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    Gil Delannoi et Edgar Morin (dir.), Eléments pour une théorie de la nation + Destin commun et destin communautaire, de l'utilité de distinguer et de définir nation et nationalisme

    Johnathan R. Razorback
    Johnathan R. Razorback
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    Gil Delannoi et Edgar Morin (dir.), Eléments pour une théorie de la nation + Destin commun et destin communautaire, de l'utilité de distinguer et de définir nation et nationalisme Empty Gil Delannoi et Edgar Morin (dir.), Eléments pour une théorie de la nation + Destin commun et destin communautaire, de l'utilité de distinguer et de définir nation et nationalisme

    Message par Johnathan R. Razorback Sam 20 Avr - 12:38

    https://www.persee.fr/issue/comm_0588-8018_1987_num_45_1

    "Pas de solidité dans ce phénomène évanescent." (p.Cool
    -Gil Delannoi, "La nation entre la société et le rêve", Communications, Année 1987, 45, pp. 7-15.

    "Toute philosophie de la nation sera la tentative rationnelle de penser un irrationnel." (p.23)

    "Le politique n'est pas pur prédateur, ni Machiavel un précurseur de l'idéologie du darwinisme social, ni un simple cynique [...] Car en définitive, le prince obéit à un projet, et même à un idéal." (p.35-36)

    "L'esprit du temps tend vers le dépérissement des pays dans l'Europe des Lumières ; un européisme unificateur, niveleur des individualités, une acculturation essentiellement française se diffusent en un cosmopolitisme affadi que Rousseau rejette très vivement." (p.37-38)
    -Jean-Jacques Guinchard, "Le national et le rationnel", Communications (numéro thématique : Éléments pour une théorie de la nation), Année 1987, 45, pp. 17-49.


    https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1987_num_45_1_1667

    -Chris Southcott, "Au-delà de la conception politique de la nation", Communications, Année 1987, 45, pp. 51-67.

    https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1987_num_45_1_1670

    "Tout le vocabulaire national est moderne. "Patrie" n'est fréquent dans son sens actuel qu'à partir des poètes de la Pléiade, "patriotisme" ne figure au dictionnaire de l'Académie qu'en 1762, et "national" est fils de la Révolution. On ne dispose donc pas au Moyen Age d'un vocabulaire spécifique pour parler de la nation. On se sert de termes plus équivoques comme pays, lieu de naissance, où le sens patriotique n'est que l'un des sens possibles." (p.101)

    "A la fin du XIIIe siècle, les Grandes Chroniques que le moine Primat commença à rédiger à la demande de Saint Louis mirent à la portée d'un nombreux public un récit en français des origines nationales jusqu'à son temps. L’œuvre fut ensuite systématiquement continuée règne après règne jusqu'à la fin du XVe siècle et popularisée par quantité de manuels ou d'abrégés souvent illustrés, qui mettaient à la portée de tous une vision cohérente et laudative du passé national. Plus d'une centaine de manuscrits conservés pour l’œuvre entière font de ce "Roman des Rois", comme on disait, le best-seller incontesté de la culture historique médiévale. La nation disposait donc d'une histoire officielle et normative.
    On ne croyait pourtant pas que la nation fût créé par son histoire. Elle lui préexistait, don de la volonté divine, et remontait à un ancêtre unique et glorieux auquel elle devait ses qualités primordiales. Toute nation médiévale se pense comme une race, même si celle-ci s'illustre ensuite dans des exploits communs qui ne font que révéler l'excellence de son sang. Dès le VIIe siècle était apparue une légende des origines troyennes des Francs, parallèle à celles de Rome.
    " (p.102)

    "Au XVe, on s'imaginera que toutes les terres de langue française au-delà de la frontière ont été autrefois du royaume et doivent y revenir. Aussi la langue devint-elle un objet d'amour. Là où le français était une "langue vulgaire" ou une "langue paternelle", un héritage non revendiqué affectivement, il devint vers 1300 une "langue maternelle". La diffusion de cette expression dans le langage technique de la grammaire (au sens de langue parlée face à la langue écrite des écoles), puis dans le langage courant, traduit la valorisation affective croissante de la langue. Et, au XVe siècle, Robert Blondel affirme le devoir pour chacun de "Mourir pour conserver à la France son nom", signifiant ainsi à la fois que la France doit rester libre (franche) et qu'elle doit conserver comme tout ce qui existe dans le royaume son nom en français." (p.112)

    "Lorsque, en 1316 puis en 1328, les femmes furent écartées du trône, on n'évoqua aucune raison juridique précise, et quand il fallut après coup justifier la chose on fit appel en général à la coutume du royaume. La loi salique n'était pourtant pas totalement oubliée, bien qu'on n'eût guère d'idées sur son contenu. Les chroniques universelles consacraient une ligne à la première loi des Francs rédigées par Pharamond sur le conseil des sages. Les juristes de l'entourage de Jean II et de Charles V en firent une loi de succession excluant les femmes du trône. Jean de Vignay, Richard Lescot, Nicole Oresme appliquèrent à la nation l'article 59 ou 62 qui excluait les femmes de la dévolution aux biens patrimoniaux du clan." (p.113)
    -Colette Beaune, "La notion de nation en France au Moyen Age", Communications, Année 1987, 45, pp. 101-116 .


