"Ce qui distingue un peuple d'une population semble provenir de ce qui est « partagé » par les individus (la langue, la culture, les mœurs...)." (p.11)
"Volonté de domination inhérente à tout nationalisme." (p.13)
"Avant d'acquérir le droit de pouvoir voter, ou non, l'indépendance, il faut encore pouvoir justifier qu'il y avait bien en amont une culture, une langue et des traditions, qui fondent l'unité du peuple hors de la nation. Et même si cette unité est reconnue dans certains cas, il n'en reste pas moins que les principes à l'œuvre dans cette nécessité de justifier l'indépendance par la culture semble contraire à ce qui était pensé dans le droit d'autodétermination. Le fait qu'une telle justification soit nécessaire implique que la seule volonté d'autodétermination d'un groupe humain n 'est pas véritablement reconnue comme induisant un droit à l'autonomie. Dans les faits, les États redoutent davantage un fractionnement de leur territoire national qu'une remise en cause du principe d'autodétermination. Paradoxalement, c'est l'appartenance à l'État qui prédomine sur l'appartenance au peuple. Pour pouvoir s'émanciper de l'État il faut pouvoir prouver que cette émancipation est légitime, là où l'État lui-même ne justifie sa légitimité que par la conservation de l'ordre établit. Dés lors, le peuple ne peut se déterminer lui même en tant que peuple sans avoir l'aval de l'État, qui est aussi celui qui fixe la ou les définitions légitimes du peuple. Parmi les critères d'unification du peuple reconnus par la plupart des États, il y a l'exception culturelle, qui est censée recouvrir tout ce qui fait la spécificité d'une culture et qui permet de la distinguer des autres cultures. C'est donc bien au peuple de prouver qu'il a un mode de vie qui en fait une « exception », qui rend légitime sa prétention à l'autonomie, et non à l'État de justifier la « norme » culturelle sur laquelle il s'appuie. Fonder l'unité de peuple sur la proximité culturelle n'est pertinent qu'à partir du moment où tous les individus qui font peuple partagent cette culture et qu'il sont les seuls à la posséder. Cependant, Marx mettait en avant le fait que deux prolétaires auront toujours plus de points communs qu'avec les bourgeois de leurs pays respectifs. Il y a dans le concept de culture une visée d'un idéal de vie. Dans la mesure ou cet idéal est 1) différent entre des personnes censées appartenir au même peuple et, 2) commun à des personnes n'appartenant pas au même peuple, peut-on encore dire que la culture est ce qui fonde l'unité du peuple ?" (pp.84-85)
"Même un groupe d'individus provenant des quatre coins du monde et qui n'auraient rien en commun pourraient former un peuple simplement sur la base de la volonté d'autodétermination. Peut alors être appelé peuple tout groupe qui a la volonté de l'être, car, si cette volonté existe bien, alors le peuple est déjà là mais n'est simplement pas encore reconnu comme tel. En effet, qu'est-ce qu'un groupe d'individus qui pense les moyens de s'associer en vue de leur bien commun, sinon un peuple ? On pourrait parler de communauté si leur volonté était motivé par des intérêts de castes, mais pas quand il s'agit d'une simple volonté d'autodétermination. Les deux dangers majeurs qui pèsent sur le peuple viendrait de l'inclusion ou l'exclusion forcée d'individus, qui y seraient rattachés ou détachés du peuple contre leur volonté. Ces deux dangers ont tous deux une même origine : l'État." (p.88)
"Un peuple n'est pas une race, une ethnie, ou l'espèce humaine elle même, mais une subdivision socio-culturelle de l'humanité." (p.91)
"Nul n'est légitime à nier la reconnaissance du peuple dés l'instant où ce dernier exprime la volonté de s'autodéterminer en tant que tel." (p.93)
-Mickaël Zakaria, Qu’est-ce qu’un peuple ?, Mémoire de Master 2 « Sciences humaines et sociales », Mention : Philosophie, 2013 : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01058377/document
