https://fr.wikipedia.org/wiki/Leonard_Nelson
https://books.google.fr/books?id=J5Nf9Phx7IoC&pg=PA52&lpg=PA52&dq=de+l%27anarchisme+au+lib%C3%A9ralisme&source=bl&ots=LAIpkv3N0G&sig=inL1SweeAN2YgLu6kg-aou1Rfy0&hl=fr&sa=X&ei=b5uMVKTQH8LzavuHgIgE&ved=0CFgQ6AEwCTgo#v=onepage&q=de%20l'anarchisme%20au%20lib%C3%A9ralisme&f=false
"Chaque parti politique a un arrière-fond philosophique qui en constitue le véritable principe vital." (p.18)
"Lorsqu'une exigence politique est avancée, cela peut se faire pour deux raisons. Ou bien nous exigeons quelque chose parce que nous considérons cela comme un moyen indispensable pour atteindre une fin déterminée. Ou bien ce que nous exigeons vaut pour nous comme fin en soi et non plus seulement comme moyen pour une autre fin. Or le choix des moyens ne dépend pas seulement des fins dernières dont on vise la réalisation, mais aussi et très essentiellement de la nature des circonstances qui commandent la situation à ce moment-là. Selon que ces circonstances seront telles ou telles, ce seront tantôt ces moyens-ci, tantôt ceux-là qui nous paraîtront propres à favoriser nos fins politiques véritables. Pour atteindre une seule et même fin, ce peut être aujourd'hui ce moyen, une autre fois cet autre qui sera "opportun", comme on dit.
La langue allemande dispose de deux vieux mots fort bons pour exprimer cette différence. L'habileté avec laquelle on choisit ses moyens est affaire de prudence ; le choix des fins convenables est affaire de sagesse. De nos jours cependant, on ne peut guère parler de "sagesse" sans être suspecté d'être non-pratique. Il est vrai: si est "pratique" ce qui est utile à la réalisation de de nos buts, l'affaire de la sagesse n'est, quand à sa nature, rien de pratique. Car ce qui confère premièrement sa valeur à tout ce qui est utile, comme cela pourra-t-il être quelque chose d'utile ? Ce n'est que par irréflexion que l'on peut avoir l'idée de considérer la sagesse comme quelque chose d'inutile parce qu'elle n'est rien d'utile. Car sans elle, ce sont tous les efforts de la prudence qui perdraient leurs sens." (p.18-19)
"Un parti qui n'a plus de principes désespère à proprement parler de ce qui fait toute la fin de son existence. Cette erreur, il faut le dire, est même de loin la pire ; car seul celui qui a en vue un but ferme pourra, au cas où il se sera mépris dans le choix des moyens, réparer plus tard cette erreur ; mais celui qui n'a aucun but ferme ne sera pas non plus en mesure de choisir ensuite les moyens convenables. Il ressort de là qu'il est également tactiquement imprudent de négliger par trop d'insister sur les principes." (p.19)
"Une justification purement opportuniste des exigences tactiques ne permet jamais de recruter de nouveaux combattants autonomes, qui constituent l'élément le plus important dont un parti fort a besoin." (p.19-20)
(p.19-20)
"En politique économique, la théorie de l'ancien libéralisme avait affirmé -en vue de sauvegarder la liberté personnelle- que toute intervention de l'Etat dans la vie économique était à rejeter. C'est pourquoi elle proclamait le droit du libre contrat de travail. Mais quand on transporta cette théorie dans la pratique, il apparut qu'à la place de la liberté que l'on attendait, on avait une exploitation et une dépendance économiques sans cesse croissantes des masses. On n'avait pas pris garde que le travailleur dénué de tout bien est obligé d'accepter les conditions de travail qui lui sont faites par l'entrepreneur, s'il ne veut pas mourir de faim." (p.20-21)
"Si nous voulions faire dépendre la confiance que nous avons en notre raison de l'assentiment de quelque instance supérieure, par exemple de celui d'un pape infaillible ou d'un livre sacré, alors surgirait la question: à quoi reconnaissons-nous la compétence de cette instance supérieure, quelle marque distinctive avons-nous de son infaillibilité ? Nous devrions déjà posséder cette marque d'infaillibilité avant de pouvoir reconnaître comme telle cette instance supérieure. Nous ne pourrions tirer cette marque distinctive que de notre propre raison. C'est pourquoi nous serions dans un cercle si nous voulions faire dépendre la compétence de notre raison de la sanction de quelque autorité extérieure." (p.36)
-Léonard Nelson, "Qu'est-ce que le libéralisme ?", 1910, repris in Certitudes de la raison, Paris, Beauchesne, coll. Bibliothèque des "archives de philosophie", numéro 39, 1982 (1975 pour la première édition allemande), 267 pages.
