The Crisis of Parliamentary Crisis: http://cnqzu.com/library/Politics/131214840-Carl-Schmitt.pdf
https://books.google.fr/books?id=czvjz6O0JssC&printsec=frontcover&dq=carl+schmitt&hl=fr&sa=X&ei=nwaMVOeQG5LoaKSfgqgD&sqi=2&ved=0CFcQ6AEwCA#v=onepage&q=carl%20schmitt&f=false
https://books.google.fr/books?id=7In5PasSvQwC&printsec=frontcover&dq=carl+schmitt&hl=fr&sa=X&ei=_gaMVOaZE4HxaLWrgqAE&ved=0CC8Q6AEwAjgK#v=onepage&q=carl%20schmitt&f=false
[Version allemande du Romantisme politique]: https://ia802703.us.archive.org/26/items/politischeroman00schmgoog/politischeroman00schmgoog.pdf
https://books.google.fr/books?id=Orfw_Ow7DDgC&printsec=frontcover&dq=carl+schmitt&hl=fr&sa=X&ei=UgeMVP7uCsvtaJW6gKgD&ved=0CDkQ6AEwBDge#v=onepage&q=carl%20schmitt&f=false
https://books.google.fr/books?id=4w9X-MTgaSEC&printsec=frontcover&dq=carl+schmitt&hl=fr&sa=X&ei=UgeMVP7uCsvtaJW6gKgD&ved=0CDEQ6AEwAzge#v=onepage&q=carl%20schmitt&f=false
https://books.google.fr/books?id=XUSFPuTIuqwC&printsec=frontcover&dq=carl+schmitt&hl=fr&sa=X&ei=UgeMVP7uCsvtaJW6gKgD&ved=0CFkQ6AEwCTge#v=onepage&q=carl%20schmitt&f=false
Carl Schmitt, ‘Preface to the Second Edition: On the Contradiction between Parliamentarism and Democracy’: http://vg273.user.srcf.net/schmittpreface.pdf
"Le partisan de la guérilla espagnole de 1808 fut le premier à oser se battre en irrégulier contre les premières armées régulières modernes. A l'automne de 1808, Napoléon avait vaincu l'armée régulière espagnole ; la guerre de guérilla espagnole proprement dite ne se déclencha qu'après cette défaite de l'armée régulière. [...] Selon Clausewitz, c'était souvent la moitié de toute la puissance de guerre française qui était stationnée en Espagne, la moitié de celle-ci, à savoir 250 000 à 260 000 hommes étant immobilisée par la lutte contre les guérilleros, dont Gomez de Arteche évalue le nombre à 50 000, alors que d'autres l'estiment être bien inférieur. [...]
Un autre élément de cette situation espagnole est que les couches cultivées de la noblesse, du haut clergé et de la bourgeoisie étaient en grande partie des afrancesados qui sympathisaient avec le conquérant étranger. Là encore, il y a des parallèles avec l'Allemagne, où le grand poète allemand Goethe composa des hymnes à la gloire de Napoléon, et où les milieux cultivés allemands ne surent jamais de façon certaine et définitive de quel côté il convenait de se ranger. En Espagne, le guérillero osa la lutte sans issue, un pauvre diable, un premier cas typique de chair à canons irrégulière dans les conflits de la politique mondiale. Tout cela rentre, en guise d'ouverture, dans une théorie du partisan."
"Le partisan moderne n'attend de son ennemi ni justice ni grâce. Il s'est détourné de l'hostilité conventionnelle de la guerre domptée et limitée pour se transporter sur le plan d'une hostilité différente qui est l'hostilité réelle, dont l'escalade, de terrorisme en contre-terrorisme, va jusqu'à l'extermination."
"Le partisan [est) un combattant irrégulier. Le caractère régulier se manifeste par l'uniforme du soldat qui est plus qu'une tenue professionnelle, parce qu'il est démonstration d'une certaine domination de la vie publique et qu'avec l'uniforme l'arme est, elle aussi, portée ouvertement et de façon ostensible. Le soldat ennemi en uniforme est la cible par excellence du partisan moderne."
