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    Cédric Brélaz, La vie démocratique dans les cités grecques à l’époque impériale. Notes de lectures et orientations de la recherche

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Cédric Brélaz, 	La vie démocratique dans les cités grecques à l’époque impériale. Notes de lectures et orientations de la recherche Empty Cédric Brélaz, La vie démocratique dans les cités grecques à l’époque impériale. Notes de lectures et orientations de la recherche

    Message par Johnathan R. Razorback Ven 17 Sep - 20:47

    "Transformations qu'avait subies l'institution démocratique depuis l'époque hellénistique et la place qui était désormais la sienne dans la vie politique des cités grecques. C'est à ce travail que s'est attelé [Henri Fernoux] pour les poleis des provinces anatoliennes, du règne d'Auguste à la fin du IIIe siècle." (p.370)

    "La possession d'une fortune minimale, même si cela ne semble pas avoir été partout une obligation légale, était un prérequis nécessaire pour pouvoir sièger au Conseil dans les poleis à l'époque impériale. Dans la grande majorité des cas toutefois, le dèmos [...] devait réunir l'ensemble des citoyens, indépendamment de toute distinction socio-économique." (p.373)

    "Le peuple, indépendamment de ses prérogatives institutionnelles, avait une influence sur le déroulement de la vie civique et sur les décisions publiques par la force physique qu'il représentait. [...] Très nombreuses émeutes populaires auxquelles les sources font allusion pour les cités d'Asie Mineure à l'époque impériale. Ces réunions spontanées de la population, en dehors de toute séance formelle, qui comprenaient non seulement les citoyens, mais aussi les catégories de la population ne jouissant pas des droits civiques (comme les étrangers, les femmes, les enfants) pouvaient provoquer l'intervention des magistrats, comme l'illustre, en particulier, la fameuse émeute des orfèvres à Éphèse à la suite de la prédication de l'apôtre Paul. On ne devrait pas sous-estimer la pression que la foule pouvait exercer sur les notables lors des rassemblements populaires, y compris dans le cadre d'une assemblée officielle [...] Lorsque les inscriptions, comme à Iasos, font état de la "volonté du peuple" [...] de voir un notable s'acquitter d'une liturgie ou offrir des largesses à la population, il faut comprendre que le dèmos, par sa présence massive à une réunion, était en mesure d'imposer des engagements à un individu, aussi éminent fût-il, ce qui est d'ailleurs un des ressorts du système qu'était l'évergétisme."
    (pp.374-375)

    "Si les acclamations ont pu parfois acquérir, avec le temps, "la même valeur et la même fonction que les décrets civiques traditionnels" [...] celles-ci ne sont toutefois pas substituées entièrement aux décisions prises formellement par les assemblées. Cela peut se vérifier dans le dossier épigraphique d'Ovacik, sur le territoire de Termessos, concernant un certain Hermaios ayant contribué à la sauvegarde de la cité contre l'attaque de brigands isauriens dans les années 270-280: après plusieurs acclamations en l'honneur de l'intéressé, la foule réclame qu'un décret en bonne et due forme soit voté en sa faveur [...] Il n'empêche que cette tendance à recourir aux acclamations est révélatrice des mutations sociologiques à l'œuvre dans les poleis au cours de l'époque impériale. Le peuple a alors tendance à être perçu comme une masse indistincte dont on s'efforce de stimuler et d'obtenir l'adhésion collective plutôt que la somme d'individualité entre lesquelles un débat est possible." (p.376)

    "A partir de quatre études de cas pour lesquels la documentation se révèle plus étoffée (Milet, Éphèse, Sardes et Aphrodisias), F. décrit soigneusement les collèges de magistrats assurant la présidence et préparant les séances de l'assemblée du peuple, comme les épistates dans la première cité et les stratèges et le secrétaire du peuple dans la seconde. En ayant la compétence de convoquer l'ekklèsia et de mettre en forme les propositions de décrets pour les soumettre à l'appréciation et au vote du dèmos, ces magistrats, qui forment le bureau de l'assemblée, revêtent une importance capitale pour le fonctionnement des assemblées et, par conséquent, pour la vie civique dans son ensemble. F. examine ensuite le calendrier des assemblées, la fréquence d'une réunion par mois étant manifestement la plus commune dans les cités d'Asie Mineure, la séance pouvant au besoin se poursuivre sur plusieurs jours. Cette observation de nature technique a des conséquences d'une grande portée, car elle prouve le maintien d'une consultation régulière de l'organe démocratique qu'est l'ekklèsia à l'époque impériale." (p.377)

