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    Revue Controverses

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Date d'inscription : 12/08/2013
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    Message par Johnathan R. Razorback Lun 13 Fév - 12:56

    https://fr.internationalism.org/rint127/ethique_morale.html

    https://www.leftcommunism.org/spip.php?article95

    "Le texte Marxisme et éthique du CCI défini la morale comme étant une somme de « sentiments »
    émanant « de la société dans son ensemble », et tirant
    son origine des « instincts sociaux (que Darwin appelle "altruistes") », instincts « qui existaient déjà
    dans le monde animal et qui prennent de plus en plus
    un caractère conscient » (n°111). C’est cette morale
    qui constitue le véritable ciment de la société : « la
    morale remplit la fonction de favoriser les pulsions
    sociales en opposition aux pulsions antisociales de
    l’humanité, dans l’intérêt de la cohésion de la communauté. Elle canalise l’énergie psychique dans
    l’intérêt de tous ».
    Cette thèse défend l’idée que « la morale exprime les
    besoins de la société dans son ensemble », qu’elle
    possède « un caractère collectif », et permet
    « d’identifier les principes et les règles de vie commune des membres de la société ». Ces règles sont
    résumées dans deux listes de pulsions qui sont à la
    base des comportements humains : l’une est constituée de « pulsions sociales » comme « la solidarité, la
    sensibilité, la générosité, le soutien aux nécessiteux,
    l’honnêteté, l’attitude amicale et la bienveillance, la
    modestie, la solidarité entre générations », et l’autre
    de « pulsions antisociales » comme « l’indifférence
    envers les autres, la brutalité, l’avidité, l’envie,
    l’arrogance et la vanité, la malhonnêteté et le mensonge ».
    Cette opposition entre deux univers pulsionnels est
    codifiée en invariants atemporels dans la morale
    collective de l’humanité : « les êtres humains ont
    toujours reconnu la valeur » des « pulsions sociales »,
    alors que les « pulsions antisociales […] ont toujours
    provoqué la désapprobation et l’indignation ». Ce
    sont les « émotions et instincts sociaux » engendrés
    par la sélection naturelle qui ont permis à la morale
    de « remplir la fonction de favoriser les pulsions sociales en opposition aux pulsions antisociales de
    l’humanité ». Cependant, après la phase du communisme primitif au cours de laquelle les hommes ont
    vécus « de véritables rapports de solidarités » découlant de leurs « instincts sociaux », les sociétés de
    classes ont développé les « pulsions asociales ». C’est
    pourquoi « les lois économiques du capitalisme, basées sur la concurrence, interdisent à l'espèce humaine de développer pleinement ses instincts sociaux » (16). Dès lors, l’« un des principaux buts de la
    révolution communiste, c’est la victoire des instincts
    sociaux sur les pulsions antisociales ». Ainsi libérée,
    « l'humanité pourra construire une société où ces
    instincts sociaux prendront leur totale mesure et conduiront à leur tour la civilisation humaine à son
    accomplissement » (17)
    .
    A cela, le CCI rajoute qu’il existe une appréhension
    psychologique et morale de la réalité permettant
    « d’approprier le monde social à travers des jugements sur le bien et le mal, sur ce qui est acceptable et
    ce qui ne l’est pas » et ayant un « caractère impératif ». Pour le CCI, « cette approche morale de la réalité utilise des mécanismes psychiques spécifiques,
    comme la bonne conscience et le sens des responsabilités ». Il en découle que c’est cette approche morale
    et impérative de la réalité qui est déterminante dans
    « la prise de décision et le comportement général »,
    puisque ce « moyen d’appropriation et de transformation de la réalité a un caractère collectif »
    qui « influence la prise de décision et le comportement
    général et, souvent, les déterminent ». C’est pourquoi
    le texte du CCI introduit la défense d’« idéaux les
    plus élevés de l’humanité » que sont « la paix intérieure et l’harmonie avec le monde social ».
    Certes, ce texte reconnaît aussi que, « en général, la
    morale dominante est celle de la classe dominante »,
    mais il atténue immédiatement ce constat en affirmant que l’approche morale du monde n’exprime pas
    que les intérêts particuliers d’un groupe social donné : « le caractère de classe d’une morale donnée ne
    doit pas nous faire perdre de vue le fait que tout système moral contient des éléments humains généraux
    qui contribuent à la préservation de la société… ». Ce
    caractère de classe est encore plus amoindri par le
    fait que le CCI considère qu’il s’agirait de la confiscation de la morale « de la société dans son ensemble »
    par les classes dominantes : « les sentiments moraux
    de la société dans son ensemble ont toujours été utilisés par les exploiteurs ». En conséquence, la tâche du
    prolétariat sera de libérer la morale commune appartenant à l’ensemble de la société du « fléau de la
    mauvaise conscience » que les classes dominantes y
    ont introduit : « …le prolétariat est la seule classe de
    l’histoire qui puisse … libérer la morale, et donc
    l’humanité, du fléau de la ‘mauvaise conscience’… ».
    Dans cette « vision grandiose du marxisme », le
    communisme de demain sera le « grand saut dans le

