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    Ernst Bloch, Le Principe Éspérance

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Date d'inscription : 12/08/2013
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    Ernst Bloch, Le Principe Éspérance Empty Ernst Bloch, Le Principe Éspérance

    Message par Johnathan R. Razorback Mer 12 Avr - 17:54

    « Avec quelle exubérance n’a-t-on pas de tout temps rêvé d’une vie meilleure qui serait possible. La vie de tous les hommes est sillonée de rêvés éveillées dans lequels entre certes une part de fuite insignifiante, alanguissante aussi, dont les imposteurs savent tirer parti. Mais s’y trouve aussi autre chose, qui stimule, qui empêche que l’on s’accomode à l’existant néfaste et que l’on renonce. Cette autre partie a l’espoir pour noyau et peut-être instruite. [...] L'intelligence purement contemplative [...] prend les choses telles qu'elles sont et demeurent [...] L'intelligence impliquée [...] les prend telles qu'elles évoluent et peuvent dés lors s'améliorer. [...] Afin que le froment qui ne demande qu'à mûrir puisse croître jusqu'à la moisson. » (pp.9-10)

    « La bourgeoisie a plutôt intérêt à attirer tout autre intérêt opposé au sien dans sa propre défaite ; et pour amollir la vie nouvelle, elle fait de sa propre agonie un état apparemment fondamental, apparemment ontologique. L'impasse typique de l'Etre bourgeois est étendue à toute la condition humaine en général, à l'Etre en soi. Mais à la longue c'est en vain, car le vide créé par la bourgeoisie se révèle aussi éphémère que la classe qui est la seule à encore s'y exprimer, et aussi inconsistant que l'Etre illusoire de sa propre immédiateté néfaste, à laquelle elle est vouée. Le désespoir est lui-même, tant dans l’expérience du fait qu’à la longue, l’état le plus intolérable qui soit, il est absolument insupportable aux besoins humains. C’est pourquoi l’imposture elle-même est contrainte, pour être efficace, d’avoir recours à l’espoir, qu’elle suscite par des propos rassurants et spécieux. C'est pourquoi c'est encore l'espoir, mais limité à sa manifestation tout intérieure ou confondu avec la promesse vague et lointaine d'un au-delà, qui a été prêché du haut de toutes les chaires. » (p.11)

    « Le phénomène gigantesque de l’utopie dans le monde est un des moins élucidés et des moins expliqués. [...] Sur le plan philosophique l’avenir n’a guère reçu l’attention à laquelle il a droit. » (p.13)

    « La nouvelle philosophie, telle que Marx l’a inauguré, est aussi la philosophie du Nouveau, celui qui nous attends tous, pour nous anéantir ou nous combler. » (p.14)

    "C'est la volonté utopique qui guide tous les mouvements de libération et les chrétiens eux aussi la connaissent à leur manière [...] ne leur fut-elle pas léguée dans les passages de la Bible relatifs à l'exode et au messianisme ?" (p.15)

    « Dans le rationalisme, l'expression méthodique de [cet attachement archaïque-mythique] au passé, de cette insensibilité à l'avenir est l'anamnèse platonicienne ou la théorie selon laquelle tout savoir serait réminiscence pure. L’Existant (Wesenheit) se confond avec l’Ayant-été (Ge-Wesenheit) et la chouette de Minerve ne prends son envol qu’à la tombée de la nuit, alors qu’elle est devenu trop vieille elle n’est plus qu’une ombre de vie. La dialectique hégélienne, qui se confond finalement avec un "cercle fait de cercles", est de la sorte entravée par le spectre de l'anamnèse et exilée dans le monde antique. Marx fut le premier à opposer à tout cela un pathos de la transformation, inaugurant ainsi une théorie qui ne se résigne plus à la contemplation et à la description. Les barrières dressées entre l’avenir et le passé s’effondrent d’elle-mêmes, de l’avenir non devenu devient visible dans le passé, tandis que du passé vengé et recueilli comme un héritage, du passé médiatisé et mené à bien devient visible dans l’avenir. » (p.16)

