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    Michel Abitbol, Histoire des juifs

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Date d'inscription : 12/08/2013
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    Michel Abitbol, Histoire des juifs Empty Michel Abitbol, Histoire des juifs

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 25 Mai - 22:12



    "Un peuple dont l’histoire se confond avec celle de l’humanité tout entière, enjambant les siècles, les continents et les civilisations depuis l’Egypte des pharaons jusqu’à la Russie soviétique en passant par le monde gréco-romain, l’Europe chrétienne, l’Orient musulman, les Grandes Découvertes, la Révolution française, la Première Guerre mondiale, la Shoah et la naissance de l’Etat d’Israël."

    "Comme chez tout peuple ancien [les origines] sont, en tout cas, difficiles à cerner. Ce que l’on en sait, on le doit à une source littéraire unique, la Bible, plus particulièrement le Livre de la Genèse, composé, selon toute vraisemblance, entre le VIIIe et le VIe siècle avant notre ère, à l’époque des derniers rois de Judée. Soit longtemps après les événements relatés lorsque les « enfants d’Israël », au terme de péripéties très chaotiques, finissent par se fixer en Palestine et se dotent d’institutions politiques centrales ainsi que… d’un mythe d’origine, d’une « biographie » commune. Une évolution que certains savants attribuent, en grande partie, à l’action des prêtres lévites, serviteurs du Temple de Jérusalem et gardiens de la mémoire collective d’Israël : un peuple venu dans l’histoire, au cours du second millénaire avant J.-C. selon l’opinion généralement admise, quand les grandes civilisations de la mer Egée, d’Anatolie, de Mésopotamie et de la vallée du Nil sont déjà florissantes ; un peuple né ailleurs que dans sa « patrie » historique, qui prend conscience de sa singularité après sa sortie d’Egypte, libéré de l’esclavage par Moïse."

    "Selon la Bible, l’histoire d’Israël commence donc avec Abraham l’Hébreu qui, venant d’Ur, grand port de la Mésopotamie méridionale, s’installe avec les siens à Harran, important centre caravanier de la Syrie du Nord. Là, Dieu se révèle à lui et lui ordonne de quitter sa « patrie » et la « maison de son père » pour s’établir en pays de Canaan, accompagné de sa femme Saraï (devenue Sarah par la suite) et de son neveu Loth. Un épisode que des lignées de théologiens, d’archéologues et de spécialistes de la Bible ont tenté vainement d’historiciser et de dater avec précision… au risque de se heurter à de multiples anachronismes et invraisemblances, tels que l’extraordinaire longévité des patriarches, l’impossible utilisation du chameau comme bête de somme dans la région plus tôt que le Xe siècle avant J.-C., ou la référence incongrue à des royaumes et à des groupes ethniques qui n’appartenaient pas au Proche-Orient ancien à l’époque présumée des patriarches. Ainsi en est-il des Philistins et des Araméens qui n’entrent vraiment en scène qu’à la fin du XIIe siècle ; ou encore des Moabites, des Ammonites, des Edomites et des Ismaélites avec lesquels les Hébreux ont maille à partir à l’époque monarchique seulement : un environnement géopolitique naturellement plus familier aux scribes bibliques que celui, plus lointain, de l’époque des patriarches.

    Elaboré probablement à l’époque du royaume de Juda (Xe-VIe siècle avant J.-C.), le récit des patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, souligne la supériorité de Juda sur les autres tribus d’Israël. Une prééminence conforme à la bénédiction de Jacob sur son lit de mort, Juda devenant après la disparition du royaume sécessionniste d’Israël, au début du VIIIe siècle avant notre ère, l’unique légataire de la Terre promise. Un pays qu’Abraham, Isaac et Jacob sanctifient de leurs pas, « en long et en large », et où ils érigent des autels et des stèles à la gloire de Dieu, de Sichem (Naplouse) et Dothan au nord à Béer Sheva au sud, en passant par Hébron, Bethléem et Béthel au centre, et jusque dans les « monts de Guilad », en Transjordanie."

    "Appelé de divers noms, le Dieu des patriarches n’est pas exclusif. En effet, si Jacob prend bien soin de demander à ses gens d’enlever « les dieux étrangers qui sont au milieu de vous » avant de sanctifier le Temple de Béthel consacré à Yahvé, ce n’est pas pour les leur interdire définitivement ni encore moins pour les éliminer totalement, mais seulement pour les enfouir provisoirement « sous le térébinthe qui est près de Sichem », pendant le temps que durerait la cérémonie. Omniprésent, le Dieu des patriarches apparaît dans plus d’un endroit, à Sichem, Mamré, près d’Hébron, Béthel, près de Jérusalem, Aï, Béer Sheva et sur la route d’Ephrat, non loin du tombeau de Rachel. Signalés par un autel et parfois par un arbre sacré, certains de ces lieux saints le sont aussi pour les populations autochtones cananéennes qui, à l’exemple des Hébreux, croyaient en une multitude de divinités. Un culte sans temples ni prêtres, les chefs de parentèles étant les seuls habilités à officier au nom de leurs familles en s’acquittant notamment des sacrifices rituels dans divers sites (maqom) sacrés."

