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    Gilbert Simondon, L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information + Du mode d'existence des objets techniques + Les limites du progrès humain + Sur la techno-esthétique, et, Réflexions préalables à une refonte de l'enseignement

    Johnathan R. Razorback
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    Simondon - Gilbert Simondon, L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information + Du mode d'existence des objets techniques + Les limites du progrès humain +  Sur la techno-esthétique, et, Réflexions préalables à une refonte de l'enseignement Empty Gilbert Simondon, L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information + Du mode d'existence des objets techniques + Les limites du progrès humain + Sur la techno-esthétique, et, Réflexions préalables à une refonte de l'enseignement

    Message par Johnathan R. Razorback Mar 3 Fév - 21:24

    https://books.google.fr/books?id=i93EAcyjYV4C&printsec=frontcover&dq=Gilbert+Simondon&hl=fr&sa=X&ei=MTzRVIXnJ8yy7QbO4oHYAg&ved=0CEYQ6AEwBQ#v=onepage&q=Gilbert%20Simondon&f=false

    https://monoskop.org/Gilbert_Simondon

    https://cteme.files.wordpress.com/2012/09/simondon_leslimitesduprogreshumain1.pdf

    https://monoskop.org/images/4/44/Simondon_Gilbert_Sur_la_techno-esthetique_et_Reflexions_prealables_a_une_refonte_de_l_enseignement.pdf


    "L'électricité n'est pas un objet. Elle est seulement décelable et manipulable à travers des objets, et éventuellement, d'abord, à travers les milieux naturels ; l'éclair passe et se ramifie à travers des couloirs d'air préalablement ionisés. Il existe un temps de préparation de l'éclair, avant la décharge foudroyante. Cette ionisation, on peut l'écouter avec une antenne, car elle est est parsemée de minimes décharges et d'amorçage préalables. La foudre proprement fulgurante n'est qu'une conclusion brutale, de haute énergie, une conclusion de la mélodie plurale des décharges préparatoires. L'éclair final suit des chemins déjà battus. Et cette mélodie progressivement amplifiante trace des sentiers à faible résistance qui se capteront les uns les autres au moment du coup final. L'esthétique de la nature peut ne se percevoir qu'à travers un objet technique (ici un récepteur apériodique) quand il s'agit de détecter des phénomènes subtiles échappant à la perception [terme illisible], et pourtant déterminants".
    -Gilbert Simondon, "Sur la techno-esthétique", article adressé à Jacques Derrida, repris dans le numéro 12 des Papiers du Collège International de Philosophie, p.16.



    Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Lun 31 Juil - 11:33, édité 4 fois


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    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".

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    Message par Johnathan R. Razorback Ven 5 Fév - 11:34

    "Cette étude est animée par l'intention de susciter une prise de conscience du sens des objets techniques. La culture s'est constituée en système de défense contre les techniques; or, cette défense se présente comme une défense de l'homme, supposant que les objets techniques ne contiennent pas de réalité humaine. Nous voudrions montrer que la culture ignore dans la réalité technique une réalité humaine, et que, pour jouer son rôle complet, la culture doit incorporer les êtres techniques sous forme de connaissance et de sens des valeurs. La prise de conscience des modes d'existence des objets techniques doit être effectuée par la pensée philosophique, qui se trouve avoir à remplir dans cette œuvre un devoir analogue a celui qu'elle a joué pour l'abolition de l'esclavage et l'affirmation de la valeur de la personne humaine.

    L'opposition dressée entre la culture et la technique, entre l'homme et la machine, est fausse et sans fondement; elle ne recouvre qu'ignorance ou ressentiment. Elle masque derrière un facile humanisme une réalité riche en efforts humains et en forces naturelles, et qui constitue le monde des objets techniques, médiateurs entre la nature et l'homme.

    La culture se conduit envers l'objet technique comme l'homme envers l'étranger quand il se laisse emporter par la xénophobie primitive. Le misonéisme orienté contre les machines n'est pas tant haine du nouveau que refus de la réalité étrangère. Or, cet être étranger est encore humain, et la culture complète est ce qui permet de découvrir l'étranger comme humain. De même, la machine est l'étrangère; c'est l'étrangère en laquelle est enfermé de l'humain, méconnu, matérialisé, asservi, mais restant pourtant de l'humain. La plus forte cause d'aliénation dans le monde contemporain réside dans cette méconnaissance de la machine, qui n'est pas une aliénation causée par la machine, mais par la non-connaissanse de sa nature et de son essence, par son absence du monde des significations, et par son omission dans la table des valeurs et des concepts faisant partie de la culture.

    La culture est déséquilibrée parce qu'elle reconnait certains objets, comme l'objet esthétique, et leur accorde droit de cité dans le monde des significations, tandis qu'elle refoule d'autres objets, et en particulier les objets techniques, dans le monde sans structure de ce qui ne possède pas de significations, mais seulement un usage, une fonction utile. Devant ce refus défensif, prononcé par une culture partielle, les hommes qui connaissent les objets techniques et sentent leur signification cherchent a justifier leur jugement en donnant a l'objet technique le seul statut actuellement valorisé en dehors de celui de l'objet esthétique, celui de l'objet sacré. Alors naît un technicisme intempérant qui n'est qu'une idolâtrie de la machine et, à travers cette idolâtrie, par le moyen d'une identification, une aspiration technocratique au pouvoir inconditionnel. Le désir de puissance consacre la machine comme moyen de suprématie, et fait d'elle le philtre moderne. L'homme qui veut dominer ses semblables suscite la machine androïde. Il abdique alors devant elle et lui délègue son humanité. Il cherche à construire la machine à penser, rêvant de pouvoir construire la machine à vouloir, la machine à vivre, pour rester derrière elle sans angoisse, libéré de tout danger, exempt de tout sentiment de faiblesse, et triomphant médiatement par ce qu'il a inventé. Or, dans ce cas, la machine devenue selon l'imagination ce double de l'homme qu'est le robot, dépourvu d'intériorité, représente de façon bien évidente et inévitable un être purement mythique et imaginaire.
    Nous voudrions précisément montrer que le robot n'existe pas, qu'il n'est pas une machine, pas plus qu'une statue n'est un être vivant, mais seulement un produit de l'imagination et de la fabrication fictive, de l'art d'illusion. Pourtant, la notion de la machine qui existe dans la culture actuelle incorpore dans une assez large mesure cette représentation mythique du robot. Un homme cultivé ne se permettrait pas de parler des objets ou des personnages peints sur une toile comme de véritables réalités, ayant une intériorité, une volonté bonne ou mauvaise. Ce même homme parle pourtant des machines qui menacent l'homme comme s'il attribuait a ces objets une âme et une existence séparée, autonome, qui leur confère l'usage de sentiments et d'intentions envers l'homme.

