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    Donato Longo, La philosophie de Nietzsche et le mouvement socialiste français (1890-1914) + La présence de Nietzsche dans les débats politiques et culturels en France pendant l'entre-deux-guerres, 1919-1940

    Johnathan R. Razorback
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    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 26 Avr - 15:29

    https://www.nietzsche-en-france.fr/histoire/nietzsche-et-la-france/don-nietzsche-et-les-milieux-socialistes/

    « De toutes les influence intellectuelles venant en France de l’étranger entre 1890 et 1914, celle de Nietzsche fut sans aucun doute la plus forte. […] A partir de 1890, les idées de Nietzsche  pénétrèrent tous les milieux philosohpiques et littéraires, et le bruit autour de son nom devint de plus en plus fort. » (p.1-2)

    « Pourquoi les socialistes se préoccupèrent-ils de Nietzsche, étant donné que ce philosophe ne parlait jamais du socialisme et de la plèbe qu’avec mépris ou dégoût ? » (p.3)

    « Plusieurs de ses premiers collaborateurs [de L’Humanité] furent des lecteurs ardents de Nietzsche. » (p.6)

    « Au Musée de Montreuil, nous avons trouvé des ouvrages de Nietzsche appartenant à Jaurès. Certains ouvrages furent annotés. L’écriture était parfois très difficile à lire, mais il était intéressant de remarquer les passages du texte qui avaient provoqué un commentaire. » (p.8-9)

    « Plusieurs socialistes qui s’intéressèrent à Nietzsche étaient des normaliens, par exemple Jaurès, Herr, Andler, Rolland, Blum et Thomas. » (p.9)

    « De toutes les tendances socialistes, ce fut celle qui se croyait le représentant de l’orthodoxie marxiste qui se méfia le plus de Nietzsche. Les revues guesdistes ou proche du guesdisme ne firent que des allusions çà et là au philosophe. Ce qui régnait dans ce milieu, c’était le mépris et l’incompréhension. » (p.13)
    p.15.
    -Donato Longo, La philosophie de Nietzsche et le mouvement socialiste français (1890-1914), Mémoire de maîtrise en histoire, université Paris VIII, 1980-1981, 352 pages.




    Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Ven 12 Juil - 10:39, édité 3 fois


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    Message par Johnathan R. Razorback Jeu 26 Avr - 15:36

    "Sa passion du Sud, disaient Robert Brasillach et Thierry Maulnier, était une passion entièrement allemande, celle de fuir l’Allemagne tout en traînant avec soi l’Allemagne profonde, orphique et orientale. “Voilà” écrit Brasillach en 1933, “ce qui sans doute éloigne Nietzsche de tout Latin raisonnable.” Malgré tous ses efforts pour se faire une âme latine dit Thierry Maulnier dans son étude de 1933, Nietzsche n’avait jamais réussi à se débarrasser de l’ontologie propre à l’Allemagne, du Devenir, et à arriver à l’Être français, au sens de l’instant. Nietzsche fut toujours en mouvement, en transformation, en déséquilibre; sa réalité à lui fut toujours conçue comme quelque chose d’éphémère, un pont, un passage vers un avenir indéterminé et indéterminable. Or l’esprit méditerranéen véritable était tout le contraire." (p.89)

    [R. Brasillach, “Le Nietzsche de Maulnier”, L’Action française (8 juin 1933), p. 4; H. Massis, “Mise au point”, Cahiers du mois n° 9/10 (1925), p. 37.]

    "Pour la jeunesse chrétienne de Réaction et de la Revue du siècle, Jean de Fabrègues et Pierre Gignac firent de Nietzsche un cas théologique, un symbole de la faillite morale qui sévissait en Occident et qui marquait son déclin. [P. Gignac, Réaction (janvier-février 1932), p. 49; J. de Fabrègues, ibid. (juin-juillet 1932), p. 29.]" (p.40)