    "La Raison des temps bourgeois encore progressistes est l'héritage le plus proche (dont il faut soustraite l'idéologie liée à sa perspective particulière et la perte croissante de contenus). Mais cette Raison n'est pas le seul héritage, au contraire, les sociétés antérieures aussi et bon nombre de leurs mythes (dont il faut une fois encore soustraite l'idéologie pure et à plus forte raison la superstition héritée de l'âge préscientifique) lèguent dans certains cas à une philosophie qui a vaincu l'entrave bourgeoise de la connaissance, l'héritage de matériaux progressistes, bien qu'il faille, cela va de soi, les tirer au clair, se les approprier de façon critique et en modifier la fonction. Que l'on songe par exemple à l'importance de la finalité (dans quelle direction ? à quelle fin ?) dans les représentations précapitalistes du monde ou même à l'importance de la qualité dans leur concept non mécaniste de la nature. Que l'on songe au mythe de Prométhée, que Marx appelle le saint le plus noble du calendrier philosophique. Que l'on songe au mythe de l'âge d'or et à son transfert de l'avenir dans la conscience messianique de tant de classes et de peuples opprimés. La philosophie marxiste, qui a enfin adopté l'attitude adéquate vis-à-vis du Devenir et de l'Émergent, connaît aussi la dimension créatrice de tout le passé, parce que le seul passé qu'elle connaisse est encore vivant, et n'a pas dit son dernier mot." (pp.16-17)

    « Le thème fondamental de la philosophie qui est et demeure en devenant, c’est le Foyer (die Heimat) non encore devenu, le lieu de l’identité avec soi-même et avec les choses, non encore réussi et tel qu’il prend forme, qu’il s’édifie dans la lutte dialectique-matérialiste du Nouveau et de l’Ancien. » (p.17)

    "Le thème des cinq parties de cette œuvre (écrite de 1938 à 1947, revue en 1953 et en 1959) est celui des rêves d'une vie meilleure." (p.19)

    "Il est donc ici question des opérations psychiques de l'émergence, telles qu'elles sont caractéristiques surtout de la jeunesse, des tournants historiques, des aventures de la productivité et par conséquent de tous les phénomènes dans lesquels gît ce Non-advenu qui ne demande qu'à être articulé. C'est de cette manière que la fonction anticipante est à l'œuvre dans le champ de l'espoir ; celui-ci n'est donc pas considéré comme un affect seulement, comme opposé de la crainte (car la crainte peut aussi anticiper), mais bien plus comme acte cognitif faisant partie de la tendance (et dans ce cas son contrainte n'est plus la crainte mais le souvenir). La représentation et les pensées de l'intention prospective ainsi caractérisée sont utopiques, mais une fois encore non pas dans le sens étriqué, voire mauvais du terme (fabulation insensée procédant d'affects, élucubrations abstraites et gratuites), mais dans le sens désormais défendable du rêve vers l'avant, de l'anticipation en général." (p.20)

    "Il faut donc acquérir la connaissance de la fonction anticipante, sur la base d'une ontologie du Non-encore." (p.22)

    « Les grandes œuvres d’art offrent essentiellement le spectacle d’un pré-apparaître (Vor-Schein) axé sur le réel et sont le signe avant-coureur de leur objet parachevé produit dans son expression totale. Variable est ici l'optique dans laquelle apparaît la chose préfigurée, l'essence expérimentée sur les plans esthétiques et religieux, mais tout essai de ce genre fait toujours l'expérience d'un dépassement, d'une perfection telle que la terre n'en porte pas encore. » (p.23)

    "En dépit de la Nova Atlantis de Francis Bacon, on n'a pas distingué l'existence d'une contrée frontière dans le domaine de la technique, contrée riche de ses propres statuts d'avant-garde et de ses propres espérances placées dans la nature." (p.24)

    « Le concept du Non-Encore et de l’intention formatrice dirigée vers lui, ne trouve plus dans les utopies sociales son exemple unique, et même exhaustif ; et cela si importantes que soient devenues les utopies sociales, à ne les considérer qu’en tant que témoignages critiques d’une anticipation poussée jusqu’à son terme. » (p.25)

    "Le point central dans tout cela reste le problème de ce qui est digne d'être souhaité, autrement dit du souverain Bien. [...] Cette voie est et demeure celle du socialisme, elle est la praxis de l'utopie concrète. Tout ce qu'il y a de non-illusoire, de réellement possible dans les images de l'espérance converge vers Marx et se trouve à l'œuvre dans la transformation socialiste du monde." (pp.26-27)