    La culture comporte ainsi deux attitudes contradictoires envers les objets techniques : d'une part, elle les traite comme de purs assemblages de matière, dépourvus de vraie signification, et présentant seulement une utilité. D'autre part, elle suppose que ces objets sont aussi des robots et qu'ils sont animés d'intentions hostiles envers l'homme, ou représentent pour lui un permanent danger d'agression, d'insurrection. Jugeant bon de conserver le premier caractère, elle veut empêcher la manifestation du second et parle de mettre les machines au service de l'homme, croyant trouver dans la réduction en esclavage un moyen sûr d'empêcher toute rébellion.
    En fait, cette contradiction inhérente a la culture provient de l'ambiguïté des idées relatives a l'automatisme, en lesquelles se cache une véritable faute logique. Les idolâtres de la machine présentent en général le degré de perfection d'une machine comme proportionnel au degré d'automatisme. Dépassant ce que l'expérience montre, ils supposent que, par un accroissement et un perfectionnement de l'automatisme on arriverait a réunir et à interconnecter toutes les machines entre elles, de manière a constituer une machine de toutes les machines.
    Or, en fait, l'automatisme est un assez bas degré de perfection technique. Pour rendre une machine automatique, il faut sacrifier bien des possibilités de fonctionnement, bien des usages possibles. L'automatisme, et son utilisation sous forme d'organisation industrielle que l'on nomme automation, possède une signification économique ou sociale plus qu'une signification technique. Le véritable perfectionnement des machines, celui dont on peut dire qu'il élève le degré de technicité, correspond non pas a un accroissement de l'automatisme, mais au contraire au fait que le fonctionnement d'une machine recèle une certaine marge d'indétermination. C'est cette marge qui permet a la machine d'être sensible a une information extérieure. C'est par cette sensibilité des machines à de l'information qu'un ensemble technique peut se réaliser, bien plus que par une augmentation de l'automatisme. Une machine purement automatique, complètement fermée sur elle-même dans un fonctionnement prédéterminée, ne pourrait donner que des résultats sommaires. La machine qui est douée d'une haute technicité est une machine ouverte, et l'ensemble des machines ouvertes suppose l'homme comme organisateur permanent, comme interprète vivant des machines les unes par rapport aux autres. Loin d'être le surveillant d'une troupe d'esclaves, l'homme est l'organisateur permanent d'une société des objets techniques qui ont besoin de lui comme les musiciens ont besoin du chef d'orchestre. Le chef d'orchestre ne peut diriger les musiciens que parce qu'il joue comme eux, aussi intensément qu'eux tous, le morceau exécuté ; il les modère ou les presse, mais est aussi modéré et pressé par eux; en fait, a travers lui, le groupe des musiciens modère et presse chacun d'eux, il est  pour chacun la forme mouvante et actuelle du groupe en train d'exister ; il est l'interprète mutuel de tous par rapport a tous. Ainsi l'homme a pour fonction d'être le coordinateur et l'inventeur permanent des machines qui sont autour de lui. Il est parmi les machines qui opèrent avec lui
    ." (p.9-12)

    "On peut se demander quel homme peut réaliser en lui la prise de conscience de la réalité technique, et l'introduire dans la culture. Cette prise de conscience peut difficilement être réalisée par celui qui est attaché a une machine unique par le travail et la fixité des gestes quotidiens ; la relation d'usage n'est pas favorable a la prise de conscience, car son recommencement habituel estompe dans la stéréotypie des gestes adaptés la conscience des structures et des fonctionnements. Le fait de gouverner une entreprise utilisant des machines, ou la relation de propriété, n'est pas plus utile que le travail pour cette prise de conscience : il crée des points de vue
    abstraits sur la machine, jugée pour son prix et les résultats de son fonctionnement plutôt qu'en elle-même. La connaissance scientifique, qui voit dans un objet technique l'application pratique d'une loi théorique, n'est pas non plus au niveau du domaine technique. Cette prise de conscience paraitrait plutôt pouvoir être le fait de l'ingénieur d'organisation qui serait comme le sociologue et le psychologue des machines, vivant au milieu de cette société d'êtres techniques dont il est la conscience responsable et inventive.
    La véritable prise de conscience des réalités techniques saisies dans leur signification correspond à une pluralité ouverte de techniques. II ne peut d'ailleurs en aller autrement, car un ensemble technique même peu étendu comprend des machines dont les principes de fonctionnement relèvent de domaines scientifiques très différents. La spécialisation dite technique correspond le plus souvent à des préoccupations extérieures aux objets techniques proprement dits (relations avec le public, forme particulière de commerce), et non à une espèce de schèmes de fonctionnement compris dans les objets techniques ; c'est la spécialisation selon des directions extérieures aux techniques qui crée l'étroitesse de vues reprochée aux techniciens par l'homme cultivé qui entend se distinguer d'eux : Il s'agit d'une étroitesse d'intentions, de fins, plutôt que d'une étroitesse d'information ou d'intuition des techniques. Très rares sont de nos jours les machines qui ne sont pas en quelque mesure mécaniques, thermiques et électriques a la fois
    ." (p.12-13)

    "Pour redonner a la culture le caractère véritablement général qu'elle a perdu, il faut pouvoir réintroduire en elle la conscience de la nature des machines, de leurs relations mutuelles et de leurs relations avec l'homme, et des valeurs impliquées dans ces relations. Cette prise de conscience nécessite l'existence, à côté du psychologue et du sociologue, du technologue ou mécanologue. De plus, les schèmes fondamentaux de causalité et de régulation qui constituent une axiomatique de la technologie doivent être enseignés de façon universelle, comme sont enseignés les fondements de la culture littéraire. L'initiation aux techniques doit être placée sur le même plan que l'éducation scientifique; elle est aussi désintéressée que la pratique des arts, et domine autant les applications pratiques que la physique théorique; elle peut atteindre le même degré d'abstraction et de symbolisation. Un enfant devrait savoir ce qu'est une autorégulation ou une réaction positive comme il connait les théorèmes mathématiques." (p.13-14)

    "Il faut que la culture redevienne générale, alors qu'elle s'est spécialisée et appauvrie. Cette extension de la culture, supprimant une des principales sources d'aliénation, et rétablissant l'information régulatrice, possède une valeur politique et sociale : elle peut donner à l'homme des moyens pour penser son existence et sa situation en fonction de la réalité qui l'entoure. Cette œuvre d'élargissement et d'approfondissement de la culture a aussi un rôle proprement philosophique a jouer car elle conduit a la critique d'un certain nombre de mythes et de stéréotypes, comme celui du robot, ou des automates parfaits au service d'une humanité paresseuse et comblée." (p.14-15)

