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    José Luis Moreno Pestaña, Castoriadis, Rancière : quels apports pour une philosophie du tirage au sort en politique ?

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    José Luis Moreno Pestaña, Castoriadis, Rancière : quels apports pour une philosophie du tirage au sort en politique ? Empty José Luis Moreno Pestaña, Castoriadis, Rancière : quels apports pour une philosophie du tirage au sort en politique ?

    Message par Johnathan R. Razorback Dim 7 Nov - 16:58

    https://www.cairn.info/revue-participations-2019-HS-page-417.html

    "Les séminaires de Foucault et de Castoriadis sur la démocratie athénienne sont donnés presque simultanément. Rancière (2009, p. 121) parlait de la nécessité politique de s’armer d’un hellénisme critique pour contrecarrer les conclusions de la lecture qu’Arendt avait rendues populaires dans La condition de l’homme moderne. La pression exercée par Arendt dans le milieu philosophique est relativement explicite chez Castoriadis et Rancière."

    "Aristote préférait une démocratie de paysans. La raison était que leur présence était plus difficile lorsque les réunions politiques avaient lieu dans les centres urbains."

    "L’utilisation massive du tirage au sort limite les penchants aristocratiques (ou quasi-monarchiques, si l’on suit Thucydide, Hobbes et Foucault) de l’assemblée démocratique. Grâce au tirage au sort, le citoyen ordinaire accédait aux lieux centraux de la délibération politique, comme les tribunaux ou le Conseil des Cinq Cents. Manifestement, cela permit l’accès à la sphère politique de catégories sociales qui auraient eu des difficultés à se faire entendre à l’Assemblée du peuple sur la Pnyx. L’analyse de Claire Taylor (2007), qui a étudié le parcours de 2 200 citoyens athéniens politiquement actifs, est concluante : durant le Vème siècle, 19 % d’entre eux appartenaient à la « classe liturgique », c’est-à-dire qu’ils faisaient partie des plus puissants (qui représentaient 4 % de la population) ; de plus, 58 % résidaient dans les dèmes proches de la cité (dont le poids représentait 25 % de la population globale). Au IVe siècle, les chiffres changent et seulement 11 % appartiennent à la « classe liturgique » et 31 % proviennent des environs du centre urbain. Taylor attribue au tirage au sort – renforcé au cours du IVe siècle – la composante démocratique du recrutement des élites. Le tirage au sort permet d’être plus proche des institutions, à moindre coût : il suffit de présenter sa candidature en tant que citoyen au Tribunal du peuple ou dans son propre dème pour le Conseil des Cinq Cents. Prendre la parole à l’Assemblée était nettement plus dissuasif – il fallait se confronter à une série d’orateurs professionnels – et nécessitait des ressources plus importantes pour intervenir, comme par exemple pouvoir affronter les coteries de mèche avec les dirigeants qui se disputaient le pouvoir de l’Assemblée."

    "Les élans démocratiques sont indissociables de cette religion dans laquelle les dieux ne sont pas toujours plus fiables que les humains qui doivent, par conséquent, chercher un ordre fondé sur leurs propres forces."

    "Ce fut le mérite de Castoriadis (2008, p. 50, 84, 82) de souligner comment Athènes, une fois déclarée l’égalité politique, prit des mesures économiques pour la mettre en œuvre. En effet, grâce aux indemnités publiques, la participation à l’Assemblée, aux tribunaux et aux spectacles publics devint possible."
    -José Luis Moreno Pestaña, « Castoriadis, Rancière : quels apports pour une philosophie du tirage au sort en politique ? », Participations, 2019/HS (Hors Série), p. 417-435. DOI : 10.3917/parti.hs01.0417. URL : https://www.cairn.info/revue-participations-2019-HS-page-417.htm




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