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    Anouk Barberousse, L'expérience

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Anouk Barberousse, L'expérience Empty Anouk Barberousse, L'expérience

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 29 Oct - 16:48

    https://www.babelio.com/auteur/Anouk-Barberousse/28468

    "L'expérience, comparée aux autres dimensions de la vie humaine, la pensée et l'action, présente un caractère mixte: elle nous met comme l'action en contact avec le monde extérieur, tout en constituant comme la pensée un élément crucial de notre vie intérieure. L'exemple d'une douleur causée par une brûlure permet d'illustrer ce caractère mixte de l'expérience. C'est bien un élément extérieur à moi qui est cause de mon expérience douloureuse ; et c'est bien ma vie consciente, individuelle, subjective, qui en est affectée.

    Selon une autre perspective, l'expérience s'oppose tant à la pensée qu'à l'action dans la mesure où elle serait, en apparence du moins, marquée du sceau de la passivité. Le contact avec le monde extérieur qu'elle autorise est indépendant de notre volonté ; nous ne sommes pas libres de ne pas subir telle douleur, par exemple, alors que nous sommes libres de réfléchir aux idéalités mathématiques." (pp.11-12)

    "
    L'option fondationnaliste n'est cependant pas la seule qui soit offerte, même aux empiristes. Le philosophe Otto Neurath [...] a proposé une réponse non fondationnaliste au problème de la connaissance. Il compare l'entreprise de constitution des connaissances à la réparation d'un navire en pleine mer. Les morceaux de bois qui forment le navire -les expériences sensibles- viennent parfois à s'user et devoir être remplacés -nous en venons parfois à douter de telle ou telle expérience sensible, et sommes amenés à transformer nos jugements d'expérience. Il arrive que ces réparations ne puissent être faites qu'en haute mer : pas question d'attendre le prochain port. De même, il peut nous arriver de devoir changer d'avis ou de transformer nos croyances au beau milieu d'une situation où nous sommes en contact perceptif avec le monde, et où nous devons prendre des décisions qui dépendent de nos croyances perceptives. Ces réparations n'enlèvent rien au fait que ce sont bien les planches de bois qui constituent le navire -au fait que ce sont bien nos expériences sensibles qui sont les éléments constitutifs de nos connaissances. Que nous devions changer de planches en chemin -modifier nos croyances empiriques- n'ôte rien à leur caractère constitutif." (pp.24-25)

    "
    (pp.20-21)

    "Imaginez

    John Searle l'ont noté."
    (p.22)

    "
    (pp.24-25)

    "Les sciences ont pour buts généraux de découvrir quelles entités constituent notre monde, quelles sont leurs propriétés et, d'autre part, à quelles régularités elles sont soumises." (p.26)

    "Selon une analyse classique de l'activité scientifique, le premier but est atteint par le moyen de l'observation, que l'on peut décrire comme une perception volontaire et systématique, tandis que le second est atteint par le moyen de la construction de théories. Comme les théories sont élaborées elles-mêmes à partir de données observationnelles, et qu'elles sont validées en retour par l'observation ou l'expérience, les différentes sciences semblent reposer de part en part, selon cette vision classique, sur le fondement de l'expérience, que ce soit l'expérience perceptive ou l'expérimentation. La thèse empiriste fondationnaliste peut donc recevoir une interprétation en philosophie des sciences, comme elle en reçoit une en théorie générale de la connaissance. Selon cette interprétation, l'expérience est le socle à partir duquel nous pouvons élaborer les connaissances scientifiques. Ici, le mot "expérience" est susceptible de prendre deux sens, respectivement synonymes, du moins selon la conception classique, d' "observation" et d' "expérimentation". La différence entre ces deux notions réside dans le degré d'activité qu'elles supposent: l'observation est conçue comme plus passive que l'expérimentation, dans laquelle on soumet en quelque sorte la nature à la question, alors que, dans l'observation, on se contente d'attendre ses réponses.

    Cette description classique de l'activité scientifique, qui la fonde sur l'expérience, peut être approfondie de la façon suivante. Une expérience scientifique, une expérimentation, est la création de conditions telles que l'on puisse observer un phénomène qu'il serait impossible de percevoir dans des conditions naturelles. Faire une expérience scientifique, c'est donc provoquer volontairement et artificiellement les conditions d'une expérience perceptive particulière. Par conséquent, selon cette perspective, c'est encore une fois l'expérience perceptive qui joue le rôle de fondement dernier de la connaissance scientifique : l'expérience scientifique, intentionnellement provoquée, est un moyen d'améliorer notre capacité à faire l'expérience de la nature afin de mieux la comprendre, de mieux la prévoir, et éventuellement de mieux l'utiliser à des fins pratiques. L'expérience scientifique peut, selon ce point de vue, être envisagée comme une amplification de l'expérience ordinaire, sur laquelle, en dernière instance, elle repose. En effet, la raison pour laquelle nous construisons des appareils sophistiqués pour déclencher certains phénomènes parfois extrêmement ténus est que nous pouvons, grâce à eux, recueillir des traces directement observables de ces phénomènes. Ainsi les immenses collisionneurs de particules ont-ils été construits dans le but de faire apparaître sur des plaques photographiques des traces de processus qui ont lieu à des échelles spatiales, temporelles et énergétiques totalement inaccessibles à nos capacités perceptives naturelles. Les photographies que l'on obtient sont visibles à l'œil nu, et permettent d'affiner les théories disponibles ou, parfois, de les remettre en cause. L'expérience commune, perceptive, apparaît donc ici comme la visée de l'expérience scientifique, sans laquelle celle-ci ne serait d'aucune utilité. Le fondement des théories scientifiques est, selon cette perspective, le même que celui des théories naïves ou préscientifiques -c'est l'expérience." (pp.26-27)
    -Anouk Barberousse, L'expérience, Paris, GF-Flammarion, coll. Corpus, 1999, 255 pages.





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