"Événement majeur de l’histoire ecclésiastique du XIIIe siècle, l’apparition des ordres mendiants à partir des années 1215-1220 a aussitôt marqué le paysage religieux de l’époque. À l’origine de ce mouvement se situent les Franciscains et les Dominicains sous la houlette, respectivement, de saint François et de saint Dominique. Les deux premières communautés ont rapidement essaimé et ont influencé de manière radicale l’ensemble de la société de leur temps. Tant les représentants de l’Église officielle que les simples fidèles ont été sensibles à la différence de l’expérience spirituelle proposée par les nouveaux ordres. Ceux-ci, installés parmi les fidèles sans mener une vie mondaine, célébrant les offices divins sans demeurer cloîtrés, associant le respect de la règle à l’exercice de la prédication dans l’esprit apostolique, appliquaient et véhiculaient un modèle de vie morale et spirituelle à la fois admirable et accessible.
L’étude de la présence édilitaire mendiante dans le paysage monumental de la fin du Moyen Âge ne saurait donc se limiter à l’exposition et à l’analyse – aussi détaillées soient-elles – des particularités structurelles et esthétiques des complexes conventuels. L’évaluation des édifices n’a de pertinence que si elle est associée à l’étude des multiples activités des religieux tant dans le cadre de la vie communautaire que dans le contexte des relations et des échanges avec le milieu urbain. Car l’environnement des couvents avait bien évidemment des incidences directes sur leur aménagement et, inversement, l’organisation et le fonctionnement des complexes influaient indirectement et à long terme sur le faciès urbain.
Ce contexte nous amène à explorer et à évaluer les différentes étapes de la matérialisation et de la configuration architecturale des établissements mendiants en France septentrionale et dans les anciens Pays-Bas méridionaux [...] tout en mettant en exergue l’impact de l’organisation et de l’évolution des enclos conventuels sur le paysage urbain de la fin du Moyen Âge, période décisive, portant en germe la genèse des villes modernes. [...]
Quatre principaux ordres mendiants : Dominicains, Franciscains, Augustins et Carmes. En raison de leur courte existence, les ordres mendiants mineurs (supprimés au lendemain du concile de Lyon II en 1274) ne correspondent point à notre recherche qui embrasse les quatre derniers siècles du Moyen Âge."
-Panayota Volti, Les couvents des ordres mendiants et leur environnement à la fin du Moyen Âge, CNRS Éditions, 2003 (mis en ligne en 2016).