    "Nomades en quête perpétuelle de points d’eau et de pâturages, les Hébreux s’éloignent spontanément des centres urbains et se déplacent avec leurs troupeaux sur les hautes terres du centre et de l’est de Canaan, entre les plateaux de Judée-Samarie et le Néguev. Pour échapper à la sécheresse et à la famine, ils sont acculés parfois à s’éloigner de la « Terre promise » et à chercher refuge jusqu’en Egypte, connue pour sa prospérité et ses richesses."

    "Les trois patriarches ont beaucoup de mal à faire souche dans le pays que Yahvé leur a assigné. Ainsi en est-il d’Abraham : se voyant mourir sans héritier mâle de sa femme Sarah, c’est dans son pays natal, en Mésopotamie, qu’il envoie chercher femme pour son fils Isaac. Celui-ci agit de la même façon à l’égard du « cadet » de ses jumeaux, Jacob, qui, nous dit la Genèse, doit passer près de quatorze ans auprès de son oncle Laban l’« Araméen », à Harran, avant que ce dernier consente à lui donner la main de ses filles Léa et Rachel. Le retour de Jacob en Canaan sera d’ailleurs des plus agité. Sur sa route, il doit affronter, outre la colère de son frère jumeau, Esaü – auquel il a enlevé par subterfuge le droit d’aînesse –, le courroux de Yahvé lui-même qui ne lui renouvelle sa confiance qu’après un épuisant et sanglant corps à corps avec un ange, descendu du ciel pour l’empêcher de poursuivre sa marche. Marqué désormais dans sa chair et affublé d’un nouveau nom, Israël, Jacob passe par Bethléem où décède son épouse bien-aimée Rachel, en accouchant de Benjamin, le dernier-né de ses fils. Devenant le héros éponyme des « enfants d’Israël », Jacob est désormais le chef respecté d’une grande famille de douze enfants, douze tribus. Suivant l’exemple des trois patriarches, les descendants de Jacob non plus ne cherchent pas à se marier entre eux. Ils épousent des Cananéennes, « filles du pays », et des Egyptiennes comme Juda, Siméon et Joseph, les fils de Jacob, ou des Hittites et des Ismaélites comme Esaü et les siens."

    "Pour brider leur croissance démographique, les Egyptiens vont jusqu’à faire périr leurs nouveau-nés de sexe masculin. Une mesure draconienne à laquelle échappe miraculeusement un enfant nommé Moïse qui, abandonné par sa mère Yochébed et sa sœur Miriam sur une barque de joncs, est « tiré des eaux » du Nil par une princesse égyptienne qui l’adopte. A l’âge adulte, Moïse prend conscience de la détresse de ses frères avant d’être chargé par Yahvé de sortir les Hébreux d’Egypte et de les conduire vers la Terre promise, en Canaan.

    Cet exode héroïque met fin à près de cinq siècles de présence israélite dans la vallée du Nil, selon la Bible, ce que ne confirment aucune source archéologique ni aucune inscription égyptienne, donnant l’impression qu’il n’y a pas le moindre recoupement entre l’Egypte des égyptologues et l’Egypte de la Bible. C’est ce qui a conduit nombre de savants à émettre de sérieux doutes sur la véracité du récit biblique et, de proche en proche, à ôter à la Bible toute valeur historique intrinsèque."

    "Le silence des hiéroglyphes sur les Hébreux et sur la sortie d’Egypte, en particulier, n’a d’égal que celui de la Bible sur des événements majeurs de l’histoire égyptienne ayant pour toile de fond la Palestine, comme l’« invasion » et l’expulsion des Hyksos, ou encore la conquête par l’Egypte du pays de Canaan, sous le Nouvel Empire (XVIe-XIIIe siècle avant J.-C.).