    « Jusqu'à Marx tous les amis de la sagesse, y compris les matérialistes, ont posé l'Essentiel comme déjà ontiquement existant et même statiquement clos: depuis l'eau du simple Thalès jusqu'à l'Idée en-soi-et-pour-soi du penseur de l'absolu que fut Hegel. Ce qui en fin de compte a toujours tenu toute philosophie antérieure, y compris celle de Hegel, à l'écart de la vérité sérieuse du Front et du Novum, ce qui l'en a isolée dans la contemplation de l'ancien, c'est la chape de l'anamnèse platonicienne qui s'appesantit sur l'Eros dialectiquement ouvert. C'est ainsi que la perspective a été brisée, c'est ainsi que le souvenir a amolli l'espérance. C'est ainsi aussi que l'espérance n'est pas éclose dans le souvenir (dans l'avenir contenu dans le passé). C'est ainsi que le souvenir n'est pas éclos non plus dans l'espérance (dans l'utopie concrète historiquement médiatisée, et faisant s'épanouir l'histoire). C'est ainsi que l'on croyait déjà avoir percé à jour la tendance de l'être, c'est-à-dire en être venu à bout. [...] Ce n’est qu’après avoir renoncé au concept de l’être clos et statique que l’on pourra découvrir la véritable dimension de l’espérance. Car le monde est plein de disposition à quelque chose, de tendance vers quelque chose. [...] Si l’être se comprend à partir de son origine (Whoer), il se comprend aussi comme tendance ouverte vers une fin (Wohin). » (pp.28-29)

    "
    (pp.90-98)

    « L'architecte [analysé dans Le Capital] doit, avant de connaître son plan, l'avoir projeté, il doit avoir anticipé la réalisation de ce projet dans une vision éclatante, dans un rêve tourné vers l'avant qui l'incite résolument à l'action. Cette construction en pensée sera d'autant plus nécessaire que le projet considéré, anticipé par l'homme, à la différence de l'araignée ou de l'abeille, se révélera téméraire, voire rebutant dans l'instant. Et c'est exactement à cet endroit que se constitue ce qui stimule le potentiel optatif des affects d'attente, tous nés de la faim, ce qui dans certains cas repousse ou décourage, dans d'autres au contraire incite à l'action et à la poursuite d'une vie meilleure: c'est ici que se forment les rêves éveillés. Ils ont tous la privation pour point de départ et veulent tous y mettre un terme ; ce sont tous des rêves d'une vie meilleure. Certes il est parmi eux des rêves moins grands, moins profonds, de simples rêves nébuleux d'évasion et de détente qui n'ont, comme on le sait, qu'une valeur d'ersatz. Une telle fuite de la réalité va presque toujours de pair avec l'acceptation, voire l'encouragement des conditions de vie existantes ; c'est ce qu'illustre le plus fidèlement l'exemple des rêveurs confiants dans les promesses vagues et lointaines d'une existence meilleure dans l'au-delà. Mais combien de rêves d'une autre espèce, qui ne se détournent pas de la réalité, regardent au contraire dans sa direction et recherchent son horizon, n'ont-ils alimenté le courage et l'espérance en l'homme ? Combien de ces rêves n'ont-ils pas renforcé son refus de céder, en anticipant et en dépassant la réalité dans leurs images ? L'opération du dépassement dans le rêve éveillé ne s'accompagne plus d'aucun refoulement sur le plan psychologique ; ce qu'elle découvre ce ne sont plus des éléments enfouis qui auraient été antérieurement conscients ou des états ataviques, hérités de l'homme préhistorique, qui resurgiraient. Celui qui dépasse le Donné ne retourne pas à ces régions obscures situées en dessous du conscient, dont les seules issues sont soit le monde bien connu aujourd'hui, comme chez Freud, soit une préhistoire tout empreinte de romantisme, comme chez Jung et comme chez Klages. La vision qui s'offre à la pulsion du déploiement du Soi vers l'avant c'est [...] le Non-encore-conscient, c'est-à-dire ce qui n'a encore jamais été conscient par le passé, ce qui n'a encore jamais existé, c'est une aube vers l'avant, projetant ses rayons sur le Nouveau. C'est cette aube qui se lève parfois dans les rêves éveillés les plus insignifiants ; c'est elle qui se répand sur les régions plus vastes du refus de la privation, et donc sur celles de l'espérance." (pp.98-99)