    (16) Extrait de l’article sur « Le darwinisme social, une
    idéologie réactionnaire » (CCI en ligne 2009).
    (17) Idem.
    royaume de la liberté qui nous attend dans le futur »
    (n°135)." (pp.13-14)

    "Le matérialisme historique et dialectique s'appuie
    sur ce constat évident que, depuis l'aube de l'humanité, les hommes ont noué des rapports sociaux entre
    eux afin d'assurer la production et la reproduction
    des moyens de leur existence : se nourrir, se loger, se
    reproduire et, plus généralement, assurer toutes les
    prestations sociales nécessaires à la vie en communauté : rites, mariages, justice, règles morales, éducation des enfants… Ces rapports sociaux entre les
    hommes sont contradictoires et forment la base des
    structures et de la dynamique d’évolution des sociétés. [...] L’appréhension marxiste du monde consiste donc à mettre en évidence
    tous les rapports sociaux que les hommes ont noués
    entre eux. Tel est le fondement matérialiste, historique et dialectique de la conception marxiste du
    monde (19). C’est pourquoi, dans leur ouvrage AntiDühring, Marx et Engels définissent la morale et le
    droit comme des « rapports sociaux » spécifiques à
    chaque société, alors que le CCI caractérise la morale comme un ensemble de « sentiments moraux de
    la société dans son ensemble ». C’est la première divergence de ce dernier avec le marxisme." (p.14)

    "[La] célèbre formule du Manifeste doit également être prise dans son esprit, et non à la lettre, car les classes sociales sont apparues bien tardivement au cours de l’histoire humaine. En effet, les antagonismes et contradictions sociales y ont revêtu bien d’autres formes dans le passé : ordres, castes, clientèles, dépendants, etc." (note 22 p.15)

    "Si le communisme de demain ne sera plus l’expression de la domination d’une partie de la société sur une autre (antagonisme), il sera néanmoins toujours fondé sur des rapports sociaux contradictoires que les hommes noueront entre eux dans leur vie sociale. Ce sont ces rapports qui continueront à faire évoluer l’homme et la civilisation." (p.15)

    "les fondateurs
    du socialisme scientifique analyseront la morale
    comme une expression de la nécessité d’arbitrer les
    rapports sociaux contradictoires qui la traversent.
    En effet, pour que ces contradictions n’entravent pas
    le bon déroulement de la vie sociale, le besoin s'est
    imposé d'un corpus idéologique qui, placée en apparence au-dessus de la société, doit les gérer et les
    maintenir dans certaines limites sociales. Ce pouvoir
    idéologique, né de la société, mais qui se place audessus d'elle et qui s’impose à tous, c'est la morale.
    En effet, comme l’expliquait Trotski, une société sous
    l’emprise de ses contradictions ne résisterait pas une
    seule semaine s’il n’existait pas des institutions et
    idéologies pour maintenir la cohésion sociale : « Un
    semblable régime, fondé sur la seule contrainte, ne
    durerait pas une semaine. Le ciment de l’éthique lui
    est indispensable » (Leur morale et la nôtre). Alors
    que le marxisme analyse la morale comme étant une
    expression de la nécessité d’arbitrer les rapports
    sociaux contradictoires entre les hommes, le CCI
    défend l’idée que « la morale exprime les besoins de la
    société dans son ensemble ». C’est la seconde divergence qu’il développe avec le marxisme." (p.15)

    "La morale est donc née du besoin de gérer et contenir les contradictions sociales, mais étant née au
    milieu de celles-ci, elle est, en règle générale, la morale d’un ou de plusieurs groupes sociaux particuliers et en exprime leurs conceptions idéologiques :
    « …consciemment ou inconsciemment, les hommes
    puisent en dernière analyse leurs conceptions morales
    dans les rapports pratiques sur lesquels se fonde leur
    situation de classe, - dans les rapports économiques
    dans lesquels ils produisent et échangent » (AntiDühring). En conséquence, le matérialisme historique exclut de concevoir la morale comme un corpus
    de « sentiments moraux de la société dans son ensemble ». Cette idée du CCI l’amène malheureusement à reprendre à son compte la justification idéologique typique de tous les dominants, à savoir que
    la morale transcenderait les divisions sociales :
    « l’existence de valeurs communes qui donnent une
    cohésion à la société, et de progrès éthiques. La continuité du sentiment de communauté n’est pas cependant une fiction métaphysique » (n°128). [...]

