http://aristidebis.blogspot.fr/2011/10/socialisme.html
http://aristidebis.blogspot.fr/2012/09/la-gauche-contre-le-peuple-12.html#comment-form
-Aristide Renou, La gauche contre le peuple (1/2), 5 septembre 2012 (cf : http://aristidebis.blogspot.com/2012/09/la-gauche-contre-le-peuple-12.html#comment-form )
http://aristidebis.blogspot.fr/2012/09/le-gauche-contre-le-peuple-22.html
"De quel « démembrement de l’Etat » parle-t-on exactement ? Sans entrer dans un long et fastidieux débat sur cette question, on pourra simplement rappeler quelques chiffres incontestables. En 1980 (début du « démembrement » donc) les dépenses publiques représentaient à peu près 45% du PIB de la France (pour mémoire, ce chiffre était de 35% en 1960), en 2010 elles ont atteint le niveau record de 56,6% du PIB, ce qui classait la France première parmi les 34 pays de l’OCDE. A s’en tenir à ce seul chiffre, la France serait donc d’ors et déjà l’un des pays les plus collectivisé du globe.
Ce ratio sous-estime d’ailleurs fortement le poids du « public », parce que la dépense n’est que l’une des formes de l’intervention politique. S’y ajoutent toutes les normes, obligations, interdictions qui surveillent, contrôlent, encadrent, réglementent, dirigent la partie « privée » de l’économie, et qui sont omniprésentes. Au delà des domaines régaliens classiques, la plupart des secteurs, de l’éducation à l’agriculture, en passant par la culture, les transports, le logement, l’énergie, le crédit, la recherche, sont, de fait, assez largement étatisés en France.
Serait-ce alors la fonction publique qui aurait été « démembrée » ? Il est difficile de la croire : de 1980 à 2008, les effectifs de l’État ont augmenté de 400 000 agents, soit 14 %. Or, pendant cette période, plusieurs vagues de décentralisation ont transféré des fonctions de l’État aux collectivités locales. En outre, cette période a été marquée par l’informatisation de nombreuses fonctions administratives. Ces deux éléments auraient logiquement dû conduire à une réduction substantielle des effectifs des services administratifs concernés. Cela n’a pas été le cas : au contraire les effectifs se sont accrus ; et cette hausse n’est même pas due au passage aux 35 heures dans la fonction publique puisque 85% de l’augmentation des effectifs constatée depuis 1980 a eu lieu avant le passage aux 35 heures. Ce qui est vrai pour l’Etat l’est aussi pour les collectivités territoriales et les hôpitaux : augmentation des effectifs de 54% dans la FPH et de 71% dans la FPT sur la même période.
Serait-ce alors la protection sociale qui aurait été réduite à la portion congrue ? Mais, depuis 1980, plusieurs prestations sociales nouvelles ont été créées, comme le RMI (devenu RSA), la CMU ou l’APA, dont les bénéficiaires se comptent aujourd’hui par millions et les dépenses par milliards. Démembrement ?
Laurent Bouvet affirme également que « l’argument fiscaliste des néo-libéraux a eu (...) un impact électoral considérable à partir de la fin des années 1970 dans toutes les grandes démocraties en convertissant largement les citoyens à l’idée qu’ils paient trop d’impôts au regard de la qualité des services publics, par exemple. » On ne se prononcera pas pour ce qui est des autres démocraties mais, en ce qui concerne la France, le moins que l’on puisse dire est que cette affirmation semble quelque peu exagérée, puisque le taux de prélèvements obligatoire était de presque 40% en 1980 et qu’il atteignait 43,7% en 2011. Peut-être les Français ont-ils été convertis à l’idée qu’ils paient trop d’impôts, mais il faut alors ajouter qu’ils n’ont pas réussi à le faire comprendre à leurs représentants. Drame de l’incommunicabilité...