    "Pour opérer cette prise de conscience, il est possible de chercher à définir l'objet technique en lui-même, par le processus de concrétisation et de surdétermination fonctionnelle qui lui donne sa consistance au terme d'une évolution, prouvant qu'il ne saurait être considéré comme un pur ustensile. Les modalités de cette genèse
    permettent de saisir les trois niveaux de l'objet technique, et leur coordination temporelle non dialectique : l'élément, l'individu, l'ensemble.
    L'objet technique étant défini par sa genèse, il est possible d'étudier les rapports entre l'objet technique et les autres réalités, en particulier l'homme a l'état adulte et l'enfant.
    Enfin, considéré comme objet d'un jugement de valeurs, l'objet technique peut susciter des attitudes très différentes selon qu'il est pris au niveau de l'élément, au niveau de l'individu ou au niveau de l'ensemble. Au niveau de l'élément son perfectionnement n'introduit aucun bouleversement engendrant l'angoisse par conflit avec les habitudes acquises : c'est le climat de l'optimisme du XVIII siècle, introduisant l'idée d'un progrès continu et indéfini, apportant une amélioration constante du sort de l'homme. Au contraire, l'individu technique devient pendant un temps l'adversaire de l'homme, son concurrent, parce que l'homme centralisait en lui l'individualité technique au temps où seuls existaient les outils ; la machine prend la place de l'homme parce que l'homme accomplissait une fonction de machine, de porteur d'outils. A cette phase correspond une notion dramatique et passionnée du progrès, devenant viol de la nature, conquête du monde, captation des énergies. Cette volonté de puissance s'exprime a travers la démesure techniciste et technocratique de l'ère de la thermodynamique, qui a une tournure à la fois prophétique et cataclysmale. Enfin, au niveau des ensembles techniques du xx siècle, l'énergétisme thermodynamique est remplacé par la théorie de l'information, dont le contenu normatif est éminemment régulateur et stabilisateur : le développement des techniques apparait comme une garantie de stabilité. La machine, comme élément de l'ensemble technique, devient ce qui augmente la quantité d'information, ce qui accroit la négentropie, ce qui s'oppose à la dégradation de l'énergie : la machine, œuvre d' organisation, d'information, est, comme la vie et avec la vie, ce qui s'oppose au désordre, au nivellement de toutes choses tendant à priver l'univers de pouvoirs de changement. La machine est ce par quoi l'homme s'oppose à la mort de l'univers ; elle ralentit, comme la vie, la dégradation de l'énergie, et devient stabilisatrice du monde
    ." (p.15-16)

    "L'objet technique est soumis à une genèse, mais il est difficile de définir la genèse de chaque objet technique, car l'individualité des objets techniques se modifie au cours de la genèse ; on ne peut que difficilement définir les objets techniques par leur appartenance à une espèce technique ; les espèces sont faciles a distinguer sommairement, pour l'usage pratique, tant qu'on accepte de saisir l'objet technique par la fin pratique a laquelle il répond; mais il s'agit la d'une spécificité illusoire, car aucune structure fixe ne correspond à un usage défini. Un même résultat peut être obtenu à partir de fonctionnements et de structures très différents : un moteur à vapeur, un moteur à essence, une turbine, un moteur à ressort ou a poids sont tous également des moteurs; pourtant, il y a plus d'analogie réelle entre un moteur à ressort et un arc ou une arbalète qu'entre ce même moteur et un moteur à vapeur ; une horloge à poids possède un moteur analogue à un treuil, alors qu'une horloge à entretien électrique est analogue à une sonnette ou à un vibreur. L'usage réunit des structures et des fonctionnements hétérogènes sous des genres et des espèces qui tirent leur signification du rapport entre ce fonctionnement et un autre fonctionnement, celui de l'être humain dans l'action. Donc, ce à quoi on donne un
    nom unique, comme, par exemple, celui de moteur, peut-être multiple dans l'instant et peut varier dans le temps en changeant d'individualité.
    Cependant, au lieu de partir de l'individualité de l'objet technique, ou même de sa spécificité, qui est très instable, pour essayer de définir les lois de sa genèse dans le cadre de cette individualité ou de cette spécificité, il est préférable de renverser le problème : c'est à partir des critères de la genèse que l'on peut définir l'individualité
    et la spécificité de l'objet technique : l'objet technique individuel n'est pas telle ou telle chose, donnée hie et nunc, mais ce dont il y a genèse. L'unité de l'objet technique, son individualité, sa spécificité, sont les caractères de consistance et de convergence de sa genèse. La genèse de l'objet technique fait partie de son être.
    L'objet technique est ce qui n'est pas antérieur a son devenir, mais présent a chaque étape de ce devenir ; l'objet technique un est unité de devenir. Le moteur a essence n'est pas tel ou tel moteur donné dans le temps et dans l'espace, mais le fait qu'il y a une suite, une continuité qui va des premiers moteurs à ceux que nous connaissons
    et qui sont encore en évolution. A ce titre, comme dans une lignée phylogénétique, un stade défini d'évolution contient en lui des structures et des schèmes dynamiques qui sont au principe d'une évolution des formes. L'être technique évolue par convergence et par adaptation a soi; il s'unifie intérieurement selon un principe de résonance interne
    ." (p.19-20)

    "Selon des modalités déterminées qui distinguent la genèse de l'objet technique de celles des autres types d'objets : objet esthétique, être vivant. Ces modalités spécifiques de la genèse doivent être distinguées d'une spécificité statique que l'on pourrait établir après la genèse en considérant les caractères des divers types d'objets ; l'emploi de la méthode génétique a précisément pour objet d'éviter l'usage d'une pensée classificatrice intervenant après la genèse pour repartir la totalité des objets en genres et en espèces convenant au discours. L'évolution passée d'un être technique reste à titre essentiel dans cet être sous forme de technicité. L'être technique, porteur de technicité selon la démarche que nous nommerons analectique, ne peut être l'objet d'une connaissance adéquate que si cette dernière saisit en lui le sens temporel de son évolution ; cette connaissance adéquate est la culture technique, distincte du savoir technique qui se borne a saisir dans l'actualité les schèmes isolés du fonctionnement. Les relations qui existent au niveau de la technicité entre un objet technique et un autre étant horizontales aussi bien que verticales, une connaissance qui procède par genre et espèces ne convient pas : nous tenterons d'indiquer en quel sens la relation. entre les objets techniques est transductive." (p.20)

    "L'objet technique existe donc comme un type spécifique obtenu au terme d'une série convergente. Cette série va du mode abstrait au mode concret : elle tend vers un état qui ferait de l'être technique un système entièrement cohérent avec lui-même, entièrement unifie." (p.23)

    "
    (pp.100-103)
    -Gilbert Simondon, Du mode d'existence des objets techniques, Éditions Aubier, 1989, (1958 pour la première édition), 333 pages.