"Volonté de domination inhérente à tout nationalisme." (p.13)
"Avant d'acquérir le droit de pouvoir voter, ou non, l'indépendance, il faut encore pouvoir justifier qu'il y avait bien en amont une culture, une langue et des traditions, qui fondent l'unité du peuple hors de la nation. Et même si cette unité est reconnue dans certains cas, il n'en reste pas moins que les principes à l'œuvre dans cette nécessité de justifier l'indépendance par la culture semble contraire à ce qui était pensé dans le droit d'autodétermination. Le fait qu'une telle justification soit nécessaire implique que la seule volonté d'autodétermination d'un groupe humain n 'est pas véritablement reconnue comme induisant un droit à l'autonomie. Dans les faits, les États redoutent davantage un fractionnement de leur territoire national qu'une remise en cause du principe d'autodétermination. Paradoxalement, c'est l'appartenance à l'État qui prédomine sur l'appartenance au peuple. Pour pouvoir s'émanciper de l'État il faut pouvoir prouver que cette émancipation est légitime, là où l'État lui-même ne justifie sa légitimité que par la conservation de l'ordre établit. Dés lors, le peuple ne peut se déterminer lui même en tant que peuple sans avoir l'aval de l'État, qui est aussi celui qui fixe la ou les définitions légitimes du peuple. Parmi les critères d'unification du peuple reconnus par la plupart des États, il y a l'exception culturelle, qui est censée recouvrir tout ce qui fait la spécificité d'une culture et qui permet de la distinguer des autres cultures. C'est donc bien au peuple de prouver qu'il a un mode de vie qui en fait une « exception », qui rend légitime sa prétention à l'autonomie, et non à l'État de justifier la « norme » culturelle sur laquelle il s'appuie. Fonder l'unité de peuple sur la proximité culturelle n'est pertinent qu'à partir du moment où tous les individus qui font peuple partagent cette culture et qu'il sont les seuls à la posséder. Cependant, Marx mettait en avant le fait que deux prolétaires auront toujours plus de points communs qu'avec les bourgeois de leurs pays respectifs. Il y a dans le concept de culture une visée d'un idéal de vie. Dans la mesure ou cet idéal est 1) différent entre des personnes censées appartenir au même peuple et, 2) commun à des personnes n'appartenant pas au même peuple, peut-on encore dire que la culture est ce qui fonde l'unité du peuple ?" (pp.84-85)
"Même un groupe d'individus provenant des quatre coins du monde et qui n'auraient rien en commun pourraient former un peuple simplement sur la base de la volonté d'autodétermination. Peut alors être appelé peuple tout groupe qui a la volonté de l'être, car, si cette volonté existe bien, alors le peuple est déjà là mais n'est simplement pas encore reconnu comme tel. En effet, qu'est-ce qu'un groupe d'individus qui pense les moyens de s'associer en vue de leur bien commun, sinon un peuple ? On pourrait parler de communauté si leur volonté était motivé par des intérêts de castes, mais pas quand il s'agit d'une simple volonté d'autodétermination. Les deux dangers majeurs qui pèsent sur le peuple viendrait de l'inclusion ou l'exclusion forcée d'individus, qui y seraient rattachés ou détachés du peuple contre leur volonté. Ces deux dangers ont tous deux une même origine : l'État." (p.88)
"Un peuple n'est pas une race, une ethnie, ou l'espèce humaine elle même, mais une subdivision socio-culturelle de l'humanité." (p.91)
"Nul n'est légitime à nier la reconnaissance du peuple dés l'instant où ce dernier exprime la volonté de s'autodéterminer en tant que tel." (p.93)
-Mickaël Zakaria, Qu’est-ce qu’un peuple ?, Mémoire de Master 2 « Sciences humaines et sociales », Mention : Philosophie, 2013 : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01058377/document