Si réellement l’Etat a été « démembré » depuis 1980, alors il nous faut reconnaitre que la puissance publique française aurait découvert le secret d’en faire toujours moins en employant toujours plus de monde et en dépensant toujours plus d’argent. Une sorte de pierre philosophale à l’envers qui serait, certes, une éclatante manifestation du génie français.
Il est vrai que, depuis 1980, l’Etat a très largement renoncé à diriger lui-même des entreprises et que celles qu’il possédait ont été privatisées en tout ou en partie. Peut-être est-ce à cela que pense l’auteur du Sens du peuple, et peut-être regrette-t-il le temps des Charbonnages de France et de la Régie Nationale des Usines Renault. Si tel est le cas, il est douteux qu’il trouve beaucoup de monde pour le suivre, même chez ceux qui voudraient une gauche plus populaire. Mais, quoi qu’il en soit, il semble pour le moins excessif d’affirmer que, parce que l’Etat n’est plus entrepreneur et que quelques grands monopoles publics ont été - théoriquement - ouverts à la concurrence, la gauche se serait convertie au « libéralisme » et la France avec elle.
Dans « l’indice de la liberté économique » publié annuellement par l’Heritage Foundation et le Wall Street Journal, la France était classée 67ème en 2012 (derrière, par exemple, le Rwanda ou le Kazakhstan), ce qui la rangeait dans la catégorie des pays « modérément libres ». Non, décidément, il ne semble pas que la gauche française ne se soit convertie au libéralisme en matière économique (pas plus que la droite d’ailleurs)."
"Ce qui, à l’intérieur de la démocratie libérale, conduit à ce « libéralisme culturel », c’est au contraire la corruption et l’oubli du libéralisme originel, lorsque la notion de nature humaine et les droits naturels qui en découlent sont peu à peu remplacés par l’idée que l’homme est un être historique, dépourvu de nature, ce qui conduit finalement à l’abandon de tout critère rationnel permettant de distinguer le bien du mal."
-Aristide Renou, La gauche contre le peuple (2/2), 12 septembre 2012 (cf : http://aristidebis.blogspot.com/2012/09/le-gauche-contre-le-peuple-22.html )
http://aristidebis.blogspot.fr/2012/09/la-gauche-contre-le-peuple-12.html#comment-form
-Aristide Renou, La gauche contre le peuple (1/2), 5 septembre 2012 (cf : http://aristidebis.blogspot.com/2012/09/la-gauche-contre-le-peuple-12.html#comment-form )
http://aristidebis.blogspot.fr/2012/09/le-gauche-contre-le-peuple-22.html
"De quel « démembrement de l’Etat » parle-t-on exactement ? Sans entrer dans un long et fastidieux débat sur cette question, on pourra simplement rappeler quelques chiffres incontestables. En 1980 (début du « démembrement » donc) les dépenses publiques représentaient à peu près 45% du PIB de la France (pour mémoire, ce chiffre était de 35% en 1960), en 2010 elles ont atteint le niveau record de 56,6% du PIB, ce qui classait la France première parmi les 34 pays de l’OCDE. A s’en tenir à ce seul chiffre, la France serait donc d’ors et déjà l’un des pays les plus collectivisé du globe.
Ce ratio sous-estime d’ailleurs fortement le poids du « public », parce que la dépense n’est que l’une des formes de l’intervention politique. S’y ajoutent toutes les normes, obligations, interdictions qui surveillent, contrôlent, encadrent, réglementent, dirigent la partie « privée » de l’économie, et qui sont omniprésentes. Au delà des domaines régaliens classiques, la plupart des secteurs, de l’éducation à l’agriculture, en passant par la culture, les transports, le logement, l’énergie, le crédit, la recherche, sont, de fait, assez largement étatisés en France.
