https://books.google.fr/books?id=kUuTtXABHU4C&printsec=frontcover&dq=Stefan+Breuer&hl=fr&sa=X&ei=huLUVLuXPIOi7AbVkoCQCA&ved=0CCIQ6AEwAA#v=onepage&q=Stefan%20Breuer&f=false
"Avec des figures complexes comme celle de la Révolution Conservatrice, nous n'avons pas affaire à une nouvelle variante du conservatisme [...] mais à un phénomène de nature particulière: un ensemble de tentatives d'orientation et de mouvements de recherche dans la modernité, qui s'opposent sans doute au mainstream forgé par les Lumières et le libéralisme, mais qui sont si profondément pénétrés par le volontarisme et l'esthétisme typique de la modernité que l'on ne plus parler à leur propos de conservatisme dans le sens spécifique et historique du terme."
"Quoi qu'ait pu être la Révolution conservatrice, ce n'était en tout cas pas une révolution conservatrice."
"Quand Moeller van den Bruck, en 1923, réfléchissait à ce qu'était au juste le conservatisme, il ne lui vint rien de mieux à l'esprit que la formule (déjà lancée par Lagarde) selon laquelle être conservateur, c'est "créer des choses qui méritent d'être conservées"." (p.17)
"La plupart des révolutionnaires conservateurs grandirent soit dans de petites villes, soit dans l'une de ces grandes villes de province si nombreuses en Allemagne. [...] Beaucoup conservèrent un certain anti-urbanisme. [...] Une comparaison des biographie fait apparaître deux autres singularités. A l'exception de Carl Schmitt, Martin Spahn et Eduard Stadtler, les révolutionnaires conservateurs provenaient de familles protestantes ; et pour un nombre non négligeable d'entre eux, l'influence religieuse ne s'arrêta pas à la confirmation ou à la communion." (p.31-32)
"Pour la bourgeoisie cultivée, la dégradation relative de sa situation par rapport à la bourgeoisie fortunée aussi bien que par rapport aux "masses" qui exerçaient leur pression d'en bas était devenue indéniable. Il n'y a dès lors rien d'étonnant à ce que les diagnostics de crise se soient multipliés à cette époque [la fin du XIXème siècle]". (p.34)
"A l'exception de quelques prédécesseurs et de quelques retardataires, les révolutionnaires conservateurs appartiennent dans leur majorité à la génération du front, la "génération de 1914". [...] La formation classique et humaniste, bien qu'on y attachât encore un prix élevé, ne suffisait plus à maîtriser les données nouvelles d'une civilisation scientifique et technique ; elle menaçait même de devenir obsolète. Avec elle, non seulement le statut relatif de la bourgeoisie cultivée se mit à vaciller, mais son identité collective (de toute façon faible) fut elle aussi ébranlée. Comme la bourgeoisie cultivée -on peut le comprendre- n'était disposée à renoncer ni à son statut ni à son identité, elle plaça tous ses espoirs dans la génération montante. La jeunesse devait, grâce à son potentiel créatif, renouveler et actualiser les modèles d'orientation et de pensée spécifique à cette sous-culture ; elle devait en même temps les modifier de telle sorte [...] qu'ils soient compatibles avec les conditions d'une société industrielle moderne.
Les enfants de la bourgeoisie cultivée nés dans les années 1880 et 1890 grandirent ainsi dans un environnement totalement différent de celui qu'avait connu la génération précédente. Tandis que celle-ci n'avait pas participé activement aux événements de la fondation du Reich et fut, toute sa vie, affligée du sentiment de ne savoir que plagier ceux qui l'avaient précédée [...] les "jeunes" furent soumis d'emblée à une intense pression. [...] Cette génération ne se lassait pas de dénoncer le besoin de sécurité et de confort qu'éprouvait son époque, de repousser son matérialisme et son esprit petit-bourgeois, et de leur opposer son propre goût de l'aventure, sa volonté d'originel et d'élémentaire, d'audace et de sacrifice [...] Elle rêvait de la situation critique, de l'état d'exception qui suspendrait enfin les règles et lui permettrait de prouver ce qu'elle avait en elle." (p.38-39-40-41)
"Schmitt, toute sa vie, afficha une attitude de rejet brutal à l'égard de Nietzsche". (p.43)
"La communauté masculine du front devint une patrie psychique pour tous ceux qui ne parvenaient pas à s'accommoder de la patrie réelle." (p.50)
-Stefan Breuer, Anatomie de la Révolution conservatrice, Paris, Éditions de la Maison de l'homme, 1996, 260.p
"La guerre est notre mère, elle nous a engendrés comme dans le giron incandescent des tranchées, nous sommes un genre nouveau, et nous reconnaissons notre origine avec fierté."