    "Avant de prendre forme dans la mémoire collective pour l'édification des générations futures, le champ de bataille de Valmy, le champ sans bataille, fut le face-à-face entre deux systèmes de valeurs politiques, représentés par deux cultures militaires opposées. L'armée prussienne, superbe instrument de guerre, est la meilleur armée d'Europe, c'est-à-dire du monde, façonnée au prix d'un demi-siècle d'efforts persévérants par Frédéric-Guillaume Ier, le Roi-Sergent, et son fils Frédéric II, disparu en 1786. Une telle armée de métier, recrutée et entretenue à grands frais, rompue aux exercices et techniques de la profession militaire, représente un capital si précieux qu'il en est à peu près irremplaçable. Il convient donc de ne l'engager qu'à bon escient, et à coup sûr, dans une situation de supériorité clairement établie ; il faut aussi que la partie en vaille la peine, et que les pertes éventuelles permettent d'obtenir des résultats positifs. La guerre est un facteur parmi d'autres dans les calculs politiques.
    Or, au jour de Valmy, le calcul atteste que le jeu n'est pas égal. Les généraux prussiens jugent disproportionnée la confrontation entre leurs troupes d'élite, parfaitement entraînées, et les cohortes désordonnées, mal équipées, de l'armée révolutionnaire. En cas de désastre, les troupes françaises pourraient se recompléter rapidement sans trop de peine ; il n'en serait pas de même pour les belles troupes prussiennes, si l'affaire tournait mal pour elles. Les volontaires de l'an I, sans expérience, sans valeur technique, seraient vite remplacés par d'autres volontaires, aussi médiocres qu'eux, et d'un prix de revient aussi bas. La quantité compensant la qualité, et le fanatisme révolutionnaire faisant le reste, l'affaire risquait de se jouer à qui perd gagne.
    Par la vertu de ce raisonnement d'une sage économie, la belle armée prussienne devait sortir sans dommage de la confrontation de Valmy. La nation en armes inaugure l'ère républicaine en faisant reculer, par la seule fermeté de sa contenance, la plus grande puissance militaire de l'Ancien Régime. Ayant ainsi tiré son épingle du jeu, l'armée prussienne devait survivre une quinzaine d'années encore avant de sombrer corps et biens, face au même adversaire français, dans la catastrophe de Iéna, en 1806. Entre-temps, les volontaires républicains, les soldats de l'an II, se seront transformés en professionnels expérimentés ; l'armée impériale de Napoléon sera devenue un instrument technique encore supérieur à celui mis au point par Frédéric II. Supériorité consacrée sans ambiguïté aucune sur le champ de bataille. Mais cette fois, du côté français, on ne criera plus: "Vive la nation !" ; on criera: "Vive l'Empereur !".
    Et, chose étonnante, sous le traumatisme de la défaite, les Prussiens à leur tour découvriront le sentiment national. A la place de la vieille armée anéantie, ils se donneront une armée de patriotes, qui reprendra à son compte le mot d'ordre français de Valmy, "Vive la nation !" devenu, contre les armées napoléoniennes, le cri de l'Europe coalisée. Face à l'impérialisme de la France se dressera la nation allemande, exhortée par les
    Discours du philosophe Fichte. Et pareillement le peuple tyrolien, le peuple espagnol, le peuple russe, soumis à l'occupation étrangère, sentiront s'éveiller au profond de leur être l'exigence d'une identité nationale, dont ils n'avaient pas jusque-là soupçonné l'existence. Francs-tireurs et guerilleros, embusqués dans les bois, dans les replis des chemins creux, derrière les rochers, feront le coup de feu contre les isolés, les traînards, combattants de l'ombre, maquisards dont les rangs finiront par grossir suffisamment pour défier l'ennemi en rase campagne. L'expédition de Russie, puis à Leipzig, en octobre 1813, la bataille des Nations consacreront la défaite et le reflux de l'envahisseur français.
    L'idée nationale, le cri de Valmy, fut la leçon de la Révolution de France à l'Europe: la leçon s'est retournée contre ceux qui l'enseignaient, devenus infidèles à leur propre enseignement. Le XIXe siècle fut le siècle des nationalités
    ." (p.118-119)

    "La conscience nationale, l'exigence de la nationalité n'existent pas avant la période révolutionnaire, ou du moins ne peuvent y être décelées que grâce à une extrapolation rétroactive." (p.122)

    "Les valeurs nationales proposent à la fois un cadre existentiel et un programme commun pour la coexistence des individus, qui doivent mutuellement se reconnaître en fonction d'un principe d'identité collectif." (p.126)

    "Il y avait eu un ancien régime de la connaissance comme il y avait un ancien régime politique et social. Le moyen âge intellectuel s'achève avec la révolution scientifique du mécanisme, dans la première moitié du XVIIe siècle." (p.130)

    "La nation n'est pas une réalité conceptuelle ni conceptualisable: elle intervient dans l'ordre de l'inconscient."(p.140)

    "Michelet et son ami Quinet sont des disciples de Herder: ils se sont formés à l'école du romantisme allemand." (p.143)
    -Georges Gusdorf, "Le cri de Valmy", Communications, Année 1987, 45, pp.117-155.


    https://core.ac.uk/download/pdf/13283314.pdf



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    « La question n’est pas de constater que les gens vivent plus ou moins pauvrement, mais toujours d’une manière qui leur échappe. » -Guy Debord, Critique de la séparation (1961).

    « Rien de grand ne s’est jamais accompli dans le monde sans passion. » -Hegel, La Raison dans l'Histoire.

    « Mais parfois le plus clair regard aime aussi l’ombre. » -Friedrich Hölderlin, "Pain et Vin".


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