Serait-ce alors la fonction publique qui aurait été « démembrée » ? Il est difficile de la croire : de 1980 à 2008, les effectifs de l’État ont augmenté de 400 000 agents, soit 14 %. Or, pendant cette période, plusieurs vagues de décentralisation ont transféré des fonctions de l’État aux collectivités locales. En outre, cette période a été marquée par l’informatisation de nombreuses fonctions administratives. Ces deux éléments auraient logiquement dû conduire à une réduction substantielle des effectifs des services administratifs concernés. Cela n’a pas été le cas : au contraire les effectifs se sont accrus ; et cette hausse n’est même pas due au passage aux 35 heures dans la fonction publique puisque 85% de l’augmentation des effectifs constatée depuis 1980 a eu lieu avant le passage aux 35 heures. Ce qui est vrai pour l’Etat l’est aussi pour les collectivités territoriales et les hôpitaux : augmentation des effectifs de 54% dans la FPH et de 71% dans la FPT sur la même période.
Serait-ce alors la protection sociale qui aurait été réduite à la portion congrue ? Mais, depuis 1980, plusieurs prestations sociales nouvelles ont été créées, comme le RMI (devenu RSA), la CMU ou l’APA, dont les bénéficiaires se comptent aujourd’hui par millions et les dépenses par milliards. Démembrement ?
Laurent Bouvet affirme également que « l’argument fiscaliste des néo-libéraux a eu (...) un impact électoral considérable à partir de la fin des années 1970 dans toutes les grandes démocraties en convertissant largement les citoyens à l’idée qu’ils paient trop d’impôts au regard de la qualité des services publics, par exemple. » On ne se prononcera pas pour ce qui est des autres démocraties mais, en ce qui concerne la France, le moins que l’on puisse dire est que cette affirmation semble quelque peu exagérée, puisque le taux de prélèvements obligatoire était de presque 40% en 1980 et qu’il atteignait 43,7% en 2011. Peut-être les Français ont-ils été convertis à l’idée qu’ils paient trop d’impôts, mais il faut alors ajouter qu’ils n’ont pas réussi à le faire comprendre à leurs représentants. Drame de l’incommunicabilité...
Si réellement l’Etat a été « démembré » depuis 1980, alors il nous faut reconnaitre que la puissance publique française aurait découvert le secret d’en faire toujours moins en employant toujours plus de monde et en dépensant toujours plus d’argent. Une sorte de pierre philosophale à l’envers qui serait, certes, une éclatante manifestation du génie français.
Il est vrai que, depuis 1980, l’Etat a très largement renoncé à diriger lui-même des entreprises et que celles qu’il possédait ont été privatisées en tout ou en partie. Peut-être est-ce à cela que pense l’auteur du Sens du peuple, et peut-être regrette-t-il le temps des Charbonnages de France et de la Régie Nationale des Usines Renault. Si tel est le cas, il est douteux qu’il trouve beaucoup de monde pour le suivre, même chez ceux qui voudraient une gauche plus populaire. Mais, quoi qu’il en soit, il semble pour le moins excessif d’affirmer que, parce que l’Etat n’est plus entrepreneur et que quelques grands monopoles publics ont été - théoriquement - ouverts à la concurrence, la gauche se serait convertie au « libéralisme » et la France avec elle.
Dans « l’indice de la liberté économique » publié annuellement par l’Heritage Foundation et le Wall Street Journal, la France était classée 67ème en 2012 (derrière, par exemple, le Rwanda ou le Kazakhstan), ce qui la rangeait dans la catégorie des pays « modérément libres ». Non, décidément, il ne semble pas que la gauche française ne se soit convertie au libéralisme en matière économique (pas plus que la droite d’ailleurs)."
"Ce qui, à l’intérieur de la démocratie libérale, conduit à ce « libéralisme culturel », c’est au contraire la corruption et l’oubli du libéralisme originel, lorsque la notion de nature humaine et les droits naturels qui en découlent sont peu à peu remplacés par l’idée que l’homme est un être historique, dépourvu de nature, ce qui conduit finalement à l’abandon de tout critère rationnel permettant de distinguer le bien du mal."
-Aristide Renou, La gauche contre le peuple (2/2), 12 septembre 2012 (cf : http://aristidebis.blogspot.com/2012/09/le-gauche-contre-le-peuple-22.html )