    Quand à Marx et Engels, ils
    sont encore plus catégoriques puisque, théoriquement, ils affirment qu’il faut repousser « toute prétention de nous imposer quelque dogmatisme moral
    que ce soit comme loi éthique éternelle, définitive,
    désormais immuable, sous le prétexte que le monde
    moral a lui aussi ses principes permanents qui sont
    au-dessus de l’histoire… » (Anti-Dühring), et, empiriquement, ils l’attestent en démontrant que « de
    peuple à peuple, de période à période, les idées de
    bien et de mal ont tant changé que souvent elles se
    sont carrément contredites » (Anti-Dühring). Telle est
    la troisième divergence que le CCI développe avec le
    marxisme.
    En effet, Marx et Engels ont toujours dénoncé l’idée
    que la morale exprimait « l’intérêt de tous », car elle
    ne se situe pas au-dessus des contradictions sociales,
    elle en est une de ses expressions idéologiques et,
    comme toutes les expressions idéologiques issues des
    contradictions sociales, celle-ci est inévitablement
    investie par les intérêts spécifiques de l’un ou l’autre
    groupe social. La morale n’est donc pas déterminée
    par « des mécanismes psychiques comme la bonne
    conscience et le sens des responsabilités » et qui « canalise l’énergie psychique dans l’intérêt de tous »,
    comme le développe le CCI, mais elle légitime avant
    tout des intérêts particuliers qui sont présentés
    comme généraux et indispensables au bon fonctionnement de la société dans son ensemble. En conséquence, les règles morales n’ont de caractère impératif que parce qu’elles sont imposées par l’un ou
    l’autre groupe social particulier au nom de l’intérêt
    général. En dernière instance, la morale est une
    expression sur le plan idéologique des contradictions
    d’une société donnée et des intérêts de groupes sociaux particuliers." (pp.15-16)

    "Une morale atemporelle faite « de pulsions sociales » que « les êtres humains ont toujours reconnus », et de « pulsions antisociales » que les hommes auraient « toujours réprouvés », est justement ce que Marx et Engels ont toujours combattu." (p.16)

    "La vendetta est massive dans les sociétés sans État. En voici quelques exemples significatifs glanés dans une abondante littérature scientifique :

    a) Le meurtre était une chose tellement banale chez les Eskimos que l’explorateur danois Rasmussen, visitant un camp Inuit au début des années 1920, rapporte que chacun des quinze adultes mâles présents se flattait d’avoir commis au moins un meurtre au cours de son existence, meurtres dont la raison était invariablement un conflit galant." (p.17)

    "De récentes fouilles à Atapuerta en Espagne
    ont démontré que les premiers européens se livraient
    à un cannibalisme non motivé par des besoins alimentaires ou de rituels. En effet, la région où ils
    vivaient et les restes alimentaires attestent d’une
    abondance d’eau et de nourriture, restes qui étaient
    indifféremment mélangés aux autres déchets. De
    plus, cette anthropophagie était continue dans le
    temps et non ponctuelle puisqu’elle se retrouve dans
    plusieurs niveaux géologiques. Enfin, ce cannibalisme ne se limitait pas à sa forme ‘classique’ à
    l’égard des rivaux, mais se pratiquait principalement
    à l’encontre des enfants et adolescents." (p.18)

    "L’approche morale du texte Marxisme et éthique du CCI reconstruit cette réalité de façon à la faire correspondre à des schémas idéels et préétablis." (p.18)

    "Avoir le droit de fonder une famille passe par l’acquittement d’un lourd fardeau de la part des jeunes envers la génération des parents dans la plupart des sociétés traditionnelles. Un fardeau tellement lourd que, s’ils sont incapables de s’en acquitter, ils sont bien souvent réduits en esclavage ! Ainsi, le gendre doit toute sa vie rapporter le produit de sa chasse à sa belle famille chez les aborigènes australiens : c’est une véritable ‘rente viagère’ en contrepartie de futures épouses. Ces dernières sont accessibles après un ‘service pour la fiancée’ chez les Bushmen et nombre de tribus primitives d’Amérique du sud. Enfin, le système le plus généralisé et encore très actuel de par le monde, c’est le ‘prix de la fiancée’. Dans ce cas, lorsque ce montant est particulièrement lourd et qu’il ne peut s’en acquitter, le gendre est bien souvent réduit en esclavage pour dette. Telle est la véritable origine de l’esclavage dans l’histoire de l’humanité, bien avant celui de l’Antiquité." (p.19)

    "Les faits en eux-mêmes n’ont aucune signification,
    c’est toujours leur interprétation qui leur donne
    sens. C’est pourquoi le marxisme a toujours rejeté
    l’empirisme, c’est-à-dire la démarche consistant à
    partir de la réalité empirique et à penser la vérité
    comme y étant entièrement contenue. C’est pourquoi
    aussi, tout comme pour la démarche scientifique, le
    marxisme accorde une importance toute particulière
    à la spéculation théorique. Non seulement elle est à
    l’origine de la démarche scientifique dans la formulation de ses hypothèses explicatives, mais également
    à la base du critère de vérité dans le choix opéré
    entre théories concurrentes ou alternatives. Cependant, les énoncés et raisonnements théoriques ne
    sont que pures spéculations et idéalisme s’ils ne sont
    pas validés dans ou par la réalité : leur faire passer
    l’épreuve des faits constitue une étape tout aussi
    fondamentale dans la démarche scientifique. C’est
    dans la capacité heuristique à restituer la réalité
    concrète en un tout cohérent que réside le critère
    fondamental permettant de choisir entre des théories
    concurrentes ou alternatives."
    -Revue Controverses, N°2, septembre 2009.



    _________________
    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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