"LFI s’apparente à ce que les politistes appellent un « parti personnel ». Il a été créé pour et par une personnalité qui y joue un rôle central, concentre la communication et l’attention et qui est tourné vers un objectif central (la conquête du trophée présidentiel). LFI est une communauté charismatique même si, lors de la campagne présidentielle de 2022, les jeunes députés qui ont fait leurs armes à l’Assemblée sont mis en avant (Adrien Quatennens ou Mathilde Panot). Les partis personnels sont très vulnérables en ce sens qu’ils dépendent fortement du capital politique de leur leader. Or il s’est démonétisé après le scandale des perquisitions et une série de déclarations controversées jugées outrancières par de nombreux commentateurs politiques. « Comme la forme-parti a son problème bureaucratique, la forme-mouvement a, structurellement, son problème charismatique. » Jean-Luc Mélenchon est un atout en 2017. Sa stature est plus fragile en 2022."
"La gauche ne se situe plus au-delà de l’expression électorale (tropisme localiste pour les uns, en bas, obsession présidentialiste pour les autres, en haut). LFI est hostile à la présidentialisation mais son ethos en est fortement imprégné. Or l’élection est devenue un moment privilégié de reproduction de l’oligarchie gouvernante. Le surinvestissement dans le jeu électoral se fait au détriment de la construction pas à pas d’une contre-culture, de réseaux de sociabilité, de solidarités concrètes, bref, de bouts de contre-société. Toutes les énergies militantes sont absorbées par la conquête du pouvoir par les élections. Certes la gauche ne doit pas renoncer à la conquête du pouvoir et elle se joue (en partie) dans les urnes. Mais la victoire électorale ne peut advenir sans doute qu’au terme d’une construction politique de plus grande envergure."
-Rémi Lefebvre, Faut-il désespérer de la gauche, Textuel, coll. « Petite encyclopédie critique », 2022 : https://www.contretemps.eu/gauche-parti-politique-extrait-lefebvre/
"La gauche ne se situe plus au-delà de l’expression électorale (tropisme localiste pour les uns, en bas, obsession présidentialiste pour les autres, en haut). LFI est hostile à la présidentialisation mais son ethos en est fortement imprégné. Or l’élection est devenue un moment privilégié de reproduction de l’oligarchie gouvernante. Le surinvestissement dans le jeu électoral se fait au détriment de la construction pas à pas d’une contre-culture, de réseaux de sociabilité, de solidarités concrètes, bref, de bouts de contre-société. Toutes les énergies militantes sont absorbées par la conquête du pouvoir par les élections. Certes la gauche ne doit pas renoncer à la conquête du pouvoir et elle se joue (en partie) dans les urnes. Mais la victoire électorale ne peut advenir sans doute qu’au terme d’une construction politique de plus grande envergure."
-Rémi Lefebvre, Faut-il désespérer de la gauche, Textuel, coll. « Petite encyclopédie critique », 2022 : https://www.contretemps.eu/gauche-parti-politique-extrait-lefebvre/