"Le partisan combat en s'alignant sur une politique et c'est précisément le caractère politique de son action qui remet en évidence le sens originel du terme de partisan. Ce terme, en effet, vient de parti et implique le rattachement à un parti ou à un groupe combattant, belligérant ou politiquement actif de quelques manière que ce soit. Ces liens avec un parti se font particulièrement solides aux époques révolutionnaires.
Dans la guerre révolutionnaire, l'appartenance à un parti révolutionnaire implique rien moins qu'une réquisition totale. D'autres groupes, d'autres organisations, et particulièrement l'Etat de notre temps ne sont plus à même d'intégrer leurs membres et leurs ressortissants aussi totalement qu'un parti menant un combat révolutionnaire requiert ses combattants actifs. Le vaste débat autour de l'Etat dit total n'a pas encore abouti à une prise de conscience bien nette de ce fait que ce n'est pas, de nos jours, l'Etat en tant que tel mais bien plutôt le parti révolutionnaire en tant que tel qui représente l'organisation totalitaire proprement dite et, à tout prendre, la seule."
"Je retiendrais volontiers un quatrième caractère distinctif du partisan authentique, ce que Jover Zamora a appelé son caractère tellurique. Celui-ci est très important pour la situation fondamentalement défensive du partisan, lequel change de nature quand il s'identifie à l'agressivité absolue d'une idéologie visant à la révolution mondiale ou techniciste. [...] Le parti est et demeure distinct non seulement du pirate mais encore du corsaire, tout comme la terre et la mer demeurent distinctes en tant qu'espaces élémentaires différents où se situent l'activité humaine et les affrontements belliqueux entre nation. La terre et la mer ont développé non seulement des véhicules stratégiques différents, non seulement des théâtres d'opérations de types différents, mais encore des concepts différents de guerre, d'ennemi et de prise de guerre. Le partisan va continuer à représenter un type spécifiquement terrien du combattant actif du moins tant que subsistera la possibilité, sur notre planète, de guerre anticolonialistes."
"La guerre sur mer est dans une large mesure une guerre commerciale ; en regard de la guerre sur terre, elle dispose de son propre espace et de ses concepts propres d'ennemi et de butin."
"Le partisan a un ennemi et il risque bien autre chose que celui qui viole un blocus ou transporte de la contrebande de guerre. Ce n'est pas seulement sa vie qui est en jeu comme celle de tout combattant régulier. Il sait que l'ennemi le rejettera hors des catégories du droit, de la loi et de l'honneur et il accepte de courir ce risque.
Or, le combattant de la révolution agit de même, qui proclame que l'ennemi est un criminel et que les concepts de droit, de loi et d'honneur propres à l'ennemi sont une mystification idéologique."
"Plus la discipline d'une armée régulière est stricte, plus elle est scrupuleuse dans sa distinction entre militaires et civils en ne considérant comme un ennemi que le seul adversaire en uniforme, et plus elle deviendra ombrageuse et irritable si, dans l'autre camp, une population civile qui ne porte pas l'uniforme participe, elle aussi, au combat. Les militaires réagiront par des représailles, en fusillant, en prenant des otages, en détruisant des localités, et ils tiendront ces mesures pour légitime défense face à des manœuvres perfides et sournoises. Plus on respecte l'ennemi dans l'adversaire régulier qui porte l'uniforme, en évitant même au cœur du combat le plus sanglant de le prendre pour un criminel, et plus implacable sera le traitement infligé au combattant irrégulier considéré comme un criminel. Ceci découle tout naturellement de la logique du droit de guerre européen classique qui fait de la distinction entre militaires et civils, combattants et non-combattants, et qui trouve la force d'âme rare ne pas déclarer criminel l'ennemi en tant que tel."
"Le partisan n'est-il pas précisément celui qui évite de porter ouvertement les armes, qui mène une guerre d'embuscades, qui utilise en guise de camouflage aussi bien l'uniforme de l'ennemi que des signes distinctifs fixes ou mobiles et toute variété de tenue civile. La clandestinité et l'ombre sont ses armes les plus fortes, auxquelles il ne saurait honnêtement renoncer sans quitter le domaine de l'irrégularité, c'est-à-dire sans cesser d'être un partisan."
