https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Marcel
"J’ai peine à comprendre aujourd’hui comme au cours des années qui suivirent immédiatement mon agrégation et alors que j’avais eu le privilège d’écouter Henri Bergson au Collège de France, je pouvais encore éprouver le besoin de procéder à une recherche tâtonnante qui se poursuivait dans un air raréfié à l’aide d’instruments empruntés à la philosophie post-kantienne. Même Bradley — j’avais lu Apparence et Réalité — aurait du m’aider a me dégager de l’espèce d’étau dans lequel ma pensée restait enserrée. Certes, de tout mon être, j’aspirais à m’en libérer, mais pour cette nécessaire évasion, combien j’étais encore mal outillé ! Si la guerre n’était venue renverser le monde dont j’étais encore prisonnier, pendant combien de temps aurais-je continué à piétiner ainsi ?" (p.5)
"Moi qui ignorais alors tout de Kierkegaard." (p.6)
-Gabriel Marcel, Fragments philosophiques (1909-1914), Louvain / Paris, Nauwelaerts, 1961, 117 pages.
"Marcel écrivit ces notes pendant sa dernière année à la Sorbonne, l’année qui le mena à l’agrégation. II subissait l’influence de l’idéalisme ; mais déja on sent qu’il se dirige vers l’émancipation car il en critique vigoureusement l’intellectualisme exagéré." (p.11)
-Révérent Père Lionel A. Blain, introduction à Gabriel Marcel, Fragments philosophiques (1909-1914), Louvain / Paris, Nauwelaerts, 1961, 117 pages.
« Le moi n’est que négation, et nous n’atteignons la Pensée absolue qu’en prenant conscience du néant de notre individualité : par là Hegel et Schopenhauer se rejoignent. Cette individualité sans doute est une expression de la Pensée absolue ; mais en tant qu’elle est une détermination particulière elle en est la pure et simple négation. Le rôle des premiers post-kantiens a été d’étendre l’idée spinoziste qui s’exprime par le omnis determinate est negatio à l’ensemble de ce qui est objectif ; or notre moi, notre existence empirique, notre conscience même, que nous le voulions ou non, rentre dans ce monde objectif ; notre individualité rentre dans l’ensemble de nos représentations, elle n’a pas plus de valeur ou de signification que celles-ci. Rien n’est hors de l’éternelle subjectivité […] Si la vie a un sens, ce ne peut être à coup sûr que celui-ci : réduire tout ce qui en nous est nature à n’être que l’expression voulue et consciente de cette pensée éternelle ; hors de là pas de moralité. » (pp.15-16)
« Dans l’intellectualisme Dieu n’existe jamais que pour le philosophe ; or c’est ce que nous ne voulons pas ; une religion purement philosophique ne saurait être vraie. » (p.16)
« L’affirmation de Dieu est impliquée dans toute action morale. » (p.17)
«
(pp.17-18)
-Gabriel Marcel, Fragments philosophiques (1909-1914), Louvain / Paris, Nauwelaerts, 1961, 117 pages.
"J’ai peine à comprendre aujourd’hui comme au cours des années qui suivirent immédiatement mon agrégation et alors que j’avais eu le privilège d’écouter Henri Bergson au Collège de France, je pouvais encore éprouver le besoin de procéder à une recherche tâtonnante qui se poursuivait dans un air raréfié à l’aide d’instruments empruntés à la philosophie post-kantienne. Même Bradley — j’avais lu Apparence et Réalité — aurait du m’aider a me dégager de l’espèce d’étau dans lequel ma pensée restait enserrée. Certes, de tout mon être, j’aspirais à m’en libérer, mais pour cette nécessaire évasion, combien j’étais encore mal outillé ! Si la guerre n’était venue renverser le monde dont j’étais encore prisonnier, pendant combien de temps aurais-je continué à piétiner ainsi ?" (p.5)
"Moi qui ignorais alors tout de Kierkegaard." (p.6)
-Gabriel Marcel, Fragments philosophiques (1909-1914), Louvain / Paris, Nauwelaerts, 1961, 117 pages.
"Marcel écrivit ces notes pendant sa dernière année à la Sorbonne, l’année qui le mena à l’agrégation. II subissait l’influence de l’idéalisme ; mais déja on sent qu’il se dirige vers l’émancipation car il en critique vigoureusement l’intellectualisme exagéré." (p.11)
-Révérent Père Lionel A. Blain, introduction à Gabriel Marcel, Fragments philosophiques (1909-1914), Louvain / Paris, Nauwelaerts, 1961, 117 pages.
« Le moi n’est que négation, et nous n’atteignons la Pensée absolue qu’en prenant conscience du néant de notre individualité : par là Hegel et Schopenhauer se rejoignent. Cette individualité sans doute est une expression de la Pensée absolue ; mais en tant qu’elle est une détermination particulière elle en est la pure et simple négation. Le rôle des premiers post-kantiens a été d’étendre l’idée spinoziste qui s’exprime par le omnis determinate est negatio à l’ensemble de ce qui est objectif ; or notre moi, notre existence empirique, notre conscience même, que nous le voulions ou non, rentre dans ce monde objectif ; notre individualité rentre dans l’ensemble de nos représentations, elle n’a pas plus de valeur ou de signification que celles-ci. Rien n’est hors de l’éternelle subjectivité […] Si la vie a un sens, ce ne peut être à coup sûr que celui-ci : réduire tout ce qui en nous est nature à n’être que l’expression voulue et consciente de cette pensée éternelle ; hors de là pas de moralité. » (pp.15-16)
« Dans l’intellectualisme Dieu n’existe jamais que pour le philosophe ; or c’est ce que nous ne voulons pas ; une religion purement philosophique ne saurait être vraie. » (p.16)
« L’affirmation de Dieu est impliquée dans toute action morale. » (p.17)
«
(pp.17-18)
-Gabriel Marcel, Fragments philosophiques (1909-1914), Louvain / Paris, Nauwelaerts, 1961, 117 pages.