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    René Girard, Oeuvres

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    René Girard, Oeuvres Empty René Girard, Oeuvres

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 13 Déc - 9:57

    « Entre Dionysos et Jésus, il n'y a « pas de différence quant au martyr », autrement dit les récits de la Passion racontent le même type de drame que les mythes, c'est le « sens » qui est différent. Tandis que Dionysos approuve le lynchage de la victime unique, Jésus et les Évangiles le désapprouvent. Les mythes reposent sur une persécution unanime. Le judaïsme et le christianisme détruisent cette unanimité pour défendre les victimes injustement condamnées, pour condamner les bourreaux injustement légitimés. Cette constatation simple mais fondamentale, si incroyable que cela paraisse, personne ne l'avait faite avant Nietzsche, pas un chrétien ne l'avait faite ! Sur ce point précis, par conséquent, il faut rendre à Nietzsche l'hommage qu'il mérite. Au-delà de ce point hélas, il ne fait que délirer. Au lieu de reconnaître dans l'inversion du schème mythique une vérité incontestable que seul le judéo-christianisme proclame, Nietzsche fait tout pour discréditer la prise de position en faveur des victimes. (…) Nietzsche recourt à des ficelles si grosses, et si indigne de ses meilleures analyses que son intelligence n'y résistera pas. Ce n'est pas un hasard, je pense, que la découverte explicite par Nietzsche de ce que Dionysos et le Crucifié ont en commun, et de ce qui les sépare, précède de si peu son effondrement définitif. Les dévots nietzschéens s'efforcent de priver cette démence de toute signification. On comprend pourquoi. Le non-sens de la folie joue le même rôle protecteur que la folie elle-même joue pour Nietzsche. Le philosophe n'a pas su s'installer confortablement dans les monstruosités où l'acculait le besoin de minimiser sa propre découverte et il s'est réfugié dans la folie. »

    « Pour éluder sa propre découverte et pour défendre la violence mythologique, Nietzsche doit justifier le sacrifice humain, ce qu'il n'hésite pas à faire, en recourant pour cela à des arguments monstrueux. Il surenchérit sur le pire darwinisme social. Sous peine de dégénérer, les sociétés doivent se débarrasser des déchets humains qui les encombrent. : « L'individu a été si bien pris au sérieux, si bien posé comme un absolu par le christianisme, qu'on ne pouvait plus le sacrifier : mais l'espèce ne survit que grâce aux sacrifices humains… la véritable philanthropie exige le sacrifice pour le bien de l'espèce — elle est dure, elle oblige à se dominer soi-même, parce qu'elle a besoin du sacrifice humain. Et cette pseudo-humanité qui s'intitule christianisme, veut précisément imposer que personne ne soit sacrifié. » »

    « Nos désirs ne deviennent vraiment convaincants que lorsqu’ils sont reflétés par ceux des autres. »

    « Il est inévitable qu’à un moment donné, même les meilleurs amis du monde croisent sur leur chemin un objet qu’ils ne peuvent ni ne souhaitent partager. »

    « Il faut voir dans les mythes le récit nécessairement déformé d’une violence collective spontanée qui rassemble à nouveau une communauté que la rivalité mimétique a fait voler en éclats. »

    « Dans les mythes et les légendes d’où sont tirées la plupart des tragédies, la fraternité est presque toujours associée à la réciprocité de la vengeance. Un examen attentif révèle que le héros tragique par excellence n’est pas l’individu solitaire, l’Œdipe de Freud et de la Poétique d’Aristote, mais le couple des frères ennemis, Étéocle et Polynice, Hamlet et Claudius. »

    « Dès lors qu’un rôle nous appartient en propre, dès lors qu’on est officiellement et culturellement habilité à le jouer, il perd de son prestige. Le rôle des autres est toujours plus fascinant que le sien. »

    « De toutes les menaces qui pèsent sur nous, la plus redoutable, nous le savons, la seule réelle, c'est nous-mêmes. »

    « Des millions de victimes innocentes ont été immolées depuis l’aube de l’humanité pour permettre à leurs congénères de vivre ensemble ; ou plutôt, de ne pas s’autodétruire. »

    « Je suis convaincu que nous sommes entrés dans une période où l’anthropologie va devenir un outil plus pertinent que les sciences politiques. »

    « Les hommes ne veulent pas qu’on leur dise qu’ils ne sont pas autonomes, que ce sont les autres qui agissent en eux. »

    « Dans ce monde où chacun est jugé par ses proches, les modèles sereins n’ont plus de sens. Les médiations sont devenues internes, les modèles sont là, à portée de main. Ils m’envahissent un instant, je pense alors les dominer, et puis ils m’échappent, et ce sont eux qui me dominent. Je suis toujours ou trop loin ou trop proche d’eux : telle est la loi implacable du mimétisme. »
    -Réné Girard.


    Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Dim 25 Juil - 18:58, édité 1 fois


    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 15 Fév - 21:59

    "A la différence des appétits et des besoins dont l'instinct détermine les objets, le désir n'a pas d'objet prédéterminé. Cette liberté fait son humanité." (p.11)

    "La convergence de deux désirs sur un objet non partageable fait que le modèle et son imitateur ne peuvent plus partager le même désir sans devenir l'un pour l'autre un obstacle dont l'interférence, loin de mettre fin à l'imitation, la redouble et la rend réciproque. C'est la rivalité mimétique.
    Le sentiment positif qui oriente d'abord le disciple vers son modèle fait place alors à une haine d'autant plus obsédante qu'elle reste mêlée de vénération. La rivalité mimétique produit des effets de surenchère qui se répandent contagieusement, mimétiquement et tendent à désagréger les communautés." (p.12)

    "Plus le monde se démocratise, plus la liberté individuelle se répand, plus les rivalités se multiplient, les plus stériles comme les plus fécondes. Toute cette concurrence accélère le développement économique, scientifique et technique mais, simultanément, elle suscite le malaise des individus dans l'instabilité de toute communauté, familiale, locale, nationale..." (p.13)

    "Ce fameux ressentiment que Nietzsche voyait partout sauf là où il triomphait le plus spectaculairement, dans son œuvre à lui." (p.22)

    "Pour se rendre acceptable dans une foule soupçonneuse, pour "s'intégrer" à ce milieu étranger, la recette la plus efficace est facile à imaginer. Elle consiste à adopter bruyamment le bouc émissaire de ceux qu'on veut se concilier." (p.25)
    -René Girard, De la violence à la divinité, Paris, Éditions Grasset & Fasquelle, 2007, 1487 pages, introduction p.7-28.

    "Don Quichotte a renoncé, en faveur d'Adamis, à la prérogative fondamentale de l'individu: il ne choisit plus les objets de son désir, c'est Adamis qui doit choisir pour lui."
    -René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, 1961, in De la violence à la divinité, Paris, Éditions Grasset & Fasquelle, 2007, 1487 pages



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

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