    Dans les faits, le danger des Hyksos une fois écarté, les successeurs d’Ahmosis, Aménophis Ier (1526-1506), Thoutmosis Ier (1506-1494) et surtout Touthmosis III (1490-1436), étendent leur royaume de la Nubie à la vallée de l’Euphrate, et bâtissent un immense empire englobant les territoires actuels de la Palestine, du Liban et de la Syrie. La présence égyptienne en Canaan se poursuivra jusqu’au XIIIe siècle avant J.-C. : un pays vivant d’agriculture, d’artisanat et de commerce, parsemé de villes-Etats autonomes comme Hazor, Megiddo et Tirzah au nord, Béthel, Gezer et Beth-Shemesh au centre, Lakhish au sud, à proximité desquelles les Egyptiens installent leurs forteresses, leurs entrepôts de vivres et leurs citernes d’eau. La présence égyptienne est la plus dense le long de la route d’Horus, reliant le delta du Nil à Gaza et débouchant sur la route côtière reliant Ashdod et Jaffa aux ports de Phénicie et de la mer Egée.

    Composés de plusieurs peuplades, les Cananéens de l’époque égyptienne sont assujettis à de lourds impôts payés en or ou en nature aux représentants du pharaon. Nombre de captifs de guerre utilisés à des tâches militaires et à la construction d’édifices publics sont envoyés dans la vallée du Nil. Ils comprennent divers éléments sémites tels que les Apirou et les Shosou, des éleveurs de chèvres du Néguev et de Transjordanie qui se déplaçaient fréquemment avec leurs troupeaux jusque dans le delta du Nil. Ce mouvement de population s’est intensifié à l’époque d’Aménophis II (1430-1406) sous le règne duquel une importante rébellion de chefs cananéens est matée en 1421. Le calme est rétabli ensuite jusqu’au milieu du XIVe siècle. Sous Aménophis III (1402-1364), l’Egypte croit pouvoir assurer le contrôle de toute la région en s’appuyant sur le royaume mésopotamien du Mittani, mais celui-ci tombe sous le joug des Hittites et des Assyriens, qui placent également sous leur orbite le nord de la Syrie. Entièrement absorbé par sa révolution religieuse, Aménophis IV (1364-1347), mieux connu sous le nom d’Akhénaton, ne prête guère attention à l’expansionnisme hittite ni aux changements démographiques survenus en Canaan où viennent de s’établir différentes populations nomades ou semi-nomades en provenance de Transjordanie, à l’exemple des Moabites, des Edomites et des Ammonites.

    A la mort d’Akhénaton et de son fils Toutankhamon (1347-1338), la rivalité entre l’Egypte et l’Empire hittite pour le contrôle de la Syrie est à son paroxysme. Séthi Ier (1294-1279), qui inaugure la XIXe dynastie, y rétablit l’hégémonie militaire égyptienne. Mais c’est surtout Ramsès II (1279-1212) qui parvient à freiner les ambitions hittites dans la région. Les deux puissances s’affrontent à Qadesh (l’actuel Tell Nebi), sur l’Oronte, et s’y livrent une des batailles les plus célèbres du Proche-Orient antique. Ramsès II ne pouvant avoir raison de son rival, Mouwatalli, les deux empires concluent en 1258 un accord de paix prévoyant une assistance mutuelle en cas de soulèvement de leurs vassaux respectifs ainsi que la délimitation de leurs zones d’influence dans la région. Les Hittites ont désormais les mains libres contre l’Assyrie tandis que les Egyptiens peuvent faire ce que bon leur semble sur leur frontière libyenne.

    Mais la paix ainsi obtenue sera de courte durée car, dès la mort de Ramsès II, l’Egypte doit affronter une triple menace : celle des Hittites au nord ; des hordes venant de Libye au sud ; et des « peuples de la mer » en provenance des îles ioniennes qui mettent en péril tout le littoral oriental de la Méditerranée. Un nouveau défi, relevé avec éclat par le pharaon Ménephtah (1212-1202), dernier fils survivant de Ramsès II, qui doit également faire face à une révolte générale en Canaan comme l’atteste la stèle gravée en son honneur et trouvée en 1895 dans son Temple funéraire. Une stèle datant de 1207 avant J.-C. dont la découverte a attiré immédiatement l’attention des chercheurs parce qu’il y est question, pour la première fois dans une source égyptienne, d’une tribu ou d’un groupe de tribus nommées « Israël » :

    Les princes se sont prosternés en disant « paix »

    Parmi les Neuf Arcs (les nations) pas un ne relève la tête

    Tjéhénou (la Libye) est dévastée, le Hatti est apaisé…

    Le Canaan est pillé de la pire manière

    Ascalon est enlevé, Gezer est saisi

    Yano’am réduit à rien

    Israël est anéanti, sa semence n’existe plus

    Hurru (la Palestine) est en veuvage devant l’Egypte

    Tous les pays sont réunis en paix.

    D’un intérêt considérable pour l’histoire des Juifs, cette inscription pourrait signifier qu’à à la fin du XIIIe siècle avant notre ère des Israélites vivaient en Canaan en groupe organisé : qui sont-ils et d’où viennent-ils ? Sont-ils des descendants des anciens Hébreux ou ceux d’autres lignées cananéennes ?"

