"La population des prisons provient pour la plus grande partie de zones de marginalisation sociale, caractérisées par des défauts qui influent déjà sur la socialisation primaire à l'âge pré-scolaire. [...] La prison vient à faire partie d'un continuum comprenant la famille, l'école, l'assistance sociale, l'organisation culturelle des loisirs, la préparation professionnelle, l'université et l'instruction des adultes. Le traitement pénitentiaire et l'assistance post-pénitentiaire prévues par les nouvelles législations représentent un secteur hautement spécialisé de ce continuum, tendant à récupérer des retards de socialisation qu'ont subis les individus marginalisés." (p.113)
"Les chances les plus grandes d'être sélectionné pour faire partie de la "population criminelle" apparaissent en effet concentrées parmi les degrés inférieurs de l'échelle sociale (sous-prolétariat et groupes marginaux). La position précaire au sein du marché du travail (chômage, sous-occupation, manque de qualification professionnelle) et des défauts de socialisation familiaire et scolaire qui sont des caractéristiques des membres des couches sociales les plus basses et qui, dans la criminologie positiviste [...] sont indiqués comme la cause de la criminalité, se révèlent être plutôt des connotations sur la base desquels les statuts de criminels sont attribués." (p.116)
"Depuis des dizaines d'années une littérature extrêmement vaste, basée sur l'observation empirique, a analysé la réalité pénitentiaire sous ses aspects psychologiques, sociologiques et d'organisation. La "communauté des incarcérés", la sous-culture des institutions modernes de détention se présente, à la lumière de ces enquêtes, comme dominée par des facteurs qui, jusqu'à présent, en faisant un bilan réaliste, ont rendu vaine toute tentative de faire œuvre de socialisation et de réinsertion au moyen de ces établissements. [...] Ils restent le moment culminant et décisif de ce processus de marginalisation qui crée la population criminelle." (p.118)
"Dans leur structure plus élémentaire, [les rapports sociaux pénitentiaires] ne sont rien d'autre que l'amplification, sous une forme moins mystifiée et plus "pure", des caractéristiques typiques de la société capitaliste. Ce sont des rapports sociaux basés sur l'égoïsme et sur la violence illégale à l'intérieur desquels les individus les plus faibles sur le plan social sont contraints dans des rôles de soumission et d'exploitation. Avant de parler d'éducation et de réinsertion, il convient donc de faire un examen du système des valeurs et des modèles de comportement présents dans la société où l'on veut réinsérer le détenu. Un tel examen ne peut qu'amener, je pense, à la conclusion que la véritable "rééducation" devrait commencer par la société avant de commencer par le détenu ; avant de vouloir modifier les exclus, il convient de modifier la société excluante, touchant ainsi le mécanisme d'exclusion à sa racine." (pp.118-119)
"Il est clair que le processus d'exclusion qu'implique le marché du travail représente un terrain de culture favorable à la marginalisation criminelle. La tentative d'opérer une resocialisation par le travail ne peut dans ces conditions avoir de succès sans une incidence sur l'exigence de l'accumulation capitaliste d'alimenter périodiquement le réservoir de l'exclusion. Le problème à résoudre est celui du plein emploi ; un problème complexe qu'aucune expérience capitaliste n'a résolu jusqu'à ce jour (même pas avec les recettes de J. M. Keynes)." (p.121)
"La corrélation entre la population de la prison et le marché du travail a été confirmée par les analyses et les statistiques récentes de Jankovic sur l'évolution de la société américaine de 1926 à 1974. [...]
