https://www.erudit.org/fr/revues/crs/2002-n36-crs1517219/1002266ar.pdf
"Dans cet article, je commencerai par discuter d'une construction libérale selon laquelle un État postnational crée, au mieux, un cadre qui permet à chaque individu d'entretenir ses propres racines culturelles. Ensuite, je m'attacherai à l'étude d'un modèle pluraliste, qui considère que l'appareil étatique doit valoriser et activement promouvoir l'existence et la coexistence de différents « sous-groupes » nationaux, sans en favoriser un en particulier. Enfin, je finirai par soutenir que, dans certaines circonstances, l'État peut, et doit, abandonner sa neutralité et apporter un soutien particulier à une culture nationale au bénéfice de toute la société. Cette dernière problématique, que j'appellerai « nationalisme progressiste » (à défaut d'un terme mieux approprié), provient des limites du postnationalisme et vise non pas l'État national primitif, mais au contraire vise une sorte d'État déjà « post-postnational ». Je démontrerai en quoi cette option requiert une place pour la différence et la dissidence culturelles." (p.108)
"J'entends par «nation», un groupe de personnes qui se considèrent comme une communauté, partageant des traditions, des convictions, une histoire, une langue, un destin, un territoire ou un génie commun. Tous ces points communs ne sont pas des conditions sine qua non de l'existence d'une nation. Pour être considéré comme nation, un groupe ne doit montrer que quelques-uns de ces points de convergence et partager une ressemblance de famille avec d'autres nations. Une culture nationale a pour référence des domaines d'activités tels que la musique, l'art, la cuisine ou la politique." (p.109)
"Les différentes nations, comme les divers jeux examinés par Wittgenstein, ne partagent pas une essence. Il n'y a pas une caractéristique ou un groupe de caractéristiques que toutes les nations partagent. Au contraire, une nation aura certains points communs avec une deuxième, mais pas d'autres, tandis que les points de convergences et de divergences avec une troisième nation seront différents. Ces différentes nations sont donc comme les membres d'une famille. Toutes ces personnes n'ont pas le même nez ou la même figure. Certains se ressemblent par leur sourire, d'autres par leur personnalité. Ils sont pourtant tous reliés, sans pour autant se ressembler sur un point particulier, « donc des ressemblances des membres d'une même famille : stature, traits du visage, couleur des yeux, démarche, caractère... se juxtaposent et s'entrecroisent ». Ludwig Wittgenstein, Philosophical Investigations, Oxford, Basil Blackwell, 1968, p. 67." (note 6 p.109)
-Ángel R. Oquendo, "Un nationalisme progressiste pour l’État postnational ?", Cahiers de recherche sociologique, (36), 2002, pp.105–134.
"Dans cet article, je commencerai par discuter d'une construction libérale selon laquelle un État postnational crée, au mieux, un cadre qui permet à chaque individu d'entretenir ses propres racines culturelles. Ensuite, je m'attacherai à l'étude d'un modèle pluraliste, qui considère que l'appareil étatique doit valoriser et activement promouvoir l'existence et la coexistence de différents « sous-groupes » nationaux, sans en favoriser un en particulier. Enfin, je finirai par soutenir que, dans certaines circonstances, l'État peut, et doit, abandonner sa neutralité et apporter un soutien particulier à une culture nationale au bénéfice de toute la société. Cette dernière problématique, que j'appellerai « nationalisme progressiste » (à défaut d'un terme mieux approprié), provient des limites du postnationalisme et vise non pas l'État national primitif, mais au contraire vise une sorte d'État déjà « post-postnational ». Je démontrerai en quoi cette option requiert une place pour la différence et la dissidence culturelles." (p.108)
"J'entends par «nation», un groupe de personnes qui se considèrent comme une communauté, partageant des traditions, des convictions, une histoire, une langue, un destin, un territoire ou un génie commun. Tous ces points communs ne sont pas des conditions sine qua non de l'existence d'une nation. Pour être considéré comme nation, un groupe ne doit montrer que quelques-uns de ces points de convergence et partager une ressemblance de famille avec d'autres nations. Une culture nationale a pour référence des domaines d'activités tels que la musique, l'art, la cuisine ou la politique." (p.109)
"Les différentes nations, comme les divers jeux examinés par Wittgenstein, ne partagent pas une essence. Il n'y a pas une caractéristique ou un groupe de caractéristiques que toutes les nations partagent. Au contraire, une nation aura certains points communs avec une deuxième, mais pas d'autres, tandis que les points de convergences et de divergences avec une troisième nation seront différents. Ces différentes nations sont donc comme les membres d'une famille. Toutes ces personnes n'ont pas le même nez ou la même figure. Certains se ressemblent par leur sourire, d'autres par leur personnalité. Ils sont pourtant tous reliés, sans pour autant se ressembler sur un point particulier, « donc des ressemblances des membres d'une même famille : stature, traits du visage, couleur des yeux, démarche, caractère... se juxtaposent et s'entrecroisent ». Ludwig Wittgenstein, Philosophical Investigations, Oxford, Basil Blackwell, 1968, p. 67." (note 6 p.109)
-Ángel R. Oquendo, "Un nationalisme progressiste pour l’État postnational ?", Cahiers de recherche sociologique, (36), 2002, pp.105–134.