    "C’est L’Ordre nouveau qui était le plus imprégné de nietzschéisme. Arnaud Dandieu, Alexandre Marc, Claude Chevalley, Denis de Rougemont, tous connaissaient ses idées. Nietzsche est cité dans “l’essai de bibliographie révolutionnaire” dans le numéro 3 de la revue, et il a sa place parmi “les textes de doctrine et d’action” publiés sur la couverture, textes émanant “des plus grandes autorités révolutionnaires du passé auxquels les circonstances présentes donnent une valeur particulièrement actuelle”. Si certains d’entre eux était des catholiques et furent critiqués par les plus orthodoxes pour leur idées nietzschéennes, un des collaborateurs les plus actifs du groupe, Alexandre Marc, prit la défense de son maître: il ne s’agissait pas de subir des influences hostiles au catholicisme, car on n’était ni nietzschéen ni sorélien ni proudhonien, mais plutôt de “reconquérir au Christ et à l’Église des biens spirituels qu’ils (les catholiques du groupe) eussent pu être tentés d’utiliser contre l’Église et le Christ.” Mais Nietzsche et les autres en faisaient la base même de L’Ordre nouveau, et il ne pouvait pas s’agir simplement “d’utilisation”, à la façon dont St. Thomas avait “utilisé” les philosophes païens et musulmans. Or, le fait même que catholiques, maurrassiens, et défenseurs de la tradition culturelle et révolutionnaire française faisaient une si grande place à Nietzsche, anti-chrétien, romantique par certains côtés, germanique par d’autres, exprime déjà le désarroi de cette même tradition. Pour cette jeunesse comme pour celle qui alla vers le communisme, Nietzsche ne fut jamais suffisant par lui seul; mais, intégré dans les traditions françaises pour les vivifier, il devint un puissant levier de renouvellement culturel et moral." (p.40)

    "C’est Daniel Halévy qui fit la réponse la plus nette à cette bolchévisation de Nietzsche de la part de certains intellectuels, et même parfois de la part de la droite maurrassienne, contente, elle, de pouvoir ainsi condamner ensemble Nietzsche et “la subversion moscovite.” Dans Courrier d’Europe, publié en janvier 1933, c’est à Andler et à Guéhenno qu’il s’en prit, recevant l’approbation ardente de Gabriel Marcel, parmi d’autres. Il était vrai, disait Halévy, qu’il y avait des vœux révolutionnaires chez Nietzsche: son amour de la force, son appel à une élite sans pitié capable de détruire la société bourgeoise et unifier le monde, pouvaient, en effet, le rapprocher des vainqueurs du tsarisme. Mais ce n’était là que des apparences. Nietzsche voulait la noblesse; qu’y avait-il de noble chez les bolchévistes? Tout là-bas n’était qu’une “odieuse entreprise”. Nietzsche aimait l’autorité, mais il avait toujours détesté la puissance exercée par la masse devenue tyran absolu et appliquant la force “avec son dogmatisme fanatique, son américanisme naïf”, imposant par le feu et le supplice “le matérialisme le plus court.” Rien n’aurait plus horrifié Zarathoustra. Ce qui justifiait la destruction pour Nietzsche, c’était la nature de ceux qui l’accomplissaient:

    “Certes Nietzsche aimait le glaive, mais il avait l’âme exigeante, il regardait aux mains qui portaient l’arme, il voulait qu’un justicier les eût parfaitement belles.”

    Or en Russie, l’élite nouvelle n’avait guère les vertus requises. C’étaient “des plébéiens”, des sectaires, “âmes sans lumière et sans promesse, chefs de masses fanatiques” qui ne sauraient jamais achever l’œuvre de reconstruction pourtant si nécessaire après la catastrophe, ni réintroduire les hiérarchies naturelles indispensables au vrai progrès. C’était en somme une fausse élite, animée par la volonté slave la plus dégénérée, celle même qui avait étouffé la Russie de Stravinsky et de Diaghilef que Nietzsche eût certainement aimée. Et finalement ce marxisme si cher aux “bolchévistes”, ne tirait-il sa force des trois traditions intellectuelles que Nietzsche avait le plus détestées?: la juive et la biblique qui avaient ruiné le monde antique; la hégélienne de la “plèbe professorale” qui justifiait tous les asservissements; l’allemande, avec ses “nébuleuses rêveries”, son inculture psychologique, ses “vaines éruditions”." (pp.66-67)

    "De 1900 à 1940, et tout en admettant ses éloges de la culture française, “frappants” pour un Allemand, selon Maurras, ce fut toujours l’image d’un Nietzsche germain qui l’emportait dans ce milieu. Nietzsche était un Allemand, dit Léon Daudet, par ses “racines les plus profondes”, par son déséquilibre, par sa manière de transformer tout en hargne, rage et fureur, en déchirements violents, précisément à la façon slave et teutonique." (p.81)

