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    Siri Hustvedt, Une femme regarde les hommes regarder les hommes + Plaidoyer pour Eros + Un monde flamboyant + Souvenirs de l'avenir

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Sam 19 Fév - 10:58

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Siri_Hustvedt

    "Quelque chose se produit entre moi et elle, cette “chose” qui porte en elle l’acte délibéré d’autrui, sa subjectivité, et en présence de laquelle je peux ressentir de la douleur, de l’humour, du désir sexuel, de l’inconfort. Voilà pourquoi je ne traite pas les œuvres d’art comme je traiterais une chaise – mais je ne les traite pas non plus comme des personnes réelles."

    "Mon approche de ces trois toiles n’est pas exclusivement visuelle, ni même purement sensorielle. L’émotion fait toujours partie de la perception, elle ne s’en distingue pas.

    Depuis que Platon a banni les poètes de sa république, les émotions et l’art entretiennent une longue et houleuse relation. Philosophes et scientifiques débattent toujours pour savoir ce que sont les émotions ou les affects, et comment ils fonctionnent. Mais dans la culture occidentale, une émotivité persistante reste perçue comme dangereuse, comme devant être contrôlée, jugulée et domptée par la raison. La plupart des historiens de l’art sont tout aussi mal à l’aise face à la question des émotions, si bien qu’ils préfèrent écrire sur les formes, les couleurs, les influences ou le contexte historique. Or les sentiments sont non seulement incontournables, mais cruciaux pour la compréhension d’une œuvre d’art. Ce sont eux qui lui confèrent son sens. Dans une lettre à un ami, Henry James écrivait que, “dans le domaine artistique, sentiment et signification vont toujours de pair”. E. H. Gombrich, quant à lui, dans un ouvrage sur son collègue historien de l’art Aby Warburg, rappelle les mots de ce dernier : “En outre, j’étais sincèrement dégoûté de l’histoire de l’art esthétisante. Il me semblait que la contemplation formelle de l’image – qui ne la considère pas comme un produit biologiquement nécessaire entre la religion et la pratique de l’art […] donnait lieu à des bavardages stériles […].” Le mot allemand d’Einfühlung a été utilisé pour la première fois par Robert Vischer en 1873 comme un concept esthétique désignant une manière de se sentir soi-même dans une œuvre d’art – terme qui, après diverses circonvolutions historiques, deviendra empathy en anglais, et “empathie” en français. En neurobiologie, la recherche actuelle sur les émotions tente d’analyser les processus affectifs complexes à l’œuvre dans notre perception visuelle. Comme l’écrivent Mariann Weierich et Lisa Feldman Barrett dans “Affect as a Source of Visual Attention”, “notre connaissance du monde ne repose pas entièrement sur nos sens ; il se trouve que nos états affectifs influencent le traitement de stimuli sensoriels dès le premier instant où nous rencontrons un objet”. Pour tout objet donné, sa signification est influencée de façon cruciale par les sentiments qu’il évoque, plaisir, détresse, admiration, confusion. On percevra par exemple un objet comme plus ou moins distant en fonction de l’importance ou de la prépondérance émotionnelle qu’il revêt pour nous. Et ce ressenti psychobiologique est le fruit du passé, de nos attentes, de notre capacité (acquise) de lire le monde. Dans ce modèle neurobiologique, ce qui est appris – les sentiments que nous procurent les gens et les objets, et le langage dont nous nous servons pour les exprimer – devient corporel, s’incarne dans les corps. L’esprit ne flotte pas au-dessus du corps physique tel un fantôme cartésien."
    -Siri Hustvedt, Une femme regarde les hommes regarder les hommes, Actes Sud, 2019 (2016 pour la première édition états-unienne).

    https://www.decitre.fr/livres/que-sommes-nous-essais-sur-la-condition-humaine-9782330155421.html




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