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    François de la Mothe le Vayer, De la patrie et des étrangers, et autres petits traités sceptiques

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    François de la Mothe le Vayer, De la patrie et des étrangers, et autres petits traités sceptiques Empty François de la Mothe le Vayer, De la patrie et des étrangers, et autres petits traités sceptiques

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 13 Avr - 17:53



    "Le « Plutarque de la France » (l’expression est de Gabriel Naudé). Guez de Balzac et Chapelain, ses rivaux à bien des égards, ruminaient avec envie une épithète et une réputation qui auraient dû assurer au précepteur de Louis XIV et de Monsieur une place définitive dans ce qu’outre-Atlantique on appelait encore récemment le « canon » des grands auteurs. La postérité a en voulu autrement." (p.1)

    "En 1765, Voltaire publiera ses Idées de La Mothe Le Vayer, repris aussitôt dans le brûlot, l’Évangile de la raison. La Mothe Le Vayer reste symboliquement celui qui, héritier de la bibliothèque de Melle de Gournay, aurait en quelque sorte effleuré du bout des doigts la plume de Montaigne, ou reçu de sa « fille d’alliance » le souffle sceptique du maître." (p.3)

    "La Mothe Le Vayer aurait ainsi commis l’erreur de n’écrire qu’en français." (p.4)

    "Celle de Jérôme Cardan qu’il nomme son maître à penser, La Mothe Le Vayer tente sans cesse de concilier le fonds commun des Lettres (sacrées et profanes, anciennes et modernes, occidentales et orientales), la culture classique, avec l’inspiration personnelle, la constante pierre de touche de l’expérience privée, et un souci, acharné, d’enquête intellectuelle, cette « Divine Sceptique » dont il est, au XVIIe siècle, le plus affiché des rénovateurs. L’effet recherché ? Ne pas maintenir séparés les uns des autres ses publics : le public savant, ancien ou moderne (celui de l’Académie française dont il est très tôt membre), le public honnête (incarné par son ami Molière dont il défendra le Tartuffe), le public galant (celui de l’Hexaméron rustique et, par exemple, son ami Guillaume Bautru) et même le public politique (celui de ses livres sur l’Espagne, par exemple)." (p.5)

    "Ce « méchant livre » disait-il, en parlant des Dialogues d’Orasius Tubero (publiés sous un faux nom, sous une fausse date, chez un faux libraire, dans un pays de bricolage, à trente-cinq exemplaires) ; Descartes qui, pourtant, savait que l’on disait la même chose des siens. Les Petits traités incarnent ce choix qui est un choix d’écrivain et qui répond à un choix de vie. Sur cette orientation personnelle, il lève le masque dans De la richesse : « J’ai roulé un demi-siècle dans cette posture, sans envier, je vous proteste, celle des plus fortunés, aussi exempt d’ambition que d’avarice, et n’ayant autre plus grand dessein que d’achever de même ma carrière. » Aucune fausse modestie dans cette déclaration, car ce demi-siècle il l’aura dévolu à défendre et à illustrer, dans ces livres et dans la manière dont il les conçoit, un sens acéré de l’autonomie intellectuelle." (p.5)

    "Les Petits traités sont les Grandes Eaux d’un Versailles de l’écriture moraliste, chaque texte est un jaillissement qui n’a d’autre fin que soi-même – cette libido sciendi que condamnaient les rigoristes, cette « libre pensée » que détestait Descartes." (p.7)

    "Le platonicien Porphyre († 388) s’opposa si persuasivement à la propagande chrétienne que l’empereur Théodose fit brûler un de ses livres. Sa Vie de Pythagore est un classique du paganisme." (note 2 p.17)

    [Du sommeil et des songes]

    [Le sommeil n'] a-t-il pas un pouvoir merveilleux de rendre les plus misérables semblables aux plus fortunés durant presque la moitié de leur vie ? Autant de fois que nous nous couchons pour l’aller trouver, ne fait-il pas l’office de médiateur pour nous apprivoiser avec la mort, qui est sa sœur germaine, si nous en croyons la Théogonie d’Hésiode, où il les fait l’un et l’autre enfants de la Nuit ? Et les Grecs n’ont-ils pas dit à sa recommandation, qu’il surmontait le plus grand de tous les maux, qui est la faim ? Je vous prie surtout de considérer, que si les misères de cette vie surpassent de beaucoup les prospérités qu’on y ressent, comme tout le monde est contraint de le confesser, il s’ensuit nécessairement que ce que le sommeil semble retrancher de nos jours, est plus à notre avantage qu’autrement. Outre que nous n’éprouvons point de plus doux appareil, ni de plus sûr remède à toutes nos afflictions, que le dormir." (p.26)
    -Philippe-Joseph Salazar, "L'amertume du thym et la douceur du miel, La Mothe Le Vayer écrivain sceptique", in François de la Mothe le Vayer, De la patrie et des étrangers, et autres petits traités sceptiques, Éditions Desjonquères, 2003, 165 pages.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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