    "Dans tous les mouvements originaux du XXe siècle, et dans leurs jeunesses surtout, disaient les collaborateurs de L’Ordre nouveau et de la Revue Française, il y avait le même esprit de rupture avec les fondements idéologiques et spirituels de l’ancien monde et une recherche fervente d’un nouvel ordre humain. Cependant, aucun des mouvements n’avait réussi en faisant appel aux intérêts matériels de ceux qui prirent part à l’insurrection; aucun d’eux ne se prolongeait en faisant des promesses de vie facile dans le proche avenir; aucun ne s’était contenté avec les valeurs prosaïques du marxisme qui faisaient du “bonheur” le summum bonum de la destinée humaine. En U.R.S.S., en Italie, en Allemagne, la Révolution s’était faite malgré ou contre Marx. Les trois régimes nouveaux prônaient tous des valeurs venant d’influences non marxistes, et celle de Nietzsche tout d’abord: l’esprit d’abnégation, le courage, la sévérité, la volonté créatrice, une vitalité agressive, l’élan mystique vers des destinées inconnues, en un mot l’héroïsme. Comme le dit Thierry Maulnier:

    “ (…) La révolution qui promet beaucoup aux hommes a été vaincue par la Révolution qui exige beaucoup d’eux (...) au lieu de promettre à leurs soldats l’égalité, le bien-être, la prospérité, les hauts salaires, ils (Fascisme, Communisme et Nazisme) ne leur ont annoncé que de longs efforts, des blessures, de rudes devoirs et une grandeur virile et vague, une grandeur collective et lointaine dont les vivants, peut-être, ne profiteraient point.” [Th. Maulnier, Mythes socialistes (Gallimard, 1936), p. 60.]  (p.132)

    "Arnaud Dandieu, dans son article de juillet 1933 à propos des récentes publications nietzchéennes, se réjouit de ce que “le sang de Nietzsche” venait enfin de fleurir “dans un monde où triomphent ses pires ennemis, l’étatisme et l’américanisme”, porteurs des valeurs grégaires que le philosophe avait toujours détestées. Ce fut dans ce sens que Nietzsche trouva sa place dans “l’essai de bibliographie révolutionnaire” publié dans L’Ordre nouveau en juillet 1933 qui constituait la base doctrinale du groupe. Sous la rubrique qui était censée définir le “principe général” de cet “effort révolutionnaire” dont se réclamaient les collaborateurs de la revue, deux textes de Nietzsche furent cités côte à côté avec deux textes de Marx: de l’un les deux chapitres du Zarathoustra, “De la nouvelle idole” et “De l’immaculée connaissance”; de l’autre La Commune de Paris et le Manifeste communiste. Or le rôle de Nietzsche fut clairement exprimé dans le commentaire qui accompagna les références:

    Dans le combat contre l’industrialisme, contre l’étatisme et contre la “massification” de l’individu, Nietzsche était indispensable: “Il faut appeler Nietzsche à la rescousse. Nietzsche contre l’Etat, qu’il soit hitlérien ou stalinien, Nietzsche pour l’homme contre la masse, qu’elle soit fasciste, américaine ou soviétique. Nietzsche contre le rationalisme, qu’il soit de Rome, de Moscou ou de la Sorbonne. Nietzsche contre Marx disait hier Drieu la Rochelle. Non pas. Nietzsche contre l’Etat et Marx contre le marxisme, comme lui-même l’avait dit”. [L’Ordre nouveau (juillet 1933), p. 3.]

    [L’Ordre nouveau (15 décembre 1934) et (15 novembre 1933).]
    Les deux extraits de Nietzsche publiés dans L’Ordre nouveau en novembre 1933 et en décembre 1934 faisaient partie de la même attaque contre la trahison des valeurs aristocratiques dans le monde contemporain. L’un des extraits venait de Zarathoustra, du chapitre “Le pays de la civilisation” ou Nietzsche s’en était pris aux “hommes actuels” qui vivaient sous une conception de la civilisation aussi fausse que stérile ; l’autre venait de la Généalogie (II, 2) où Nietzsche avait fait l’éloge de “l’homme souverain”, de l’aristocrate, par rapport aux hommes de masses, aux “superflus” dont le pitoyable “esprit grégaire” les poussait à s’abriter derrière l’Etat-Moloch, soumis et craintifs. Il fallait retourner à la tradition aristocratique et guerrière de la France classique." (p.132-133)