« [La philosophie de Hegel] était une tentative systématique de conciliation entre la révolution et la tradition. »
« Lénine était un grand familier et admirateur de Clausewitz. Il s’est adonné à une étude intensive de son livre De la guerre durant la Première Guerre mondiale, en 1915, et il en a transcrit des extraits en langue allemande, avec des notes marginales en russe, des mots soulignés et des points d’interrogation dans son cahier de notes, la Tetradka. Il a créé de la sorte un des documents les plus grandioses de l’histoire universelle et de l’histoire des idées. Un examen approfondi de ces extraits, notes et signes divers permet d’en déduire la nouvelle théorie de la guerre absolue et de l’hostilité absolue qui commande l’ère de la guerre révolutionnaire et les méthodes de la guerre froide moderne. Ce que Lénine a pu apprendre de Clausewitz, et il l’a appris à fond, ce n’est pas seulement la célèbre formule de la guerre, continuation de la politique. C’est aussi cette conviction que la distinction de l’ami et de l’ennemi est, à l’ère révolutionnaire, la démarche primaire et qu’elle commande aussi bien la guerre que la politique. Seule la guerre révolutionnaire est une guerre véritable aux yeux de Lénine, parce qu’elle naît de l’hostilité absolue. Tout le reste n’est qu’un jeu conventionnel.
C’est Lénine lui-même qui souligne expressément la distinction entre la guerre (Woina) et le jeu (Igra) dans une note en marge d’un passage du chapitre 23 du Livre II (Clé de pays). C’est dans la logique de cette distinction que s’accomplit ensuite la démarche décisive qui renverse les bornes que la guerre interétatique du droit des gens de l’Europe continentale du XVIIIème siècle avait réussi à fixer, que le Congrès de Vienne de 1814-1815 avait restaurées si efficacement qu’elles se maintinrent jusque dans la Seconde Guerre mondiale, et dont Clausewitz n’envisageait pas encore réellement l’abolition. Comparée à une guerre issue de l’hostilité absolue, la guerre limitée, se déroulant selon des règles reconnues, celles du droit des gens européen classique, n’est guère plus qu’un duel entre hommes d’honneur. Aux yeux d’un communiste animé d’une hostilité absolue, tel que fut Lénine, cette forme de guerre devait prendre figure de simple jeu, un jeu auquel il participait, si les circonstances s’y prêtaient, pour égarer l’ennemi, sans cesser de le mépriser et de le juger ridicule au fond de lui-même.
La guerre issue de l’hostilité absolue ne se connaît pas de limites. C’est la mise en œuvre conséquence d’une hostilité absolue qui lui confère son sens et sa justice. Reste donc à savoir : existe-il un ennemi absolu, et qui est-il in concreto ? Pour Lénine, il n’y a pas un instant de doute et c’est ce qui faisait sa supériorité sur tous les autres socialistes et marxistes : l’hostilité absolue était pour lui chose sérieuse. Son ennemi absolu, était, concrètement, l’ennemi de classe, le bourgeois, le capitaliste occidental et son ordre social dans tout pays où régnait celui-ci. Connaître l’ennemi, tel fut le secret de l’énorme force d’impact de Lénine. Son intelligence du partisan reposait sur le fait que le partisan moderne était devenu l’irrégulier par excellence, et, partant, la négation la plus vigoureuse de l’ordre capitaliste établi, et qu’il avait vocation privilégiée pour mettre en œuvre l’hostilité. »
"La raison d'être de la guerre est dans l'hostilité. La guerre étant la continuation de la politique, la politique contient toujours, elle aussi, du moins comme un possible, un élément d'hostilité."
"L'ennemi est notre propre remise en question personnifiée. [...] C'est pour cette raison que j'ai à m'expliquer avec lui dans le combat, pour conquérir ma propre mesure, ma propre limite, ma forme à moi."
"Le frère de la veille se révéla être l'ennemi le plus dangereux des deux."
