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    Christiane Chauviré, L’art et le mythe de l’ineffable chez Wittgenstein

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Christiane Chauviré, L’art et le mythe de l’ineffable chez Wittgenstein Empty Christiane Chauviré, L’art et le mythe de l’ineffable chez Wittgenstein

    Message par Johnathan R. Razorback Ven 27 Jan - 22:47

    https://journals.openedition.org/philosophique/244

    "Pour Wittgenstein, être insatisfait de notre langage est une erreur fatale. L’art n’a pas pour fonction de nous donner accès à un ineffable mystérieux au-delà des mots (ni d’ailleurs à produire en nous des effets ‑affects ou émotions qu’éventuellement le créateur aurait pu vouloir nous transmettre car ce serait là une conception causale du fonctionnement de l’art, que Wittgenstein récuse au profit d’une conception selon laquelle la recherche esthétique vise à donner des raisons).

    Le Cahier Brun démystifie définitivement ce sentiment d’impuissance à décrire :

    La même illusion étrange dans laquelle nous sommes quand il semble que nous recherchions le quelque chose qu’exprime un visage — alors qu’en réalité nous nous abandonnons aux traits qui sont devant nous — La même illusion nous possède encore plus fortement si, alors que nous nous répétons une mélodie de sorte qu’elle fasse toute son impression sur nous, nous disons Cette mélodie dit quelque chose et c’est comme si j’avais à trouver ce qu’elle dit. Et pourtant je sais qu’elle ne dit rien qui soit tel que je puisse exprimer ce qu’elle dit en mots ou en images. Et si, admettant cela, je me résigne à dire : « Elle exprime seulement une pensée musicale », cela ne voudrait rien dire de plus que dire « elle s’exprime elle-même ». Wittgenstein critique ici l’usage transitif des verbes « exprimer » « dire » ou « signifier », qui en induisant un complément d’objet direct, nous incite à penser qu’il y a un quelque chose qui est exprimé, dit, signifié par la musique, et qui n’est pas dans La musique, mais au‑delà d’elle. Mieux vaudrait aux yeux de Wittgenstein employer un verbe intransitif comme dans l’énoncé « chacun de ces motifs colorés impressionne » (p. 272), ou mieux encore un réfléchi : « ce que la musique nous transmet, c’est elle‑même » (p. 273) car « Nous souhaitons éviter toute forme d’expression qui semblerait faire référence à un effet produit par un objet sur un sujet » (ib.). De fait seul l’usage réfléchi du verbe (« La musique se dit elle‑même ») rend justice à l’autonomie de la phrase musicale, qui ne vise rien au‑delà d’elle‑même, puisqu’elle suffit à elle‑même étant une « fin en soi ». Il n’y a donc pas lieu de chercher un « quelque chose » qu’elle voudrait dire ni de se désoler de ne pas y arriver, ni de s’en prendre à la « grossièreté » de notre langage factuel. Et surtout il n’y a pas lieu de penser que, du coup, on se résigne à la musique elle‑même (ou à la tautologie : « la musique exprime une idée musicale »). Cette idée de résignation est totalement inadéquate ; pourquoi dire que nous devons nous résigner à la musique alors que la musique est tout, et qu’il n’y a rien à chercher au‑delà d’elle ? « Qu’est‑ce qui nous incite à penser que ce qu’exprime la musique pourrait être exprimé autrement, et mieux ? » . Pourquoi ne pas comprendre que la musique est complète, qu’il ne lui manque rien, qu’elle ne fait pas signe vers autre chose, et que nous devrions en être satisfaits ?"
    -Christiane Chauviré, "L’art et le mythe de l’ineffable chez Wittgenstein", « L’art et le mythe de l’ineffable chez Wittgenstein », Philosophique [En ligne], 2 | 1999, mis en ligne le 01 octobre 2011, consulté le 29 janvier 2023. URL : http://journals.openedition.org/philosophique/244 ; DOI : https://doi.org/10.4000/philosophique.244




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