    "Pour Jules de Gaultier “l’instinct de grandeur” était censé mettre fin à la lutte des classes. La morale de la grandeur, disait-il, exigeait des valeurs forcément contraires à “l’instinct possessif” et avare des sociétés contemporaines, bourgeoises ou prolétariennes, qui prêchaient l’envie et la convoitise, donc la lutte entre les hommes pour les bien matériels. Le nietzschéisme prônait d’autres valeurs, les seules vivables au niveau social: l’ascétisme, le mépris du bonheur, la cruauté envers soi-même, le sacrifice, la générosité et le don de soi. La grandeur telle que Nietzsche la concevait allait, comme de Gaultier essaya de le montrer dans son Nietzsche (Ed. du siècle, 1926), à l’encontre de la médiocrité et du nivellement, donc fatalement à l’encontre du socialisme qui était le dernier avatar de la “morale des esclaves”..."(p.172)
    -Donato Longo, La présence de Nietzsche dans les débats politiques et culturels en France pendant l'entre-deux-guerres, 1919-1940, thèse préparée à l'Université de Paris VIII sous la direction de Madeleine Rebérioux, soutenue en 1985 et revue en 2015, 435 pages.



    Dernière édition par Johnathan R. Razorback le Sam 5 Oct - 14:59, édité 9 fois


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    Message par Johnathan R. Razorback Ven 12 Juil - 10:40

    https://www.nietzsche-en-france.fr/histoire/nietzsche-et-la-france/these-de-don/

    "Les nombreux jeunes intellectuels proches du maurrassisme qui se tournèrent vers Nietzsche pendant les années 30 en sont le témoignage. Le XXe siècle, le siècle d’après guerre, avait besoin d’autre chose que d’un classicisme rigide tel que Charles Maurras voulait défendre.
    Un nietzschéisme nouveau apparut avec les jeunes intellectuels de cette période. Nés entre 1900 et 1905, donc trop jeunes pour avoir fait la guerre, mais assez âgés pour connaître l’amertume de 1914-1918 et pour ressentir le bouleversement moral des années suivantes, ils éprouvèrent plus douloureusement que d’autres ce nihilisme européen dont ils ne se lassaient pas de parler. Unanime était la révolte contre les valeurs estimées bourgeoises, une révolte accompagnée de violence et de négation verbales, vouée à la recherche d’une pureté jamais connue
    ." (p.23)

    "J’ai lu moi-même Nietzsche en 1928, à 19 ans. J’ai reçu cette lecture comme un immense coup sur la tête; elle me réveillait du tolstoïsme social dans lequel je m’endormais"." (Lettre de Pierre Andreu à Don Longo du 30 octobre 1982, cité p.183).

    "La virilisation de l’homme était un des thèmes principaux dans les écrits des jeunes intellectuels des années 30. S’il fallait sortir de la “crise de la civilisation”, et s’il fallait accomplir la rupture totale avec les valeurs périmées du monde contemporain, il fallait d’abord une vision de l’homme qui niait celle du vieux monde et qui permettrait le rajeunissement nécessaire. Ainsi à “l’homme couché” de la société environnante en pleine décadence, ils substituèrent l’image de l’homme debout”; à la place de l’homme que Nietzsche avait dénoncé, ils voulaient mettre l’homme nietzschéen.