    "ingénieur" apparaît 37 fois ;


    Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Mer 4 Aoû - 15:47, édité 8 fois


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    Message par Johnathan R. Razorback Lun 31 Juil - 18:54

    "Le premier présupposé est de caractère ontologique, dans le sens où il pose, comme allant de soi que l'individu est la réalité essentielle à expliquer. Cette conviction vient du primal accorde par Aristote a l’individuel [...] à l’égard de la question de l’Être en tant qu’Être. Pourquoi, demande Simondon, l’Être, dans sa totalité devrait-il se solder intégralement en une multiplicité d’individualités à connaitre ? Pourquoi, en tant que tel, l'être ne relèverait-il pas d'une dimension préindividuelle ? Corrélativement, pourquoi l'individu, tel qu'il apparait, ne conserverait-il pas, en sa dimension d’être, une préindividualité, en quelque sorte associée, irréductible à ce qui peut se penser en terme d' "individu" ? Dimension qui ne cesserait d'intervenir dans la formation et l'évolution de l'individu, qui, dès lors, prend une double valeur relative. Par rapport l'être préindividuel, dont il procède, sans l'éliminer. Par rapport à lui-même, en tant que conservant une dimension préindividuelle associée, qui ne cesse de modeler ses individualisations ultérieures. S'il en était ainsi, c'est toute la quête du principe d’individuation et l'idée même de ce principe qui devraient être réformées." (p.11)

    "Le deuxième présupposé non questionné est que l'individuation a un principe, qui lui serait antérieur et qui permettrait d'expliquer la formation de l'individu singulier. Le fait que cette structure hiérarchique à trois étages, individu, individuation, principe d'individuation, est polarisée par le privilège ontologique non questionné, accordé à l'individu, qui constitue la finalité ultime de la recherche, s'aggrave du fait que la quête du principe d'individuation, en tant que tel, relève d'un paralogisme qui cristallise dans la double nature accordée au principe. A cet égard, deux attitudes historiques accomplissent ce faux parcours. L'une, substantialiste, atomiste, moniste, découvre dans l'atome de Leucippe et de Démocrite, le principe élémentaire absolu permettant d'expliquer la formation de l'individu et de l'univers individué. La théorie du clinamen, chez Epicure, explique la formation fortuite des structures individuées plus complexes, à partir de l'atome unitaire. Le matérialisme atomiste moderne qui, a l'encontre des mises en garde de Heisenberg et de Bohr, continue a concevoir les particules quantiques comme des substances infinitésimales premières, ayant une réalité autonome, en tant que formation de la matière, poursuivent le cours de cette même illusion. Le paralogisme consiste à conférer à l'atome déjà individué le statut de principe qui est censé expliquer la formation même de l'individu en tant que tel. En d'autres termes et de manière contradictoire, l'individu est érigé en objet de la recherche en même temps que tenu pour principe de sa propre explication. Mais l'attitude dualiste hylémorphique de style aristotélicien n'échappe guère à la même contradiction, puisque la forme el la matière, en tant que conditions et principes de formation du [terme grec], sont en fait traités comme des termes unitaires, des causes déjà individuées. Or, il ne suffit pas d'expliquer que c'est exclusivement par abstraction et a posteriori que ces principes peuvent être dégagés de la seule réalité concrète qu'est le [terme grec], car, d'une part, elles sont érigées en causes métaphysiques suprêmes, donc, principielles et premières. Mais d'autre part, la nouveauté de Gilbert Simondon est de démontrer sur des exemples concrets empruntés à la formation des individualités naturelles, telles que les îles dans un fleuve, les dunes de sable sous la pression du vent, les ravines d'un chemin creusées par les eaux de ruissellement, la formation des cristaux, mais aussi sur des exemples technologiques, tels que la fabrication d'une brique ou la coupe d'un tronc d'arbre, que jarnais la formation d'un individu naturel ou technique ne se solde dans l'application d'une forme à une matière. Le schéma hylémorphique laisse immanquablement échapper les conditions énergétiques de la prise de forme, qui résident dans les potentiels énergétiques déjà déposés dans la structure de la matière, que les conditions naturelles dues au hasard ou le travail de l'homme peuvent libérer, orienter, canaliser dans la formation d'un individu." (p.12)
    -Jacques Garelli, introduction à Gilbert Simondon, L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information, Éditions Jérôme Millon, collection Krisis, 2005, 571 pages.

    "
    (p.101)

    "La vie n’est pas une substance distincte de la matière ; elle suppose des processus d’intégration et de différenciation qui ne peuvent en aucune manière être donnés par autre chose que des structures physiques." (p.162)

    "L'homme, disposant de possibilités psychiques plus étendues, en particulier grâce aux ressources du symbolisme, fait plus souvent appel au psychisme ; c'est la situation purement vitale qui est chez lui exceptionnelle, et pour laquelle il se sent plus démuni. Mais il n'y a pas là une nature, une essence permettant de fonder une anthropologie ; simplement, un seuil est franchi ; l'animal est mieux équipé pour vivre que pour penser, et l'homme pour penser que pour vivre. Mais l'un et l'autre vivent et pensent, de façon courante ou exceptionnelle." (note 6 p.165)

    "
    (p.196)

    "Les états affectifs positifs indiquent la synergie de l'individualité constituée et du mouvement d'individuation actuelle du pré-individuel ; les états affectifs négatifs sont des états de conflit entre ces deux domaines du sujet." (p.252)

    "L'émotion implique présence du sujet à d'autres sujets ou a un monde qui le met en question comme sujet." (p.253)

