https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Cl%C3%A9ment_Martin
https://fr.1lib.fr/book/4144875/9e791d?dsource=recommend
"En mobilisant des attitudes, affirmation de soi, révolte individuelle et sacrifice, ainsi que la notion de sublime, qui participent « du romantisme », il est possible de mettre en évidence la façon par laquelle la période révolutionnaire s’est bâtie dans l’emploi et dans le rejet de ces postures et modes de pensée."
"De Burke à Schiller en passant par Diderot et Kant, le sublime dépasse le beau, est associé au spectacle terrifiant, mais enthousiasmant, la question étant de savoir si le spectateur s’associe ou non au spectacle [...] Les orientations principales demeurent le dépassement de l’entendement devant des forces supérieures, la confrontation acceptée avec l’effroi, la soumission revendiquée de l’individu à des émotions collectives."
"Poussé à l’extrême, cette recherche d’une mort volontaire combattante, cette quête de la mort sublimée passe par les suicides à deux et la curieuse proposition d’Olympe de Gouges à Robespierre de se jeter ensemble dans la Seine, attachés l’un à l’autre pour le salut de la patrie."
"On retrouve le même élan dans les déclarations, qui peuvent passer pour une expression pathétique, de tous ceux qui exhibent des blessures ou qui revendiquent une mort héroïque. Le cas le plus extrême est sans doute celui de ce soldat nantais qui réclame que sa peau soit tannée pour servir de tambour après sa mort. Autant ces cas demeurent un peu inquiétants pour la santé mentale de leurs énonciateurs, autant ils sont intéressants pour ce qu’ils disent d’un climat culturel, dans lequel sacrifice et abandon aux valeurs collectives sont partagés par le plus grand nombre. Dans ce véritable « transfert de sacralité », la collecte des restes des martyrs est systématique, remplaçant les pratiques réservées aux saints de la religion catholique."
"Engouement d’une partie notable du clergé, appartenant à l’Aufklärung catholique pour reprendre la formule de Bernard Plongeron, qui, au début de la Révolution, est convaincu que la Révolution ne peut que réaliser le bonheur sur terre en unissant l’amour du Christ et celui de la Nation. Cette conviction explique l’acceptation proprement sacrificielle de mise à la disposition de la Nation de tous les biens du clergé, même si la question de la propriété du presbytère sera un point de friction, par tous ces clercs convaincus de la nécessité de retrouver une pureté primitive pour assurer le salut du pays."
"A côté des appels de Robespierre ou de Danton au « sublime peuple » régulièrement cités, le discours du 7 mai 1794 (18 floréal an II) de Robespierre fait explicitement référence au sublime à nombreuses occurrences. Il évoque ainsi le « sublime peuple » afin que celui-ci puisse recevoir le sacrifice de tout son être, la secte « sublime » des stoïciens, l’ « abandon sublime » des femmes donnant leurs enfants à la patrie, et le « sublime enthousiasme », au point où il peut proposer une fête du Malheur dans la longue liste des thèmes des fêtes nationales."
"Contrairement à toute la tradition répétée, la « terreur » n’a jamais été « mise à l’ordre du jour » en septembre 1793, que ce soit l’ordre du jour national, fort improbable, ou simplement celui de la Convention, puisque les députés ont explicitement rejeté cette inscription, et sont contentés de créer a minima une armée révolutionnaire sans guillotine, donc sans les outils officiels de la « terreur » légale. L’étude la plus élémentaire des débats du 5 septembre 1793 montre parfaitement que la demande de mise à l’ordre du jour a été déposée par une délégation de la Commune, relayée par un discours de Barère, qui ne statue pas, et que, précisément, il n’y a aucun décret ni aucune loi qui ne fasse écho à cette revendication. Contrairement à ce qui est couramment affirmé avec la seule justification de la tradition historiographique ici prise en défaut, l’appel à la terreur est rhétorique et ses effets calculés. Il s’agit là d’une conviction qui semble être partagée par les « hommes de gouvernement », ainsi que l’on pourrait les qualifier, qui comme Duport en février 1791 estiment que « la force ne donne que la terreur » et que ce ne doit pas être un outil requis par une révolution soucieuse des intérêts de l’humanité."
"Mise en scène de la mort de Bara et de Viala, en hiver et au printemps 1794.Ces « héros » de papier sont littéralement inventés par Robespierre et par Barère.(L’héroïsation a été réussie en 1794, et a été durable jusqu’à la fin du XIXe siècle ! )."
"Michelet qui attribue la « violence » à Robespierre et à la populace."