    “L’homme couché” selon la phrase d’Arnaud Dandieu, c’était l’homme bourgeois, l’homme de masse, l’idéaliste et le rationaliste, le positiviste et le marxiste, celui qui ignorait “les aspects tragiques de la condition humaine”, celui qui cherchait la tranquillité et la sécurité, celui qui voulait éviter à tout prix l’inquiétude et la douleur. “L’homme couché” était celui de l’immaculée connaissance” selon la phrase de Nietzsche, celui qui prônait la connaissance pure et sans contact avec le corps, celui dont l’esprit n’était qu’un miroir, qu’un spectateur idéal. Un tel homme, disaient les collaborateurs de
    L’Ordre nouveau, allait inévitablement vers le déterminisme et l’empirisme matérialiste, vers la servitude de l’esprit devant les faits, vers le matérialisme historique du marxisme qui était la conséquence logique, selon Denis de Rougemont, de l’idéologie positiviste bourgeoise. “L’homme couché”, était celui du sentiment, de l’irréalisme, de la mélancolie romantique, de la dispersion du moi, du rêve, de la gratuité gidienne, de l’abolition de la volonté, de tout ce qui menait à
    l’”apologie de l’inaction et de l’inactuel”. C’était celui de la psychanalyse, de la sexualité, de la jouissance et du spasme, de “la poésie du ventre et du bas-ventre” que pratiquaient les surréalistes, celui qui finissait par le suicide à la manière des personnages de Céline. “L’homme couché” était celui de la métaphysique orientale, de la jeunesse des cocktails, des drogues, de la pédérastie, du pacifisme bêlant, excuse pour la lâcheté, la veulerie et la “paresse satisfaite”. Dans la
    Revue du siècle de Jean de Fabrègues, dans la Revue française et dans L’Ordre nouveau, c’était la même plainte nietzschéenne contre tout ce qui était mollesse, fuite et éparpillement, contre la fatigue de l’homme moderne, la diminution de sa vitalité, son attirance vers la mort; comme “le décadent” pour Nietzsche, “l’homme couché” des jeunes “non-conformistes” “marquait le terme du déclin de l’Occident." (pp.180-181)

    "Dans la revue de Georges Roditi, L’Homme nouveau (1934-1937), nous trouvons les mêmes vœux que chez Thierry Maulnier. En janvier 1934 [ou [décembre 1936??] Roditi y publia un long article dont le titre venait d’ailleurs d’une phrase de Nietzsche, “La lutte pour les goûts et les couleurs”, et dans lequel il exposa sa doctrine politique. Or cette doctrine se voulait précisément une réconciliation de la force et du droit, de la puissance et de “la tradition idéaliste du vieux socialisme français”, bref un “socialisme fascisé” comme celui des Superbes de Jules Romains, une doctrine qui faisait une large place à la force nietzschéenne. Roditi aborda le problème en se référant à deux intellectuels qui étaient des nietzschéens notoires, tous les deux liés aux mouvements d’extrême-droite et qui avaient formulé tous les deux une apologie de la volonté de puissance: Jules de Gaultier, “le philosophe français de la force” comme l’appela Roditi, citant son Nietzsche de 1926, en même temps que son article sur “Une morale de la force” paru dans la Revue philosophique en 1923; et Julius Evola, le théoricien du néopaganisme fasciste en Italie, que Roditi connaissait personnellement [J. Evola, “Par-delà Nietzsche”, Neuf cents, n° 2 (hiver 192 6/1927), pp. 143-160.]. Seule “la force décide”, affirma Roditi; il fallait accepter, ajouta-t-il, “cette vérité pénible”, bien qu’elle fût en désaccord avec l’esprit chrétien et français. La grandeur de Nietzsche était là: il avait restitué à ce sentiment sa “valeur logique”; il avait démontré que l’on avait droit à la force, que rien n’était au-dessus de la force, voire qu’il fallait choisir la force, la vouloir comme idéal. Au socialisme utopique français, puéril par lui-même parce que trop généreux, il fallait ajouter la morale nietzschéenne. Un extrait de Nietzsche fut publié en encadré dans le premier numéro de l’Homme nouveau, et qui fut cité encore une fois en 1936, montre bien ce que Roditi avait tiré du philosophe:
    “J’ai le bonheur d’avoir retrouvé le chemin qui mène à un oui et à un non. J’enseigne de dire non à tout ce qui rend faible- à tout ce qui épuise. J’enseigne de dire oui à tout ce qui fortifie, à ce qui accumule les forces, à ce qui donne le sentiment de la vigueur.”
    Il est vrai qu’en 1938, face à la belligérance hitlérienne, Roditi reniera “une telle profession de foi, faite dans l’absolu; mais il n’en reste pas moins que Nietzsche avait fourni jusque-là une justification idéologique de la volonté, de la puissance et de la force
    ." (p.182)

    "Ajoutons que d’autres collaborateurs de l’Homme nouveau furent eux-aussi très marqués par Nietzsche. Armand Hoog, Pierre Bertaux qui était un élève de Lichtenberger, Marcel Déat, Pierre Andreu." (p.182-183)

