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    André Philip, La Gauche. Mythes et réalités

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    André Philip, La Gauche. Mythes et réalités Empty André Philip, La Gauche. Mythes et réalités

    Message par Johnathan R. Razorback Lun 29 Avr - 17:18

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Philip

    "
    (pp.83-98)

    "Des sondages donnent comme probables les chiffres suivants : pour 1958, on trouvait en France 35o.ooo Algériens, pour la plupart d’origine kabyle, 10.000 Tunisiens et 10.000 Marocains, provenant également des régions berbères. Pour 1960, 4oo.ooo Algériens et 24.000 Tunisiens et Marocains.

    En 1962, avec la poursuite de la guerre d’Algérie et les troubles en France même, le chiffre est tombé : on recense 2o3.ooo Algériens salariés, correspondant sans doute à une population globale de 3oo.ooo Algériens, séjournant dans le pays. Depuis les derniers mois, il s’est à nouveau sensiblement relevé, et dépasse certainement les 3oo.ooo salariés.

    Sur ces travailleurs algériens, le tiers à peu près travaille dans la région parisienne, 10 % dans le Nord, 8 % dans la Moselle, 6 % dans la Somme, 6 % dans la région marseillaise.

    Ces immigrants ont été essentiellement des jeunes hommes entre 20 et 4o ans. Mais à partir de ig5o, certaines familles ont commencé à suivre, sans que le chiffre de la population familiale atteigne une proportion importante. Les derniers chiffres valables donnaient 76 % d’hommes, 6 % de femmes, 18 % d’enfants. Ce chiffre relativement élevé d’enfants correspond aux cas, de plus en plus nombreux, où le travailleur laisse sa femme en Algérie, mais emmène un ou plusieurs de ses fils, pour les mettre à l’école en France.

    Les travailleurs algériens renvoient dans leur pays entre 15 et 25 % de leur salaire, et on a estimé que, de façon normale, un million et demi à deux millions de personnes vivent en Algérie des envois effectués par les ouvriers travaillant en France. Ces envois, qui atteignent 28 milliards d’anciens francs en 1953, 35 en 1954, 70 en i960, représentent plus d’un cinquième du revenu de la population musulmane d’Algérie.

    Aux Algériens s’ajoutent maintenant des Africains noirs, provenant du Sénégal et du Mali, environ 35 à 4o.ooo pour l’année 1962, concentrés en général dans la région parisienne." (p.102)

    "La Grande-Bretagne connaît également un mouvement d'immigration, plus faible, il est vrai, que celui des pays précédents. Il faut ajouter que les évaluations varient considérablement, suivant les périodes et les sources d’information. En 1967, le pays a encore connu une émigration nette de 72.000, tandis qu’en 1958 la situation est renversée et montre une immigration nette de 45.000 personnes. Pour 1961 les statistiques montrent même un chiffre de 160.000 immigrants. Pour l’année 1958, le gouvernement anglais donnait le chiffre de 3io.ooo immigrants, dont 15.ooo venaient des Antilles, 155.ooo du Pakistan et de l’Inde, 25.000 de l’Afrique de l’Ouest, 15.ooo d’autres régions du Commonwealth-Afrique. Des chiffres, plus récents, donneraient la présence actuellement en Grande-Bretagne de 5oo.ooo membres de couleur du Commonwealth, dont 35o.ooo venant des Antilles. En 1961 sont entrés 70.000 Antillais, chiffre qui dépassait à lui seul l’immigration en provenance d’Irlande; le nombre des « coloured » a décuplé en dix ans, et l’immigration non blanche a représenté dès 1961 la moitié de l’immigration totale. Sur cet ensemble, la moitié est installée dans la région londonienne, le reste est surtout concentré aux environs de Birmingham.

    Ces travailleurs sont employés, soit dans le textile, soit dans la métallurgie, pour les travaux chauds et humides, abandonnés par les ouvriers anglais, et surtout — et ceci est différent du continent européen — dans les services publics, les travaux publics et les transports qui sont, eux aussi, peu prisés par la main-d’œuvre nationale.

    L’incertitude de ces chiffres provient de la même raison que l’incertitude française au sujet des Algériens, les originaires du Commonwealth ayant l’entrée libre en Grande-Bretagne, et ne pouvant être recensés qu’a posteriori. D’où le vote en novembre 1961 d’une loi qui donne, pour cinq ans, au gouvernement le pouvoir de contrôler l’immigration des natifs des colonies et du Commonwealth. Cette loi est entrée en vigueur en juillet 1962, et le nombre total de ceux qui sont passés par le Commonwealth Immigration Act jusqu’à la fin de 1962 est de 180.000 (16.000 des Antilles, 18.000 de l'Inde, 7.000 du Pakistan et 4.000 de Chypre)." (pp.104-105)

    "Quant aux Algériens, les employeurs les recrutent en général par l’intermédiaire des ouvriers qui sont déjà au travail dans leurs usines. Le nouveau venu a ainsi, vis-à-vis du patron, la caution du groupe. Ses débuts dans le travail sont facilités par une initiation professionnelle effectuée par les parents et amis déjà sur place, et le recrutement se fait en général à l’intérieur d’un même douar ou d’une même tribu, ce qui évite tout conflit tenant à des hostilités locales anciennes.

    Ce système a l’avantage d’encadrer le nouveau venu, dès son arrivée, dans un groupe qui ne lui est pas inconnu. Par contre, le résultat est de maintenir une structure ancienne, chaque groupe restant sous l’autorité d’un chef qui a assuré le recrutement, et celui-ci fait souvent peser son pouvoir sur les autres travailleurs de façon excessive et dangereuse.

    Aussi quelques grandes entreprises, comme Renault, ou un ensemble d’affaires, agissant par l’intermédiaire du centre de liaison des employeurs métropolitains, ont-elles essayé, ces dernières années, d’opérer en Algérie un recrutement sur place, par l’intermédiaire d’organisations spécialisées. Mais le recrutement collectif ne semble pas avoir, jusqu’ici, réussi. La majorité des ouvriers continue à préférer venir par l’intermédiaire de ceux qu’ils connaissent, et qui sont déjà en place." (p.107)

    "Le travailleur immigré, voué à des emplois pénibles ou malsains, condamné à une sous-qualification certaine, est en outre en butte à d’autres discriminations : de par sa basse qualification, il est moins bien payé et le reste, puisqu’on hésite, ou on refuse de lui accorder souvent sa qualification réelle. En outre, le travailleur immigré connaît le chômage, ou au moins le risque du chômage; en cas de récession économique, il apparaît probable que les immigrés seraient les premiers licenciés. Mais, même en période normale, il semble que le chômage qui affecte les travailleurs immigrés soit très important; en France, au début de l’année, on évaluait à près de 3o % la proportion de chômeurs parmi les immigrants sénégalais; ce chiffre énorme est d’ailleurs recoupé par une évaluation plus ancienne, relative aux travailleurs algériens en France : en 1955, on estimait que la proportion des sans-travail parmi les Algériens se serait élevée à environ 25 % de la totalité de l’effectif, soit quatorze fois plus que le chômage existant au sein de la population européenne." (p.109)
    -André Philip, La Gauche. Mythes et réalités, Aubier Montaigne, 1964, 228 pages.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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