    "Pour les historiens qui ne doutent pas de l’historicité de la sortie d’Egypte, celle-ci se serait déroulée dans la seconde moitié du XIIIe siècle avant J.-C., sous le règne de Ramsès II, dont la nouvelle capitale Pi-Ramsès (Tanis) est mentionnée explicitement dans la Bible."

    "Une traversée dont les archéologues continuent de chercher en vain la moindre trace. Une absence de preuves matérielles qui pourrait s’expliquer d’après certains par le petit nombre d’Hébreux ayant pris part à l’exode : la seule tribu des Lévites à laquelle appartenait Moïse, qui a pour tâche d’inculquer aux Israélites, arrivés plus tôt en Canaan ou n’ayant jamais quitté cette terre, les fondements principaux du monothéisme mosaïque, dont la parenté avec la religion d’Akhénaton saute littéralement aux yeux quand on compare, à la suite de l’égyptologue allemand Jan Assman, certains passages du Grand Hymne akhénatonien avec le psaume 104 (versets 20-30)13. Les deux textes évoquent effectivement, avec les mêmes accents de foi craintive, la tombée de la nuit, assimilée à l’absence de Dieu, et la levée du jour symbolisant la réalisation des desseins de Dieu dans l’univers :

    Lorsque tu te couches dans l’horizon occidental

    L’univers est plongé dans les ténèbres et comme mort

    […]

    Tous les lions sont sortis de leur antre,

    Et tous les reptiles mordent

    Les ténèbres sont un tombeau et le monde gît dans le silence

    C’est que leur créateur repose dans son horizon.

    A cette strophe du poème akhénatonien répondent les versets suivants du psaume 104 :

    Tu amènes les ténèbres et c’est la nuit,

    Durant laquelle rôdent tous les animaux de la forêt ;

    Les lionceaux rugissent après leur proie

    Et réclament de Dieu leur nourriture.

    Puis, juste après :

    Le soleil se lève, ils se retirent

    Et ils vont se tapir dans leurs repaires,

    L’homme sort pour son travail

    Et pour sa tâche jusqu’au soir.

    Echo du texte égyptien ;

    L’humanité est éveillée et debout sur ses pieds ;

    C’est toi qui les as fait lever ;

    Sitôt leur corps purifié, ils prennent leurs vêtements

    Et leurs bras sont en adoration à ton lever.

    L’univers entier se livre à son travail.

    Qu’elles sont nombreuses les choses que tu as créées

    Toutes, tu les as faites avec sagesse

    […]

    Que tes desseins sont sages, ô seigneur du temps !

    Apostrophe reprise presque mot pour mot par cette formule du psaume 104 :

    Qu’elles sont nombreuses tes œuvres, Yahvé !

    Toutes tu les as faites avec sagesse.

    Elément fondateur de l’histoire juive, la sortie d’Egypte constitue à maints égards l’acte de naissance du monothéisme mosaïque, qui lui-même se définit par opposition à la religion égyptienne, religion d’idolâtres par excellence."

    "En dehors des traditionalistes, personne aujourd’hui ne pense que la présence des Israélites en Canaan résulte d’une conquête militaire brusque opérée par un groupe homogène de tribus israélites, venant de l’est, porteuses d’une identité ethnique et religieuse déjà faite et résolues à supplanter les habitants du pays voués à leur domination. Il paraît plus sage de penser, disent les meilleurs spécialistes, que la présence israélite a été l’aboutissement d’un long processus de gestation sociale, politique et religieuse, survenu, en partie au moins, en Canaan même, et entraînant le fusionnement d’éléments « allogènes » cananéens et d’éléments « étrangers » venus d’ailleurs qui ont fini par prendre conscience de leur identité commune, en tant que « nouveau » peuple. Un processus qui aurait débuté au milieu du XIIIe siècle avant J.-C. et aurait englobé différentes souches de populations : soit, suivant les archéologues Finkelstein et Silberman, des éléments exclusivement cananéens issus des mutations démographiques et ethniques subies par les populations des hautes terres de Palestine durant les âges du bronze et du fer ; soit, suivant d’autres savants, en plus de ces éléments autochtones, des Lévites et autres Hébreux sortis d’Egypte avec Moïse. Auxquels se seraient adjoints d’anciens esclaves égyptiens ou encore des réfugiés mésopotamiens chassés par les guerres consécutives à la montée de l’Assyrie. En somme, un peuple composé d’éléments d’origines disparates qui, tout le monde en convient, mettra longtemps avant de se forger une identité « israélite » « commune » et d’accepter de se laisser guider par ses juges et ses prophètes sur la voie tracée par Moïse et Josué.