    "C’est dans le milieu de L’Ordre nouveau cependant que l’image nietzschéenne de l’homme comme puissance fut le plus répandue. A propos de Drieu la Rochelle et de son article sur “Nietzsche contre Marx”, Arnaud Dandieu nota en juillet 1933 son accord avec Drieu sur le “renversement complet dans l’attitude affective et éthique” de la jeunesse européenne que Nietzsche parmi d’autres avait provoqué, et ajouta: “de l’apologie de l’homme couché, les jeunes passent maintenant à la découverte de l’homme debout”. “L’homme debout”, c’était l’homme qui incarnerait le “nouvel équilibre de l’Occident”, car il saurait ajouter à la tradition française qui serait à la base de son être certains aspects du germanisme nietzschéen, en particulier le dépassement de soi, la
    tension de l’âme, la volonté de puissance. Pour créer les institutions porteuses de vie et de fécondité, dit Arnaud Dandieu, pour créer des hommes capables d’aller au-delà du nihilisme,

    “On voudrait que le sang français, le sang européen, celui de Nietzsche, de Rabelais et de Descartes unissent, pour les faires éclore, leur puissante générosité.”

    La notion de l ”homme debout” chez les intellectuels de L’Ordre nouveau devait ses éléments essentiels à ce que Nietzsche avait baptisé “l’individu souverain”. Or pour Nietzsche comme pour les collaborateurs de la revue, cette “apothéose de la personnalité” que le nouvel homme devait incarner n’était possible qu’en posant d’abord les valeurs de tension qui seules pouvaient assurer l’ascension perpétuelle de la personnalité, qui seules pouvaient la pousser du dedans dans “une création continue qui tend toujours à se dépasser.” “L’homme debout”, l’homme de la puissance, présupposait le dépassement de soi et une “tension de l’âme” permanente. Au niveau philosophique, cela se traduisait pas le refus absolu, par L’Ordre nouveau, du troisième terme de la dialectique hégélienne qui introduisait la notion de synthèse entre les aspects contradictoires de la réalité sociale ou morale. Pour ces intellectuels la fusion des contraires de Hegel et de Marx n’était qu’un postulat menant à l’immobilisme et la mort, au relâchement et au repos. A Marx à Hegel, ils opposèrent Proudhon, Kierkegaard et plus généralement Nietzsche, tous ceux qui avaient prôné le dynamisme perpétuel, le conflit “nécessaire et vital”, l’ontologie où les termes des éléments en opposition restaient en contradiction, et où l’équilibre recherché restait un “équilibre sans cesse instable”, toujours prêt à provoquer des nouvelles ruptures par des “explosifs” toujours possibles. Les contraires ne s’harmoniseraient que dans une tension de plus en plus haute, qui donnerait lieu à des conflits de plus en plus créateurs de vie, de conscience, et de grandeur. D’une part donc, selon L’Ordre nouveau, il y avait la dialectique ternaire avec sa “statolâtrie” solide et ses masses inertes et soumises qui en étaient la conséquence; d’autre part la notion de dichotomie - ce qu’Henri Lefebvre appellera en 1939 “la dialectique tragique”, nietzschéenne - qui permettait d’aller au-delà de la stérilité de la société bourgeoise non pas en tuant ou en apaisant l’angoisse, mais au contraire en l’aiguisant et en exigeant de la personne des actes virils." (pp.183-184)

    " “L’homme debout”, selon Robert Aron et Arnaud Dandieu, saurait récupérer “la tradition héroïque proprement occidentale” à laquelle Nietzsche lui-même appartenait, celle de la chevalerie et de la Révolution française, la tradition guerrière par excellence avec son mépris des choses bourgeoises et du “labeur servile” sans joie et sans passion, la tradition où le guerrier “se bat pour le plaisir”, par surabondance de force. L’homme nouveau, le travailleur de demain, saurait intégrer dans son travail cette “tradition aristocratique” que Nietzsche parmi d’autres avait admirée et exaltée, et il deviendrait ainsi un homme créateur, affirmant dans son activité la puissance de sa personne et son agressivité créatrice et joyeuse, à la façon du chevalier et du “comitard” de 1793. […] Il s’identifia encore plus à “l’individu souverain” de Nietzsche lui-même dans un passage de la Généalogie (II, 2) publié dans L’Ordre nouveau parmi ses “textes de doctrine et d’action”. Nietzsche avait parlé de cet homme idéal comme:

    “(...) le fruit le plus mûr de l’arbre (de la société) (...) l’individu qui n’est semblable qu’à lui-même (...) celui qui possède en lui-même la conscience fière et vibrante de ce qu’il a enfin atteint par là, de ce qui s’est incorporé en lui, une véritable conscience de la liberté et de la puissance, enfin le sentiment d’être arrivé à la perfection d’homme (...) La fière connaissance du privilège extraordinaire de la responsabilité, la conscience de cette rare liberté, de cette puissance sur lui-même et le destin (...).” [F. Nietzsche, “Textes de doctrine”, L’Ordre nouveau (novembre 1933).]