-Carl Schmitt, Théorie du partisan.
https://books.google.fr/books?id=czvjz6O0JssC&printsec=frontcover&dq=carl+schmitt&hl=fr&sa=X&ei=nwaMVOeQG5LoaKSfgqgD&sqi=2&ved=0CFcQ6AEwCA#v=onepage&q=carl%20schmitt&f=false
https://books.google.fr/books?id=7In5PasSvQwC&printsec=frontcover&dq=carl+schmitt&hl=fr&sa=X&ei=_gaMVOaZE4HxaLWrgqAE&ved=0CC8Q6AEwAjgK#v=onepage&q=carl%20schmitt&f=false
[Version allemande du Romantisme politique]: https://ia802703.us.archive.org/26/items/politischeroman00schmgoog/politischeroman00schmgoog.pdf
https://books.google.fr/books?id=Orfw_Ow7DDgC&printsec=frontcover&dq=carl+schmitt&hl=fr&sa=X&ei=UgeMVP7uCsvtaJW6gKgD&ved=0CDkQ6AEwBDge#v=onepage&q=carl%20schmitt&f=false
https://books.google.fr/books?id=4w9X-MTgaSEC&printsec=frontcover&dq=carl+schmitt&hl=fr&sa=X&ei=UgeMVP7uCsvtaJW6gKgD&ved=0CDEQ6AEwAzge#v=onepage&q=carl%20schmitt&f=false
https://books.google.fr/books?id=XUSFPuTIuqwC&printsec=frontcover&dq=carl+schmitt&hl=fr&sa=X&ei=UgeMVP7uCsvtaJW6gKgD&ved=0CFkQ6AEwCTge#v=onepage&q=carl%20schmitt&f=false
Carl Schmitt, ‘Preface to the Second Edition: On the Contradiction between Parliamentarism and Democracy’: http://vg273.user.srcf.net/schmittpreface.pdf
"Le partisan de la guérilla espagnole de 1808 fut le premier à oser se battre en irrégulier contre les premières armées régulières modernes. A l'automne de 1808, Napoléon avait vaincu l'armée régulière espagnole ; la guerre de guérilla espagnole proprement dite ne se déclencha qu'après cette défaite de l'armée régulière. [...] Selon Clausewitz, c'était souvent la moitié de toute la puissance de guerre française qui était stationnée en Espagne, la moitié de celle-ci, à savoir 250 000 à 260 000 hommes étant immobilisée par la lutte contre les guérilleros, dont Gomez de Arteche évalue le nombre à 50 000, alors que d'autres l'estiment être bien inférieur. [...]
Un autre élément de cette situation espagnole est que les couches cultivées de la noblesse, du haut clergé et de la bourgeoisie étaient en grande partie des afrancesados qui sympathisaient avec le conquérant étranger. Là encore, il y a des parallèles avec l'Allemagne, où le grand poète allemand Goethe composa des hymnes à la gloire de Napoléon, et où les milieux cultivés allemands ne surent jamais de façon certaine et définitive de quel côté il convenait de se ranger. En Espagne, le guérillero osa la lutte sans issue, un pauvre diable, un premier cas typique de chair à canons irrégulière dans les conflits de la politique mondiale. Tout cela rentre, en guise d'ouverture, dans une théorie du partisan."
"Le partisan moderne n'attend de son ennemi ni justice ni grâce. Il s'est détourné de l'hostilité conventionnelle de la guerre domptée et limitée pour se transporter sur le plan d'une hostilité différente qui est l'hostilité réelle, dont l'escalade, de terrorisme en contre-terrorisme, va jusqu'à l'extermination."
"Le partisan [est) un combattant irrégulier. Le caractère régulier se manifeste par l'uniforme du soldat qui est plus qu'une tenue professionnelle, parce qu'il est démonstration d'une certaine domination de la vie publique et qu'avec l'uniforme l'arme est, elle aussi, portée ouvertement et de façon ostensible. Le soldat ennemi en uniforme est la cible par excellence du partisan moderne."