    « Les tourments endurés plus tard peuvent être plus pénibles que tout autre plus tard, excepté ceux du prisonnier. »

    « La nuit est pleine de tavernes et de châteaux, et dans tous il y a des peaux de bêtes, des hommes bâtis comme des arbres et jamais d’horloge. »

    « Orgueil et narcissisme empêchent souvent qu’on laisse à l’amour la place qui lui échoit si aisément en rêve. »

    « Le nom de l’être aimé rayonne sur les pierres, les tuiles et les grilles. »

    « Le remord est un sentiment que le monde bourgeois n’éprouve plus guère que dans les affaires. »

    « Dans la rue la plupart des gens ont l’air de penser à autre chose. Et cette autre chose, c’est principalement l’argent, mais aussi tout ce en quoi il peut être converti. Car sans lui il ne serait pas aussi facile de séduire par l’artifice, de charmer par l’élégance. »

    « Dans l’abîme de l’opulence flotte la brume de l’ennui. »

    « Les sociétés qui, contrairement à la société actuelle, bourgeoise et décadente, n’étaient pas prises de panique à la vue de la fin proche, considéraient la vieillesse comme un épanouissement souhaitable dont on avait tout lieu de se réjouir. »

    « Jeune est la passion du record, qui apparaît dans la dernière période de la société capitaliste et qui s’accompagne de la soif insensée de vitesse, sans cesse accrue par la technique ; cette dernière passion n’a pu se former qu’à la suite de l’apparition de véhicule motorisés. Mais c’est le capitalisme de monopole qui rendra cette passion abstraite et l’exaltera le plus aux fins d’éperonner les travailleurs et d’en retirer le plus rapidement possible un maximum de profit. »

    « Ni Freud, ni Adler, ni […] Jung ne songent un instant [que les pulsions] puissent être fonction de conditions économico-sociales. »

    « La jeune fille ou même l’homme adulte qui se languissent d’amour n’inspirent aucune pitié, alors que les lamentations de la faim sont les plus poignantes et les seules qui puissent d’ailleurs être répandues ouvertement. »

    « Pour Freud et ses clients, le souci du pain quotidien était bien le moindre. »

    « Plus de quatre-vingt-dix pour cent des cas de suicide résultent de la détresse pécuniaire, dix pour cent seulement du mal d’amour.[…] Il n’existe aucune explication du monde par la libido et ses déguisements plutôt que par l’économie et ses superstructures. C’est pourquoi nous nous proposons d’appeler enfin les choses par leur nom : c’est l’intérêt économique qui, sans être le seul en jeu, a pourtant une importance considérable. L’instinct de conservation dont il implique l’existence, est la plus solide de toutes les pulsions dites fondamentales et c’est elle qui s’est le plus fermement maintenue dans toutes les métamorphoses historiques et sociales dont elle était d’ailleurs à l’origine. »  

    « La prétendue « nature humaine », dans le sens de la pulsion fondamentale et fixe qu’on à voulue trouver dans l’homme, n’a cessé d’être retravaillée au cours de l’histoire.[…] La recherche de la pulsion fondamentale reflète, plus que jamais, la pulsion propre à telle ou telle époque, et c’est pour cela qu’elle a abouti aux conclusions les plus diverses. Pour Rousseau l’ « homme de la nature » était une créature arcadienne gouvernée par la raison ; pour Nietzsche, c’était une créature dionysiaque et étrangère à la raison, c’est-à-dire que la première conception reflétait l’idéal du siècle des Lumières, la seconde celui de l’impérialisme.  »

    « Celui qui rêve les yeux ouverts poursuit souvent des chimères et s’égare ; mais il ne dort pas et ne sombre pas dans les brumes de la nuit.[…] Bien des rêves éveillés animés d’une énergie et d’une expérience suffisantes, ont pris la réalité à bras le corps et l’ont remodelée pour lui arracher son consentement. »

    « Seule la lumière du jour peut éclairer et élucider les mystères recelés par la matière du monde nocturne. »