-Ernst Jünger (en 1926).
"Avec des figures complexes comme celle de la Révolution Conservatrice, nous n'avons pas affaire à une nouvelle variante du conservatisme [...] mais à un phénomène de nature particulière: un ensemble de tentatives d'orientation et de mouvements de recherche dans la modernité, qui s'opposent sans doute au mainstream forgé par les Lumières et le libéralisme, mais qui sont si profondément pénétrés par le volontarisme et l'esthétisme typique de la modernité que l'on ne plus parler à leur propos de conservatisme dans le sens spécifique et historique du terme."
"Quoi qu'ait pu être la Révolution conservatrice, ce n'était en tout cas pas une révolution conservatrice."
"Quand Moeller van den Bruck, en 1923, réfléchissait à ce qu'était au juste le conservatisme, il ne lui vint rien de mieux à l'esprit que la formule (déjà lancée par Lagarde) selon laquelle être conservateur, c'est "créer des choses qui méritent d'être conservées"." (p.17)
"La plupart des révolutionnaires conservateurs grandirent soit dans de petites villes, soit dans l'une de ces grandes villes de province si nombreuses en Allemagne. [...] Beaucoup conservèrent un certain anti-urbanisme. [...] Une comparaison des biographie fait apparaître deux autres singularités. A l'exception de Carl Schmitt, Martin Spahn et Eduard Stadtler, les révolutionnaires conservateurs provenaient de familles protestantes ; et pour un nombre non négligeable d'entre eux, l'influence religieuse ne s'arrêta pas à la confirmation ou à la communion." (p.31-32)
"Pour la bourgeoisie cultivée, la dégradation relative de sa situation par rapport à la bourgeoisie fortunée aussi bien que par rapport aux "masses" qui exerçaient leur pression d'en bas était devenue indéniable. Il n'y a dès lors rien d'étonnant à ce que les diagnostics de crise se soient multipliés à cette époque [la fin du XIXème siècle]". (p.34)
"A l'exception de quelques prédécesseurs et de quelques retardataires, les révolutionnaires conservateurs appartiennent dans leur majorité à la génération du front, la "génération de 1914". [...] La formation classique et humaniste, bien qu'on y attachât encore un prix élevé, ne suffisait plus à maîtriser les données nouvelles d'une civilisation scientifique et technique ; elle menaçait même de devenir obsolète. Avec elle, non seulement le statut relatif de la bourgeoisie cultivée se mit à vaciller, mais son identité collective (de toute façon faible) fut elle aussi ébranlée. Comme la bourgeoisie cultivée -on peut le comprendre- n'était disposée à renoncer ni à son statut ni à son identité, elle plaça tous ses espoirs dans la génération montante. La jeunesse devait, grâce à son potentiel créatif, renouveler et actualiser les modèles d'orientation et de pensée spécifique à cette sous-culture ; elle devait en même temps les modifier de telle sorte [...] qu'ils soient compatibles avec les conditions d'une société industrielle moderne.
Les enfants de la bourgeoisie cultivée nés dans les années 1880 et 1890 grandirent ainsi dans un environnement totalement différent de celui qu'avait connu la génération précédente. Tandis que celle-ci n'avait pas participé activement aux événements de la fondation du Reich et fut, toute sa vie, affligée du sentiment de ne savoir que plagier ceux qui l'avaient précédée [...] les "jeunes" furent soumis d'emblée à une intense pression. [...] Cette génération ne se lassait pas de dénoncer le besoin de sécurité et de confort qu'éprouvait son époque, de repousser son matérialisme et son esprit petit-bourgeois, et de leur opposer son propre goût de l'aventure, sa volonté d'originel et d'élémentaire, d'audace et de sacrifice [...] Elle rêvait de la situation critique, de l'état d'exception qui suspendrait enfin les règles et lui permettrait de prouver ce qu'elle avait en elle." (p.38-39-40-41)
"Schmitt, toute sa vie, afficha une attitude de rejet brutal à l'égard de Nietzsche". (p.43)
"La communauté masculine du front devint une patrie psychique pour tous ceux qui ne parvenaient pas à s'accommoder de la patrie réelle." (p.50)
-Stefan Breuer, Anatomie de la Révolution conservatrice, Paris, Éditions de la Maison de l'homme, 1996, 260.p
"La guerre est notre mère, elle nous a engendrés comme dans le giron incandescent des tranchées, nous sommes un genre nouveau, et nous reconnaissons notre origine avec fierté."
-Ernst Jünger (en 1926).