    "Le désir, la fatigue grandissante, l'envahissement par le froid sont des aspects de l'affectivité ; l'affectivité est bien loin d'être seulement plaisir et douleur ; elle est une manière pour l'être instantané de se situer selon un devenir plus vaste ; l'affection est l'indice de devenir, comme la sensation est l'indice de gradient : chaque mode, chaque instant, chaque geste et chaque état du vivant sont entre le monde et l'être vivant : cet être est polarisé d'une part selon le monde et d'autre part selon le devenir. Et de même que les différentes dimensions selon lesquelles l'orientation dans le monde s'effectue ne coïncident pas nécessairement entre elles, de même, les différents aspects affectifs réalisent des insertions à des sous-ensembles du devenir du vivant, non à un devenir unique. Il reste un problème affectif comme il reste un problème perceptif : la pluralité des orientations tropistiques appelle l'unification perceptive et la connaissance de l'objet comme la pluralité des sous-ensembles affectifs appelle la naissance de l'émotion. L'émotion naît lorsque l'intégration de l'état actuel à une seule dimension affective est impossible, comme la perception naît lorsque les sensations appellent des tropismes incompatibles. L'émotion est contradiction affective surmontée comme la perception est contradiction sensorielle. Ce n'est d'ailleurs pas contradiction affective et contradiction sensorielle qu'il faut dire, car ce ne sont pas les sensations et les affections en elles-mêmes qui sont contradictoires par rapport à d'autres sensations ou affections : ce sont les sous-ensembles tropistiques et les sous-ensembles de devenir qui comprennent ces sensations et ces affections qui sont contradictoires par rapport à d'autres sous-ensembles sensoriels et tropistiques. La contradiction n'existe pas au niveau des sensations proprement dites ou des affections proprement dites ; elles ne peuvent être aperçues si cette rencontre des sous-ensembles ne s'effectue pas ; sensations et affections sont des réalités incomplètes prises en dehors des sous-ensembles dont elles font partie et dans lesquels elles opèrent. La non-coïncidence des affections pousse à l'émotion comme la non-coïncidence des sensations pousse à la perception. L'émotion est une découverte de l'unité du vivant comme la perception est une découverte de l'unité du monde ; ce sont deux individuations psychiques prolongeant l'individuation du vivant, la complétant, la perpétuant. L'univers intérieur est émotif comme l'univers extérieur est perceptif. Il ne faut pas dire que l'affection découle de l'émotion éprouvée en présence de l'objet, car l'émotion est intégrative et plus riche que l'affection ; l'affection est comme de l'émotion au ralenti, de l'émotion non encore constituée dans son unité et dans la puissance de son devenir maître de son propre cours ; l'émotion se caractérise par le fait qu'elle est comme une unité temporelle insulaire, ayant sa structure : elle conduit le vivant, lui donne un sens, le polarise, assume son affectivité et l'unifie: l'émotion se déroule, alors que l'affectivité est seulement éprouvée comme appartenance de l'état actuel à une des modalités du devenir du vivant ; l'émotion répond à une mise en question de l'être plus complète et plus radicale que l'affection ; elle tend à prendre le temps pour elle, elle se présente comme une totalité et possède une certaine résonance interne qui lui permet de se perpétuer, de se nourrir d'elle-même et de se prolonger: elle s'impose comme un état auto-entretenu, alors que l'affection n'a pas tant de consistance active et se laisse pénétrer et chasser par une autre affection ; il y a une certaine fermeture de l'émotion, alors qu'il n'y a pas de fermeture de l'affection ; l'affection revient, se représente, mais ne résiste pas ; l'émotion est totalitaire, comme la perception qui, ayant découvert des formes, les perpétue et les impose sous forme d'un système qui prend appui sur lui-même ; il existe une tendance de l'être à persévérer dans son être au niveau de la perception et au niveau de l'émotion, non au niveau de la sensation ou au niveau de l'affection ; sensation et affection sont des réalités qui adviennent à l'être vivant individué sans assumer une nouvelle individuation ; ce ne sont pas des états auto-entretenus ; ils ne se fixent pas en eux-mêmes par un auto-conditionnement ; au contraire, la perception et l'émotion sont d'ordre métastable: une perception s'accroche au présent, résiste à d'autres perceptions possibles, et est exclusive ; une émotion s'accroche également au présent, résiste à d'autres émotions possibles ; c'est par rupture de cet équilibre métastable qu'une perception en remplace une autre ; une émotion ne succède à une autre émotion qu'à la suite d'une sorte de cassure interne. Il y a relaxation d'une émotion à une autre. Ce qui désorganise le vivant, dans l'émotion, ce n'est pas l'émotion elle-même, car l'émotion est organisation d'affections ; c'est le passage d'une émotion à une autre. Toutefois, on pourrait dire que la perception opère aussi une désorganisation ; mais cette désorganisation est moins sensible parce qu'elle est seulement une rupture entre deux organisations perceptives successives, portant sur le monde ; comme la désorganisation qui existe entre deux émotions porte sur l'être vivant, elle est plus sensible que celle qui sépare deux perceptions. Cependant, perception et émotion sont encore des activités correspondant à un mode transitoire d'activité ; perception et émotion appellent par leur pluralité une intégration plus élevée, intégration que l'être ne peut faire advenir avec sa pure individualité constituée ; dans la contradiction perceptive et dans les ruptures émotionnelles, l'être éprouve son caractère limité, en face du monde par la perception, en face du devenir par l'émotion ; la perception l'enferme dans un point de vue comme l'émotion l'enferme dans une attitude. Points de vue et attitudes s'excluent mutuellement. Pour qu'un réseau de points-clés, intégrant tous les points de vue possibles, puissent se former, il faut que la nouvelle individuation incluant le rapport au monde et le rapport du vivant aux autres vivants puisse advenir ; il faut que les émotions aillent vers les points de vue perceptifs, et les points de vue perceptifs vers les émotions ; une médiation entre les perceptions et émotions est conditionnée par le domaine du collectif, ou transindividuel ; le collectif, pour un être individué, c'est le foyer mixte et stable en lequel les émotions sont des points de vue perceptifs et les points de vue des émotions possibles. L'unité de la modification du vivant et de la modification du monde se trouve dans le collectif, réalisant une convertibilité de l'orientation au monde en intégration au temps vital. Le collectif est le spatio-temporel stable ; il est milieu d'échange, principe de conversion entre ces deux versants de l'activité de l'être que sont la perception et l'émotion ; seul, le vivant ne pourrait aller au-delà de la perception et de l'émotion, c'est-à-dire de la pluralité perceptive et de la pluralité émotive."
    (pp.260-261)

    " [Chapitre II: Le collectif comme condition de signification]
    (p.307)

    "
    (pp.333-334)

    "L'éthique est ce par quoi le sujet reste sujet, refusant de devenir individu absolu, domaine fermé de réalité, singularité détachée ; elle est ce par quoi le sujet reste dans une problématique interne et externe toujours tendue, c'est-à-dire dans un présent réel, vivant sur la zone centrale de l'être, ne voulant devenir ni forme ni matière. L'éthique exprime le sens de l'individuation perpétuée, la stabilité du devenir qui est celui de l'être comme préindividué, s'individuant, et tendant vers le continu qui reconstruit sous une forme de communication organisée une réalité aussi vaste que le système préindividuel. A travers l'individu, transfert amplificateur issu de la Nature, les sociétés deviennent un Monde." (p.335)
    -Gilbert Simondon, L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information, Éditions Jérôme Millon, collection Krisis, 2005, 571 pages.

    "
    (pp.339-340)

    "Le romantique cherche des lieux et des temps d'exception, qui soient à la fois des termes et des limites, des êtres et des origines, des éléments et la source qui produit autour d'elle un champ qui n'est pas elle mais vient d'elle et unifie les êtres.
    (pp.501-502)
    -Gilbert Simondon, "Histoire de la notion d'individu", in L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information, Éditions Jérôme Millon, collection Krisis, 2005, 571 pages, pp.339-502.

    "La valeur reprCsente Je symbole de l'intCgration Itt plus pttrfaite possible, c' est-U-dire
    de Ia comp ~mentaritC illimitCe entre J'Ctre individuel C[ lcs autre.') Ctrcs individucls.
    Elle suppose qu"il existe un moyen de rendre LOutes lcs realitcs complementaires, et le
    moyeo le plus simple est evi.demme.m de supposer que tout ce qui est s'intCgre dans
    une volonte universelle ; Ia finalite divioe. universatisation du principe de raison suf.
    fisante, suppose et arrete ccuc requC-tc de valeur~ clle cherche a compe;nser r inadequation entre tousles etres existants par une dissymCiric acccptCe unc fois pour toutcs
    entre I'Stre crenteur et les etres crees." (p.503)

