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    Vincent Bontems, Quelques éléments pour une épistémologie des relations d’échelle chez Gilbert Simondon + Simondon et Bachelard

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Vincent Bontems, Quelques éléments pour une épistémologie des relations d’échelle chez Gilbert Simondon + Simondon et Bachelard Empty Vincent Bontems, Quelques éléments pour une épistémologie des relations d’échelle chez Gilbert Simondon + Simondon et Bachelard

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 3 Mar - 13:05

    http://journals.openedition.org/appareil/595

    "L’ontologie relationnelle ainsi constituée échappe aux apories des ontologies substantialistes traditionnelles, qui sont devenues de plus en plus impraticables au fur et à mesure des progrès des sciences de la nature au xixe siècle, et que l’on peut juger définitivement caduques avec l’avènement de la mécanique quantique (comme le suggérait déjà Bachelard et comme la critique du « réalisme des accidents » par le physicien Bernard D’Espagnat10 l’a confirmé). Dans une perspective réaliste et non-substantialiste, relationniste, l’ontologie simondonienne des phénomènes physiques, biologiques et psychosociaux qui émerge est fondamentalement processuelle : le verre posé sur la table n’est plus une réalité statique, identique à elle-même, non seulement il est issu d’un processus technique de transformation, mais, en outre, sa nature amorphe signifie qu’à la différence du cristal, à une autre échelle de temps, il ne cesse d’évoluer, de couler très lentement. Par-là s’indique une caractéristique de la théorie de l’individuation : son matérialisme non-réductionniste car énergétiste et néoténique. Si toute individuation physique aboutit finalement à la dissipation des potentiels, l’individuation vitale consiste en une suspension de l’individuation physique, en un prolongement de sa phase inchoative, durant laquelle les échanges énergétiques avec le milieu permettent à l’individu de conserver certains potentiels, avant de mourir, c’est-à-dire de retourner à des échanges purement physiques avec le milieu. La même logique de rétention des potentiels explique l’émergence néoténique de la personnalisation, ou individuation psychosociale, à partir de l’individuation vitale."
    -Vincent Bontems, « Quelques éléments pour une épistémologie des relations d’échelle chez Gilbert Simondon », Appareil [En ligne], 2 | 2008, mis en ligne le 16 septembre 2008, consulté le 03 mars 2018.

    http://www.implications-philosophiques.org/non-classe/simondon-et-bachelard/

    "Cet intérêt persistant pour la psychologie (il fut lui-même recruté à la Sorbonne en 1963 en tant que professeur de psychologie) le fit entrer en contact avec Gaston Bachelard, à la fin de ses études, pour effectuer sous sa direction une thèse sur « la polarité en psychologie »."

    "Le caractère approximatif de toute connaissance ne signifie pas l’insuffisance de nos instruments à saisir avec une précision absolue une réalité supposée parfaitement déterminée, mais elle signifie que la détermination du réel est toujours relative à une échelle. Au-delà de l’affinement des mesures, qui tend à résorber peu à peu l’imprécision, le progrès de l’instrumentation opère par moments une rupture d’échelle, un approfondissement radical des conditions de l’observation qui révèle une tout autre organisation de la matière à une échelle plus profonde. L’approxiationalisme implique donc que toute détermination d’un phénomène passe par la caractérisation de ses relations à plusieurs échelles, un principe que l’on trouvera mis en œuvre systématiquement par Simondon."

    "Dans La Valeur inductive de la relativité (1929), Bachelard approfondit sa réflexion au contact de la théorie de la relativité générale d’Albert Einstein. Il met alors en évidence que la physique relativiste procède à une désubstantialisation des phénomènes : tandis que la physique classique interprétait, par exemple, le concept de « masse » comme étant la propriété d’une substance, la théorie de la relativité établit la variation de la masse inertielle en fonction de la vitesse. L’épistémologue se trouve ainsi dans l’obligation de transférer la charge de réalité des substances vers les relations."

    "La troisième étape décisive dans l’élaboration de l’épistémologie non-substantialiste de Bachelard s’opère avec l’intégration des exigences conceptuelles de la mécanique quantique, d’abord rencontrée sous la forme de la mécanique ondulatoire de Louis de Broglie (1892-1987). Bachelard constate que cette microphysique met en échec le postulat cartésien que la réalité est décomposable en entités, c’est-à-dire en éléments dotés d’individualité, d’unité et de simplicité [...] Ce constat lui est confirmé par l’examen de la mécanique matricielle de Werner Heisenberg (1901-1976) – une formulation alternative et, en définitive, équivalente de la mécanique quantique. Prenant au sérieux son formalisme, et en particulier la non-localité des « particules » qu’implique le fonctionnement des opérateurs, il insiste sur la complexification de la notion même d’objet physique qui ne correspond plus ni à la « chose » du sens commun (il est illégitime de supposer qu’il se trouve en un seul lieu) ni à « l’objet quelconque » de la logique (il est illégitime de supposer qu’il soit identique à lui-même)."

    "Les acquis fondamentaux de l’épistémologie bachelardienne ont pu lui être transmis de manière relativement informelle par Georges Canguilhem."

    "La théorie de l’individuation fait davantage que simplement prolonger les analyses de Bachelard à toutes les échelles physiques, puisqu’elle les transpose aussi à tous les régimes d’individuation (physique, vital et psycho-social) et à la concrétisation des objets : le verre posé sur la table n’est plus une réalité statique, identique à elle-même, il est un processus et sa nature amorphe signifie qu’à la différence du cristal, à une autre échelle de temps, il ne cesse d’évoluer, de couler très lentement. Si toute individuation physique aboutit finalement à la dissipation des potentiels, l’individuation vitale consiste en une suspension de l’individuation physique, en un prolongement de sa phase inchoative, durant laquelle les échanges énergétiques avec le milieu permettent à l’individu de conserver certains potentiels, avant de mourir, c’est-à-dire de retourner à des relations purement physiques avec le milieu. La même logique de rétention des potentiels explique l’émergence de la personnalisation à partir de l’individuation vitale. Les processus techniques, biologiques ou psycho-sociaux progressent en ralentissant leur accomplissement."
    -Vincent Bontems, "Simondon et Bachelard", 4 février 2019: http://www.implications-philosophiques.org/non-classe/simondon-et-bachelard/




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