https://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Citot
https://www.scopalto.com/post/vincent-citot-le-philosophoire
https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2005-2-page-35.htm
"Cette vaste période de trois siècles (disons, pour faire vite, du milieu du XVème au dernier quart du XVIIIème siècle) correspond à la mise en place des valeurs essentielles de la modernité. Les grandes révolutions sont culturelles : dans les arts, dans les sciences, en théologie, en philosophie et dans la pensée politique. Au niveau économique et politique, cette période se distingue aussi nettement de la précédente et de la suivante. Elle correspond à « l’ancien régime », qui met fin au système féodal médiéval, et qui voit apparaître la figure de l’État monarchique moderne, centralisé et bureaucratique. C’est aussi l’époque où les nations s’individualisent culturellement et linguistiquement. Au plan économique apparaît une nouvelle classe sociale : la bourgeoisie marchande, qui profite de l’extension mondiale du commerce. F. Braudel souligne lui-même l’unité du système économique qui couvre la période du XIVème (un peu avant la Renaissance) jusqu’en 1750 : c’est le « capitalisme marchand », auquel fera suite le capitalisme industriel. Sur le plan économique, le XVème siècle correspond à une période de croissance significative, tout comme au plan démographique. On observe une poussée d’urbanisation durant cette période. Il s’en suit une première étape dans le procès d’individualisation : la famille commence à se restreindre et à s’autonomiser au sein des lignées et des groupes sociaux . Sur le plan politique et sur celui des relations internationales, cette période est marquée par la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, c’est-à-dire la fin de l’empire romain d’orient, et par la découverte de l’Amérique par Colomb en 1492. Ces deux dates sont habituellement retenues pour les périodisations, auxquelles on peut ajouter une troisième : l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1450, qui aura de grandes conséquences sur la diffusion des connaissances, de la culture antique, et donc sur la Renaissance.
Bref, sur tous les plans, cette périodisation a une unité et donc une cohérence historique. Mais ce qui demeure le plus significatif dans cette unité de trois siècles, c’est la révolution culturelle qui marquera le passage du monde Ancien au monde Moderne. La première modernité est donc essentiellement une modernité des élites (artistes, savants, théologiens, philosophes), il faudra attendre la seconde puis la troisième pour que son mouvement s’étende à toutes les couches de la société."
"La Renaissance, d’abord italienne (Florence, puis Venise, Rome, etc.), se présente comme l’avènement d’un esprit nouveau, d’une disposition inédite à l’égard de la culture, de la religion, des canons esthétiques et du savoir. En fait, plus généralement encore, cette époque marque une vision nouvelle de l’homme, du monde et de l’histoire. L’humanisme marque cette confiance nouvelle de l’homme dans sa valeur et dans ses possibilités d’accès au savoir. Il se traduit par une contestation des anciennes formes d’autorité, notamment religieuses. Au plan artistique, l’homme prend plus d’importance à la fois en tant que créateur (refus d’appliquer une norme esthétique canonique et traditionnelle) et comme sujet représenté. Les artistes de la Renaissance sont à la fois des savants, des techniciens, des penseurs : ils participent à toute la culture de l’époque, et sont proprement des hommes universels ; ainsi naît la figure de l’homo universale. Mais, cet universalisme se double nécessairement d’une poussée individualiste : « quand cette tendance à développer au plus haut point la personnalité se rencontrait avec une nature réellement puissante et un esprit richement doué, capable d’assimiler en même temps tous les éléments de la culture d’alors, on voyait surgir l’ “homme universel” », qui est aussi un homme singulier, un homo singolare (Burckardt, p. 204). L’universalisme et l’individualisme vont de pair."
https://www.scopalto.com/post/vincent-citot-le-philosophoire
https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2005-2-page-35.htm
"Cette vaste période de trois siècles (disons, pour faire vite, du milieu du XVème au dernier quart du XVIIIème siècle) correspond à la mise en place des valeurs essentielles de la modernité. Les grandes révolutions sont culturelles : dans les arts, dans les sciences, en théologie, en philosophie et dans la pensée politique. Au niveau économique et politique, cette période se distingue aussi nettement de la précédente et de la suivante. Elle correspond à « l’ancien régime », qui met fin au système féodal médiéval, et qui voit apparaître la figure de l’État monarchique moderne, centralisé et bureaucratique. C’est aussi l’époque où les nations s’individualisent culturellement et linguistiquement. Au plan économique apparaît une nouvelle classe sociale : la bourgeoisie marchande, qui profite de l’extension mondiale du commerce. F. Braudel souligne lui-même l’unité du système économique qui couvre la période du XIVème (un peu avant la Renaissance) jusqu’en 1750 : c’est le « capitalisme marchand », auquel fera suite le capitalisme industriel. Sur le plan économique, le XVème siècle correspond à une période de croissance significative, tout comme au plan démographique. On observe une poussée d’urbanisation durant cette période. Il s’en suit une première étape dans le procès d’individualisation : la famille commence à se restreindre et à s’autonomiser au sein des lignées et des groupes sociaux . Sur le plan politique et sur celui des relations internationales, cette période est marquée par la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, c’est-à-dire la fin de l’empire romain d’orient, et par la découverte de l’Amérique par Colomb en 1492. Ces deux dates sont habituellement retenues pour les périodisations, auxquelles on peut ajouter une troisième : l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1450, qui aura de grandes conséquences sur la diffusion des connaissances, de la culture antique, et donc sur la Renaissance.
Bref, sur tous les plans, cette périodisation a une unité et donc une cohérence historique. Mais ce qui demeure le plus significatif dans cette unité de trois siècles, c’est la révolution culturelle qui marquera le passage du monde Ancien au monde Moderne. La première modernité est donc essentiellement une modernité des élites (artistes, savants, théologiens, philosophes), il faudra attendre la seconde puis la troisième pour que son mouvement s’étende à toutes les couches de la société."
"La Renaissance, d’abord italienne (Florence, puis Venise, Rome, etc.), se présente comme l’avènement d’un esprit nouveau, d’une disposition inédite à l’égard de la culture, de la religion, des canons esthétiques et du savoir. En fait, plus généralement encore, cette époque marque une vision nouvelle de l’homme, du monde et de l’histoire. L’humanisme marque cette confiance nouvelle de l’homme dans sa valeur et dans ses possibilités d’accès au savoir. Il se traduit par une contestation des anciennes formes d’autorité, notamment religieuses. Au plan artistique, l’homme prend plus d’importance à la fois en tant que créateur (refus d’appliquer une norme esthétique canonique et traditionnelle) et comme sujet représenté. Les artistes de la Renaissance sont à la fois des savants, des techniciens, des penseurs : ils participent à toute la culture de l’époque, et sont proprement des hommes universels ; ainsi naît la figure de l’homo universale. Mais, cet universalisme se double nécessairement d’une poussée individualiste : « quand cette tendance à développer au plus haut point la personnalité se rencontrait avec une nature réellement puissante et un esprit richement doué, capable d’assimiler en même temps tous les éléments de la culture d’alors, on voyait surgir l’ “homme universel” », qui est aussi un homme singulier, un homo singolare (Burckardt, p. 204). L’universalisme et l’individualisme vont de pair."