https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_Couder
https://ia600304.us.archive.org/21/items/considrationssur00coud/considrationssur00coud.pdf
"Les Beaux-Arts dans leur essor sont [...] l'expression d'une grande pensée chez les peuples arrivés à une époque de force virile & de besoins moraux, où le sentiment cherche à manifester, par des objets saisissables, les notions de Divinité & de patrie, ces puissants liens du faisceau social. C'est ainsi que le besoin d'emblèmes, d'images sensibles, de supports sur lesquels l'imagination & la pensée peuvent se fixer, est, sinon absolument l'origine des arts, du moins leur plus digne application.
Fidèles à une si belle mission, les Beaux-Arts sont donc les éloquents interprètes des sentiments du coeur humain, en même temps qu'ils savent exalter les âmes jusqu'au plus noble enthousiasme." (p.6-7)
"Le sentiment est la source vitale de l'art ; on oserait presque dire qu'il en est le génie même. Le goût, l'esprit, la science, sont les auxiliaires dont il s'aide pour manifester & rendre sensibles les perfections qu'il a pressenties." (p.
"Le progrès des arts étant [...] une conséquence de la civilisation, le peuple le plus intelligent de la terre devait naturellement sentir & développer le véritable caractère des arts, en concevant leur but de perfectibilité humaine. En vain l'Inde, l'Assyrie, l'Égypte, s’épuisent à de colossales créations: le but final de l'art leur échappe. Les Grecs seuls, par l'intuition de ce qui est vraiment grand, beau, sublime, ont su porter l'art jusqu'à l'apogée de sa perfection. Dans tous les genres les chefs-d’œuvre qu'on leur doit sont les modèles où tous les peuples civilisés, depuis les Romains jusqu'à nos jours, ont puisé les plus précieux enseignements." (p.12)
(p.11-12)
"Il faut aussi qu'une haute raison, un jugement sain règle & maintienne en de justes limites les élans de l'inspiration ; il faut enfin que, par une volonté constante, inflexible aux difficultés, aux lenteurs inévitables de l'exécution, l'artiste conserve le chaleureux enthousiasme qu'il a ressenti au début de son œuvre." (p.18)
"Il est malheureusement des époques néfastes qui amènent la société à ne plus sentir, à ne plus comprendre ce qui est digne & grand. C'est un temps d'arrêt. On s'efforce alors d'abaisser la gloire des hommes de génie. Mais l'artiste inébranlable dans ses convictions, le regard fixé sur la postérité, s'efforce à bien mériter d'elle." (p.22)
"L'artiste fidèle à sa mission dédaigne d'invoquer le secours de l'art en faveur de sujets qui n'en seraient pas dignes ; mais il est ardent à pénétrer les esprits de poésie, de piété, d'héroïsme, & il s'efforce d'empreindre son œuvre du caractère le plus élevé. [...] L'art soigneusement caché sous les beautés de l'oeuvre n'y sera découvert & admiré que par les intelligences supérieures, & ces beautés produiront une sensation d'autant plus vive, que les moyens employés pour les faire briller sembleront plus simples & plus naturels." (p.24)
"Au XIIIe siècle Giotto, s'affranchissant des étrangetés byzantines, fonde la grande École italienne, dont ses oeuvres, empreintes d'un caractère national, contiennent le germe puissant." (p.25)
"La beauté est le caractère de perfection imprimé par la nature aux sujets d'élite dans les divers genres de ses créations. Mais c'est chez l'être humain qu'on en peut admirer la suprême expression, car en lui seulement s'unissent aux beautés de la forme les beautés de l'âme & de l'intelligence ; d'où résulte la beauté par excellence, beauté qui s'impose par le charme irrésistible, le bonheur, l'admiration, qui transportent l'esprit à son aspect.
L'accord des proportions & de la symétrie, l'élégante plénitude & l'harmonie des formes, la grâce des mouvements, la puissante vitalité de l'organisme, enfin l'exquise conformation de l'ensemble répondant au vœu absolu de la nature ; tels sont les principaux éléments de la beauté physique. Cette observation se reproduit avec justesse à l'égard de tous les êtres organisés, depuis les plus infimes jusqu'aux plus parfaits.
Ces qualités brillent plus vivement encore dès que les divers phénomènes de la lumière, faisant ressortir les nuances & l'éclat du coloris, ou les prestiges du clair-obscur, ajoutent à la réalité de ces créations une splendeur nouvelle.
Inspirés des beautés de la nature vivante, les chefs-d’œuvre de l'art antique éclairent notre esprit en développant le goût des perfections du beau, & nous enseignent ainsi la véritable source de la beauté idéale, poétique exaltation de la forme & du caractère.
L’élégante pureté, l'élévation du style, la majesté, la grâce austère, enfin tout ce qui dans les beautés de l'art peut enflammer l'imagination, les anciens, nos maîtres, en reproduisant la poésie de la nature, ont su l'exprimer admirablement.