    "Ia valeur est l'action griice ~ laquelle il peut y avoir co.mpl6meotarit~. Ce principe a pour consequence que trois types de valeurs sont possibles : deux
    valcurs relatives et unc valeur absolue. Nous pouvons oommer va.leurs relative.'; celles
    qui expriment rarrivCe d'une condition compiCmcntairc; ccnc valeur est liCe a Ia
    chose mi!me qui c.onstjtue cene condition, mais elle ne riside pourtant pas dans cette
    chose ; on (X}Ut id~rer q u'elle est mt.ach~e a ce1te chose saos pounant lui tre ioJl6-
    rente; c'cs:t Ia valeur du rcmCdc qui gu~ri , ou de l'aJiment qui pem1et de vivre. U peut
    y avoir ici Ia valeur comme condition organique ou Ia valeur comme condjtioo technique, scion que Ia condition d~jit reaUsee est technique oo organique. Le troisiCme
    type de valeur est Ia valeur qui pennet Ia relation : debut ou amorc.e de Ia reaction qui
    permet ceue nctivitC, ct qui s' ntretit nt d'elle-meme une fois qu' elle a commeuce. Au
    oombre de ces valeurs, on pcut mcurc Ia culture. qui est cornme un ensemble de
    dt:buts d'action, pourvus d'un schCmatisme riche, et qui aueodeot d' erre actualises
    dans unc action ; Ia culture pennet de resoudre des problemes. mais elle ne pennct pas
    de construire ou de vi vre organj quement : eUe suppose que Ia possibilitC de vie orga·
    nique et de vie technique est dejA donncc, mais que les possibilites complementaires
    ne sona p:.ts en regard et, pour cette mison, re.stent steriles: elle erie alors Je sys t~ me de
    symboles qui leur pennet. d' eotrer eo r6action mutoelle."
    (pp.503-504)

    "Le marxisme er lc frcudismc liduisent Ia culture au rOle de rnoyen
    d'e:<pression : mais e.n rt!aUte une culture est rCtlcxivc, ou bien elle n'est pas: elle
    reste une mycholog.ie ou une superstructure. ConsidCrons au contraire uoe culture de
    type rCflexif, qui veul rCsoudrc des problemes: nous tJouvoos en elle une utilisation
    du pouvoir de symbo1iser qui ne s'tpuise ni dans uoe promotion de )'organique ni
    dans une expression du te.choique: Ia Clllture retlexive e.')t sensible a )'aspect proble.-
    matique de !'existence: elle recherchece qu i est humain. c' esr .. ft.direce qui, au lieu de
    s'accomplir de -m~mc et automatiquemcnt, necessite une mise en question de
    l"homme par lui-mCme dans' le retour de causatite de Ia retlexioo et de Ia conscience
    de soi; c'cs1 dans Ia rcncontre de I' obstacle que Ia oecessir.e de Ia culture se mani·
    fcste" (p.504)

    "Seule Ia peolS<!e philosophjque peut
    dCcou,•rir une corop!•Jjbilitt!: dynarnique entre ces deux forces nveugles qui sacritient
    l' homme :, Ia citC [civisme antique] ou la vie (:ollecrive l\ Ia reche rche individucUc du saJut [christianisme] . Sans la pensee. reflexive, Ia culture se dCgrade en effortS incompaLiblcs e1 non construcLifs, qui
    consument dans un affnmtcmcnt st6riJe Ia preoccupation civique C( Ia recherche d' une
    dcstinCe individuellc. Lc sens des vaJcurs est lc rcfus d'une incompaLibilitC dans le
    domaine de Ia culture, le rcfus d ' une absurditC fondamentale en l' homme." (p.506)

    "Cet amagonisme la.isse Ia pi;:ICC a une compalibilil..'! possible si /"individu. ,au lieu
    <J"etre con.nu conune une substance ou un etre pr6ca.ire aspirant a Ia subsaamiulitt . est
    saisi co01me le poinr singuJier d'tme infinite (mverte tie n:lmious. Si Ia reJation a
    valeur d'8tre, il o'y a plus opposition eotre le desi.r ·~ rn t.e et Ia oecessite de Ia vie
    coUec.rive. Le civisme contraig.nant - sous quelque forme que ce soil -est le symc!-
    trique et parfois I' antidOte d•une couce.ptio n de Ia dest.in6e indi vidueUe sol&~: il
    repood i'l un substantialis•oe de l'i11djvidu. e1 s'y oppose en J'a c.ce pl~rnl. Le tragiquc du
    c.hoix n·cst plus fondamc.null si lc cho ix n'cst plus cc qui fai( communique r une citC et
    un individu indCpendanlS comme des subsl:l.nces. La valeur ne s'oppose pas a.u.x dCter·
    minations ; c llc le.o; comp..'l.tibilisc. Le sens de Ia va leur e."t inhCrcnt a Ia re lation pa r
    laquelle l' homme vcut rCsoudre le con flit en instituant unc compaL il t~ entre les
    aspc·cts normatifs de son ex istence." (p.506)

    "Le .sens de Ia valeur res-ide dans le sentiment qui nous
    emp&be de chercher mte solulion deja donnee dans le rnonde ou dans le moi, comme
    scbCmc intcUcctucl ou animde vit:LIC; Ia valeur est le scns de l'opt:uif: on ne pcut en
    aucun cas rCduire !'action au choix, car Je choix est un recours a des schemes d'actions
    dC.jll prCfo rmCes et qui, A l'instanl oU nous les 61iminons toutcs sa:uf unc, sonl comme
    du reel dej~ exishtnt dans l'avenir. et qu'il nous faut condamner a n'erre pas. Le seos
    de Ia valeur est ce qui doit nous Cvitcr de nous rrouver dcvaot des probl~rues de choix ;
    le probleme du choix appamlt. quaod il ne rcste plus que Ia fonue vide de I' action,
    quand les forces techniques er lcs fOrces orga que..~ sont disqualitiCcs en nous ct nous
    appara.issent comme des indifferents. S'il n' y a pas perte initiaJe des qualites biologiques et techniques. le rob ~me de choix ne peut se poser com me probleme moral,
    car il n'y a pas d'actions prCdC.rcrminecs, compar.tblcs A ccs corps que c..~ ames platonjciennes dojveot choisir pour s!incarner. fJ n'y a nj choix transcendant. ni choix
    immanent, car le sens de Ia valeur est celui de. I' auto-constitution du sujet par sa
    propre action. Le probleme mo ral que le sujet peut sc poser esr done au niveau de c.eue
    pennaneme mediation constructrice gidce h laquelle le sujet prend progressivement
    conscience du fait qu' il a rCsolu des probiCmes, lorsque ces probiCmes o nt CtC rCsolus
    dans ractjon." (p.507)