-Jean-Clément Martin, « La Révolution, une révolution romantique ? », in D. Couty, R. Kopp dir., Romantisme et révolution(s), Gallimard, Fondation des Treilles, 2008, p. 77-92: https://www.academia.edu/10075293/La_R%C3%A9volution_fran%C3%A7aise_une_r%C3%A9volution_romantique_
https://fr.1lib.fr/book/4144875/9e791d?dsource=recommend
"En mobilisant des attitudes, affirmation de soi, révolte individuelle et sacrifice, ainsi que la notion de sublime, qui participent « du romantisme », il est possible de mettre en évidence la façon par laquelle la période révolutionnaire s’est bâtie dans l’emploi et dans le rejet de ces postures et modes de pensée."
"De Burke à Schiller en passant par Diderot et Kant, le sublime dépasse le beau, est associé au spectacle terrifiant, mais enthousiasmant, la question étant de savoir si le spectateur s’associe ou non au spectacle [...] Les orientations principales demeurent le dépassement de l’entendement devant des forces supérieures, la confrontation acceptée avec l’effroi, la soumission revendiquée de l’individu à des émotions collectives."
"Poussé à l’extrême, cette recherche d’une mort volontaire combattante, cette quête de la mort sublimée passe par les suicides à deux et la curieuse proposition d’Olympe de Gouges à Robespierre de se jeter ensemble dans la Seine, attachés l’un à l’autre pour le salut de la patrie."
"On retrouve le même élan dans les déclarations, qui peuvent passer pour une expression pathétique, de tous ceux qui exhibent des blessures ou qui revendiquent une mort héroïque. Le cas le plus extrême est sans doute celui de ce soldat nantais qui réclame que sa peau soit tannée pour servir de tambour après sa mort. Autant ces cas demeurent un peu inquiétants pour la santé mentale de leurs énonciateurs, autant ils sont intéressants pour ce qu’ils disent d’un climat culturel, dans lequel sacrifice et abandon aux valeurs collectives sont partagés par le plus grand nombre. Dans ce véritable « transfert de sacralité », la collecte des restes des martyrs est systématique, remplaçant les pratiques réservées aux saints de la religion catholique."
"Engouement d’une partie notable du clergé, appartenant à l’Aufklärung catholique pour reprendre la formule de Bernard Plongeron, qui, au début de la Révolution, est convaincu que la Révolution ne peut que réaliser le bonheur sur terre en unissant l’amour du Christ et celui de la Nation. Cette conviction explique l’acceptation proprement sacrificielle de mise à la disposition de la Nation de tous les biens du clergé, même si la question de la propriété du presbytère sera un point de friction, par tous ces clercs convaincus de la nécessité de retrouver une pureté primitive pour assurer le salut du pays."
"A côté des appels de Robespierre ou de Danton au « sublime peuple » régulièrement cités, le discours du 7 mai 1794 (18 floréal an II) de Robespierre fait explicitement référence au sublime à nombreuses occurrences. Il évoque ainsi le « sublime peuple » afin que celui-ci puisse recevoir le sacrifice de tout son être, la secte « sublime » des stoïciens, l’ « abandon sublime » des femmes donnant leurs enfants à la patrie, et le « sublime enthousiasme », au point où il peut proposer une fête du Malheur dans la longue liste des thèmes des fêtes nationales."
"Contrairement à toute la tradition répétée, la « terreur » n’a jamais été « mise à l’ordre du jour » en septembre 1793, que ce soit l’ordre du jour national, fort improbable, ou simplement celui de la Convention, puisque les députés ont explicitement rejeté cette inscription, et sont contentés de créer a minima une armée révolutionnaire sans guillotine, donc sans les outils officiels de la « terreur » légale. L’étude la plus élémentaire des débats du 5 septembre 1793 montre parfaitement que la demande de mise à l’ordre du jour a été déposée par une délégation de la Commune, relayée par un discours de Barère, qui ne statue pas, et que, précisément, il n’y a aucun décret ni aucune loi qui ne fasse écho à cette revendication. Contrairement à ce qui est couramment affirmé avec la seule justification de la tradition historiographique ici prise en défaut, l’appel à la terreur est rhétorique et ses effets calculés. Il s’agit là d’une conviction qui semble être partagée par les « hommes de gouvernement », ainsi que l’on pourrait les qualifier, qui comme Duport en février 1791 estiment que « la force ne donne que la terreur » et que ce ne doit pas être un outil requis par une révolution soucieuse des intérêts de l’humanité."
"Mise en scène de la mort de Bara et de Viala, en hiver et au printemps 1794.Ces « héros » de papier sont littéralement inventés par Robespierre et par Barère.(L’héroïsation a été réussie en 1794, et a été durable jusqu’à la fin du XIXe siècle ! )."
"Michelet qui attribue la « violence » à Robespierre et à la populace."
-Jean-Clément Martin, « La Révolution, une révolution romantique ? », in D. Couty, R. Kopp dir., Romantisme et révolution(s), Gallimard, Fondation des Treilles, 2008, p. 77-92: https://www.academia.edu/10075293/La_R%C3%A9volution_fran%C3%A7aise_une_r%C3%A9volution_romantique_