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    Alain Reynaud, Le concept de classe socio-spatiale. La notion de région dans son contexte social

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Dim 27 Fév - 22:57

    https://www.persee.fr/doc/tigr_0048-7163_1979_num_38_1_1068

    "Substituer classe socio-spatiale à région." (p.3)

    "Affirmation des classes socio-culturelles, des classes socio-sexuelles, des classes socio-temporelles.. ou des classes socio-spatiales." (p.6)

    "Certaines régions s'écartent sensiblement de la moyenne nationale dans tous les domaines. Les différentes classes sociales y sont nettement sur-représentées ou sous-représentées. Les revenus moyens de chaque classe sociale sont différents de ce qu'ils sont au plan national. Exemple typique: une région dans laquelle le pourcentage des agriculteurs dans la population active est deux à trois fois supérieur à la moyenne nationale et dans laquelle le revenu moyen de ces agriculteurs est inférieur à la moyenne nationale de cette classe sociale. [...]
    Ainsi, un écart trop marqué à la moyenne nationale, dans un sens ou dans l'autre, a toute chance de créer un puissant sentiment de solidarité dans la population d'une région. On déplorera, en Bretagne ou en Corse, d'être sous-équipé en routes et en services de haut niveau, et d'être sous-industrialisé." (p.9)

    "Classe sociale et classe spatiale sont [...] deux notions qui ont chacune leur signification propre. A côté de l'injustice sociale existe l'injustice spatiale. Mais elles ne concernent pas les mêmes domaines: en première analyse, l'injustice sociale joue, pour une part, au niveau des revenus et de la consommation des individus, tandis que l'injustice spatiale se manifeste plutôt dans la consommation collective, au sens le plus large. C'est dire que l'appartenance à une classe spatiale ne supprime pas le moins du monde l'appartenance à une classe sociale. Les deux coexistent à des niveaux différents et peuvent être tour à tour au premier plan des préoccupations d'un individu ou d'un groupe." (p.12)

    "A l'échelle des villes, un polycentrisme marqué est en mesure d'atténuer les contrastes entre quartiers, en multipliant centres d'affaires et centre commerciaux. Certaines villes des Etats-Unis, au premier rang desquelles Los Angeles, en offrent de bons exemples. Mais l'atténuation des inégalités spatiales ne signifient pas pour autant leur disparition." (p.16)

    " [La classe socio-spatiale] peut s'appliquer sans peine à des réalités très différentes -un quartier de ville, une ville, une région, une nation, un grand espace multinational- en ne retenant que ce qu'elles peuvent toutes avoir en commun." (p.25)

    "Il existe de nombreux exemples de classes socio-spatiales qui correspondent à des aires culturelles [...] Au niveau des classes socio-spatiales urbaines: les cités grecques du VIe au IVe siècles avant Jésus-Christ, Nuremberg, Gênes, Venise et Florence [...] En ce qui concerne les classes socio-spatiales régionales: l'Écosse au XVIIIe siècle, la Californie au XXe siècle ou encore l'Ukraine et la Catalogne depuis bien des siècles. [...]

    Elles déclinent ou disparaissent soit par décadence, soit par absorption dans une autre classe socio-spatiale. Dans le premier cas, il y a augmentation de l'entropie, c'est-à-dire du désordre [...] La consommation prend le pas sur l'épargne, les capitaux disponibles sont thésaurisés donc stérilisés ou, plus grave encore, les capitaux existent mais sont exportés vers d'autres classes socio-spatiales. Le capital humain s'effrite par émigration. Les liens avec l'extérieur s'affaiblissent." (pp.29-30)

    "Derrière la notion d'autocorrélation spatiale, il y a l'idée que les pensées ou les actions d'un individu dépendent en partie de ce que les individus qui l'entourent pensent et font. L'autocorrélation spatiale met en valeur l'effet des processus d'interaction sociale à l'intérieur d'une classe socio-spatiale. [...] "Qui s'assemble se ressemble"." (p.31)

    "Rôle des graffiti dans la différenciation des immeubles d'un même quartier territorial. Les graffiti sont un écho lointain des fresques préhistoriques et, tout comme elles, synonymes de défoulement, d'angoisse, de magie et d'appropriation." (p.32)

    "Le concept de classe socio-spatiale intègre [le territoire et la communauté]." (p.32)

    "[La ville] domine la campagne grâce aux capitaux: capitaux des propriétaires absentéistes possédant des terres dont ils retirent une rente foncière ; capitaux des industriels installant des usines pour bénéficier d'une main-d'œuvre moins coûteuse et plus docile ; capitaux des banques auprès desquelles les agriculteurs désireux de se moderniser s'endettent ; capitaux des promoteurs à l'affût d'une fructueuse opération immobilière. [...]

    Dans le canton de Colonne (Gers) [...] à 45 kilomètres de Toulouse, des agriculteurs déclarent que "les Toulousains auraient tendance à se comporter un peu en pays conquis". Et la remarque vaut apparemment pour tous les Toulousains, quelle que soit leur classe socio-économique. Des conflits ont surgi à propos des droits de passage sur les terres qui entourent fréquemment les résidences secondaires (un demi à deux hectares): les nouveaux propriétaires tentent d'interdire le passage, mettant brutalement fin aux coutumes ancestrales et posant des problèmes aux agriculteurs." (pp.42-43)

    "Une classe a une conscience d'autant plus affirmée d'elle-même qu'elle se sent "menacée" de l'extérieur ou soumise à des contraintes." (p.57)

    "Les conflits entre classes socio-spatiales, qui mettent en cause l'espace, sont les plus intéressants. D'une façon générale, occuper l'espace d'une autre classe est considéré depuis longtemps comme une chose extrêmement grave: occupation d'un bureau directorial ou d'une usine au cours d'un conflit du travail [...] Les conflits entre classes socio-spatiales urbaines et rurales sont fréquents à l'occasion de l'installation à la campagne d'usines, de grands équipements ou de bases de loisirs, qui sont jugés par les ruraux comme la marque tangible de l'emprise, voire de l'impérialisme des urbains." (p.66)

    "La conscience socio-spatiale à l'échelle du quartier est variable selon la classe socio-économique: alors que les ouvriers ont souvent une conscience aigüe de leur quartier, les classes moyennes occultent ce degré de l'échelle spatiale et ont une conscience socio-spatiale à l'échelle de la ville tout entière." (p.68)
    -Alain Reynaud, "Le concept de classe socio-spatiale. La notion de région dans son contexte social", Travaux de l'Institut de Géographie de Reims, Année 1979, 38, pp. 3-75.

    Cite Lefebvre, Lukacs, Althusser et même Mao.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

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