https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Karli
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Karli
"Le neurobiologiste, qui se trouve ainsi interpellé, peut
d'ailleurs estimer que l'agressivité de l'homme n'est pas
d'abord du ressort de la neurobiologie, mais qu'elle doit en
premier lieu se penser en termes de relations : relations de
l'homme avec son environnement ; relations de l'homme
avec ses semblables. Cette réflexion, au demeurant fort
pertinente, n'écarte nullement l'agressivité humaine du
champ d'investigation de la neurobiologie. Car, c'est bien
le cerveau qui assure la gestion de ces relations, qui les inscrit dans un espace et une histoire qu'il structure, de la
naissance à la mort de l'individu. La connaissance des
fonctions et des mécanismes du cerveau est donc indispensable à qui veut comprendre les modalités d'établissement,
d'expression et d'évolution de ces relations dans le temps.
Ignorer le cerveau reviendrait à amputer la réalité de l'une
de ses dimensions majeures. Or, nous savons par ailleurs
qu'une conception mutilante entraîne trop facilement des
gestes qui mutilent.
Car ce n'est pas seulement dans les fictions filmées, mais
aussi dans la vie réelle, qu'on est toujours tenté d'intervenir directement sur le cerveau dès lors qu'on s'efforce
d'endiguer le flot montant de la violence. Et si l'on décide
de recourir aux moyens fournis par la chirurgie du cerveau
et par la psychopharmacologie, n'est-il pas infiniment préférable de le faire en toute connaissance de cause, dans des
démarches qui se fondent sur des bases scientifiques solides? C'est dire qu'il convient de s'interroger très attentivement sur le mode d'intervention du cerveau dans la
genèse des agressions, des comportements violents de
manière générale. En outre, pas plus que ces deux types
d'intervention visant à modifier un comportement jugé
nocif, la psychothérapie, troisième voie possible et explorée, n'a d'action immatérielle : elle induit une restructuration de certaines représentations internes dispensatrices de
repères, de références nécessaires tant à l'appréhension
qu'à l'interprétation d'un ensemble de situations." (pp.10-11)
"Le cerveau humain comme un organe générateur de sens, du fait qu'il est le lieu de convergence, d'interaction et de structuration réciproque de systèmes biologiques, de systèmes psychologiques et de systèmes sociologiques." (p.13)
"Conception erronée des relations entre le cerveau et le comportement : on considère à tort (par analogie avec le deuxième principe de la thermodynamique ?) que ces relations sont unidirectionnelles et irréversibles, le fonctionnement du cerveau s'exprimant par -et s'épuisant dans- le comportement ; on situe le comportement « en bout
de chaîne », alors qu'il fait en réalité partie intégrante d'un processus qui part du cerveau pour y revenir." (p.14)
"De façon beaucoup plus générale, un agresseur s'efforce - consciemment ou non - de dénigrer sa victime lorsqu'il s'efforce de justifier son acte à ses propres yeux.
C'est le plus souvent en fonction de nos convictions et de nos préjugés, reflets d'un contexte socio-culturel et socio-politique et de la place que nous y occupons, que nous analysons et apprécions une agression ou une violence. Lorsqu'un attentat a eu lieu, on attend de savoir qui a été visé et par qui il est « revendiqué ». Et s'il y a eu des victimes, l'émotion suscitée est loin d'être la même dans tous les cas [...] Pour ce qui est des différentes formes de violence sociale et politique, il va sans dire qu'elles ne sont pas ressenties et appréciées de la même façon par ceux qui les subissent et en pâtissent, et par ceux qui les utilisent et en profitent. Et lorsqu'un groupe social s'engage dans des actions qui sont susceptibles de déboucher sur des violences, il arrive qu'il procède d'entrée de jeu à un début d'auto-justification en se déclarant « en colère ». Enfin, lorsque la violence est mise au service d'une grande cause (toujours considérée comme « juste »), d'aucuns vont jusqu'à la considérer comme une « force purificatrice » susceptible de « nous rendre le respect de nous-mêmes». C'est dire combien, dans ce domaine, tout un ensemble de jugements de valeur orientent notre façon de penser !" (p.16)
"Il nous importe de savoir dans quelle mesure notre cerveau nous apporte les fondements - tout au moins potentiels - d'une réelle liberté individuelle ou, au contraire, les contraintes d'un déterminisme étroit et rigide. Et ce sont précisément les données fournies par l'examen scientifique des relations qu'entretiennent, l'un avec l'autre, le cerveau et le comportement, qui ont conforté ma vision « personnaliste » de l'homme, avec sa nécessaire dimension sociale." (p.17)
" [Chapitre 1: Qu'est-ce que l'agressivité ?]