    Succombant, en effet, à leurs innombrables divisions intestines, les Israélites perdent rapidement le contrôle d’une bonne partie des terres conquises durant la période de Josué, face notamment aux Philistins qui, forts de leur supériorité technique, s’installent en maîtres au cours de la seconde moitié du XIIe siècle avant J.-C. sur le littoral. Etablis dans plusieurs villes telles que Gaza, Ascalon et Ashdod – occupées auparavant par les Egyptiens – ainsi que, plus à l’est, à Gath et Eqron, ces derniers font subir, au milieu du XIe siècle, une lourde défaite aux Israélites à Apheq. Ceux-ci abandonnent dans la bataille l’Arche du Temple que leurs ennemis placent dans leur Temple d’Ashdod, aux côtés des statues du dieu Dagon, et qu’ils ne récupéreront que plusieurs mois plus tard, après une étrange épidémie qui décimera les Philistins.

    C’est alors qu’apparaît Samuel le prophète qui, nous conte la Bible, va préparer les esprits à l’établissement d’un régime monarchique. Il choisit, par le plus pur des hasards, Saül (env. 1025-1005) comme premier roi d’Israël."

    "Dans la mémoire juive, l’époque de la monarchie est perçue comme un âge d’or, sans égal depuis la sortie d’Egypte. Elle est dominée par la figure flamboyante du roi David (env. 1005-970) qui, après Moïse, est le personnage le plus adulé de l’histoire juive. Guerrier et poète, ce roi très « humain », dont les faiblesses et les actes d’injustice s’étalent à longueur de pages dans les livres bibliques de Samuel, des Rois et des Chroniques, sera néanmoins promu à la gloire éternelle parce qu’il a réunifié sous son sceptre toutes les tribus d’Israël, écarté définitivement la menace des Philistins et conquis Jérusalem, proclamé aussitôt capitale politique, administrative et religieuse d’Israël. Un royaume taillé au fil de l’épée qui s’étend, d’après la Bible, de la mer Rouge au Liban et de la Méditerranée à la Transjordanie ; mais à l’intérieur duquel les tensions sont très vives, plusieurs tribus refusant de se départir de leur autonomie politique et religieuse au profit d’une administration centrale installée dans une ville « étrangère », Jérusalem, qui jusqu’à sa conquête par David avait appartenu aux Jébusites. Tensions aggravées par les luttes intestines déchirant la famille royale : les trois fils du roi David, Absalon, Adonias et Salomon, n’ayant pas attendu la mort de leur père pour briguer au grand jour sa succession. C’est d’ailleurs dans ce contexte explosif qu’au terme d’une vie riche en victoires et en scandales, David nomme pour lui succéder son fils Salomon (970-931) qui, à peine arrivé sur le trône, fait exécuter son frère Adonias et exiler le grand prêtre Ebyatar. Celui-ci avait été amené de Silo par David pour partager avec le grand prêtre Sadoq, proche de Salomon, la direction du culte central à Jérusalem.

    Objet d’une véritable vénération, Salomon laissera le souvenir d’un roi pacifique, intelligent et sage, auquel la tradition confère la paternité de plusieurs œuvres littéraires, dont celle du Livre des Proverbes. Mais c’est en tant que bâtisseur du Temple de Jérusalem que le roi Salomon a gravé son nom en lettres d’or dans les annales d’Israël. Un Temple à la gloire de Yahvé ayant pour vocation de supplanter tous les lieux de culte locaux ou régionaux dispersés à travers le pays et destiné à devenir le plus grand sanctuaire « national » d’Israël ainsi que le symbole de son unité, incarnée par la « Maison de David ».

    D’après la Bible, jamais Israël n’a été aussi prospère que sous le règne de Salomon. Situé à la croisée des voies de communication entre la Mésopotamie et la vallée du Nil, et entre la presqu’île d’Arabie et la Méditerranée, le royaume est un partenaire commercial de premier ordre pour tous ses voisins. Une prospérité économique illustrée par la construction de nombreux édifices publics à Jérusalem et dans diverses places fortes, notamment à Gezer, Megiddo et Hazor, dans le nord du pays. De grands travaux engloutissant des sommes considérables pour l’achat de marchandises de toutes sortes – bois spéciaux, métaux précieux, chevaux, vivres – qui grèvent si lourdement les finances du royaume que Salomon doit céder toute la région du Nord au roi Hiram de Tyr pour s’acquitter de sa dette auprès de ce monarque qui d’après la tradition aurait inspiré à Salomon les plans du Temple de Jérusalem.