    Il est vrai que certains jeunes intellectuels par ailleurs assez proches de L’Ordre nouveau au niveau politique, les collaborateurs d’Esprit notamment, se moquaient de cette utilisation de Nietzsche pour justifier la notion d’homo agens. Jean Lacroix en parla en 1934 comme d’”un nietzschéisme mal compris” ou d’un nietzschéisme “de seconde zone”, et Emmanuel Mounier, la même année, l’appela “un nietzschéisme trop souvent scolaire”. Pourtant L’Ordre nouveau n’avait jamais prétendu considérer la philosophie de Nietzsche dans toute sa complexité, ni faire un exposé exhaustif de la doctrine nietzschéenne. Si Nietzsche était un des “maîtres” du groupe, et il l’avait assurément été comme nous l’a confirmé Denis de Rougemont, il ne l’était pas au sens doctrinal, mais bien plutôt comme un maître d’attitude." (p.186-187)

    "Dans un essai publié chez Redier en 1933, écrit avec passion et dans un style admirable, Maulnier étudia la vie et l’œuvre de Nietzsche comme s’il voulait leur arracher une réponse aux problèmes et aux angoisses de son temps et de sa génération. Ce qu’il voulait chercher chez le philosophe n’était à proprement parler ni le système ni la biographie, mais ce qu’il appelait l’”allure”: l’homme Nietzsche non pas en tant que vie vécue mais en tant que vie exemplaire; la philosophie de Nietzsche non pas en tant que doctrine explicative mais en tant qu’attitude, en tant que manière de vivre. Il s’agissait, pour Maulnier, de confronter Nietzsche au monde d’après-guerre, et de nourrir et de juger l’un par l’autre: comme Robert Brasillach le fit remarquer, le livre eût bien pu être intitulé “le Nietzschéisme devant notre temps”. Maulnier expliqua lui-même ce qu’il avait voulu faire au cours d’une interview accordée à André Rousseaux et publiée dans Candide: ce qui l’avait intéressé chez Nietzsche, c’était son rapport avec le temps présent:

    “(...) ce qui compte pour nous aujourd’hui (...) Ce qui vaut d’être connu de Nietzsche, c’est ce qui, de ses expériences, peut être confronté à nos expériences, pour les nourrir et les achever, c’est ce qui, de ses angoisses, ressemble à nos angoisses, ce qui, de ses solutions, peut aider nos solutions; c’est, dans son oeuvre, ce qui mérite nos adhésions ou nos refus, ce qui, dans cette œuvre, peut enseigner, perpétuer et renaître.” [A. Rousseaux, “Un quart d’heure avec Th. Maulnier”, Candide (26 octobre 1933).]

    Le livre de Maulnier eut un énorme succès, et faillit obtenir le Grand Prix de la Critique, qu’il manqua “de fort peu” et “pour des faibles raisons.” [André Blond, “Un livre subversif”, Candide (5 juillet 1934), p. 4.] Il fut publié en avril 1933, mais déjà, au cours de l’année précédente, Maulnier avait fait paraître un certain nombre d’articles sur Nietzsche touchant aux mêmes thèmes: dans l’Action française, d’abord mais aussi dans La Revue française où parut, le 22 septembre 1932, un résumé de l’ouvrage sous le titre “Visages de Nietzsche”. Pendant l’année 1933, des extraits du livre parurent dans plusieurs périodiques d’extrême-droite, proches du maurrassisme: dans La Revue française, en janvier et en avril; dans la catholique Revue du XXe siècle de Jean de Fabrègues où fut publié, en avril, le chapitre sur “Nietzsche ou la mort rajeunie” dans La Revue hebdomadaire du 6 mai 1933, finalement, où parut une partie du dernier chapitre du livre sous le titre “Défaites de Nietzsche”. En ce qui concerne l’accueil fait à cette étude, il fut, dans la presse d’extrême-droite, parfaitement unanime dans ses éloges: J.-P. Maxence dans la Revue française (juin 1933), Marcel Prévost dans Gringoire (25 mai 1934), A. Rousseaux dans Candide (26 octobre 1933) et Robert Brasillach dans L’Action française (8 juin 1933), tous acclamèrent le style et la substance de l’ouvrage.

