https://www.cairn.info/revue-histoire-politique-2016-3-page-98.htm
"Il ne nous semble pas superflu de nous demander pourquoi la référence aux classes sociales a ainsi disparu dans les sciences sociales. Une troisième partie montrera comment ce type d’approche permet d’une part d’expliquer les relations difficiles, voire impossibles, entre catholiques petits bourgeois et catholiques militants ouvriers, et d’autre part de décrire deux cohérences incompatibles dans la conception d’un réformisme religieux."
"La description que nous venons de livrer a pris soin de préciser les caractéristiques sociales des personnes qui ont contribué à garnir les rangs des catholiques de gauche. Procéder de la sorte ne posait aucun problème dans les années 1970. Par contraste, qu’est-ce donc qui a fait disparaître ou presque, aujourd’hui, les classes sociales des modes de lecture de notre société, et notamment des travaux sur les catholiques ? Pourquoi la thématique des classes sociales est-elle si discrète, voire absente, lorsqu’on lit La crise catholique de Denis Pelletier ou encore À la gauche du Christ, pour nous limiter à des références récentes qui sont au centre de la thématique de ce numéro ? Cette question se double d’une autre, que soulève la reprise près de quarante ans après, de travaux sociologiques qui prennent aujourd’hui l’allure de considérations historiques. Avons-nous ici l’illustration de ce qui distingue sociologue et historien quand ils traitent d’un même phénomène passé ? Si les classes sociales ont disparu, ce n’est pas seulement chez ceux qui traitent les questions religieuses en sciences sociales, mais c’est le cas de ces sciences en général, pour ne rien dire de l’économie. Mais derrière ce silence, il faut souligner le fait que l’écriture des sciences sociales est loin d’avoir résolu une question simple en apparence, mais redoutable : quel peut être le sujet des énoncés censés décrire et expliquer le monde et son évolution ?"
"On trouverait, dans les transgressions lexicales du courant Chrétiens pour le socialisme, et plus encore dans celui des « chrétiens marxistes », de nombreuses marques de la position et de la stratégie de ces groupes : on dit : « pratique chrétienne » au lieu de « foi » ; « appareils idéologiques » pour Églises, « idéologie religieuse » pour théologie, etc. Les groupes CPS peuvent se poser en producteurs de leur propre doctrine et conquérir leur pouvoir en dénonçant les doctrines officielles."
-André Rousseau, « Petite bourgeoisie intellectuelle et classe ouvrière dans la configuration des chrétiens de gauche en France (1962-1978) », Histoire@Politique, 2016/3 (n° 30), p. 98-113. DOI : 10.3917/hp.030.0098. URL : https://www.cairn.info/revue-histoire-politique-2016-3-page-98.htm
"Il ne nous semble pas superflu de nous demander pourquoi la référence aux classes sociales a ainsi disparu dans les sciences sociales. Une troisième partie montrera comment ce type d’approche permet d’une part d’expliquer les relations difficiles, voire impossibles, entre catholiques petits bourgeois et catholiques militants ouvriers, et d’autre part de décrire deux cohérences incompatibles dans la conception d’un réformisme religieux."
"La description que nous venons de livrer a pris soin de préciser les caractéristiques sociales des personnes qui ont contribué à garnir les rangs des catholiques de gauche. Procéder de la sorte ne posait aucun problème dans les années 1970. Par contraste, qu’est-ce donc qui a fait disparaître ou presque, aujourd’hui, les classes sociales des modes de lecture de notre société, et notamment des travaux sur les catholiques ? Pourquoi la thématique des classes sociales est-elle si discrète, voire absente, lorsqu’on lit La crise catholique de Denis Pelletier ou encore À la gauche du Christ, pour nous limiter à des références récentes qui sont au centre de la thématique de ce numéro ? Cette question se double d’une autre, que soulève la reprise près de quarante ans après, de travaux sociologiques qui prennent aujourd’hui l’allure de considérations historiques. Avons-nous ici l’illustration de ce qui distingue sociologue et historien quand ils traitent d’un même phénomène passé ? Si les classes sociales ont disparu, ce n’est pas seulement chez ceux qui traitent les questions religieuses en sciences sociales, mais c’est le cas de ces sciences en général, pour ne rien dire de l’économie. Mais derrière ce silence, il faut souligner le fait que l’écriture des sciences sociales est loin d’avoir résolu une question simple en apparence, mais redoutable : quel peut être le sujet des énoncés censés décrire et expliquer le monde et son évolution ?"
"On trouverait, dans les transgressions lexicales du courant Chrétiens pour le socialisme, et plus encore dans celui des « chrétiens marxistes », de nombreuses marques de la position et de la stratégie de ces groupes : on dit : « pratique chrétienne » au lieu de « foi » ; « appareils idéologiques » pour Églises, « idéologie religieuse » pour théologie, etc. Les groupes CPS peuvent se poser en producteurs de leur propre doctrine et conquérir leur pouvoir en dénonçant les doctrines officielles."
-André Rousseau, « Petite bourgeoisie intellectuelle et classe ouvrière dans la configuration des chrétiens de gauche en France (1962-1978) », Histoire@Politique, 2016/3 (n° 30), p. 98-113. DOI : 10.3917/hp.030.0098. URL : https://www.cairn.info/revue-histoire-politique-2016-3-page-98.htm