"Le partisan combat en s'alignant sur une politique et c'est précisément le caractère politique de son action qui remet en évidence le sens originel du terme de partisan. Ce terme, en effet, vient de parti et implique le rattachement à un parti ou à un groupe combattant, belligérant ou politiquement actif de quelques manière que ce soit. Ces liens avec un parti se font particulièrement solides aux époques révolutionnaires.
Dans la guerre révolutionnaire, l'appartenance à un parti révolutionnaire implique rien moins qu'une réquisition totale. D'autres groupes, d'autres organisations, et particulièrement l'Etat de notre temps ne sont plus à même d'intégrer leurs membres et leurs ressortissants aussi totalement qu'un parti menant un combat révolutionnaire requiert ses combattants actifs. Le vaste débat autour de l'Etat dit total n'a pas encore abouti à une prise de conscience bien nette de ce fait que ce n'est pas, de nos jours, l'Etat en tant que tel mais bien plutôt le parti révolutionnaire en tant que tel qui représente l'organisation totalitaire proprement dite et, à tout prendre, la seule."
"Je retiendrais volontiers un quatrième caractère distinctif du partisan authentique, ce que Jover Zamora a appelé son caractère tellurique. Celui-ci est très important pour la situation fondamentalement défensive du partisan, lequel change de nature quand il s'identifie à l'agressivité absolue d'une idéologie visant à la révolution mondiale ou techniciste. [...] Le parti est et demeure distinct non seulement du pirate mais encore du corsaire, tout comme la terre et la mer demeurent distinctes en tant qu'espaces élémentaires différents où se situent l'activité humaine et les affrontements belliqueux entre nation. La terre et la mer ont développé non seulement des véhicules stratégiques différents, non seulement des théâtres d'opérations de types différents, mais encore des concepts différents de guerre, d'ennemi et de prise de guerre. Le partisan va continuer à représenter un type spécifiquement terrien du combattant actif du moins tant que subsistera la possibilité, sur notre planète, de guerre anticolonialistes."
"La guerre sur mer est dans une large mesure une guerre commerciale ; en regard de la guerre sur terre, elle dispose de son propre espace et de ses concepts propres d'ennemi et de butin."
"Le partisan a un ennemi et il risque bien autre chose que celui qui viole un blocus ou transporte de la contrebande de guerre. Ce n'est pas seulement sa vie qui est en jeu comme celle de tout combattant régulier. Il sait que l'ennemi le rejettera hors des catégories du droit, de la loi et de l'honneur et il accepte de courir ce risque.
Or, le combattant de la révolution agit de même, qui proclame que l'ennemi est un criminel et que les concepts de droit, de loi et d'honneur propres à l'ennemi sont une mystification idéologique."
"Plus la discipline d'une armée régulière est stricte, plus elle est scrupuleuse dans sa distinction entre militaires et civils en ne considérant comme un ennemi que le seul adversaire en uniforme, et plus elle deviendra ombrageuse et irritable si, dans l'autre camp, une population civile qui ne porte pas l'uniforme participe, elle aussi, au combat. Les militaires réagiront par des représailles, en fusillant, en prenant des otages, en détruisant des localités, et ils tiendront ces mesures pour légitime défense face à des manœuvres perfides et sournoises. Plus on respecte l'ennemi dans l'adversaire régulier qui porte l'uniforme, en évitant même au cœur du combat le plus sanglant de le prendre pour un criminel, et plus implacable sera le traitement infligé au combattant irrégulier considéré comme un criminel. Ceci découle tout naturellement de la logique du droit de guerre européen classique qui fait de la distinction entre militaires et civils, combattants et non-combattants, et qui trouve la force d'âme rare ne pas déclarer criminel l'ennemi en tant que tel."
"Le partisan n'est-il pas précisément celui qui évite de porter ouvertement les armes, qui mène une guerre d'embuscades, qui utilise en guise de camouflage aussi bien l'uniforme de l'ennemi que des signes distinctifs fixes ou mobiles et toute variété de tenue civile. La clandestinité et l'ombre sont ses armes les plus fortes, auxquelles il ne saurait honnêtement renoncer sans quitter le domaine de l'irrégularité, c'est-à-dire sans cesser d'être un partisan."