    Mais cela n’améliore pas pour autant la situation financière du pays et la condition économique de ses habitants, écrasés par les impôts et les corvées à la fin du règne de Salomon, ce qui a pour effet d’accroître l’hostilité d’une partie de la population envers la dynastie davidique et envers le Temple de Jérusalem. Comble d’incohérence : le culte de Yahvé n’empêche pas Salomon ni ses nombreuses épouses de sacrifier à d’autres dieux païens comme Astoreth, divinité des Sidoniens, Milcom, idole des Ammonites, ou encore Camos, « abomination » des Moabites et Moloch dieu des Ammontes16.

    D’abord timide, la remise en question de la centralité du Temple de Jérusalem prend beaucoup d’ampleur vers la fin du règne de Salomon. Le mouvement, soutenu par les prêtres de Silo évincés par le roi et englobant la majorité des tribus, est dirigé par un général de la tribu d’Ephraïm, Jéroboam, qui attendra la mort de Salomon et l’avènement au trône de son fils Roboam pour proclamer son indépendance et provoquer la scission du royaume en deux entités politiques rivales : le royaume d’Israël, au nord, celui de Judée, au sud. Le premier, ayant pour première capitale Tirzah, est bien plus vaste et plus entreprenant que le second : couvrant tout le nord (Samarie et Galilée) et le centre du pays, jusqu’à la mer Morte, le royaume d’Israël est largement ouvert à l’influence de ses voisins phéniciens, philistins, moabites et ammonites. Quant au royaume de Judée, il donne l’impression d’une enclave entassée autour de Jérusalem et isolée de ses voisins par le Néguev et la mer Morte, et les royaumes philistins du littoral à l’ouest. Contrairement à son voisin septentrional, il va s’employer avec plus ou moins de bonheur à préserver son homogénéité ethnique et religieuse, au point de passer, aux yeux de la postérité, comme le dépositaire véritable du patrimoine historique et culturel des Hébreux.

    Appelés à coexister difficilement pendant plus de deux siècles, les deux royaumes passent plus de temps à se combattre qu’à tenter de se réunifier. Vers 924 avant J.-C., ils sont envahis par le pharaon Sheshonq Ier, fondateur de la XXIIe dynastie, qui veut profiter de leur division pour rétablir l’autorité égyptienne sur l’ancien Canaan. Du Néguev, il marche sur Jérusalem, obligeant Roboam à lui livrer « tous les trésors » du Temple ainsi que les richesses amassées par Salomon. De Judée, l’armée égyptienne poursuit son offensive en direction de la Samarie, objectif principal de l’opération ; elle attaque Sichem (Naplouse), Tirzah et Penouël, les trois capitales d’Israël, puis remonte jusqu’à Beth Shean et Megiddo, avant de rebrousser chemin vers l’Egypte par Ascalon et Gaza, laissant derrière elle un pays en ruine."

    "Sous Omri (881-874) et son fils Achab (874-853), le royaume d’Israël dont la capitale a été transférée à Samarie s’étend jusqu’aux portes de Damas où il affronte l’Araméen Ben Hadad et impose un tribut, pendant une quarantaine d’années, au royaume de Moab, à l’est de la mer Morte, jusque vers 755. Rouage principal de la coalition antiassyrienne formée avec l’Egypte, Tyr et Damas, l’armée d’Achab, avec ses 10 000 guerriers et ses 2 000 chars, contribue en 853 à l’échec de Salmanasar III devant Qarqar en Syrie occidentale, le contraignant à repasser l’Euphrate en toute hâte.

    Entretenant par ailleurs des relations des plus cordiales avec le royaume-frère de Judée, Omri puis son fils Achab et son épouse Jézabel sont, à tout point de vue, de grands monarques et des chefs militaires valeureux qui ont veillé à l’épanouissement économique de leur royaume et à la sécurité de leurs sujets. A l’exemple de Salomon, ils construisent de gigantesques palais dans les trois grandes villes où ils résident, Samarie, Hazor et Jezréel. Ils sont cependant très mal vus des auteurs « yahvistes » du Livre des Rois qui leur reprochent notamment d’avoir sacrifié ouvertement au culte de Baal, « irritant ainsi Yahvé, Dieu d’Israël, plus que tous les rois d’Israël, [leurs] prédécesseurs ».