Les statistiques des dernières décennies, dans les pays capitalistes avancés, démontrent une diminution relative de la population des prisons." (p.124 et p.125)
-Alessandro Baratta, "Remarques sur la fonction idéologique du pénitencier dans la reproduction de l'inégalité sociale", Déviance et société, Année 1981, 5-2, pp. 113-131. https://www.persee.fr/doc/ds_0378-7931_1981_num_5_2_1076
"
(pp.12-13)
"
-Alessandro Baratta, "Conflit social et criminalité. Pour la critique de la théorie du conflit en criminologie", Déviance et société, Année 1982, 6-1, pp. 1-22. https://www.persee.fr/doc/ds_0378-7931_1982_num_6_1_1101
"Les chances les plus grandes d'être sélectionné pour faire partie de la "population criminelle" apparaissent en effet concentrées parmi les degrés inférieurs de l'échelle sociale (sous-prolétariat et groupes marginaux). La position précaire au sein du marché du travail (chômage, sous-occupation, manque de qualification professionnelle) et des défauts de socialisation familiaire et scolaire qui sont des caractéristiques des membres des couches sociales les plus basses et qui, dans la criminologie positiviste [...] sont indiqués comme la cause de la criminalité, se révèlent être plutôt des connotations sur la base desquels les statuts de criminels sont attribués." (p.116)
"Depuis des dizaines d'années une littérature extrêmement vaste, basée sur l'observation empirique, a analysé la réalité pénitentiaire sous ses aspects psychologiques, sociologiques et d'organisation. La "communauté des incarcérés", la sous-culture des institutions modernes de détention se présente, à la lumière de ces enquêtes, comme dominée par des facteurs qui, jusqu'à présent, en faisant un bilan réaliste, ont rendu vaine toute tentative de faire œuvre de socialisation et de réinsertion au moyen de ces établissements. [...] Ils restent le moment culminant et décisif de ce processus de marginalisation qui crée la population criminelle." (p.118)
"Dans leur structure plus élémentaire, [les rapports sociaux pénitentiaires] ne sont rien d'autre que l'amplification, sous une forme moins mystifiée et plus "pure", des caractéristiques typiques de la société capitaliste. Ce sont des rapports sociaux basés sur l'égoïsme et sur la violence illégale à l'intérieur desquels les individus les plus faibles sur le plan social sont contraints dans des rôles de soumission et d'exploitation. Avant de parler d'éducation et de réinsertion, il convient donc de faire un examen du système des valeurs et des modèles de comportement présents dans la société où l'on veut réinsérer le détenu. Un tel examen ne peut qu'amener, je pense, à la conclusion que la véritable "rééducation" devrait commencer par la société avant de commencer par le détenu ; avant de vouloir modifier les exclus, il convient de modifier la société excluante, touchant ainsi le mécanisme d'exclusion à sa racine." (pp.118-119)
"Il est clair que le processus d'exclusion qu'implique le marché du travail représente un terrain de culture favorable à la marginalisation criminelle. La tentative d'opérer une resocialisation par le travail ne peut dans ces conditions avoir de succès sans une incidence sur l'exigence de l'accumulation capitaliste d'alimenter périodiquement le réservoir de l'exclusion. Le problème à résoudre est celui du plein emploi ; un problème complexe qu'aucune expérience capitaliste n'a résolu jusqu'à ce jour (même pas avec les recettes de J. M. Keynes)." (p.121)
"La corrélation entre la population de la prison et le marché du travail a été confirmée par les analyses et les statistiques récentes de Jankovic sur l'évolution de la société américaine de 1926 à 1974. [...]
Les statistiques des dernières décennies, dans les pays capitalistes avancés, démontrent une diminution relative de la population des prisons." (p.124 et p.125)
-Alessandro Baratta, "Remarques sur la fonction idéologique du pénitencier dans la reproduction de l'inégalité sociale", Déviance et société, Année 1981, 5-2, pp. 113-131. https://www.persee.fr/doc/ds_0378-7931_1981_num_5_2_1076
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(pp.12-13)
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-Alessandro Baratta, "Conflit social et criminalité. Pour la critique de la théorie du conflit en criminologie", Déviance et société, Année 1982, 6-1, pp. 1-22. https://www.persee.fr/doc/ds_0378-7931_1982_num_6_1_1101