majeur, due à des facteurs historiques de diverses natures, était inévitable.
On peut quand même constater, sans que ce soit de la nostalgie, qu’il nous manque. Et qu’il savait faire preuve, parfois, de pertinence politique. Tiens, deux autres slogans de l’époque lancés, (très précisément à l’occasion des premières élections européennes, en 1979), là encore sous les quolibets du Monde, de Libé et du Figaro, et les accusations de chauvinisme et de xénophobie, voire pire.
– « Produisons français ! » François Bayrou en a fait un thème de campagne, et François Hollande un ministère.
– « Non à l’Europe allemande ! ». Sous une autre forme (plus élégante ?) les opposants au TSCG ne disent pas autre chose…"
-Régis de Castelnau, "Bulldozer de Vitry : et si le PCF avait raison ?", 15 octobre 2012: https://www.causeur.fr/bulldozer-de-vitry-et-si-le-pcf-avait-raison-19545
http://www.reveilcommuniste.fr/2019/09/comment-detacher-les-proletaires-de-l-extreme-droite.html