    Mais tandis que le royaume de Judée parvient à maintenir, tant bien que mal, son intégrité politique et territoriale, Israël est le théâtre, en 842, d’un sanglant coup d’Etat fomenté par le commandant de l’armée, Jéhu, porté au pouvoir par les prophètes Elisée et Jonadab. Le nouveau monarque bénéficie du soutien des milieux traditionalistes les plus intransigeants, connus sous le nom de Recabites, qui appellent à un retour très strict aux « commandements de Yahvé » Sous leur influence, Jéhu extermine jusqu’au dernier les descendants de la « maison d’Omri » puis s’emploie à faire disparaître le culte du Baal, mais épargne les Temples du veau d’or se trouvant à Béthel et à Dan. Un manquement à la parole de Dieu que les pieux rédacteurs du Livre des Rois invoquent pour expliquer ses déboires face à l’Assyrien Salmanasar III (858-824) et à l’Araméen Hazaël qui oblige Jéhu à lui verser un lourd tribut."

    "Le roi Achaz (734-719) qui épargne ainsi à ses sujets le triste sort des habitants d’Israël, cible de la nouvelle offensive assyrienne lancée en 733 par Teglat-Phalasar III. Celui-ci dévaste la Galilée, la vallée de Jezréel, le Gilad et le Saron. Une partie de la population est déportée en Mésopotamie : 13 000 personnes dans la seule Galilée. Des habitants venant de tous les coins de l’Assyrie sont installés à leur place.

    Les jours de l’ancien royaume de Jéroboam sont comptés. Son dernier monarque, Osée, parvient à sauver tant bien que mal, pendant quelques années encore, l’existence de son royaume mais en 724, sur les conseils de l’Egypte, il hisse le drapeau de la révolte contre l’Assyrie. La réaction de Salmanasar V et de son successeur Sargon II (722-707) ne se fait pas attendre : ils mettent le siège pendant trois ans devant Samarie, puis détruisent complètement le royaume d’Israël et annexent à l’Assyrie la région côtière s’étendant du mont Carmel au sud de Gaza. Les villes de Samarie, Hazor, Beth Shean, Megiddo et Dan sont vidées de leurs habitants, déportés en Asie Mineure, laissant derrière eux un nombre intarissable de mythes et de légendes sur les « Dix Tribus perdues d’Israël », éparpillées à travers le monde. Comme précédemment, de nouveaux habitants originaires de l’Assyrie et de ses pays vassaux sont installés à leur place. Nombre d’entre eux adopteront par la suite les croyances et les coutumes des Israélites."

    "La chute d’Israël suscite toutefois un véritable sursaut monothéiste à Jérusalem, à l’instigation du roi Ezéchias (727-699) qui imprime une nouvelle orientation religieuse à son royaume et détruit les stèles et tous les symboles idolâtres dans le pays. Amplifiant la prééminence religieuse de Jérusalem dont la population s’est accrue considérablement, Ezéchias renforce parallèlement le prestige des serviteurs du Temple – cohanim (sing. cohen) et lévites – auxquels il octroie l’exclusivité des rites de sacrifices et la perception du denier du Temple payé par tous les fidèles. A l’occasion des grandes solennités, des pèlerins affluent de tout le pays à Jérusalem, « de Béer Sheva jusqu’à Dan ». Il est désormais de bon ton d’y convier « les réchappés de la main des rois d’Assur », à savoir les Israélites du Nord ayant échappé à l’exil.

    Prenant une part active dans le commerce arabe avec l’Assyrie, la Judée s’enrichit rapidement, au point de faire croire à ses dirigeants qu’ils peuvent changer d’alliés et se placer sous l’égide de l’Egypte – un « roseau brisé » dira d’elle, méprisant, Isaïe – à la place de l’Assyrie. Ezéchias attend ainsi la mort de Sargon II pour se révolter contre l’Assyrie en 705, et attirer à ses côtés Sidon, Tyr et les villes philistines du littoral qui supportaient mal également le joug assyrien. Mais son rêve d’indépendance tourne court : en 701, Sennachérib (705-681) lance ses troupes à l’assaut de la Judée, écrase Sidon et Tyr, et reprend le contrôle d’Ashdod et d’Ascalon. Ezéchias est défait à Lakhish, puis capturé. Les détails de sa cuisante déroute sont décrits dans le bas-relief assyrien célébrant la victoire de Sennachérib :

    Et Ezéchias le Judéen, qui ne se soumit pas à mon joug : j’assiégeai et capturai quarante-six de ses places fortes et les petites villes environnantes d’un nombre incalculable, installant des rampes, approchant des engins de siège, déployant l’infanterie, et employant des brèches, des percées, des échelles d’assaut. Je m’emparai de 200 150 personnes, grands et petits, hommes et femmes, des chevaux, des ânes, des mules, des chameaux, des bœufs, des moutons et des chèvres en quantités innombrables, et les comptai comme butin.

    Lui-même, je l’enfermai comme un oiseau en cage retranché dans Jérusalem, sa ville royale. Je reliai entre eux des ouvrages de siège contre lui, de sorte que je retournai ceux qui sortaient de la porte de la ville en un tabou pour lui.

