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    Jean-François Bayart, L'énergie de l'État. Pour une sociologie historique et comparée du politique

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Jean-François Bayart, L'énergie de l'État. Pour une sociologie historique et comparée du politique Empty Jean-François Bayart, L'énergie de l'État. Pour une sociologie historique et comparée du politique

    Message par Johnathan R. Razorback Dim 19 Mar - 21:32



    "Le chercheur en sciences sociales n’est au fond pas si différent que cela du réalisateur de films. Pour construire son objet, il fabrique aussi une image par rapport à un hors-champ, selon un jeu de focales – un « jeu d’échelles », dit Jacques Revel dans son commentaire de la microstoria italienne, un law of levels entre gros plans (close-ups) et plans d’ensemble (long shots) ou généraux (extreme long shots), proposait pour sa part Siegfried Kracauer – fondamentalement créatif et, osons le dire, arbitraire, dans le seul but de donner à penser. La bonne recherche vous transporte, comme le fait un film." (p.9)

    "Filippo Marinetti, lui-même franco-italien, fut élevé dans la ville cosmopolite d’Alexandrie et trouva dans la calligraphie islamique une source d’inspiration pour le graphisme et la typographie du « motlibrisme », des « mots en liberté » ; en tant que correspondant de guerre, il observa le dépeçage de l’Empire ottoman à la faveur de la conquête de la Libye par les troupes italiennes, en 1911, et du siège d’Andrinople par l’armée bulgare, en 1912, y voyant matière à théoriser « la nécessité et la beauté de la violence » qui accompagnait le passage d’un monde d’empires à un monde d’États-nations et la généralisation planétaire du capitalisme." (p.15)

    "Trois tendances que l’on tient le plus souvent pour antithétiques : l’intégration du monde, d’ordre économique, financier, scientifique, technologique, culturel et religieux ; l’universalisation de l’État-nation comme principe de souveraineté et d’organisation politique, et sa capacité à résister à l’unification et à la marchandisation du globe, voire à les instrumentaliser ; l’expansion de l’identitarisme politique et des consciences particularistes d’orientation ethnique ou religieuse comme idéologie générale. Mais avons-nous raison de considérer que ces logiques sont contradictoires ? Elles sont souvent concomitantes, ou alternent, à l’instar du libre-échange et du protectionnisme – un libre-échange que l’État britannique a d’ailleurs imposé au monde par sa « diplomatie de la canonnière ». Ces dynamiques ne forment-elles pas plutôt une combinatoire, une synergie, une triangulation qui ne nous apparaît déroutante que parce que nous demeurons prisonniers de problématisations erronées de l’État ou de la globalisation ? C’est à cette question que mon ouvrage s’efforce de répondre, en proposant en quelque sorte une révolution copernicienne de notre raisonnement, ainsi que les paradigmes et les concepts qui lui sont nécessaires." (pp.15-16)
    -Jean-François Bayart, L'énergie de l'État. Pour une sociologie historique et comparée du politique, Paris, La Découverte, 2022, 780 pages.




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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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