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"Lorsque Rousseau écrit dans la 8ème Lettre de la Montagne: « la pire des lois vaut encore mieux que le meilleur des maîtres, car le maître a des préférences arbitraires et la loi n’en a jamais. », il entend par loi une déclaration de la volonté générale sur un sujet d’intérêt commun et par maître le maître d’esclave. Il maintient le sens premier d’eleutheria des grecs et de libertas des romains pour qui la liberté se définissait comme absence d’esclavage qui consiste à vivre à la merci d’autrui." (p.209)
"C’est en consentant à la limitation d’une liberté naturelle sans limites que l’on conquiert la liberté légale, limitée. Kant la définit comme la faculté de n’obéir à aucune loi extérieure si ce n’est à celles auxquelles j’ai pu donner mon assentiment ; cette liberté s’accompagne d’un droit de contrainte essentiel. En s’obligeant au respect de la loi, le citoyen jouit par la même du droit d’y contraindre tout un chacun, tenté d’y contrevenir, c’est sur cette loi de contrainte réciproque que s’édifie pour Kant la construction du concept de droit." (p.211)
"Positivisme juridique, qui part de Hobbes pour aboutir à Kelsen, l’essence de la loi réside dans sa forme et le critère de l’ordre juridique est la contrainte : on ne peut refuser à aucun ordre juridique la validité sous prétexte du contenu de ses normes, la validité objective du droit positif n’est que relative. Formellement la loi, par-delà sa contingence que sa soudaine abrogation confirme, c’est la loi, elle est en deçà ou par-delà le bien et le mal, le juste et l’injuste : il faut obéir à la constitution qui est en gros et de façon générale efficace.
Le positivisme juridique est l’idéologie de l’omnipotence du législatif que signale Tocqueville (DEA,L II,7) : « Les légistes craignent moins la tyrannie que l’arbitraire et pour peu que le législateur se charge lui-même d’enlever aux hommes leur indépendance, ils sont à peu près contents »." (p.214)
"Ce n’est plus la liberté du citoyen que les Grecs nommaient eleutheria mais celle que Platon, dans sa critique de la démocratie nommait axousia, ou licence qui permet de faire ce que l’on veut." (p.215)
-Paule-Monique Vernes, "La pire des lois vaut-elle mieux que le meilleur des maîtres ?", in Josiane Boulad-Ayoub & Peter Leuprecht (dir.), Le sens de la liberté, Presses de l’Université Laval, 2009, 236 pages.
"Lorsque Rousseau écrit dans la 8ème Lettre de la Montagne: « la pire des lois vaut encore mieux que le meilleur des maîtres, car le maître a des préférences arbitraires et la loi n’en a jamais. », il entend par loi une déclaration de la volonté générale sur un sujet d’intérêt commun et par maître le maître d’esclave. Il maintient le sens premier d’eleutheria des grecs et de libertas des romains pour qui la liberté se définissait comme absence d’esclavage qui consiste à vivre à la merci d’autrui." (p.209)
"C’est en consentant à la limitation d’une liberté naturelle sans limites que l’on conquiert la liberté légale, limitée. Kant la définit comme la faculté de n’obéir à aucune loi extérieure si ce n’est à celles auxquelles j’ai pu donner mon assentiment ; cette liberté s’accompagne d’un droit de contrainte essentiel. En s’obligeant au respect de la loi, le citoyen jouit par la même du droit d’y contraindre tout un chacun, tenté d’y contrevenir, c’est sur cette loi de contrainte réciproque que s’édifie pour Kant la construction du concept de droit." (p.211)
"Positivisme juridique, qui part de Hobbes pour aboutir à Kelsen, l’essence de la loi réside dans sa forme et le critère de l’ordre juridique est la contrainte : on ne peut refuser à aucun ordre juridique la validité sous prétexte du contenu de ses normes, la validité objective du droit positif n’est que relative. Formellement la loi, par-delà sa contingence que sa soudaine abrogation confirme, c’est la loi, elle est en deçà ou par-delà le bien et le mal, le juste et l’injuste : il faut obéir à la constitution qui est en gros et de façon générale efficace.
Le positivisme juridique est l’idéologie de l’omnipotence du législatif que signale Tocqueville (DEA,L II,7) : « Les légistes craignent moins la tyrannie que l’arbitraire et pour peu que le législateur se charge lui-même d’enlever aux hommes leur indépendance, ils sont à peu près contents »." (p.214)
"Ce n’est plus la liberté du citoyen que les Grecs nommaient eleutheria mais celle que Platon, dans sa critique de la démocratie nommait axousia, ou licence qui permet de faire ce que l’on veut." (p.215)
-Paule-Monique Vernes, "La pire des lois vaut-elle mieux que le meilleur des maîtres ?", in Josiane Boulad-Ayoub & Peter Leuprecht (dir.), Le sens de la liberté, Presses de l’Université Laval, 2009, 236 pages.