    "La procédure probouleumatique est souvent perçue dans la recherche comme le signe de l'effacement de l'institution démocratique au profit du Conseil, déjà au cours de l'époque hellénistique. Or, F. montre, sur la base d'une analyse soigneuse de décrets datant de cette époque, qu'un probouleuma peut parfois faire suite à une proposition émanant initialement de l'ekklèsia, en raison des mouvements de va-et-vient qui caractérisent les relations entre les deux assemblées dans l'élaboration des décisions publiques [...] La procédure probouleumatique ne signife donc pas en soi le dessaisissement de l'assemblée du peuple de sa compétence d'initiative législative. F. montre par plusieurs exemples que, toujours sous le Principat, le dèmos pouvait se trouver à l'origine de décisions intéressant l'ensemble de la communauté et passer des décrêts sans en référer au Conseil [...] Le dèmos pouvait, en outre, inviter la boulè à se saisir d'une affaire et à régler les modalités d'une décision au moyen d'un probouleuma, qui serait ensuite examiné et adopté par l'ekklèsia elle-même [...] L'ekklèsia peut, de la manière manière, "enjoindre" [...] à un magistrat [...] de préparer un décret." (pp.377-378)

    "Il était [...] fréquent que des cités sollicitent le gouverneur ou l'empereur afin de ratifier un décret civique. A l'exception des domaines -relevant de la souveraineté de la puissance hégémonique- pour lesquels la consultation des autorités romaines était nécessaire (comme l'introduction de nouvelles taxes, la concession d'immunités ou d'exemptions fiscales ou encore la construction de remparts, entre autres), cette démarche n'était pas obligatoire." (p.379)

    "F. examine ensuite tour à tour les différents domaines de compétences du dèmos: maintien de l'ordre, politique étrangère (ce que F. nomme "relations de la cité avec l'extérieur", que ce soient les relations avec les autorités romaines ou les relations bilatérales avec d'autres poleis ou avec des organes supra-civiques), administration générale, cultes, finances et fiscalité, affaires économiques, travaux publics, juridiction. [...] Nouvelle illustration de l'autonomie dont profitaient les cités grecques sous la domination impériale romaine. L'un des principaux mérites de cette section est de montrer que la vie civique dans les cités grecques à l'époque impériale ne se réduisaient pas à conférer des honneurs aux notables locaux." (pp.380-381)

    "De tels tribunaux, dont les membres étaient tirés au sort parmi l'ensemble des citoyens, avaient pu persister dans certaines cités libres, en particulier à Rhodes, dont la constitution résolument démocratique s'était maintenue sous le Principat." (p.382)

    "L'élection au suffrage populaire [...] est attestée pour plusieurs détenteurs de charges publiques dans différentes cités (trésorier, ambassadeurs, sitônès, prêtre) [...] comme cela s'observe également pour les comices dans les communautés locales romaines." (p.384)

    "L'autonomie des cités, à partir du milieu du IIIe siècle, commence à être réduite par les interventions répétées des autorités impériales dans la gestion des affaires municipales." (p.386)

    "Le dèmos est resté, à l'époque impériale romaine, l'expression de l'entité politique qu'est la collectivité civique et cela fut le cas jusqu'à l'apparition de nouvelles formes de sociabilité -reposant désormais sur l'appartenance religieuse- dans l'Antiquité tardive et la dissolution des communautés poliades à l'époque protobyzantine." (p.387)
    -Cédric Brélaz, "La vie démocratique dans les cités grecques à l’époque impériale. Notes de lectures et orientations de la recherche", Topoi. Orient-Occident, Année 2013, 18-2, pp. 367-399.





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