"Qu’est-ce que nous entendons au juste par dignité humaine ? Dans la modernité, le philosophe Emmanuel Kant va tenter d’éclaircir la notion de dignité humaine. Pour lui, elle est ce qui est irremplaçable chez l’humain: « Ce qui n’a que du prix peut être remplacé par quelque équivalent; mais ce qui est au-dessus de tout prix et ce qui, par conséquent, n’a pas d’équivalent, voilà ce qui a de la dignité » (Kant, 1988, p. 70). Mais qu’est-ce à dire ? Selon Kant, « la condition même qui seule peut élever une chose au rang de fin en soi n’a pas une simple valeur relative, c’est-à-dire un prix, mais une valeur intrinsèque, c’est-à-dire une dignité » (Kant, 1988, p. 68). Ainsi, chez Kant ce qui a un prix possède une valeur relative, c’est-à-dire que quelque chose d’autre peut y être comparé afin de fixer sa valeur. À l’opposé, ce qui n’a pas de prix possède une valeur intrinsèque, ce qui signifie qu’elle tient sa valeur uniquement à partir d’elle-même. Enfin, pour ce philosophe, tout être humain possède une telle valeur intrinsèque non monnayable: « L’homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen pour l’usage arbitraire de telle ou telle volonté» (Kant, 1988, p. 61). Voilà le sens de la dignité humaine chez Kant. L’être humain, parce qu’il est raisonnable, est un être qui existe comme fin en soi.
Mais que faut-il entendre ici ? D’abord, que la puissance d’être raisonnable pour tout être humain est chez Kant l’une des causes essentielles de sa dignité, laquelle est aussi celle que nous retenons. Or, que veut dire « être raisonnable» au juste et quel pouvoir distinctif cela apporte-t-il à l’humain ?
De manière générale, « être raisonnable » signifie pour nous un pouvoir de penser et d’agir de façon convenable. En ce sens, le pouvoir de tout être raisonnable permet d’avoir une influence sur le déroulement de sa propre existence, celle des autres, ainsi que sur son milieu de vie. En d’autres termes, de par leur propre raison, les êtres humains sont en mesure, à la manière de joueurs d’échecs, d’apercevoir et de prévoir les moyens et les buts de leurs actions. Or, s’ils ne sont pas contraints et s’ils ont accès à des connaissances et à une culture leur permettant de se délivrer de leur propre ignorance, ils deviennent libres d’agir, sur la base de leur propre jugement et non uniquement d’après des lois, selon ce qui est convenable à un être humain digne de ce nom." (p.225-226)
-Jeannot Fillion, "Dignité humaine et philosophie pour les enfants", Michel Sasseville & Mathieu Gagnon (dir.), La communauté de recherche philosophique. Applications et enjeux, Presses Université Laval, 2011, 351 pages.
Mais que faut-il entendre ici ? D’abord, que la puissance d’être raisonnable pour tout être humain est chez Kant l’une des causes essentielles de sa dignité, laquelle est aussi celle que nous retenons. Or, que veut dire « être raisonnable» au juste et quel pouvoir distinctif cela apporte-t-il à l’humain ?
De manière générale, « être raisonnable » signifie pour nous un pouvoir de penser et d’agir de façon convenable. En ce sens, le pouvoir de tout être raisonnable permet d’avoir une influence sur le déroulement de sa propre existence, celle des autres, ainsi que sur son milieu de vie. En d’autres termes, de par leur propre raison, les êtres humains sont en mesure, à la manière de joueurs d’échecs, d’apercevoir et de prévoir les moyens et les buts de leurs actions. Or, s’ils ne sont pas contraints et s’ils ont accès à des connaissances et à une culture leur permettant de se délivrer de leur propre ignorance, ils deviennent libres d’agir, sur la base de leur propre jugement et non uniquement d’après des lois, selon ce qui est convenable à un être humain digne de ce nom." (p.225-226)
-Jeannot Fillion, "Dignité humaine et philosophie pour les enfants", Michel Sasseville & Mathieu Gagnon (dir.), La communauté de recherche philosophique. Applications et enjeux, Presses Université Laval, 2011, 351 pages.