    " il est impossible de dissocier Ia veritable
    conscience morale de !'action ; Ia conscience est Ia rCactivite du sujer par rappon a lui ~
    mCmc, qui lui permet d' exister comme individu, en Ctant a lui-meme Ia norme de son
    action ~ le sujet agit en se conlrOiant, c!est-3-dire en se mettant darts Ia communication
    Ia plus parfaite possible avec lui-rneme; In conscience est ce re.tour de caus.alirC d u
    sujet sur lui .. mCme, quand unc action oplative est sur le point de resoudre un pr<r
    bl~me. La conscience mornle diffet·e de Ia conscience psychologique en ce que Ia
    conscience psycholog:ique expri me Je rclentissemcnt dans le sujet de sc.s actes ou des
    evenements en fonction de l'etat presem du sujet. Elle est jugemenr selon une deter·
    mination actuelle ; au conlraire. la conscience psychologiquc rapp<>rte Jes actes o u lcs
    debutS d' actes a c.e que le sujet tend ll Ctre au terme de cet ac1e ; elle ne lc peul que-de
    fa~oo extrSnJement plicaire, en « ex1rapola.nt » en quelque manjere pour tenir compte
    de l'actueUe transforrnulion du su.jet: elle t~st l' ~l umnt plus ti ne qu 'cllc arrive mieux ~
    juger en fonclion de cc que lc sujcl sera c'est pOur cette mison qu'il y a une relative
    indetemlination dans le doma.ine de Ia conscience morale. car Ia conscience mor.s.le
    iJ1staure d!ubord un premier type de reactivite comme Ia conscience simplement psychologique, et ensuilc un dcuxieme type de rCactivitC qui vicnt de cc que c.~ modalitCs
    de ce retour de c.ausalitC d€pcndent du rCg_ime d" acrion qu · elles contrOient : dans cene
    recurrence de l'ittformation. le sujet n'est pas seulement uo erre doue d'une teleologie
    interue simple, nulis d'une tC:I<!ologie elle-m8rne sournise a unc au -r~gu ation : Ia
    conscience ps ychologique est dCjll regulatricc ; Ia conscience morale est une
    conscience re.gularrice soumise a une auto-regulation inte.me; ceue conscieoce doublement regulatrice peut 8trc noulmCe conscience normative. Elle e.st librc parcc
    qu'elle abore elle-mCmc son proprc rCgime de regulatio n. Ccue libertC nc peut se
    il est impossible de dissocier Ia veritable
    conscience morale de !'action ; Ia conscience est Ia rCactivite du sujer par rappon a lui ~
    mCmc, qui lui permet d' exister comme individu, en Ctant a lui-meme Ia norme de son
    action ~ le sujet agit en se conlrOiant, c!est-3-dire en se mettant darts Ia communication
    Ia plus parfaite possible avec lui-rneme; In conscience est ce re.tour de caus.alirC d u
    sujet sur lui .. mCme, quand unc action oplative est sur le point de resoudre un pr<r
    bl~me. La conscience mornle diffet·e de Ia conscience psychologique en ce que Ia
    conscience psycholog:ique expri me Je rclentissemcnt dans le sujet de sc.s actes ou des
    evenements en fonction de l'etat presem du sujet. Elle est jugemenr selon une deter·
    mination actuelle ; au conlraire. la conscience psychologiquc rapp<>rte Jes actes o u lcs
    debutS d' actes a c.e que le sujet tend ll Ctre au terme de cet ac1e ; elle ne lc peul que-de
    fa~oo extrSnJement plicaire, en « ex1rapola.nt » en quelque manjere pour tenir compte
    de l'actueUe transforrnulion du su.jet: elle t~st l' ~l umnt plus ti ne qu 'cllc arrive mieux ~
    juger en fonclion de cc que lc sujcl sera c'est pOur cette mison qu'il y a une relative
    indetemlination dans le doma.ine de Ia conscience morale. car Ia conscience mor.s.le
    iJ1staure d!ubord un premier type de reactivite comme Ia conscience simplement psychologique, et ensuilc un dcuxieme type de rCactivitC qui vicnt de cc que c.~ modalitCs
    de ce retour de c.ausalitC d€pcndent du rCg_ime d" acrion qu · elles contrOient : dans cene
    recurrence de l'ittformation. le sujet n'est pas seulement uo erre doue d'une teleologie
    interue simple, nulis d'une tC:I<!ologie elle-m8rne sournise a unc au -r~gu ation : Ia
    conscience ps ychologique est dCjll regulatricc ; Ia conscience morale est une
    conscience re.gularrice soumise a une auto-regulation inte.me; ceue conscieoce doublement regulatrice peut 8trc noulmCe conscience normative. Elle e.st librc parcc
    qu'elle abore elle-mCmc son proprc rCgime de regulatio n. Ccue libertC nc peut se e ne peul se trouver que dans l'uuto-creatjou d"un
    regime de compatibilite entre des conditions asymetriques comme celles que nous
    trouvons a Ia base de I' actio n. Un mecanisme tCICologique peut imiter le fonction·
    nement de Ia conscience psycbologique, qui peut erre instantanee ; mais le mecanisme te teologique ne peu1 imiter Ia conscience morale, car il n'a jamuis un
    conditionnement double et simultane il faut que I' organique et le technique soient
    dej~ presents, prets ~ erre mis en reJation. pour que Ia conscieoce morale puisse
    existcr. La conscience valorisarne d6finit done lUI niveau d 'a<:tivite tCICologique qui
    ne peut e.tre: ramenC a aucun automatisme. La solution au probiCmc moral ne peut
    ! tre cherchee par ordinateur." (pp.507-508)

    "Certes, les conduites automatiques et stéréotypées surgissent dès que la conscience morale démissionne ; alors, la pensée par espèces et genre remplace le sens des valeurs ; la classification morale caractérise la simple téléologie sociale ou organique, et est d'ordre automatique. C'est ce que l'on peut découvrir en utilisant les stéréotypes nationaux comme moyen pour penser moralement : on arrive au bout de peu de temps à un blocage de la conscience, même psychologique, et on reste au niveau des instincts sociaux positifs ou négatifs, comme la xénophobie, l'assimilation des étrangers à des êtres sales. La même épreuve peut être tentée avec des sentiments de groupe comme ceux des classes sociales. Ce qui peut faire illusion ici est la facile convergence que possèdent les instincts ou les sentiments de groupe, et qui semble leur donner le pouvoir de résoudre des problèmes par un consentement collectif aisément obtenu. Mais en fait, les sentiments purement régulateurs sont beaucoup moins stables que les valeurs élaborés par les individus ; il suffit d'un changement dans les circonstances sociales pour que les stéréotypes se renversent et donnent lieu à une convergence différente ; on pourrait comparer les sentiments sociaux à cette aimantation qu'il est facile de produire dans un métal magnétique au-dessous du point de Curie : il suffit d'un champ un peu intense pour changer l'aimantation rémanente ; au contraire, si les molécules ont été aimantées au-dessus du point de Curie et ont pu s'orienter dans le champ puis se sont refroidies en conservant cette aimantation, il faut un champ démagnétisant bien plus intense pour désaimanter le métal ; c'est qu'il ne s'agit plus seulement d'un phénomène de groupe, mais d'une aimantation et orientation de chaque molécule prise individuellement. Des hommes unis par le sens d'une même valeur ne peuvent être désunis par une simple circonstance organique ou technique ; l'amitié contient un sens des valeurs qui fonde une société sur autre chose que les nécessités vitales d'une communauté. L'amitié nécessite un exercice de la conscience morale, et un sens de la communauté d'une action. La communauté est biologique, tandis que la société est éthique.