https://books.google.fr/books?id=J5Nf9Phx7IoC&pg=PA52&lpg=PA52&dq=de+l%27anarchisme+au+lib%C3%A9ralisme&source=bl&ots=LAIpkv3N0G&sig=inL1SweeAN2YgLu6kg-aou1Rfy0&hl=fr&sa=X&ei=b5uMVKTQH8LzavuHgIgE&ved=0CFgQ6AEwCTgo#v=onepage&q=de%20l'anarchisme%20au%20lib%C3%A9ralisme&f=false
"Chaque parti politique a un arrière-fond philosophique qui en constitue le véritable principe vital." (p.18)
"Lorsqu'une exigence politique est avancée, cela peut se faire pour deux raisons. Ou bien nous exigeons quelque chose parce que nous considérons cela comme un moyen indispensable pour atteindre une fin déterminée. Ou bien ce que nous exigeons vaut pour nous comme fin en soi et non plus seulement comme moyen pour une autre fin. Or le choix des moyens ne dépend pas seulement des fins dernières dont on vise la réalisation, mais aussi et très essentiellement de la nature des circonstances qui commandent la situation à ce moment-là. Selon que ces circonstances seront telles ou telles, ce seront tantôt ces moyens-ci, tantôt ceux-là qui nous paraîtront propres à favoriser nos fins politiques véritables. Pour atteindre une seule et même fin, ce peut être aujourd'hui ce moyen, une autre fois cet autre qui sera "opportun", comme on dit.
La langue allemande dispose de deux vieux mots fort bons pour exprimer cette différence. L'habileté avec laquelle on choisit ses moyens est affaire de prudence ; le choix des fins convenables est affaire de sagesse. De nos jours cependant, on ne peut guère parler de "sagesse" sans être suspecté d'être non-pratique. Il est vrai: si est "pratique" ce qui est utile à la réalisation de de nos buts, l'affaire de la sagesse n'est, quand à sa nature, rien de pratique. Car ce qui confère premièrement sa valeur à tout ce qui est utile, comme cela pourra-t-il être quelque chose d'utile ? Ce n'est que par irréflexion que l'on peut avoir l'idée de considérer la sagesse comme quelque chose d'inutile parce qu'elle n'est rien d'utile. Car sans elle, ce sont tous les efforts de la prudence qui perdraient leurs sens." (p.18-19)
"Un parti qui n'a plus de principes désespère à proprement parler de ce qui fait toute la fin de son existence. Cette erreur, il faut le dire, est même de loin la pire ; car seul celui qui a en vue un but ferme pourra, au cas où il se sera mépris dans le choix des moyens, réparer plus tard cette erreur ; mais celui qui n'a aucun but ferme ne sera pas non plus en mesure de choisir ensuite les moyens convenables. Il ressort de là qu'il est également tactiquement imprudent de négliger par trop d'insister sur les principes." (p.19)
"Une justification purement opportuniste des exigences tactiques ne permet jamais de recruter de nouveaux combattants autonomes, qui constituent l'élément le plus important dont un parti fort a besoin." (p.19-20)
(p.19-20)
"En politique économique, la théorie de l'ancien libéralisme avait affirmé -en vue de sauvegarder la liberté personnelle- que toute intervention de l'Etat dans la vie économique était à rejeter. C'est pourquoi elle proclamait le droit du libre contrat de travail. Mais quand on transporta cette théorie dans la pratique, il apparut qu'à la place de la liberté que l'on attendait, on avait une exploitation et une dépendance économiques sans cesse croissantes des masses. On n'avait pas pris garde que le travailleur dénué de tout bien est obligé d'accepter les conditions de travail qui lui sont faites par l'entrepreneur, s'il ne veut pas mourir de faim." (p.20-21)
"Si nous voulions faire dépendre la confiance que nous avons en notre raison de l'assentiment de quelque instance supérieure, par exemple de celui d'un pape infaillible ou d'un livre sacré, alors surgirait la question: à quoi reconnaissons-nous la compétence de cette instance supérieure, quelle marque distinctive avons-nous de son infaillibilité ? Nous devrions déjà posséder cette marque d'infaillibilité avant de pouvoir reconnaître comme telle cette instance supérieure. Nous ne pourrions tirer cette marque distinctive que de notre propre raison. C'est pourquoi nous serions dans un cercle si nous voulions faire dépendre la compétence de notre raison de la sanction de quelque autorité extérieure." (p.36)
-Léonard Nelson, "Qu'est-ce que le libéralisme ?", 1910, repris in Certitudes de la raison, Paris, Beauchesne, coll. Bibliothèque des "archives de philosophie", numéro 39, 1982 (1975 pour la première édition allemande), 267 pages.