"La révolution ne peut qu’être le fruit d’une abolition des séparations qui permettent à la normalité de normaliser, et donc de régner sur un monde où chacun est à sa place. Lorsque des femmes excluent « les hommes », lorsque des « non-blancs » excluent « les ’’blancs’’», lorsque des homos excluent « les hétéros », ils entérinent les catégories identitaires et politiques, gravent dans la roche les identités auxquelles ils enjoignent les individus à se soumettre, et dont nous voulons, en contradiction, nous libérer, en tout cas, auxquelles nous refusons d’être assignés. Il s’agit d’un travail non-rémunéré (quoique, cela dépend, des postes et des chaires existent) pour le maintien de l’ordre. Plus paradoxalement, ils reproduisent les deux formes d’oppression qui les ont amenés à vouloir s’organiser de la sorte : l’assignation et l’essentialisme. Se servir des outils de notre domination pour en finir avec la domination n’a jamais fonctionné et ne fonctionnera jamais, par définition, et par bon sens, mais encore faut-il être capable d’identifier l’assignation et l’essentialisme là où ils se trouvent. Le Parti des Indigènes de la République et ses collègues ont, pour leur part, déjà résolu la question (« L’essentialisme n’appauvrit pas le monde: il l’enrichit. »), qu’en sera-t-il des révolutionnaires ? Le gros du ventre mou semble avoir décidé par indécision de suivre le coche, peu importe les odeurs pestilentielles qui en émanent, en s’en défendant plus ou moins par ailleurs, en se chantant des berceuses surtout, sur un air mélancolique de PNL, le seum quoi, cette molle apathie démonstrative et revendiquée, esthétisée, conformiste mais qui se vit à contre-courant de papa."
-Aviv Etrebilal, "Inactualités écumantes et dilution de brouillard", édito de Les Ruines (revue anarchiste apériodique), n°3/4, début 2019, 308 pages, p.11.
-Aviv Etrebilal, "Inactualités écumantes et dilution de brouillard", édito de Les Ruines (revue anarchiste apériodique), n°3/4, début 2019, 308 pages, p.11.