Ces exemples donnés par de tels hommes excitent en nous la noble ambition de nous élever jusqu'à eux, de tenter même de les égaler, quoique ces devanciers des temps antiques aient eu sur nous des avantages qui rendent difficile le succès complet de cette rivalité. Le climat, les usages, les costumes, les mœurs, la brillante poésie du paganisme, la politique, tout concourait dans la civilisation grecque à favoriser le culte de la beauté, ainsi que le développement de la force physique." (p.31-33)
-Auguste Couder, Considérations sur le but moral des beaux-arts, Paris, V. Renouard éditeur, 1867, 206 pages.
https://ia600304.us.archive.org/21/items/considrationssur00coud/considrationssur00coud.pdf
"Les Beaux-Arts dans leur essor sont [...] l'expression d'une grande pensée chez les peuples arrivés à une époque de force virile & de besoins moraux, où le sentiment cherche à manifester, par des objets saisissables, les notions de Divinité & de patrie, ces puissants liens du faisceau social. C'est ainsi que le besoin d'emblèmes, d'images sensibles, de supports sur lesquels l'imagination & la pensée peuvent se fixer, est, sinon absolument l'origine des arts, du moins leur plus digne application.
Fidèles à une si belle mission, les Beaux-Arts sont donc les éloquents interprètes des sentiments du coeur humain, en même temps qu'ils savent exalter les âmes jusqu'au plus noble enthousiasme." (p.6-7)
"Le sentiment est la source vitale de l'art ; on oserait presque dire qu'il en est le génie même. Le goût, l'esprit, la science, sont les auxiliaires dont il s'aide pour manifester & rendre sensibles les perfections qu'il a pressenties." (p.
"Le progrès des arts étant [...] une conséquence de la civilisation, le peuple le plus intelligent de la terre devait naturellement sentir & développer le véritable caractère des arts, en concevant leur but de perfectibilité humaine. En vain l'Inde, l'Assyrie, l'Égypte, s’épuisent à de colossales créations: le but final de l'art leur échappe. Les Grecs seuls, par l'intuition de ce qui est vraiment grand, beau, sublime, ont su porter l'art jusqu'à l'apogée de sa perfection. Dans tous les genres les chefs-d’œuvre qu'on leur doit sont les modèles où tous les peuples civilisés, depuis les Romains jusqu'à nos jours, ont puisé les plus précieux enseignements." (p.12)
(p.11-12)
"Il faut aussi qu'une haute raison, un jugement sain règle & maintienne en de justes limites les élans de l'inspiration ; il faut enfin que, par une volonté constante, inflexible aux difficultés, aux lenteurs inévitables de l'exécution, l'artiste conserve le chaleureux enthousiasme qu'il a ressenti au début de son œuvre." (p.18)
"Il est malheureusement des époques néfastes qui amènent la société à ne plus sentir, à ne plus comprendre ce qui est digne & grand. C'est un temps d'arrêt. On s'efforce alors d'abaisser la gloire des hommes de génie. Mais l'artiste inébranlable dans ses convictions, le regard fixé sur la postérité, s'efforce à bien mériter d'elle." (p.22)
"L'artiste fidèle à sa mission dédaigne d'invoquer le secours de l'art en faveur de sujets qui n'en seraient pas dignes ; mais il est ardent à pénétrer les esprits de poésie, de piété, d'héroïsme, & il s'efforce d'empreindre son œuvre du caractère le plus élevé. [...] L'art soigneusement caché sous les beautés de l'oeuvre n'y sera découvert & admiré que par les intelligences supérieures, & ces beautés produiront une sensation d'autant plus vive, que les moyens employés pour les faire briller sembleront plus simples & plus naturels." (p.24)
"Au XIIIe siècle Giotto, s'affranchissant des étrangetés byzantines, fonde la grande École italienne, dont ses oeuvres, empreintes d'un caractère national, contiennent le germe puissant." (p.25)
"La beauté est le caractère de perfection imprimé par la nature aux sujets d'élite dans les divers genres de ses créations. Mais c'est chez l'être humain qu'on en peut admirer la suprême expression, car en lui seulement s'unissent aux beautés de la forme les beautés de l'âme & de l'intelligence ; d'où résulte la beauté par excellence, beauté qui s'impose par le charme irrésistible, le bonheur, l'admiration, qui transportent l'esprit à son aspect.
L'accord des proportions & de la symétrie, l'élégante plénitude & l'harmonie des formes, la grâce des mouvements, la puissante vitalité de l'organisme, enfin l'exquise conformation de l'ensemble répondant au vœu absolu de la nature ; tels sont les principaux éléments de la beauté physique. Cette observation se reproduit avec justesse à l'égard de tous les êtres organisés, depuis les plus infimes jusqu'aux plus parfaits.
Ces qualités brillent plus vivement encore dès que les divers phénomènes de la lumière, faisant ressortir les nuances & l'éclat du coloris, ou les prestiges du clair-obscur, ajoutent à la réalité de ces créations une splendeur nouvelle.
Inspirés des beautés de la nature vivante, les chefs-d’œuvre de l'art antique éclairent notre esprit en développant le goût des perfections du beau, & nous enseignent ainsi la véritable source de la beauté idéale, poétique exaltation de la forme & du caractère.
L’élégante pureté, l'élévation du style, la majesté, la grâce austère, enfin tout ce qui dans les beautés de l'art peut enflammer l'imagination, les anciens, nos maîtres, en reproduisant la poésie de la nature, ont su l'exprimer admirablement.
Ces exemples donnés par de tels hommes excitent en nous la noble ambition de nous élever jusqu'à eux, de tenter même de les égaler, quoique ces devanciers des temps antiques aient eu sur nous des avantages qui rendent difficile le succès complet de cette rivalité. Le climat, les usages, les costumes, les mœurs, la brillante poésie du paganisme, la politique, tout concourait dans la civilisation grecque à favoriser le culte de la beauté, ainsi que le développement de la force physique." (p.31-33)
-Auguste Couder, Considérations sur le but moral des beaux-arts, Paris, V. Renouard éditeur, 1867, 206 pages.