« [La philosophie de Hegel] était une tentative systématique de conciliation entre la révolution et la tradition. »
« Lénine était un grand familier et admirateur de Clausewitz. Il s’est adonné à une étude intensive de son livre De la guerre durant la Première Guerre mondiale, en 1915, et il en a transcrit des extraits en langue allemande, avec des notes marginales en russe, des mots soulignés et des points d’interrogation dans son cahier de notes, la Tetradka. Il a créé de la sorte un des documents les plus grandioses de l’histoire universelle et de l’histoire des idées. Un examen approfondi de ces extraits, notes et signes divers permet d’en déduire la nouvelle théorie de la guerre absolue et de l’hostilité absolue qui commande l’ère de la guerre révolutionnaire et les méthodes de la guerre froide moderne. Ce que Lénine a pu apprendre de Clausewitz, et il l’a appris à fond, ce n’est pas seulement la célèbre formule de la guerre, continuation de la politique. C’est aussi cette conviction que la distinction de l’ami et de l’ennemi est, à l’ère révolutionnaire, la démarche primaire et qu’elle commande aussi bien la guerre que la politique. Seule la guerre révolutionnaire est une guerre véritable aux yeux de Lénine, parce qu’elle naît de l’hostilité absolue. Tout le reste n’est qu’un jeu conventionnel.
C’est Lénine lui-même qui souligne expressément la distinction entre la guerre (Woina) et le jeu (Igra) dans une note en marge d’un passage du chapitre 23 du Livre II (Clé de pays). C’est dans la logique de cette distinction que s’accomplit ensuite la démarche décisive qui renverse les bornes que la guerre interétatique du droit des gens de l’Europe continentale du XVIIIème siècle avait réussi à fixer, que le Congrès de Vienne de 1814-1815 avait restaurées si efficacement qu’elles se maintinrent jusque dans la Seconde Guerre mondiale, et dont Clausewitz n’envisageait pas encore réellement l’abolition. Comparée à une guerre issue de l’hostilité absolue, la guerre limitée, se déroulant selon des règles reconnues, celles du droit des gens européen classique, n’est guère plus qu’un duel entre hommes d’honneur. Aux yeux d’un communiste animé d’une hostilité absolue, tel que fut Lénine, cette forme de guerre devait prendre figure de simple jeu, un jeu auquel il participait, si les circonstances s’y prêtaient, pour égarer l’ennemi, sans cesser de le mépriser et de le juger ridicule au fond de lui-même.
La guerre issue de l’hostilité absolue ne se connaît pas de limites. C’est la mise en œuvre conséquence d’une hostilité absolue qui lui confère son sens et sa justice. Reste donc à savoir : existe-il un ennemi absolu, et qui est-il in concreto ? Pour Lénine, il n’y a pas un instant de doute et c’est ce qui faisait sa supériorité sur tous les autres socialistes et marxistes : l’hostilité absolue était pour lui chose sérieuse. Son ennemi absolu, était, concrètement, l’ennemi de classe, le bourgeois, le capitaliste occidental et son ordre social dans tout pays où régnait celui-ci. Connaître l’ennemi, tel fut le secret de l’énorme force d’impact de Lénine. Son intelligence du partisan reposait sur le fait que le partisan moderne était devenu l’irrégulier par excellence, et, partant, la négation la plus vigoureuse de l’ordre capitaliste établi, et qu’il avait vocation privilégiée pour mettre en œuvre l’hostilité. »
"La raison d'être de la guerre est dans l'hostilité. La guerre étant la continuation de la politique, la politique contient toujours, elle aussi, du moins comme un possible, un élément d'hostilité."
"L'ennemi est notre propre remise en question personnifiée. [...] C'est pour cette raison que j'ai à m'expliquer avec lui dans le combat, pour conquérir ma propre mesure, ma propre limite, ma forme à moi."
"Le frère de la veille se révéla être l'ennemi le plus dangereux des deux."
-Carl Schmitt, Théorie du partisan.
Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Mar 3 Nov - 13:37, édité 1 fois