    « Ce qui pour le primitif était encore l’ « absence-de-chez-soi » (Unzuhause) dans une nature impénétrée, devient pour les victimes du capitalisme de monopole la société dans laquelle ils vivent, la gigantesque entreprise aliénée dans laquelle ils sont placés. »

    « L’angoisse ne se rapporte donc pas encore clairement à quelque chose qui est situé en dehors d’elle, à la différence du second affect d’attente négatif : la crainte, avec son mode de concentration soudaine : l’effoi, et son mode de concentration encore plus forte : l’épouvante. »

    « L’espoir, précisément face à la mort, se veut orienté vers la lumière et la vie, et refuse de laisser le dernier mot à l’échec ; il ne perd jamais de vue qu’il y a encore une issue. « Là où est le danger, il y a place aussi pour le salut », ce vers d’Hölderlin ne dépeint pas autre chose que le moment d’inflexion positif dialectique où la crainte de la mort disparaît. »

    « Les périodes de bouleversement baignent dans un climat lourd et semblent abriter un orage contenu. »

    « Celui qui est enchaîné à une étoile, dit Léonard de Vinci, ne se retourne pas. »

    «Psychiquement aussi, la saison des brumes est la plus propice aux semailles, mais il faut se garder d’y demeurer toujours. »

    « Qui dit génie, dit assiduité, mais assiduité telle qu’elle refuse de traîner son travail en longueur, ou de l’exécuter sans être constamment possédée par son sujet. Il ne peut y avoir de rupture entre la vision et l’œuvre, ni entre l’œuvre et la vision : « Le premier éclair de lumière, dit Van Gogh, qui nous transperce et nous embrase, doit avoir lui-même commencé à peindre. »

    « Toutes les œuvres ne sont pas possibles à toutes les époques. »

    « Le Non-encore-devenu, le Non-encore-réussi est une contrée sauvage qui n’en rappelle aucune autre, comparable à un désert inviolé, de par les dangers qu’elle abrite, de par les possibilités non-encore réalisées qu’elle renferme. »

    « Pour triompher de la difficulté, la connaissance, dans le sens de révélation de ce qui a été, n’est pas suffisante ; une autre connaissance est nécessaire dans le sens de la détermination du tracé de ce qui est en devenir. »

    « L’espérance dont le romantisme s’est paradoxalement montré si riche, ne s’inspirait que d’images antiques, d’un passé immémorial, du mythe, faisant ainsi obstacle à un avenir qui passait pour n’être que vent, vide, poussière. »

    « La société capitaliste se sent nier par l’avenir. »

    « Là où tout ne cesse prétendument de se renouveler, rien en fait ne change jamais. »

    « Le marxisme […] est le premier à introduire la notion d’avenir dans l’approche théorique et pratique de la réalité. »

    « Les contradictions objectives font sans cesse appel à cette interaction avec la contradiction subjective, faute de quoi naît l’hérésie, en fin de compte défaitiste, d’un automatisme objectiviste, d’après lequel les contradictions objectives suffiraient à elles seules à révolutionner le monde qu’elles parcourent. »

    « La soif de gain étouffe tout autre élan humain, et contrairement au plaisir de tuer, elle ne connaît pas de répit. »

    « Ce qui conférait sa force à cette bonne conscience, c’était le fait que l’intérêt capitaliste se disait axé sur l’intérêt du consommateur, sur sa satisfaction. […] Et lorsque le moment fut venu de combattre les derniers bastions de la féodalité, la bourgeoisie, classe fort peu héroïque, se drogua plus que jamais d’utopie. »

    « La classe agonisante entre […] dans la troisième phase idéologique où (après avoir pour ainsi dire entièrement perdu sa bonne foi dans la fausse conscience, autrement dit en prenant pleinement conscience de sa fraude) elle embaube la pourriture de l’infrastructure, la revêt d’un éclat phosphorescent en baptisant la nuit jour et le jour nuit. »

    « Lénine est parvenu à qualifier le socialisme d’idéologie du prolétariat révolutionnaire. »

    « Pour [Kant], le génie artistique n’est pas, comme l’homme moral, en conflit avec ses pulsions naturelles. »

    "
    (p.212)
    -Ernst Bloch, Le Principe Espérance, tome 1, Gallimard, coll. NRF, 1976 (1959 pour la première édition allemande), 535 pages.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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