    Jérusalem dont l’alimentation en eau a été assurée auparavant par Ezéchias échappe cependant de justesse à la destruction. Pour des raisons restées mystérieuses, Sennachérib lève subitement son siège et, « la honte au visage », nous disent les chroniqueurs bibliques, il rentre chez lui, à Ninive, où il est assassiné en 681. Sous ses successeurs, Assarhadon (681-669) et Assurbanipal (669-630), qui envahissent l’Egypte et détruisent Babylone, l’expansion de l’Assyrie atteint son point culminant.

    Quant à Ezéchias qui, dans la bataille contre Sennachérib, a perdu ses femmes, ses filles, ses trésors, ses musiciens et jusqu’aux lames d’or couvrant les portes et les linteaux du Temple, il meurt peu après, laissant le pouvoir à son fils Manassé. Durant son règne de plus d’un demi-siècle, celui-ci améliore ses relations avec l’Assyrie, freine la réforme religieuse amorcée par son père et développe le commerce caravanier avec l’Arabie, entraînant l’installation d’importantes « colonies » arabes en Judée. Meshullémeth, l’une des épouses de Manassé, est d’origine arabe et selon certains savants, c’est elle qui aurait inspiré la légende biblique de la reine de Saba venue à Jérusalem à l’époque du roi Salomon.

    Dernier grand monarque de Judée, Josias (639-609) reprend avec éclat la réforme religieuse amorcée par Ezéchias : il détruit les idoles et les sanctuaires ruraux, purifie le Temple, institue de grandes fêtes nationales comme Pessah (Pâques) à l’occasion desquelles les Israélites du nord du pays sont invités à venir en pèlerinage à Jérusalem."

    "En 597, Nabuchodonosor met le siège devant Jérusalem où Joachin vient de succéder à son père. La ville se rend au bout de quelques mois de résistance et son nouveau roi, capturé puis déporté à Babylone, ainsi que les principaux membres de sa cour, sa mère, ses femmes, ses eunuques, ses soldats, ses forgerons, ses « serruriers » et tous les « puissants du pays ». Dix mille personnes en tout, ne laissant à Jérusalem « que le bas peuple ».

    Les Babyloniens installent un nouveau roi, Sédécias, fils de Josias, qui par un acte inconsidéré, et malgré les injonctions du prophète Jérémie, entre en dissidence contre Babylone, en 689. La réaction de Nabuchodosor est terrible : il envahit le pays et ravage ses villes, Jérusalem, Ramat Rachel, Beith Shemesh, Lakhish, Arad, Azéqa, Ein Guédi et Béer Sheva Cernés de tous côtés, les habitants de la capitale résistent à leurs assaillants malgré la famine et la peste qui les déciment. Jérusalem tombe finalement en 586, à l’issue de deux années de siège, sa muraille est défoncée, le Temple saccagé et incendié, ainsi que le palais royal et « toutes les maisons » de la ville. Réfugiée à Jéricho, la famille royale est capturée, puis passée par les armes en présence de Sédécias auquel Nabuchodonosor fait crever les yeux – supplice infligé aux vassaux félons – avant de l’exiler, les chaînes aux pieds, à Babylone. Un quart de la population environ est déporté en Babylonie. Seuls les vignerons et les cultivateurs ont été épargnés, précisent les chroniques de l’époque. En réalité, la grande majorité de la population de Judée est restée sur place, bien que l’on signale déjà l’infiltration de plus en plus significative, d’Edomites, de Moabites et de Nabatéens dans les villes et les campagnes dévastées…

    Ainsi s’achèvent, dans le feu et la violence, quatre siècles de souveraineté israélite en Palestine. Eparpillés entre la diaspora et la Terre promise, les Juifs cessent d’habiter sur un même territoire, On les trouve désormais en Babylonie, bien entendu, mais aussi en Egypte où le prophète Jérémie s’est enfui après avoir exprimé fermement son opposition à la politique antibabylonienne de Sédécias. Il sera suivi par d’autres réfugiés fuyant la Judée, après l’assassinat du gouverneur Godolias (Guédalia) installé par les Babyloniens à Mitspa, près de Jérusalem, devenu le nouveau centre administratif du pays."
    -Michel Abitbol, Histoire des juifs, Paris, Perrin, 2016 (2013 pour la première édition).



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

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    Michel Abitbol, Histoire des juifs Empty Re: Michel Abitbol, Histoire des juifs

    Message par Johnathan R. Razorback Dim 2 Juin - 15:24



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    -Michel Abitbol, Histoire des juifs, Paris, Perrin, 2016 (2013 pour la première édition).



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