    Par la même, nous pouvons comprendre que les sociétés ne peuvent exister sans communautés, mais que la réciproque de cette affirmation n'est pas vraie, et qu'il peut exister des communautés sans sociétés ; la distinction que fait Bergson entre société close et société ouverte est sans doute valable, mais la société ouverte correspond à une emprise des individus sur leurs relations mutuelles, tandis que la communauté, forme statutaire de relation, ne nécessite pas la conscience morale pour exister : toute société est ouverte dans la mesure où le seul critère valable y est constitué par l'action, sans qu'il y ait un [terme grec] de nature biologique ou technique pour recruter ou exclure les membres de cette société. Une société dont le sens se perd parce que son action est impossible devient communauté, et par conséquent se ferme, élabore des stéréotypes ; une société est une communauté en expansion, tandis qu'une communauté est une société devenue statique ; les communautés utilisent une pensée qui procède par inclusions et exclusions, genres et espèces ; une société utilise une pensée analogique, au sens véritable du terne, et ne connait pas seulement deux valeurs, mais une infinité continue de degrés de valeur, depuis le néant jusqu'au parfait, sans qu'il y ail opposition des catégories du bien et du mal, et des êtres bons et mauvais ; pour une société, seules les valeurs morales positives existent ; le mal est un pur néant, une absence, et non la marque d'une activité volontaire. Le raisonnement de Socrate [suite de termes grecs], selon lequel nul ne fait le mal volontairement, est remarquablement révélateur de ce qu'est la véritable conscience morale de l'individu et d'une société d'individus ; en effet, comme la conscience morale est auto-normative et auto-constitutive, elle est par essence placée dans l'alternative ou bien de ne pas exister, ou bien de ne pas faire le mal volontairement ; la conscience morale suppose que la relation à autrui est une relation d'individu à individu dans une société.

    Au contraire, dans une communauté, les communautés extérieures sont, par par le fait qu'elles sont extérieures, pensées comme mauvaises ; les catégories d'inclusion et d'exclusion sont continues dans leur type implicite, qui est l'intériorité ou l'extériorité par rapport à la communauté ; sur ces catégories primitives d'inclusion et d'exclusion, correspondant à des actions d'assimilation ou de désassimilation, se développent des catégories annexes de pureté et d'impureté, de bonté et de nocivité, racines sociales des notions de bien et de mal. Il y a ici des notions symétriques comme celles que l'individu vivant manifeste dans l'opposition bipolaire de l'assimilable et du dangereux. La bipolarité des valeurs manifeste une communauté ; l'unipolarité des valeurs manifeste une société. Nous devons remarquer ici que l'activité technique n'introduit pas une bipolarité des valeurs au même titre que l'activité biologique ; en effet, pour l'être qui construit, il n'y a pas le bon et le mauvais, mais l'indifférent et le constructif, le neutre et le positif ; la positivité de la valeur se détache sur un fond de neutralité, et de neutralité toute provisoire, toute relative, puisque ce qui n'est pas encore utile peut le devenir selon le geste de l'individu constructeur qui saura l'utiliser ; au contraire, ce qui a reçu un rôle fonctionnel dans le travail ne peut le reperdre, et se trouve par la même pour toujours investi d'un caractère de valeur ; la valeur est irréversible et tout entière positive ; il n'y a pas symétrie entre la valeur et l'absence de valeur." (pp.508-509)
    -Gilbert Simondon, "Notes complémentaires sur les conséquences de la notion d'individuation. Chapitre premier:  Valeurs et recherche d'objectivité", in L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information, Éditions Jérôme Millon, collection Krisis, 2005, 571 pages, pp.503-509.

    ", malgre le.~ apparences. une civilisalion du rendement. en ctepit des apparentes
    libertCs civiqucs qu'elle laisse aux individus, est extrCmcment contraignante pour eux
    et emp&he leltt' developpement, puree qu'elle asservit simulmnement l'homme et <~
    machine; e lle rCalis:e ~ travers: Ia machine une intCgmtion communaulaire cont:rai ..
    guame. Ce n'est pas contre Ia machine que l'homme. sou.s I' empire d'une-preoccupation humaniste, doit se rCvoller : l'homme n'cst asservi ~ Ia machine q ue quand Ia
    machine elle .. mCme est dCja asserv ie par Ia communaut:C. Et com me il existe une co he.
    sion interne d u monde d es objets tec.h niques, l'humanisme do il vise r a li b€rer ce
    monde des o bjets techn.iques qui som nppeles i'1 devenir rnediateurs de lu 1-elation de
    l'homme au mondc. L'humanismc n'a guhc pu incorporer '~t ce j our Ia relation
    de l' humanite au mondc; cette volonh! qui le de finit, de ramener a I'Ctre humain lo ut
    ce que les d iverses voics d'a ~nation lui ont an·ache en le dCcentrant, restera impuissantc ta.nt qu'e11e n'aura pas compri.s que Ia relation de J' homme au monde c t de l'in·
    di vidu a Ia communaute passe par Ia machine. L'humanisrne ancien est restC abstrait
    parcc qu'il ne dCfinissaiLla poss io n de soi que pour lc citoycn. ct non pour l'csclave: l'humanisme mode.rne reste u ne doctrine abstraite quand e.llc croir sauver
    l'homme de toute ali6nation en luuanl con1re Ia machine« q ui deshuman.ise ». Elle
    luue contre Ia conununautC en croyant lurter comrc Ia machine. mais d ie nc pcut arrive r a am:un rCsulta t valable parce quclle accuse Ia machine de ce dont e llc n' cst pas
    responsable. Se deployant en pleine mythologie, cette doctrine se prive de l'auxiliaire
    le p lus fort et le plus stable, qui donne ra il a l' humanismc une dimension, unc significatio n e1 une o uverture qu'aucuoe critique negative ne lui offrirajoml.ais. Seton Ia voie
    de recherche qui est presentee ici. il devient possible de rechet'Cher un sens des valettrs
    autremcnt que dans rint6rioritC limi1Ce de l'&trc ind ivid uel rcpliC sur lui-mCmc e t
    niant les dCsirs. teodaoces ou inslincls qui J' invilent a s'exprimer ou a agir hors de ses
    li nti tes~ sans se condarnner pour ccla tt anC.anlir l' individu dcvant Ia communautC.
    comme le fait Ia d iscipli ne sodologiquc. Enrre Ia communaute c t l'individu iso JC sur
    lu i-meme, il y a Ia machine. e t cette machine est ouve rte sur le monde. Elle va au-dena
    de Ia r6alit6 communauraire pour iustituer Ia relntioo uvec Ia Nan.~re." (p.527)
    -Gilbert Simondon, "Notes complémentaires sur les conséquences de la notion d'individuation. Chapitre ll : Individuation et invention", in L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information, Éditions Jérôme Millon, collection Krisis, 2005, 571 pages, pp.511-527..

    "Matérialisme", "vitalisme" et "eudémonisme", n'apparaisse jamais dans la thèse ; 'bonheur" et "politique" une seule fois et sans grand intérêt. Éthique 28 fois, valeur 179 fois.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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    Simondon - Gilbert Simondon, L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information + Du mode d'existence des objets techniques + Les limites du progrès humain +  Sur la techno-esthétique, et, Réflexions préalables à une refonte de l'enseignement Empty Re: Gilbert Simondon, L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information + Du mode d'existence des objets techniques + Les limites du progrès humain + Sur la techno-esthétique, et, Réflexions préalables à une refonte de l'enseignement

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