"
(pp.23-24)
-Pierre Karli, L’homme agressif, Odile Jacob, 1987, 477 pages.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Karli
"Le neurobiologiste, qui se trouve ainsi interpellé, peut
d'ailleurs estimer que l'agressivité de l'homme n'est pas
d'abord du ressort de la neurobiologie, mais qu'elle doit en
premier lieu se penser en termes de relations : relations de
l'homme avec son environnement ; relations de l'homme
avec ses semblables. Cette réflexion, au demeurant fort
pertinente, n'écarte nullement l'agressivité humaine du
champ d'investigation de la neurobiologie. Car, c'est bien
le cerveau qui assure la gestion de ces relations, qui les inscrit dans un espace et une histoire qu'il structure, de la
naissance à la mort de l'individu. La connaissance des
fonctions et des mécanismes du cerveau est donc indispensable à qui veut comprendre les modalités d'établissement,
d'expression et d'évolution de ces relations dans le temps.
Ignorer le cerveau reviendrait à amputer la réalité de l'une
de ses dimensions majeures. Or, nous savons par ailleurs
qu'une conception mutilante entraîne trop facilement des
gestes qui mutilent.
Car ce n'est pas seulement dans les fictions filmées, mais
aussi dans la vie réelle, qu'on est toujours tenté d'intervenir directement sur le cerveau dès lors qu'on s'efforce
d'endiguer le flot montant de la violence. Et si l'on décide
de recourir aux moyens fournis par la chirurgie du cerveau
et par la psychopharmacologie, n'est-il pas infiniment préférable de le faire en toute connaissance de cause, dans des
démarches qui se fondent sur des bases scientifiques solides? C'est dire qu'il convient de s'interroger très attentivement sur le mode d'intervention du cerveau dans la
genèse des agressions, des comportements violents de
manière générale. En outre, pas plus que ces deux types
d'intervention visant à modifier un comportement jugé
nocif, la psychothérapie, troisième voie possible et explorée, n'a d'action immatérielle : elle induit une restructuration de certaines représentations internes dispensatrices de
repères, de références nécessaires tant à l'appréhension
qu'à l'interprétation d'un ensemble de situations." (pp.10-11)
"Le cerveau humain comme un organe générateur de sens, du fait qu'il est le lieu de convergence, d'interaction et de structuration réciproque de systèmes biologiques, de systèmes psychologiques et de systèmes sociologiques." (p.13)
"Conception erronée des relations entre le cerveau et le comportement : on considère à tort (par analogie avec le deuxième principe de la thermodynamique ?) que ces relations sont unidirectionnelles et irréversibles, le fonctionnement du cerveau s'exprimant par -et s'épuisant dans- le comportement ; on situe le comportement « en bout
de chaîne », alors qu'il fait en réalité partie intégrante d'un processus qui part du cerveau pour y revenir." (p.14)
"De façon beaucoup plus générale, un agresseur s'efforce - consciemment ou non - de dénigrer sa victime lorsqu'il s'efforce de justifier son acte à ses propres yeux.
C'est le plus souvent en fonction de nos convictions et de nos préjugés, reflets d'un contexte socio-culturel et socio-politique et de la place que nous y occupons, que nous analysons et apprécions une agression ou une violence. Lorsqu'un attentat a eu lieu, on attend de savoir qui a été visé et par qui il est « revendiqué ». Et s'il y a eu des victimes, l'émotion suscitée est loin d'être la même dans tous les cas [...] Pour ce qui est des différentes formes de violence sociale et politique, il va sans dire qu'elles ne sont pas ressenties et appréciées de la même façon par ceux qui les subissent et en pâtissent, et par ceux qui les utilisent et en profitent. Et lorsqu'un groupe social s'engage dans des actions qui sont susceptibles de déboucher sur des violences, il arrive qu'il procède d'entrée de jeu à un début d'auto-justification en se déclarant « en colère ». Enfin, lorsque la violence est mise au service d'une grande cause (toujours considérée comme « juste »), d'aucuns vont jusqu'à la considérer comme une « force purificatrice » susceptible de « nous rendre le respect de nous-mêmes». C'est dire combien, dans ce domaine, tout un ensemble de jugements de valeur orientent notre façon de penser !" (p.16)
"Il nous importe de savoir dans quelle mesure notre cerveau nous apporte les fondements - tout au moins potentiels - d'une réelle liberté individuelle ou, au contraire, les contraintes d'un déterminisme étroit et rigide. Et ce sont précisément les données fournies par l'examen scientifique des relations qu'entretiennent, l'un avec l'autre, le cerveau et le comportement, qui ont conforté ma vision « personnaliste » de l'homme, avec sa nécessaire dimension sociale." (p.17)
" [Chapitre 1: Qu'est-ce que l'agressivité ?]
"
(pp.23-24)
-Pierre Karli, L’homme agressif, Odile Jacob, 1987, 477 pages.