    Mais ailleurs aussi, Maulnier reçut des louanges: Ramon Fernandez lui consacra un très long article dans
    La Nouvelle revue française de novembre 1933 et Gabriel Marcel, malgré l’antichristianisme du livre, ajouta ses compliments dans L’Europe nouvelle du 9 septembre 1933. Même au Nietzsche-Archiv, le livre fut bien acceuilli […] Dans les milieux de gauche, le livre fut passé sous silence. Il ne fut signalé nulle part dans la presse que nous avons examinée, et aucun périodique n’en fit un compte rendu. Il y a, néanmoins, deux réactions qui indiquent un accueil contradictoire: d’une part, Paul Nizan qui, pourtant de la même génération que Maulnier, parla de l’ouvrage avec mépris: “un livre”, dit-il en octobre 1933, “qui fit quelque bruit chez les ignorants” ; d’autre part, Édouard Berth qui en fut ravi, l’appelant “un des meilleurs essais qu’on ait écrit sur le grand solitaire allemand” [Ed. Berth, “Prolétariat révolutionnaire”, Révolution prolétarienne, n° 269 (avril 1938), p. 131.]." (p.211-213)

    "Chez le dernier Nietzsche, le germanisme, avec son éternelle tentation cosmique, prit le dessus sur le classicisme latin où l’homme restait irréductible à la nature et en conflit perpétuel avec elle: “le romantisme”, dit Maulnier, “a vaincu la tragédie”. L’échec de Nietzsche venait de ce qu’il restait, malgré lui, prisonnier de la mystique de son pays; sa trahison de ses propres vœux avait ses origines dans les passions et les obsessions propres aux Allemands, dans la “psychologie du germanisme”. La leçon donc du drame nietzschéen était que le romantisme représentait une influence désastreuse sur la culture et l’homme contemporains, abaissant et l’un et l’autre en les éloignant de la tragédie classique. Il fallait, par conséquent, aller au-delà de Nietzsche, au-delà de son effort héroïque et inutile, et reprendre contact directement avec le Grand Siècle. C’est précisément ce que fit Maulnier: en 1935, il publia un ouvrage sur Racine, conçu comme le pendant positif et comme l’achèvement de son Nietzsche. Nietzsche, selon Maulnier, avait essayé en vain de faire renaître le monde qui avait atteint son apogée chez Racine, c’est-à-dire le monde du tragique pur, celui d’avant la décadence romantique et allemande." (p.217-218)

    "Fabrègues vit dans l’idéal héroïque le dénominateur commun entre le fascisme, le nazisme et le communisme, rendant hommage au “Hitlerjugend”, aux “Balillas” et à “l’héroïsme des Komsomols et des équipes de choc stakhanovistes”.[J. de Fabrègues, “Mystique matérialiste”, Combat (janvier 1937), p. 5.]" (p.219)

    "La critique a oublié l’essentiel de son rôle, qui est de nous conserver des présences: elle est devenue une archéologie de l’intelligence. Il faut rendre le goût du sang à la philosophie. Il faut rendre aux systèmes métaphysiques leur cruauté: leur pouvoir de vie et de mort." [Th Maulnier, Nietzsche (Redier, 1933), préface.] (p.235-236)

    "Un texte essentiel pour connaître les rapports entre Montherlant et Nietzsche aurait été le volume des Pages Choisies (Mercure de France, 1910), traduction et choix par H. Albert, que Montherlant avait beaucoup annoté vers 1914. Malheureusement, le volume a disparu selon M. Pierre Sipriot (interview accordée à nous-mêmes, le 15 décembre 1982). Mais Montherlant ne cessa jamais de lire Nietzsche: en 1948, il confia a M. Sipriot : “Je ne lis plus que Nietzsche”." (note 38 p.270)

    "Thierry Maulnier, en 1946, voulait que la France trouvât une issue à ses problèmes moraux en dehors des alternatives proposées par Nietzsche." (p.287)
    -Donato Longo, La présence de Nietzsche dans les débats politiques et culturels en France pendant l'entre-deux-guerres, 1919-1940, thèse préparée à l'Université de Paris VIII sous la direction de Madeleine Rebérioux, soutenue en 1985 et revue en 2015, 435 pages.



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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